Promenade de santé dans les marais

Mya avait bien besoin de compagnie, ces temps-ci. Aussi avait-elle demandé à Uryan de la rejoindre. Bon, le marais ne semblait l'endroit propice aux promenades, mais elles pensaient bien pouvoir s'y amuser un peu et oublier leurs soucis du moment. L'assassin avait prévu des vêtements adéquats qui se résumaient à des bottes assez hautes et étanches ainsi qu'une jupe assez courte qui ne trainerait donc pas dans la boue. Le haut était assez simple, comme à son habitude. Le tout en noir, bien entendu puisque c'était la couleur la plus adaptée pour passer inaperçu et qui était la moins salissante. Cependant, elle n'omit pas non plus son katana serré fermement dans sa main droite ainsi que sa dague toujours attachée à sa cuisse gauche. Elle savait que des êtres parfois agressifs vivaient ici et elle préférait ne prendre aucuns risques.
Elle ne savait pas trop comment retrouver Uryan au milieu de cette jungle et continua donc d'avancer, tous ses sens en éveil, pour essayer de percevoir le moindre son qui trahirait la présence de son amie.
La jeune fille ne savait pas exactement depuis combien de temps elle pataugeait dans ce marécage infect mais elle sourit en pensant à Uryan qui portait généralement des robes et qui serait bien encombrée de son vêtement qui lui allait, au passage, à ravir.
Mya sentit une brise légère lui caressant le visage et elle ferma les yeux un instant, profitant de cet instant de bonheur.

Comment refuser une demande de la part de sa nouvelle complice ? Impossible, tout simplement. Surtout que Mya avait promis qu'elles s'amuseraient. C'est donc emportée par une amitié naissante et une curiosité non feinte qu'Uryan s'était dirigée vers les marais. Des sons humides se propageaient partout autour de la guerrière ; sous ses pieds, à ses côtés et au loin. Ce loin où se trouvait sûrement Mya, mais ou exactement, ça elle l'ignorait encore. La recherche serait un peu rude mais c'était sûrement là le début du "jeu" et ça ne déplaisait pas à Uryan. Tout ce que l'espérait, c'était que ces moments passés dans ces lieux plus qu'humidifiés n'allait pas faire rouiller son épée. Comme si elle écartait un moustique proche d'elle, Uryan secoua la tête pour se sortir de ses pensées qui n'avaient pas vraiment de lien avec Mya. Elle reprit donc sa marche, ses vêtements gênants repliés légèrement au dessus des genoux, contrairement à sa cape qu'elle gardait afin de se protéger des insectes commençant à se régaler de son sang dès son entrée dans les marais.

" Mya, si j'ai la chance de parvenir jusqu'à toi, j'espère que ce ne sera pas vidée de mon sang… ça pourrait être ennuyant. "

Elle souriait sincèrement en terminant cette phrase. Puis le visage de Mya lui revint une fois de plus en mémoire. Uryan devait se dépêcher, car ici, dans ces lieux, on ne savait pas vraiment la notion du temps, il était donc difficile pour elle de savoir si c'était le jour ou la nuit qui débutait. Le seul moyen de savoir si c'était la nuit était assez effrayant ; Uryan avait entendu dire par un bouche à oreille progressif que lorsque c'était le cas, des monstres apparaissaient, certes on ne savait pas leur natures exactes, mais ils étaient bien là.

" En ce moment de peur je prie pour que s'éteigne la noirceur et que de cet abysse de végétaux devienne lumière de nouveau. "

C'était là des mots qu'elle n'avait pu retenir, ceux qu'elle avait usés parfois quand tout sombrait autour d'elle. Fermant les yeux et stoppant sa progression, tout lui était revenue. Mais à présent elle devait affronter la réalité. Rien n'avait changé en ces lieux; au contraire, des bruissements inquiétants se rapprochaient d'elle. Par contre, en elle un changement s'était opéré. Le courage et la conviction de pouvoir être capable de tout afin de revoir le visage de Mya. Les quelques créatures qui semblaient s'approcher ne pouvaient rien contre ça.

" Je ne la perdrais pas, non, je ne referais pas les mêmes erreurs. "

Confiante, Uryan raffermit ses pas qui s'accélèraient, faisant apparemment abstraction du sol qui s'enfonçait à chaque pression.

Mya ouvrit soudainement les yeux. Un bruit venait de la faire sursauter. C'était son ventre qui gargouillait grossièrement. Elle s'assit donc et entreprit d'entamer un repas quelque peu frugal, mais qui ferait tout de même taire son ventre pendant un moment. Ce fut un autre son qui la surprit et la fit se lever, les oreilles aux aguets. La jeune tueuse serra plus fermement son katana qui glissait dans ses mains moites. Il faisait très chaud, ici. Humide, certes, mais une vraie fournaise. Ce climats de forêt équatoriale ne lui convenait guère. L'assassin s'essuya le front du revers de sa main libre et avança prudemment vers sa cible qui se trouvait un peu plus à l'ouest. C'était un bruit de pas, ou quelque chose s'en approchant. Plus elle s'approchait et plus elle serrait les dents, aussi, ce fut avec soulagement qu'elle aperçut de jolis cheveux turquoises ondulant sur une cape qu'elle reconnaissait.

- URYAN !

Sans même avoir eu le temps de comprendre ce qui se passait, Mya se sentit projetée à terre, poussée par son amie. La jeune femme, ne se tenant pas sur ses gardes à la vue d'Uryan, s'étala lourdement sur le sol sans avoir le réflexe de se rattraper à quelque chose ou même d'amortir sa chute. Son katana lui avait échappé des mains au moment de l'impact avec la
guerrière, ce qui avait provoqué un bruit sourd. De quoi réveiller toutes les bêtes dont parlait les gens de la région.
Par réflexe, l'assassin s'approcha d'Uryan, maintenant couchée à ses côtés et baissa la voix.

- Que se passe-t-il, Uryan ?

Mya attrapa lentement son katana qui était tombé, par chance, à portée de main. Même si la jeune femme disposait encore de sa dague et de multitude de couteaux, on est jamais trop prudent !

Même si son épée était intervenus à temps pour empècher à Mya d'être blessée par la chose inivisible qui rôdait depuis un moment, Uryan elle n'avait pas eu cette chance. Aidée de son arme la guerrière avait réussit à dévier l'attaque mais à l'instant ou elle semblait se battre fer contre fer, sa lame avait comme glissée suivit par plusieurs douleurs.

Puis elle se sentit projetée n'entendant que faiblement la voix de son impératrice. Ses yeux s'étaient fermés sous le choc mais elle les rouvrit très vite.

Située à un ou deux mètres du sol, Uryan était plantée au tronc épais d'un arbre sombre par une force toujours invisble. Bientôt un rire gras rententit devant elle. A la base de ses poignets et des molets le sang coulait. La créature, par des armes aussi invisibles qu'elle, l'avait de cette façon paralysé.

Uryan tenta de s'extirper de ce piège. En vain. C'était plus pour venir en aide à Mya que d'achever ses douleurs qu'elle essayait de se libérer. Si elle ne pouvait se battre à ses côtés elle l'aiderait d'une autre manière.
Volontairement Uryan lâcha son épée qui tomba au sol dans un bruit mat, soutenue par la mousse spongieuse typique aux marais.

Elle baissa la tête sur sa poitrine, la cascade bleutée de sa cheveleure dissimulant entièrement son visage et ses autres membres devenus soudainement flasques, retirant quasi toute son humanité. Mais c'est d'une voix ordinaire qu'elle s'adressa à Mya.

- Reste immobile. Ne fais pas un geste tant que je ne te l'aurais pas dit... Impératrice.

Uryan se concentra, surtout pour se rappeler d'une formule à utiliser seulement pour protéger les êtres chers. En aucune autre circonstance. Mais celle-ci s'y prettait parfaitement.

Très loin dans les souvenirs elle se le remémora.

* Je l'ai ! *

C'était un son de flûte. Claire, légère, magique.

A l'origine il n'y avait pas de mot, mais avec le temps et à force d'expèrience Uryan l'avait modifié à sa façon, par rapport aux sentiements qu'elle ressentait envers tout ceux qu'elle aimait et pouvait avoir perdu. En leur souvenir.

Cette fois et étrangement, vu les circonstances, elle parla d'une voix douce qu'elle n'employait que très rarement, toujours le visage rivé au sol.

- Pour une larme d'ange,
Et celle d'un enfant
Que ton secours me venge
A ce vide d'antan.

Une lueur verte quitta le corps de Uryan. Assez lumineuse pour ce lieu, berceau des ténèbres, elle éclairait les trois protagonistes. De petite taille, le halo resta un moment à flotter dans l'air jusqu'au moment où la guerrière releva la tête d'un coup pour de nouveau s'affaisser. Enfin et vivement, la lueur se posta devant les yeux de Mya pour devenir une perle toujours aussi lumineuse.

Là, sans signe avant coureur, elle s'incorpora à l'impératrice au niveau de son coeur. Cet endroit du corps brilla un moment, puis, il s'estompa pour ne plus rien laisser paraître à l'extérieur.

Uryan parla encore avant de s'évanouir, sans relever la tête et faiblement.

- Bats-toi. Ma force est tienne. Je te la donne de bon coeur. Reviens quand tu veux user de mes soins si le combat t'affaibli...

Ce fut tout.

Mya attendait une réponse venant de la part de son amie mais celle-ci tardait à se faire entendre... Quand la jeune femme regarda du côté d'Uryan pour voir si la guerrière avait bien entendu ce qu'elle venait de dire, l'assassin vit son amie projetée contre un arbre. Elle avait les extrémités en sang et un rire diabolique venait de retentir. Mya se leva et courut vers la jeune femme qui souffrait, mais elle fut stoppée net par les paroles de son amie, qui semblait changer de forme... La jeune impératrice s'arrêta donc et attendit, restant aux aguets et fixant toujours le corps affaiblit d'Uryan.
C'est alors qu'une lumière verte sortit de celui-ci et se dirigea vers Mya pour y entrer. Un peu troublée, mais reconnaissant tout de même la magie à l'oeuvre de son amie.
L'assassin sentit tout d'abord des picotements au niveau de sa poitrine. Petit à petit, ils se répandirent dans tout le corps, signe - certainement - que la magie opérait. L'impératrice sentit une force incommensurable l'envahir. Son corps bouillonnait d'excitation et tout chez elle tremblait. L'hôte de cette magie avait du mal à contenir toute cette énergie d'un seul coup. Cependant, il fallait faire vite, car ce qui avait attaqué Uryan pouvait bien essayé de l'achever.
Ni une, ni deux, l'assassin courut vers le rire stressant qui se faisait à nouveau entendre. Apparemment, la créature n'avait rien suivit de l'opération.
Mya attaqua à l'aide de son katana, dont la lame s'illumina d'un halo vert. Ayant l'impression de ne trancher que du vent, la jeune femme se déplaçait beaucoup et frappait tout autour d'elle pour essayer de se faire heurter l'arme à de la matière.
Mais un cri déchirant se fit entendre.

- Touché !!! cria la jeune femme avec un sourire au lèvre.

Elle courut pour se placer devant Uryan et pouvoir ainsi mieux la protéger au cas où la créature était lâche et s'en prenait aux personnes sans défenses et ainsi faire chanter le reste du groupe. Regardant tout autour d'elle et écoutant du mieux qu'elle pouvait s'il n'y avait pas un bruit trahissant la présence du monstre, l'assassin réfléchit. Elle ne savait pas à qui elle avait à faire... c'était donc bien plus difficile de combattre l'ennemi, surtout s'il était invisible.

- Identifiez vous ! ordonna-t-elle.

Aucune réponse. Le calme plat. Seul le bruissement des feuilles se faisait entendre, dû à la légère brise de ce matin là. Matin ? Mais était-on encore le matin, maintenant ? Mya déglutit. Elle attendit encore un peu, que la bête ait le temps de se manifester et jeta un regard à Uryan.

Apparament la créature avait reculé devant l'attaque de Mya. Relachées ainsi de la pression qu'elle exerçait sur elle, Uryan s'abattit lourdement au sol sous le regard de son impératrice.

Elle ne bougeait plus, pourtant bien éveillée par les douleurs qui la tenaillaient depuis un moment.

L'odeur de la terre humide mêlangée à son sang se collait rapidement à sa peau. L'eau croupie des marais arriva elle aussi, poussée par le poids de la guerrière sur le sol mou. Elle s'infiltra dans les fibres des tissus, traîtresse comme jamais, jusqu'a refroidir la moindre parcelle de son corps.

Pourtant c'est ce qui la fit réagir. Ses yeux s'agrandir presque d'effroi. Toujours au sol, Uryan leva un bras vers le ciel.

- J'en appele à vous... Naïder... Enaïder... Fenaïder...

A chaque invocation de ces divinités des glaces, ses yeux changèrent de couleur pour enfin redevenir d'un bleu qu'on leur connaissait.

Puis il neigea.

Comme une danse, les flocons chutèrent des cieux en tournoyant, passant les barrières de feuillages. La main de Uryan se mit à s'agiter très vite. Peu de temps après, la neige se fit beaucoup plus abondante, pour enfin devenir un épais rideau nacré, dans le ciel et sur toutes les choses présentes au sol.

La chose invisible ne l'était plus. Des griffes de sang étaient collées le long d'un corps grisâtre et nu.

- Encore un effort Mya et sen sera fini de lui. Mais il faut aller vite... MAINTENANT !!

Mya s'horrifia de ce qu'elle venait d'apercevoir. Une bête comme elle n'en avait jamais vu, qui semblait prendre plaisir à déchiqueter et dont les crocs retraduisaient un passé sanglant. La jeune femme attaqua de nouveau, sans manquer sa cible. Elle remercia Uryan intérieurement et se jura de prier les Dieux, et même d'organiser des festivités en leur honneur s'il elles s'en sortaient vivantes.
En regardant mieux l'effroyable créature et ses techniques de combat, l'assassin s'aperçut qu'elle tentait de lui arracher le coeur. Elle se nourrissait donc certainement de coeurs qui battaient encore, tout comme - et Mya eu un air de dégout - les créatures affreuses dont elle avait entendu parler par ses parents et qui avaient, parait-il, réussit à décimer tout un peuple. La haine se lut sur le visage de l'impératrice et elle rugit. Elle savait que c'était cette même haine qui menait à la perte ( puisque la peur mène à la colère, la colère à la haine et la haine à la souffrance ;p ), mais elle ne pouvait justement plus se contrôler.
La jeune femme attaqua de plein fouet la créature avec une série de coups qui se voulaient tous plus mortels les uns que les autres et qui s'enchainèrent à une vitesse folle.
La créature sentit Uryan bouger derrière elle et se retourna. Ce fut une erreur ! Mya concentra toute sa puissance mêlée à a magie dévastatrice de son amie et trancha net la carotide de son ennemi. Un cri déchirant se fit entendre et la bête s'étala lourdement sur le sol. L'assassin n'attendit pas plus et sauta sur l'être inanimé afin de planter son katana en plein dans le coeur de la créature.

- On est jamais trop prudent, souffla-t-elle pour elle même.

Après un dernier regard méprisant envers la bête monstrueuse, Mya s'en retourna vers Uryan qui semblait mal en point. Elle s'agenouilla a ses côtés et commença à bander ses plaies. La jeune femme soupira. Rien de tout cela ne serait arrivé si elle n'avait pas eu cette idée stupide de donner rendez vous à son amie au marais. L'impératrice avait les larmes aux yeux. Comment allait elle faire pour ramener Uryan saine et sauve à temps ?! Elle avait besoin d'un médecin, et vite... A moins que... Si cela avait fonctionné dans un sens... pourquoi pas dans l'autre ?!
Mya se concentra et essaya de reverser la magie qu'elle contenait à sa légitime propriétaire.

L'invocation des divinités avait été un véritable succès. La neige était apparue, scintillante comme des milliers de cristaux minuscules tombant des cieux.
Uryan leva seulement les yeux en direction de cette douce vision aux allures oniriques.

*C'est beau.*

Elle se sentait autre, et ce depuis qu'elle avait prêté sa force à Mya. Ses prunelles restaient comme figées vers le ciel d'où la venue de flocons semblait éternellement apparaître. Les regardant ainsi, la guerrière retrouvait son âme d'enfant. Cet être qui s'émerveille au moindre petit évènement, depuis trop longtemps mis de côté, venait de retrouver sa place dans le coeur de la combattante.

La beauté de la scène fit apparaître un large sourire sur ses traits. Toujours le visage figé dans la même position, Uryan ferma les yeux laissant les flocons se poser entièrement sur son front, ses joues et ses paupières. A ce contact, les étoiles d'eau glacée s'immobilisèrent un court instant, pour finalement fondre et s'écouler lentement le long de ses pommettes.
Là elle tendit une main sur une des joues, les yeux entrouverts.

*Tiens, je pleures ?... Il y avait si longtemps...*

C'est vrai. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pleuré ? Un bon moment. Peut-être plusieurs mois. Et tout ce temps sans pouvoir évacuer ses peines et sa colère. Au lieu de cela - de cet acte simple, l'investissement dans le combat avait remplacé les larmes. S'occcuper l'esprit le plus possible, s'investir dans ses missions permettait d'oublier les souffrances, d'avancer un peu plus loin chaque jour. Mais aussi, et d'une certaine manière, Uryan avait réussi à déplacer cette rancoeur dans les batailles. C'était avec sa haine la plus enfouie que cette femme blessait et tuait parfois. Dans ces moments tout remontait à la surface, la rendant d'une incroyable cruauté presque animale, voire... démoniaque.
Que faisait-elle de son humanité dans ces temps là ?...

- Comment ai-je pu à ce point m'éloigner de ce que j'étais ? De ma vie, de mes pensées et de mes convictions...

La guerrière avait parlé sans baisser le ton. Puis elle tourna le regard vers Mya ; cette femme qu'elle admirait pour sa bienveillance, sa sensibilité et sa compassion. Elle se battait elle aussi.

Uryan l'observa alors dans le moindre de ses gestes. Sa technique. Ses esquives et sa dextétrité au combat. Cela formait un tout harmonieux. C'était très différent de ce que faisait Uryan dans ces mêmes moments. Au travers de son regard, la jeune femme ne voyait pas les actes de l'impératrice comme ceux d'une guerrière assoifée de vengeance et de tuerie. C'était autre chose. Et le seul mot qu'elle pu mettre sur ce que Mya produisait fut le mot "danse". Tant de légèreté et de grâce pour un combat. C'était presque... doux. Très éloigné de ce que, elle, Uryan, pouvait faire dans la même situation.

*Elle doit être guidée par d'autres sentiments. Bien loins des miens. Cette fille est d'une pureté...*

L'affrontement prenait fin. Dans un dernier râle, le corps de la créature s'effondra au sol pour ne jamais se relever.

Restée dos contre terre, Uryan distinguait mal l'impératrice. Enfin Mya arriva près d'elle, tentant de soigner ses blessures du mieux qu'elle pouvait. Visiblement elle fit face à un échec et resta un instant sans bouger, comme en pleine réflexion.

Durant ce moment, Uryan n'avait pas bougé. Elle n'avait pas non plus parlé. Elle se sentait comme honteuse et peu méritante de l'amitié que lui vouait la jeune impératrice. Si différentes qu'elles étaient, elles étaient toutes deux devenues amies et ce bien avant que Mya devienne l'épouse de l'empereur d'Assilfenn.

Désormais consciente du précipice béant qui les séparaient toutes deux, Uryan éprouvait même des difficultés à regarder Mya les yeux dans les yeux.

Ses pensées ne purent aller plus loin que cet ébauche de doute. En effet, une soudaine chaleur l'envahit juste à l'instant où elle entrouvit une lueur émeraude. Sous l'impact de ce contact, la guerrière, toujours allongée, fut parcourue de spasmes. Son corps semblait difficilement prendre en son berceau la force qui était à l'origine la sienne. Après les derniers tremblements du corps, Uryan ouvrit soudainement les yeux.
La jeune femme planta son regard devenue étrangement mauve dans celui de Mya.

- Je suis revenue.

Une lueur inhabituelle passa au fond de ses prunelles désormais lavandes.