RPG Zelda Triforce V5.0 Prélude
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 Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan }

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Uryan
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Uryan


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MessageSujet: Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan }   Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan } Icon_minitimeVen 11 Juin - 15:42

Elle s'éveilla à ses côtés. Le monde se levait lui aussi. Cette petite aube timide ferait bientôt tout briller avec éclat. Le chant des oiseaux semblait s'accorder à cet ensemble, comme une douce mais franche harmonie. Non loin de là suivait cette fois l'habituel chant d'un homme. Ni grave ni aiguë, simplement onirique, encore. Oui encore ce chant qui résonnait, se répercutait sans cesse dans la pièce, mais aussi dans son esprit et dans toute la vallée discrète dans laquelle ils se trouvaient, elle et lui. Tous les matins depuis deux semaines se déroulaient dans ce même rythme, pourtant à chaque fois Ombre était touchée par la magie ambiante.

Elle inspira longuement, les bras étendus comme le reste de son corps mêlé au précieux tissus des draps. Et là, soudainement, sans prévenir, son coeur se serra. De cette douleur à la fois familière et inconnue. L'impression que de nouveau il allait se broyer, comme ça, sans plus de cérémonie.

Insupportable.

Elle se releva dans un geste de furie et de souffrance entremêlées. Elle se vêtit à la hâte ; tunique, pantalon et bottes, une large épée toujours pendue à la hanche. Une brise filait d'entre les rideaux de la grande fenêtre restée ouverte toute la nuit. Ce fut seulement lorsqu'il murmura dans son sommeil qu'elle jeta un regard à l'homme encore allongé et plongé dans les méandres d'un rêve. Chez elle aucune expression ne s'échappait de son visage, comme la plupart du temps, mais intérieurement elle ne put s'empêcher de sourire devant tant de sérénité. Et elle allait abdandonner tout ça. Lui. Cette maisonnée luxueuse. Cette paix. Tout. Une fois de plus. C'était le mieux à faire. Echapper à tous ces sentiments qu'elle haïssait tellement mais qui, parfois, reprennaient le dessus, telle une violente bourrasque contre laquelle on ne peut lutter.

_ Tout ça n'aurait jamais pû continuer. Les rêves ne sont pas faits pour exister, encore moins pour durer. L'ombre est la réalité.

C'est ainsi qu'elle s'adressa à lui, le regard dirigé vers la porte qui lui permettrait de fuir d'ici, ne laissant rien d'elle, mis à part l'écho lointain de ses rires, qui se perdraient encore un moment en ces lieux, pour disparaître comme s'ils n'avaient jamais éxisté. Et puis non, c'était de nouveau plus fort qu'elle. De cette pulsion incontrôlable, Ombre se dirigea à pas de loup vers cet éternel rêveur pour y poser une dernière fois un baiser, du bout des lèvres au goût de miel. Elle laissa sa main droite caresser cette joue tant adorée. Son autre main, quant à elle, se perdit dans ses cheveux qui lui barraient le front.

_ Adieu, Amour.

Cette fois elle quitta enfin la pièce. Il fallait désormais haïr cet homme. Place à la rancoeur de s'être laissée emporter par un des leurs. Il l'avait rendue plus... humaine. De cette humanité sensible à un millier de choses. Celle qui fait voir non seulement un avenir, mais surtout un futur, lumineux, doux et chaleureux. Loin, très loin de la réalité. Si humain. Si futile. Si niais. Si idiot. Tellement humain...

Ombre avait d'autres préoccupations que celles-ci. Oui, accomplir ces tâches là, ingrates, mais inévitables. Retourner à cet état de serviteur. Entrer de nouveau dans la vie réelle, celle de la guerre, des morts et des devoirs. Et oublier, oui, oublier cette bulle de bonheur. Lui non plus ne se rappellerait pas. Elle avait bien pris soin de glisser un de ces résidus de Plante-de-l'Oubli dans sa tisane quotidienne. Au début elle ne serait plus qu'un vague souvenir, puis un rêve de plus en plus flou, jusqu'à n'être plus rien, si ce n'est une hallucination, si l'on en croyait le plus positif des effets secondaires après avoir ingéré une telle dose de ce léger poison.

Ainsi étaient ses pensées, redevenues ce qu'elles étaient au départ, au moment où elle parvint enfin au lieu de rencontre. Sa monture cabra au moment où un coup de vent les enveloppa. Etrangement une brume s'était apparament levée de la même façon brusque et tout aussi insidieusement. Il était là. De nouveau présent et entier, le regard déterminé de celui qui ne laissera jamais rien tomber. Un frisson la parcourut. Est-ce un rappel à l'ordre ou bien autre chose de moins avouable ? Là n'était pas l'important. Les deux protagonistes principaux étaient de nouveau réunis. L'Empereur et son Ombre.

Elle attendait les ordres d'Assilfenn.
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Ephraim
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MessageSujet: Re: Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan }   Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan } Icon_minitimeSam 7 Aoû - 1:42

La pluie. La pluie descendait dans une danse complexe sur le sol, s'écrasant tout en légèreté sur la terre. Il faisait froid et une brume peu épaisse couvrait le sol. Le soleil était à peine levé et l'aube commençait à réchauffer l'air d'une lumière douce et familière. Ephraim avait dormi ici. Il ne savait pas ce qui l'avait poussé à faire ça. Depuis qu'il était revenu de l'entre deux monde, il ne se sentait plus trop comme une part de la société qui l'entourait. Ce côté solitaire qu'il avait cultivé au fil des ans s'imposait, et il préférait éprouver son corps au contact de la nature. Il se sentait en accord avec lui même, sensation nouvelle qu'il trouvait étrange mais fort plaisante. Il n'avait pas récupéré tous ses souvenirs, mais beaucoup d'entre eux étaient flous. Mais, dans le fond de son être, il était enfin ce qu'il devait être, sans les entraves qu'il s'imposait autrefois sous le poids de la culpabilité. Il pouvait aller de l'avant désormais. Il se redressa contre un tronc d'arbre et inspira fortement l'air chargé de rosée matinale. Sérénité. De rares instants hors du monde. Parfois, il se demandait si l'au delà n'était pas plus vivable que le monde des vivants. Il se souvenait d'une chaleur, et d'un tel bien être dans la mort. Sa grande satisfaction serait de mourir jeune, sans trop souffrir, et que ces cendres soit éparpillées dans le désert, comme pour bénir son peuple, des réfugiés pleins d'espoir qui étaient un peu comme ses frères, même si il se sentait détaché par rapport à eux. Il s'était battu pour eux et en était satisfait, mais il n'aurait pas de peine à les quitter le moment venu. Après tout, ils ne lui appartenaient pas.


Un bruit. Un souffle. Ombre. La seule personne qu'il supportait durablement dans cet univers qui lui paraissait de plus en plus étrange. Le temps des responsabilités revenait. Voir Ombre ne faisait que lui rappeler Uryan, les sacrifices et les devoirs. Il la fixa longuement, l'étudia du regard. Il sentait de la douleur. Il l'avait toujours sentie, même quand elle n'était qu'un démon dans les tréfonds de l'âme d'Uryan. En fait, ce n'était qu'une part de l'amie d'Ephraim. Toute la rancoeur, la colère, la frustration face à la douleur qui s'était incarnée, alors qu'en même temps son alter ego restait pure, altruiste et tolérante. Les deux tranchants d'une même lame. Mais deux êtres tout de même, et l'un d'entre eux avait disparu. Une fois revenu à lui, Ephraim s'était fixé trois objectifs. Le premier, assurer la sauvegarde d'Assilfenn. Il devait assurer la suite de l'Empire, le consolider une fois pour toutes. Le second objectif était de libérer Ombre. Uryan avait voulu le protéger jusqu'au bout en liant son alter ego à lui, mais il voulait permettre une vraie vie à Ombre. Il devait la libérer. Le dernier objectif, plus complexe, était de ramener Uryan. Il n'avait aucune idée de comment procéder, mais la simple idée de vivre à la place de quelqu'un d'autre lui était insupportable.


Après un long silence, il fit quelques pas dans la direction du soleil puis prit la parole.


- Tu devrais contempler le monde dans son ensemble. J'ai vu l'horreur dans ses formes les plus morbides et malsaines, mais je suis toujours émerveillé quand l'aurore baigne la terre de sa lumière. Il y a de tout dans ce monde, c'est ça qui le rend pathétique et intéressant à la fois.


Il se tourna vers la jeune femme et la fixa dans les yeux.


- Penser que la souffrance est la seule réalité est ce qui a mené ton alter ego à la mort. Enfin. Nous avons du pain sur la planche. Nous devons rencontrer des espions pour avoir des rapports plus précis sur les complots contre Assilfenn. C'est parti.

Il détacha alors son cheval d'un arbre voisin et ils partirent à un rythme soutenu vers le point de rendez vous fixé par les espions d'Assilfenn. En fait, Ombre était sa seule vraie attache sur terre. Il devait s'accrocher, démêler tout ça. Il voulait comprendre, aller au fond de ce qui la rongeait. Savoir pourquoi elle était. Mais l'heure était à d'autres problèmes. Il devait penser à ses devoirs. Ils firent route vers l'est. Deux âmes liées qui partaient conquérir l'horizon.
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Uryan
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MessageSujet: Re: Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan }   Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan } Icon_minitimeSam 7 Aoû - 18:13

Et voilà ; chacun se tenait face au responsable de l'incessant rappel aux devoirs, aux sacrifices et aux prix à payer.
Un ange passa. Immense autant par ses ailes que par sa présence.
Puis ce fut lui qui parla. Elle l'écoutait à peine. Les rêveries ne l'intéressaient plus.
Un écho pourtant et des voix qui n'en étaient qu'une.

Encore le chant de cet homme. Cristallin, éthéré... rêveur.
Elle le repoussa, bien décidée à ne pas se laisser emporter, de nouveau. C'est là qu'elle rencontra les yeux d'Ephraim. Il lui parlait de loin et le timbre de sa voix redevenait celui qu'elle lui connaissait mais toujours avec cette étincelle d'autre part.
Alors, quelque chose qui avait toujours été plus ou moins là s'insinuait. Un sentiment, ou même plusieurs, si forts, si présents que l'on avait l'impression de sentir la mort œuvrer, enfin.

Il la ramenait là où elle ne souhaitait plus retourner.
Là, où elle avait décidé qu'il n'y aurait plus de visage, tout juste des ruines. Là, où se trouve les regrets et les souvenirs. C'est ce qui restait de Uryan et qui se comptait avec deux mots, deux simples et misérables mots. Cela suffisait malgré tout.

Elle grimaça doublement ; à devoir écouter ses mots et à supporter les déchets de souvenirs. Seuls les derniers éléments concernant la mission l'empêchèrent de répondre. Par ailleurs elle se calma assez pour retrouver son petit air d'arrogance au moment où il indiqua le chemin. Très vite, sans rien dire, aussi fidèlement qu'elle le devait, Ombre guida sa monture aux flancs de celle d'Ephraim, fit mine d'y rester pour finalement lui passer devant, le gratifiant d'un clin d'œil, lui laissant des bribes de paroles.

" - … devoir… la marche... protection... Assilfenn. "

***

Ils arrivèrent à une insignifiante cité dont le nom échappait à tout le monde. Ce qui était compréhensible vu l'état peu enviable des lieux dont la crasse environnante n'arrangeait rien. Chose plus incompréhensible par contre, était de constater la vie et l'activité qui s'y déroulaient, autant par les marchands et leurs produits, que par le flux formé par les habitants et les voyageurs.

Les chevaux laissés aux alentours, l'empereur et son acolyte passaient alors inaperçus parmi cette masse hétéroclite. Bâtisses et étals de tous genres se disputaient la place. Serrés les uns contres autres, ils auraient pu s'étouffer alors qu'un certain ordre y régnait. Une petite ville aux aspects contradictoires.

Ils s'approchèrent d'un bâtiment circulaire, là où apparemment la populace se donnait rendez-vous. C'était donc là, à la fois le lieu de rencontre et la taverne.

Ombre voulut adresser quelques mots justement placés à l'empereur, lorsqu'un vieil homme au regard torve, l'échine courbée, passa entre deux d'eux, les bousculant au passage. Ombre maugréât, mauvaise et suspicieuse. Le passant se retourna, prêt à protester. C'est alors que son attitude changea du tout au tout. Il prit l'expression de quelqu'un qui venait de se rappeler quelque chose d'extrêmement crucial par la joie qu'il peut apporter.

" _ C'est vous ! oui c'est vous ! Tous les signes sont réunis. Tous se concrétise et se lie ! Vous, cette femme. Et vous, cet homme. Ah ! les Déesses avaient dit vrai !! Dagon les supplie de leur pardonner d'avoir douté d'elles. Dagon est à genoux devant elles. Dagon les servira comme prévu. Ma foi est leur ! Soyez-en... "

Ledit Dagon semblait du genre à ponctuer chacune de ses phrases par des gestes emmêlés et rapides, traduisant son état et désignant les sujets de son discours. C'est ainsi que par deux fois il étreignit entre ses mains le visage de l'Empereur, tout comme celui d'Ombre. Il leva aussi les mains du sol vers le ciel et enfin devant son propre visage d'où une intense ferveur émanait.

Les prémices d'un sourire commençaient à naître chez Ombre.
Il était toujours agenouillé, quand son discours s'interrompit subitement dans la projection de son propre sang. Sa tête vola un moment, tournoyant sur elle-même, avec l'expression identique d'il y a quelques instants. Elle retomba dans un bruit indescriptible de fruit éclaté. Le reste de son corps resta figé dans le temps jusqu'au moment où il bascula sur le côté, les mains éternellement liées l'une à l'autre. Des perles écarlates se dispersèrent dans l'air, sur les murs, dans la terre, sur eux, déjà évaporées, transformées, absorbées.

Il ne pouvait plus parler.
Il ne parlait plus.
Le silence.
Complet.
Puis la panique totale à la soudaine prise de conscience commune sur ce qui venait de se produire là, juste à côté d'eux. Et ça hurlait, et ça courait et ça pleurait aussi. Dans tous les sens. Plus aucun ordre, quel qu'il soit, ne régnait. A la place, le chaos devenait maître des lieux de son insoutenable puissance.

***

La jeune femme n'était plus là.
Ombre, comme sourde et aveugle à tout ce qui l'entourait, inconsciemment peut-être, se mit à tourner sur elle-même, les bras ouverts, la tête basculée en arrière, mais surtout, un sourire étonnamment plein de vie, scintillant et vrai, illuminait ses traits. Elle semblait entraînée au rythme de sons qu'elle seule pouvait percevoir. Prête à enlacer le ciel d'où la pluie ne cessait de s'échapper.

Ses yeux s'y perdaient, son esprit s'y mêlait. Dans cette vision, au sein de son monde, ses mains et son souffle étaient en parfait accord. La vie s'écoulait. La vie c'était eux. Oui, eux, ces enfants virevoltant, riant, dansant avec et autour d'elle. La sensation de l'herbe sous les pieds nus, la myriade de fleurs colorées et leur parfum, la saveur juteuse des fruits des vergers, les vibrations du vent et des innombrables sons qu'il transporte. […] Son rire vibra dans l'air, aussitôt suivit de sanglots étouffés. Aucune larme.
Les cieux pleuraient pour elle.

***

Un arbre et son tronc pour seul soutien. Ombre, la tête posée contre ce buste végétal, observait le creux de ses mains. Du sang, encore. Elle détourna le visage. Son front se frotta à l'écorce humide de l'eau ruisselante. Elle s'y appuya pour se relever, les dents serrées.

Pas de regret. Non, aucun. Simplement la rage de ne pas l'avoir achevé comme elle l'entendait, celui-là qui avait eu l'idiotie de tuer quelqu'un qui s'adressait à elle, devant ses yeux. Son corps gisait, et quelques membres, ci et là. Par sa faute bien sûr. Elle lui avait bien conseillé de ne pas bouger.

Elle avait retiré la vie à un être humain. Mais, après tout elle avait agi dans le bon sens, pour rendre justice, même si elle n'en avait reçu aucun ordre d'Assilfenn.
Justement, il était temps de le retrouver.
Ombre, reprit donc le chemin de la cité, s'essuyant les mains et le visage du mieux qu'elle pouvait. Secouant ses cheveux et refoulant ce que l'esprit tentait encore et toujours de lui remémorer.

Arrivée devant la fameuse taverne, la guerrière jeta un coup d'œil général sur les alentours ; il n'y avait pas âme qui vive. Elle haussa les épaules et poussa la porte de l'établissement un peu plus comblé que son extérieur. Avant même de le voir, elle sut où se trouvait Ephraim. Ses sens restaient encore décuplés suite aux récents évènements. En apparence il conversait chaleureusement avec deux hommes en souriant, portant par instants à ses lèvres un verre au contenu verdâtre. En réalité, il n'en était rien.

Au souffle d'air provoqué par l'ouverture de la porte d'entrée, il lorgna en sa direction. Une ombre passa dans son regard. Ce fut tout. Il lui fit un grand geste de la main par lequel elle répondit en un signe de tête, comme n'importe quels compagnons feraient en se reconnaissant mutuellement.
Elle prit place à un siège derrière son Empereur et commanda de l'eau de source.
Tel était le comportement de n'importe quelle âme perdue.
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Ephraim
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MessageSujet: Re: Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan }   Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan } Icon_minitimeDim 15 Aoû - 2:00

Ephraim observait avec attention le vieillard, subjugué par son ton enjoué. Il était sans doute fou. C'était ça qui le rendait intéressant. Il le laissa faire son manège, ne réagissant même pas quand il lui tripotait les joues. Le début d'un sourire marqua les lèvres du jeune homme. Il aimait les gens capables de se dépasser, de quitter le monde commun, trop ennuyeux et limité, pour plonger corps et âme dans un monde inconnu, effrayant et infini. Le leur. Car c'était là qu'on repoussait les barrières de l'intimité, qu'on se découvrait et qu'on comprenait les choses plus que jamais pour devenir totalement unique. Terriblement intéressant. L'intéressement de l'empereur faiblit légèrement quand quelques gouttes de sang s'écrasèrent sur sa peau légèrement hâlée et durcie par le désert. Un coup de machette, net et bien ajusté. Beau geste technique certes, mais si classique, peu prévisible certes, mais déjà-vu. Ennuyant, terriblement.

La tête du vieux fou s'étala dans un bruit écoeurant aux pieds d'Ephraim. Il se baissa, la saisit par les cheveux et regarda dans ses yeux vides de toute étincelle de vie. Et là, il se mit à rire comme un dément. Il laissa rouler le crâne sur la chaussée désertée par les passants et se roula sur le sol baigné de sang, s'imprégnant d'un parfum de mort frais. Enfin, enfin la vérité lui sautait aux yeux. Aucun mystère dans la mort. Aucun intérêt. Juste du sang, rien que du sang. Dans son ancienne vie, il avait tué par accident sa meilleure amie. Cela l'avait bouleversé, et le poids de la culpabilité l'avait poussé sur une voie qui n'était pas vraiment la sienne, affectant sa personnalité. Il n'avait pas tué un seul être humain depuis ce jour. Des monstres, des démons, des animaux. Mais les hommes, il avait toujours tout fait pour les épargner, les assomant, les désarmant. Mais jamais de coups mortels. Il savait bien que derrière lui des charognards passeraient et finiraient le boulot. Mais le simple geste qui consistait à retirer la vie à un être humain, jamais il n'avait pu le produire à nouveau. Jusqu'à ce moment de vérité. Il remerciait les cieux de lui avoir permis de comprendre pourquoi il avait gâché sa vie. Non. Il remerciait Uryan. La seule personne dont le souvenir qu'il avait n'était pas vague. Ah ! Il espérait qu'au delà de l'entre deux mondes il existait une dimension où il put la retrouver, la remercier, lui exprimer toute la beauté de ce qu'elle avait fait.

Il se stoppa net. Uryan. Il devait trouver un moyen de se racheter pour elle. Devenir plus fort, plus érudit pour lui donner à elle aussi une seconde chance. Trouver, comprendre. Se dépasser comme ce vieillard dont le sang s'imprégnait en lui. Il se releva. Aussitôt il sentit quelqu'un l'attraper et placer une dague sous sa pomme d'Adam.

- Ferme la et tout se passera bien.

Curieux de savoir pourquoi l'homme débutait une discussion d'une manière aussi peu courtoise, et sachant pertinemment qu'il est fort peu conseillé de contrarier un homme qui vous menace en vous plaçant une arme tranchante sur une partie vitale de votre corps qui a, de plus, déjà été tranchée au dépend de votre vie, Ephraim décida de suivre la volonté de son agresseur. L'homme le traina jusqu'à une petite ruelle totalement déserte, puis commença un petit interrogatoire, qui devait être une sorte de coutume chez ceux qui enlevaient des hommes couverts de sang :

- Qu'est-ce que le vieux t'a dit ?

- Il trouvait que j'avais un beau petit cul et voulait m'inviter à prendre un verre.

- Te fous pas de ma gueule !

Un mouvement de colère. Parfait. Ca laissait une seconde pendant laquelle son agresseur serait déconcentré. Largement suffisant. Ephraim prit un couteau dissimulé dans sa ceinture et le planta jusqu'à la garde dans le ventre de son agresseur, au niveau du foie. Pas suffisant pour l'abattre mais assez pour sérieusement le déstabiliser. Le maître de l'air saisit le poignet armé de l'inconnu disgracieux et le retourna afin de le projeter en avant. L'homme ne s'étala pas comme une merde comme escompté, mais il n'était plus en position de force et Ephraim fonçait sur lui, saisissant un autre couteau dissimulé également sous sa ceinture. Il fit une clef de bras à l'inconnu, le plaqua au sol et fit glisser sa lame le long de son cou. C'était un vrai plaisir. Et là une idée lui vint. Il était temps de mettre à profit ses leçons. Il appuya sa lame jusqu'à ce qu'une larme de sang pende du cou de l'inconnu qui grimaça de douleur.

- Bon, là tu as deux options. Tu me dis tout de l'entrée jusqu'au dessert sans pourboires ou je te crève comme une merde. Des questions ?

- Echouer... C'est mourir...

Ephraim sourit. Il fit une entaille peu profonde sur le cou. Plus qu'à porter le coup fatal. Il le pouvait parfaitement. Et personne ne le lui reprocherait. Personne ne le saurait même. C'était justifié, puisque l'homme avait essayé de le tuer. Mais là, il avait l'impression de tuer gratuitement. Ca n'avait aucune saveur. C'était facile, ça n'apporterait rien. Il n'avait même pas de réelle rancoeur contre cette homme, sûrement le larbin d'un être plus subtil. Ce n'était qu'un abruti à qui on avait demandé de filer quelques coups de couteaux. Ephraim était prêt à tuer, mais il voulait perpétrer de vrais meurtres, qui l'exciteraient un peu. Il se leva, envoyant quelques coups de pieds dans l'homme à terre pour qu'il ne se relève pas.

- Je te fous la paix pour cette fois. Ne reviens plus jamais me pourrir la vie ou je te pends par les couilles.

Ephraim commença à sortir tranquillement de la ruelle. Alors l'homme se releva, brandissant un couteau de jet, prêt à riposter de la plus vile des façons. Trois couteaux, un dans le front, un dans la poitrine et un dans le bras duquel il tenait son couteau, l'arrêtèrent dans son élan. Bien qu'Ephraim fut prêt à contrer l'attaque, ces couteaux n'étaient pas les siens. Les espions d'Assilfenn, inquiets, étaient partis à sa recherche. Dommage. L'espace d'une seconde, il avait cru pouvoir s'autoriser de se délecter d'une mort, aussi minable soit elle. Escorté par les deux hommes, Ephraim rentra à l'auberge. Il changea de vêtements puis rejoignit ses espions à une table pour écouter leurs rapports. Un bruit à l'entrée. Il se retourna. Ombre était de retour. L'odeur du meurtre émanait d'elle. Il avait beaucoup à apprendre d'elle. Il lui fit un bref signe de la main et écouta ses hommes.

- Bon, ça a pas été facile. Et on a pas grand chose. Mais ça peut toujours servir. Déjà, on sait que Krynn ne s'est pas engagé. D'après ce qu'on sait, ils attendraient un geste d'Itachie, du genre un joli cadeau comme une relique, voyez le genre ? Donc bon, leur engagement sera bancal, même s'il serait naïf de croire qu'ils se pointeront pas à la fête. Ensuite, Moordenar a rendu très souvent visite au laboratoire du lac Hylia ces derniers temps. D'après ce qu'on sait, le vieux, en plus de potions ignobles, ferait aussi dans l'armement militaire sophistiqué. En gros, Moordenar a sûrement une arme révolutionnaire et probablement peu répandue sur le marché dans ses projets, sinon ils se seraient adressés à des mecs largement plus performants et rapides dans tout ce qui est " classique ". On sait aussi par un petit gars qu'on a réussi à infiltrer dans les rangs les moins gradés possibles de la guilde que le climat là bas est pas au beau fixe, Mya s'est apparemment imposée par la force et la décision d'attaquer Assilfenn est pas franchement comprise par tout le monde. En gros, c'est tout ce qu'on a chef. C'est de plus en plus dur d'avoir des infos avec cette foutue guerre, c'est dur de faire mieux.


Ephraim remercia ses espions et les laissa partir. Il se retourna vers Ombre, commanda un whisky et but silencieusement. Arrivé à la moitié de son verre, il prit la parole.

- Bon, tu as tout entendu. Y'a pas grand chose qu'on puisse faire, c'est impossible d'attaquer le vieux du lac, il est surprotégé par Moordenar. Et espérer convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit est également impossible pour l'instant. Passons la nuit ici, la nuit porte conseil, peut être qu'une nuit sans rêves est la clef.

Vidant d'un trait son verre, Ephraim monta, tituba un peu ( ce verre n'était pas le premier ) et rentra dans la chambre qu'il s'était réservée. Il se laissa tomber sur son lit, attendit. Une émotion. Un besoin de voir quelqu'un, n'importe qui. Il se leva. La nuit était tombé, il sortit dehors. Respira. Profita de cet air qui lui semblait si pur soudainement.

Il entendit un bruit derrière lui. Ombre était là. La lune éclairait son visage en lui donnant des teintes sans couleurs. Sans savoir pourquoi, Ephraim fut soudain ému. Il réalisa que tout ce qui le liait à cette terre était cette âme perdue. Il la négligeait un peu trop. Il avait soudain envie de la protéger, de la réchauffer tant qu'il pouvait pour compenser l'ennui et les devoirs qu'il lui imposait par son existence. Il s'approcha. Il devenait curieux. Surtout, il avait besoin de comprendre. De devenir autre chose que la pourriture impuissante qu'il avait laissé crever.

- Qui es-tu, Ombre ? Raconte moi ce qui t'a fait.
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Uryan
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MessageSujet: Re: Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan }   Le poison des retrouvailles { Fermé : Ephraim/Uryan } Icon_minitimeLun 16 Aoû - 19:29

A la suite du compte rendu d'un des espions, l'Empereur s'était retourné vers elle pour lui déclarer ce qu'elle avait rapidement compris, mis à part le fait que pour elle le repos et les conseils n'existent pas. Sa façon de penser était sienne. Certains aspects de la vie étaient bien trop excitants pour passer outre, surtout quand une nouvelle existence toute fraîche s'offrait à vous. Le désir insatiable d'avoir à sa portée toute une panoplie de possibilité d'actes propres, bien à elle, la submergeait intensément. Il y avait tant de choses à faire, de tous genres ! Tant de libertés à étreindre. Une vie. Une saveur. Une...
Lueur.
Déambulante et lancinante de ce regard d'âme perdue, de cet homme, de...
Il fallait qu'elle se ressaisisse. Qu'elle organise ses idées en cernant une fois de plus ses objectifs et ses priorités. Sa bouche trembla. Elle parla. Plus aucune barrière comme auparavant. Terminées les retenues inutiles. Ombre se posta devant lui.

* « - En entrant ici j'ai vu ton regard. J'y ai surtout vu l'empreinte de l'envie. Oui le désir, le goût du sang, mais pas n'importe lequel. Non, celui versé dans toute l'ampleur de l'art que requiert le meurtre de qualité. Je peux t'apprendre. Je suis capable de te transformer. Le chemin se fait déjà, il n'y a plus qu'à te laisser guider. » *

Rêverie.
L'imagination avait parlé pour elle. En réalité ces mots n'étaient pas parvenus à s'extirper de sa gorge sèche. La faiblesse et la lâcheté de son comportement l'agacèrent. Sa lèvre inférieure frémit encore de ce tic nerveux, ponctuel, dérangeant. Un tremblement. Elle se leva vite fait, allant en direction de la sortie et fit un signe de tête signifiant à Ephraim qu'elle allait revenir d'ici peu. Aussitôt elle passa aux cuisines. L'air y était étouffant d'odeurs de toutes sortes et du bruit assourdissant du personnel à l'œuvre. Ambiance parfaite pour chiper ce qui constituerait son repas du soir. Se faufilant de façon experte, la jeune femme sortit le plus dignement possible des lieux, une assiette de ce qui ressemblait le plus à un ragoût principalement à base de sauce, entre les mains. Assise dans l'herbe, sur une crête surplombant le dessus de la ville, elle éternua avec retenue lorsque son regard se porta vers le cimetière, au sud-est de la place du marché. Il y avait de l'activité.

* Les obsèques du vieux. *

Apparemment tout dans cette ville n'était que rapidité. Les affaires de tous genres devaient être comme classées et répertoriées selon un ordre bien personnel et propre au bourg. Il faut croire qu'en Hyrule, appartenir à la même contrée ne signifiait pas pour autant posséder et partager les mêmes cultures et rituels. Ombre cligna des yeux. Quand elle les ouvra de nouveau, la décision d'assister d'un peu plus près à l'enterrement du vieil homme, était prise. Après tout, les fous eux aussi avaient le droit au semblant d'intérêt que l'on se devait de porter en ce genre de circonstances. Ayant repéré le parcours pour se rendre jusque là-bas, Ombre se mit en route. Elle traversa la ville pour arriver à la lisière d'un bois menant au cimetière. Les feuilles frémissaient. Le temps changeait. On la suivait.

Elle courait, l'esprit ailleurs. Ses jambes agissaient, obéissants au commandement de la survie. Il pleuvait, de cette vivacité qui aurait donné l'impression que les Déesses elles-mêmes se donnaient au jeu - largement malsain - de la traque et du sentiment de fatalité. Essoufflée, éperdue, éreintée, l'ombre de l'Empereur s'affala de tout son long. La terre. L'eau. La mémoire. Tout s'entrechoqua dans une débâcle assommante. Sa bouche s'ouvrit pour laisser échapper un cri, mais, rien, juste le geste muet de la douleur. Le monde tourna. Il tournait encore lorsqu'elle reprit conscience. Sans savoir comment elle s'y était prise, la jeune femme se trouvait devant le bar. Elle entra, les traits crispés, prit une chaise et s'assit. Il régnait un calme complet. Trop silencieux alors qu'il se produisait un tel tumulte en elle. C'était insupportable. Intenable. D'un seul coup elle attrapa par le col un trentenaire ivre qui passait discrètement dans son dos. Il parut effrayé. Il essayait de se sortir de la poigne de la jeune femme. Mais elle tenait bon. Elle étreignit plus fort. Encore. Elle le poussa contre le mur. Le coup de poing prévisible de l'homme partit. Sa mâchoire craqua. Elle chancela, libérant de ce fait son poing de la chemise du malheureux étranger qui fila en un coup de vent.

De son bref dîner, un grain de poivre croqua sous sa dent. Mais en était-ce vraiment un ? Un simple grain de poivre avait-il vraiment cette capacité à éveiller toutes particules du corps comme si des centaines de fourmis le parcouraient ? Pouvait-il à ce point chambouler autant le corps que l'esprit ? Une sensation de légèreté extrême jamais ressentie jusque maintenant la perturbait entièrement. Elle pouvait agir, là, tout de suite. La volonté et les capacités dés lors réunies lui permettaient d'entrer en action, de faire selon ses envies, comme elle le souhaitait depuis un certain moment. Oui, enfin, le temps était venu. La jeune femme était montée à l'étage poussée par son devoir de protéger son empereur, s'entremêlant à ses nouvelles sensations pas si étrangères que cela. Elle passa le seuil de la pièce. Personne dans la chambre. Elle se tourna instinctivement sur sa gauche, vers la porte-fenêtre du balcon donnant sur l'arrière du bâtiment ; les battants étaient grands ouverts, laissant libre court à l'ondulation des étoffes faisant office de rideaux. De derrière les voilages elle chercha puis trouva. Ephraim était là, immobile, presque invisible, se confondant à la nuit. Des escaliers descendaient à lui.

Ombre se glissa un peu plus près. Encore plus près. Si proche... Seuls les battements de son cœur témoignaient du tumulte qui la dévorait, nourris à la fois par la crainte de l'échec et par l'euphorie de la réussite. Son corps allait bondir. Son corps, simple marionnette de sa convoitise amenée et stimulée à l'excès, allait œuvrer. Quelques pas, quelques gestes, aucun mot, et leurs destins seraient éternellement liés et scellés. Un sifflement. Son attention se porta vers le toit de la bâtisse. Ses yeux pétillants de ce feu quasi animal se perdirent alors dans la contemplation de la lune. Dès lors tout se calma. L'incandescence du fragile instant laissa place au calme plat. Elle expira et titubât. Aussitôt elle se releva comme si rien ne s'était produit. Cette volonté d'abandon absolu évaporé, il lui restait alors ce goût âpre et bien connu que laissent les résidus d'actes manqués. Sa vie défila devant ses yeux comme lorsque la mort vous touche enfin. Ou bien était-ce les restes de la folie passée ? Et là, précisément, elle n'était plus Ombre, là, quand il se retourna vers elle, là quand son rythme cardiaque manqua une ou deux pulsations, là, quand la vérité éclata. Sa question. Sa demande. Ses mots. Sa voix. Ombre dissimula tant bien que mal l'agitation et la perte de ses moyens. Son esprit tenta de se remémorer les paroles de son supérieur. En vain. Elle resta pantelante et sans expression.
L'astre de la nuit semblait avoir changé la donne.

Mais la colère à cette capacité de vous redonner forces et moyens, et cela en toutes circonstances, surtout quand l'énergie du désespoir s'y mêle. Parfois, l'agressivité est votre seule arme, celle vous permettant de relever la tête et d'affronter. C'est une défense qui se cache sous les traits d'une attaque. Elle peut être virulente, dévastatrice. Pleine de ce venin qui jusque-là vous pourrissait de l'intérieur, de ce pus qui vous ronge et vous rongera encore. Tout cela macère et donne cette purulence qui s'insinue toujours plus loin, plus profondément ancrée. Vous restez seul avec ce que vous gardiez et ne saviez comment extraire jusqu'au moment où survient un événement, un mot de trop, et où tout explose. Vous débordez, il n'y a plus de barrage, plus aucune limite, à tel point que toutes les colères de toutes sortes, retenues avec le temps, viennent se joindre à d'autres pour aboutir à un déchaînement qu'on ne peut et ne veut dompter, trop heureux de pouvoir enfin être soulagé de tous ces poids. Qu'il était donc bien placé ! La cible, le réceptacle parfait. Cet homme, dont seul le blanc des yeux se voyait à la lumière lunaire, se hasardait à l'atteindre. Folie ou inconscience, voire les deux. Il lui parlait mais la confondait. Plus elle lui débitait toute la rancœur et la hargne qu'elle avait si bien gardées, plus Ombre s'avançait à pas lourds vers Ephraim. Pas un geste, simplement une approche.

« - Qu'est-ce que je suis ? Rien. Rien d'autre que le résultat de toutes la manigances, folies et horreurs dont l'être humain est capable. Oui, les êtres humains, ces choses de sang, de chair et de cœur, si empreints à se dire bons, avec toutes les valeurs qu'ils se doivent de transmettre et de se montrer les uns aux autres. Mais la réalité est toute autre. Dans les situations où ils ne peuvent plus se cacher derrière des apparences et des masques, tout s'éclaire. On les découvre sous un autre angle, bien plus vrai, bien plus à vif. La vérité t'arrive alors en pleine face. Le mensonge n'est plus, pour eux comme pour toi, à qui tout se dévoile impitoyablement. Aucun ne se vaut. »

Elle fit une courte pause, le souffle haché, la mine révulsée. A cet instant précis, toute la laideur de la fureur se peignait sur ses traits. Elle reprit de plus belle.

« - Mais surtout Assilfenn, oui surtout, comprends-bien que je suis ici dans le seul but de servir les ordres d'un empereur, à les remettre sur pied, lui et son empire. Je te suis dans cette seule optique. Ne t'attends pas à une quelconque chaleur humaine de ma part. Je ne suis pas ça. La faiblesse ne fait pas partie des capacités d'un outil. Sinon à quoi bon utiliser un objet qui se briserait dès le premier coup d'estoc ? Laisse tomber tes manières et tes bons sentiments. Avec moi c'est inutile. »

Cette fois les actes se juxtaposèrent aux paroles. Elle le poussa plusieurs fois. D'abord les épaules, ensuite le torse, puis de nouveau les épaules. A chaque coups portés, la même force, la même rage, le même but. Le dos de l'Empereur heurta brutalement ce qui devait être les vestiges d'une fontaine. Son corps eut à peine le temps de toucher le sol que la guerrière, toujours hors d'elle, lui agrippa le visage qu'elle tourna sur le côté et, penchée sur lui, sussurra des mots acides et brûlants. Elle se reprit à deux fois avant de parvenir à articuler ses mots.

« - En d'autres termes... Je ne suis pas elle. »

Comme le hasard fait toujours bien les choses, le tonnerre gronda. Si fort, de façon si imprévisible que Ombre elle-même sursauta sans plus de contrôle. Aucune goutte. Simplement le parfum pesant de l'orage. Ses yeux se révulsèrent. Cette fois encore elle se sentait épiée. Pourtant, elle n'était pas la cible de ce regard-là. Le vent s'abattit amenant avec lui odeurs et informations. Quelqu'un. Non. Deux personnes. Non, plus. Cinq. Huit. Dix. Treize. La survie, encore et toujours. Le danger permanent. Les répétitions. Le devoir. Elle n'avait pas été assez vigilante. Elle s'était laissée emporter par le flux de ses émotions. Elle était devenue à cet instant tout ce qu'elle repoussait, tout ce qu'elle refoulait de cette autre elle. Et voilà qu'ils étaient cernés dans une bête embuscade après s'être défoulée sur son supérieur, sur un dirigeant. Ils étaient perdus.

Il y eut une furieuse détonation, suivit d'une lumière ocre. L'ensemble de la scène disparut dans un bruit assourdissant, comme celui que ferait l'envol affolé de milliers de volatiles.
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