Illusions et détermination [Fermé Uryan/Véhéfin]

Son ton resterait a jamais gravé dans ma mémoire.

Durant son discours, j'etais crispé, et je l'écoutais et buvais ses paroles malgré qu'elles me blessaient. Plus elle avancait, plus j'etais blessé. Chaque mot etait un coup de poignard que je prenais en plein coeur. J'avais été assez idiot pour croire qu'elle m'appreciait. En réalité, mon impression quand a l'alcool etait la meilleure et je regrettais de ne pas m'en etre rendu compte plus tot.
Tout ce qu'elle me demandait, je l'executerais. A part l'oublier. Cela, je ne le pouvais pas. Malgré le fait qu'elle m'ait joué un tour, je ne pouvais me détacher totalement d'elle.
Je restais immobile pendant qu'elle terminait mais je ne montrais aucune faiblesse. Elle s'etait joué de moi, elle ne verrait pas combien elle me faisait mal.
Quand elle partit, je la laissais s'éloigner et ressentis subitement le besoin de me recueillir sur sa tombe. Aller le voir une derniere fois. Extérieurement, j'etais faible de par ma facon de me tenir, intérieurement, la batisse s'etait effondrée avec son départ. N'importe qui d'autre l'aurait executée sur le champ, je n'en avais pas la force.
Je marchais calmement vers la sortie de la ruelle puis me rendait totalement invisible et je courrais vers le cimetiere.

En y entrant, je me rendais visible. Personne n'y etait a une telle heure de l'apres-midi, sauf le fossoyeur. Il me vit réapparaitre a sa vue, et tout autre personne que lui aurait crié au fantome en me voyant ainsi. Mais il me connaissait et il sourit en me voyant arriver. Il s'eclipsa dans sa cabane un bref instant et me tendit une pelle, avec un de ses sourires bienveillant qu'il connaissait tant.
Je savais qu'il lisait sur mon visage une double douleur. Celle d'avoir perdu Uryan. Et celle de venir voir mon ami.
Il me laissa monter jusqu'a a la tombe de mon defunt compagnon et je restais debout face a la pierre tombale ou si peu de mots etaient gravés. Je me decidais de rajouter "A la seule personne qui m'ai aimé" au couteau. Bien que laborieux, j'y arrivais finalement et n'etais pas mécontent du résultat.
Je restais deux longues heures face a sa tombe a me remémorer le peu de temps passé ensemble et je regrettais que la maladie l'ai emporté si vite.

A sa mort, il m'avait clairement dit que je devrais venir déterrer un bien précieux pour lui le jour ou j'aurais eu autant de chagrin qu'a sa mort. J'en avais fait la promesse. Et ce jour etait arrivé.

Je respectais scrupuleusement ses indications et deterrais le coffre qu'il m'avait reservé pres de sa tombe. Je brisais les serrures d'un coup de pelle et ouvrais le trésor qu'il m'avait reservé. En voyant le contenu, je ne pus retenir une larme. Aussi peu fortuné que moi, il avait du economiser bien trop longtemps pour pouvoir m'offrir cela.
Une tenue d'un noir aussi profond que mon coeur a cet instant et d'une qualité equivalente a mon Hadhafand m'attendait la, propre et parfaitement conservée. Je la dépliais et voyais qu'elle m'allait a la perfection. Il y avait un sac egalement, et un fourreau pour ma lame. Quel fou, pensais je et je continuais de regretter cet homme, qui m'avait enseigné le peu que je savais. Mendiant tout comme moi, je n'avais pourtant jamais connu de personne aussi sage que lui.

Une lettre etait posée au fond du coffre et un cachet m'interdisais de l'ouvrir avant que je ne sois vetu de ses présents.

Comme s'il le savait, le fossoyeur avait apporté une bassine d'eau pres de moi et s'en etait allé juste apres. J'otais mes vetements sales, et puants, et me lavais avant de revetir la magnifique tenue noire. Jamais je n'avais porté tel habit et je ne pouvais que faire les louanges du costumier, et de la folie de mon ami.
Je rangeais mon arme dans son foureau et l'accroché en bandouillere, dans mon dos.

Je prenais la lettre et la lisais enfin :

"Mon cher ami,

si tu ouvres cette lettre, c'est que le chagrin t'a gagné une fois de plus, une fois de trop. Je ne voulais pas que tu te sentes coupable de ma maladie et, en tant que seul "parent", je me devais de te faire un testament. Ce n'est pas grand chose et tu dois surement me maudir d'avoir autant deboursé pour toi, mais je te le devais bien. J'ai passé mes meilleurs mois a tes cotés, et je regrette sincerement de devoir te quitter ainsi.
La petite fiole cachée dans la manche de ta tenue, qui doit t'aller a ravir, contient un sceau tres puissant. Tu comprendras comment je te savais si pres de moi malgré ton invisibilité. Mon grand secret est enfermé dedans !

Je vais terminé en te disant ces quelques mots.
Tu te dois de devenir plus fort pour que l'on ne te fasse plus jamais autant de mal. Endurcis toi. Deviens meilleur, plus fort, moins pardonnant. Qu'on ne te prenne jamais pour un jouet, mais pour un seigneur, tel que tu aurais du l'etre...


Il avait signé du nom que je l'appelais si souvent et qu'il detestait. Je sourris a cet idée et me rendais compte que je l'aimais encore plus que je ne le pensais. Il me manquait et ces dernieres volontés etaient toutes pour moi.

Je regardais la fiole et la brisais dans mes mains. La fumée degagée me rendais alors aveugle et je fermais les yeux jusqu'a ce qu'elle se dissipe. En fermant les yeux, je me rendis compte que je percevais encore tout autour de moi, et meme plus loin que mes yeux me le permettait. Comme un ultrason, je "voyais" tout autour de moi. Je savais maintenant comment il s'y prenait.
Les ultrasons, comme je decidais de les appeler, lui permettaient de dresser une carte des environs, et d'avoir connaissance de son environnement. C'etait l'unique moyen de me savoir présent a ses cotés, et c'est ainsi qu'il m'attrapait a chaque fois, et du premier coup.
Aujourd'hui, j'avais son pouvoir.

Les yeux embués, je les ouvrais pour les refermer immédiatement. Un flash subtil m'avait sauté aux yeux. Je me retournais et ouvrais les yeux. Uryan etait la. Depuis le début me dit mon instinct. A voir sa tete étonnée, j'avais raison.

Je la jaugeais du regard. Un regard plein de reproche. Je me tenais droit face a elle. Et si a notre rencontre, j'avais paru faible et me laissant allé, a cet instant, elle ne pouvait pas me voir ainsi. Seule la determination pouvait se lire sur moi. Si comme beaucoup le prétendait, je degageais un veritable havre de paix en temps normal. Ce dernier etait mélé a une determination qui pouvait se sentir partout aux alentours.
Un inconnu aurait pensé que je souhaitais la tuer. Elle, elle savait que ma determination la concernait. Je ne voulais pas craquer face a elle. Elle le savait.

Le temps s'arreta, et aucun de nous deux ne prit la parole. Le fossoyeur fit un geste de la tete et je compris qu'il se chargerait du trou. Je songeais a y jeter Uryan un bref instant et balayais cette idée de ma tete d'un revers de la main.
Je la regardais, toujours pleins de reproches, mais mes sentiments etaient perceptibles a travers mon regard. Si elle me regardait dans les yeux, elle saurait cela egalement. Je mis les gants joints à la tenue et les protections aux avant-bras. Je pris le coffre dans une main, la lettre dans l'autre.

Je m'approchais d'elle, d'un pas aussi léger que si je marchais sur des braises. Silencieusement, je continuais d'avancer vers elle. Finalement, sans meme un regard ni m'arreter, je detournais mon chemin au dernier moment pour la contourner.
Elle se dressa alors devant moi. Si pres que je sentais son souffle contre mon torse.

Le cimetière ; lieu des morts. C'est ici que la jeune femme se sentait pourtant la plus vivante. Pour elle aucune tombe ne ressemblait à une autre. Surtout une en particulier. Combien de fois était-elle venue ici, de nouveau auprès d'elle. Parfois il lui arrivait même de s'endormir sur ou aux côtés de la sépulture de son amie. Il lui arrivait aussi de pleurer à cet endroit. Mais aujourd'hui ni l'un ni l'autre ne se produirait. Elle restait plantée aux pieds de la tombe simplement mais joliment gravée de symboles tout comme le fameux poème. Rien n'avait changé. Encore et toujours ce calme. Cette fois Uryan parla. Consciente que au delà de la mort ses paroles ne pouvaient que se répercuter, rien de plus, elle parlait plus pour se libérer de tout.

- Bonjour à toi... mon amie. Je n'ai pas apporté une de ces fleurs que tu aimais tant. Humf... Regarde ce que je suis devenue. Un être qui n'ose même plus pronconcer le nom de sa camarade défunte... J'aimerais fermer les yeux et te revoir à nouveau à mon réveil. Souriante. Lumineuse. Vous rejoindre, toi et l'éternité. D'ailleurs qu'est-ce qui m'en empêche ?...

Uryan se prit la tête entre les mains. Enfin les larmes et leur apaisement. Tout se mélangeait. Et en même temps une nouvelle certitude venait à elle, celle qu'elle ne pouvait accomplir cette pensée qui venait de la traverser. Quelque chose l'attachait encore ici. Mais quoi ? Ou qui ?...
Plus loin elle entendit divers sons. Elle s'en approcha, aussi discrètre que possible mais au dernier moment elle se retourna en direction de la tombe.

- Je reviendrai.

Ce fut tout. Elle le vit. Encore une fois, battements de coeur et respirations s'accélèraient.

*C'est donc ça. Il n'y a plus aucun doute. Faut-il lutter ?*

Une question en suspens et elle continuait à l'observer dans son étrange démarche. Même le fossoyeur était de la partie. Uryan était arrivée et sans rien dire et avait continué d'observer tout dans les moindres détails. Au moment où une sorte de nuage poussiérieux s'était produit autour de lui, elle était presque prête à se jeter en sa direction certaine qu'il venait de la quitter à jamais. Finalement son corps était apparut et elle retint juste à temps son élan impulsif.

*Heureusement qu'il ne m'a pas vue.*

Aussitôt avait-elle eut cette pensée que l'homme lui planta son regard dans le sien. Ces yeux qui disaient tout. Elle les sentaient, brûlants de reproches. Peut-être même de la haine. Une image passa très vite. Lui, tentant de mettre fin à ses jours. Que ferait-elle dans ce cas là ? Rien. Elle le laisserait faire. Si au moins cela pouvait le libérer de la rancune et des douleurs. Ainsi dans son dernier soupir elle lui aurait tout donné. Il s'approcha. Son coeur battait la chamade.

*Qu'est-ce qu'il fait ?*

Mais ce qu'elle prit pour un début de réconcilliation n'était rien d'autre qu'une façon de montrer une ignorance totale à son intention. Un coup de bêlier porté au coeur, à couper le souffle. Elle faillit perdre pied. Mais se raissisit au dernier moment.

*Tentes le tout pour le tout ou tu perdra ce qui te tient encore debout.*

Uryan se retourna d'un seul tenant pour entraver la route de l'inconnu désormais tout de noir vêtu. Sa respiration était très rapide. Elle avait agit. Et maintenant ?
Parler et avouer.

- Je ne veux pas que tu partes. Je t'ai menti. Et aussi à moi-même, depuis le début. Me pardonnera-tu un jour ?... Je... Je...

C'était le moment le plus dur. Celui des aveux. Mais les mots ne sortaient pas, comme bloqués dans la gorge par une force inconnue.
Alors elle se plaqua fort contre lui, serrant ses bras aussi fort que si il allait sévaporer à l'instant.
Plus rien ne comptait.

Et d'un seul coup, d'un seul, tout s'évapora.

La haine, la souffrance, la rancoeur. Plus rien, meme ma determination venait d'etre ebranlée par la jeune femme. J'avais voulu poursuivre mon chemin et elle s'etait interposée. Son désir de me voir partir, l'oublier, s'etait enfui subitement alors qu'elle se jettait contre moi. J'avais voulu l'ignorer, passer mon chemin et aller de l'avant. Comme une barriere face a moi, elle me mettait a l'epreuve. Allais je simplement continuer, sans meme lutter pour garder celle que j'aimais? Oui, je l'aimais, je le savais desormais.
Ma determination, celle a qui je me raccrochais pour ne pas souffrir, ma promesse, s'evanouit en fumée malgré n'importe quel effort que j'aurais pu fournir. Ce mur impossible a franchir, je ne voulais finalement meme pas l'effriter. Je voulais l'embrassais, le laissais me retenir, me garder loin du reste du monde. Je la voulais, elle.
Je laissais tomber le coffre et la lettre et je la serrais a mon tour dans mes bras. Alors que son etreinte etait des plus puissantes, je ne la serrais qu'a peine, de peur de briser ce joyau que la vie m'accordait. Enfin, apres tout ce temps de malheur, le soleil degnait bien me donner sa clémence. Elle etait mon soleil.

C'est trop tard pour les excuses. Je t'ai deja pardonné.

Ses mots, son ton. J'oubliais tout. Elle etait la, et malgré le fait que mille questions se bousculaient dans ma tete, que je veuille comprendre. J'abdiquais. Plus tard, elle devrait repondre. Mais a ce moment la, mon corps et mon esprit firent front face a ma stupidité et me dicterent mon comportement mieux qu'aucun ange gardien. Je profitais de l'instant présent et savourais pleinement la baisse de toutes ces barrieres. Toutes? Non, en réalité, il en restait une a briser. Celle des mots par les actes.
Devrais je le faire maintenant? Je n'en savais simplement rien.

Moi aussi

Mon murmure ne pouvait etre entendu que d'elle seule. Ce ne serait pas un secret, mais pour l'instant, c'etait trop intime pour que je le crie sur tous les toits. Elle seule saurait, et elle seule deciderait de l'avenir qui se tracerait devant nous.
Je respirais son parfum, mon visage noyé dans sa chevelure bleue. C'etait si agreable que j'aurais voulu qu'une minute dure une eternité.
Bizarrement, tous mes doutes, toutes mes craintes, tout s'etait envolé. Mon reve revenait frapper aux portes de mon esprit et j'esperais plus que tout que je réalise un jour ce souhait. A cette idée, je l'etrenais plus fort encore contre mon torse.
Je ne savais comment elle l'interpreterait, mais elle devait sentir qu'elle appartenait maintenant a une bulle. Bulle qui serait a jamais un endroit de refuge et de protection. Je voulais sceller cette promesse par un geste. Mais je craignais trop de briser cet instant en faisant une faute. Je risquerais surement de la perdre.
Je savais desormais qu'elle avait du mal a affronter ses sentiments. Et il n'etait pas question de jouer avec elle, de la pousser a combattre les troubles qui l'habitait. Non, je l'aiderais dans ce combat, mais ne la forcerais pas.

Véhéfin.

Je m'interrompais pendant qu'elle se demandait ce que je disais.

C'est le nom de ton protecteur. Tu pourras desormais mettre un nom sur le visage de ton inconnu, de celui qui...

Une fois de plus, ce mot aussi n'osait sortir de ma bouche. Et je ne trouvais rien d'autres que de la serrer encore contre moi. Je devais paraitre totalement idiot a ne pas savoir quoi faire !
Finalement je relevais son visage de ma main, et plongeais mes yeux dans les siens.
Elle pouvait lire ce que les mots ne pouvait exprimer.

Elle le serrait fort, certaine qu'il allait lutter, voire se démener pour disparaître définitvement de ses yeux. Dans ce cas elle ferait tout pour le retenir, au moins quelques secondes encore avant de le sentir partir laissant un vide gigantesque derrière lui. Qu'allait-elle faire après cela ? S'effondrer entièrement et se sentir mourir. Et après ? Elle n'irait pas plus loin que ce cimetière. Enfin une porte s'ouvrirait pour Uryan. Toujours contre lui elle ferma les yeux comme pour ne jamais voir la réalité qui allait l'entraîner dans de profonds abîmes.

Rien de tout cela ne se passa. Contre toute attente il resta contre elle. Allant même jusqu'à lui rendre son étreinte. Et puis il lui parla. Il l'a pardonnait pour ses mensonges et d'autres paroles blessantes. Il lui dévoila son nom. Pour elle c'était un véritable signe de confiance. Comment pouvait-elle cacher encore si longtemps sa joie ? Difficilement, c'était certain. Amour ou autre sentiment Uryan n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle se sentait plus morte que vivante quand il n'était pas là. Il était son souffle. Un espoir dans cette vie. Celui qui la rendait différente, dans ses dires et ses actes. Comme tout s'éclaira dans ce moment ! Bien sûr les choses n'allaient pas être faciles. Si peu habituée à cela, Uryan ne savait que faire. Suivre ce qu'on lui murmurait, là, de son coeur jusqu'à sa tête...
Ainsi il devenait son protecteur, selon ses paroles. Etrangement c'est ce qui la toucha le plus. Depuis toujours c'est à elle que revenait ce rôle. Enfant elle protégeait ses soeurs, même la plus âgée, étant la plus revêche et enragée comme elles disaient souvent. Ensuite était venu les habitants de son petit village d'enfance, les enfants avec qui elles jouaient. Une fois adulte, vint le tour des personnes qu'elle rencontrait ici et là ; d'autres villageois, d'autres enfants, Ephraim... Tel était son but dans la vie. Elle ne s'en plaignait pas. Elle aimait bien d'ailleurs. Mais Véhéfin venait de changer à l'instant tout cela. Une autre vision de ce que pourrait être son existence désormais, dans ses bras. Et c'était vrai. Elle s'y sentait en sécurité. Un autre de ces sentiments qu'elle connaissait très peu.

*Protection et réconfort. Le seul qui m'ai jamais offert cela. Un trésor à garder.*

Véhéfin l'observait. Son regard était changé. Ou plutôt non, il était plus intense. Voulait-il s'exprimer par ce biais ? Les mots étaient peut-être trop indélicats dans un moment pareil. Elle connaissait cela. Dans ce cas ne valait-il pas mieux qu'elle en fasse autant. Parler le moins possible et agir en conséquence des sentiments qui la poussaient ? Oui. Plus rien ne la retenait.
Uryan se plongea tendrement dans ses yeux posant sa main sur celle de Véhéfin, toujours sur son visage. Elle pencha la tête sur le côté, juste un instant, et elle sourit à ce qu'elle allait faire. Elle mima un signe, signifiant qu'il devait garder le silence. Enfin Uryan prit le visage de Véhéfin entre ses maisn, approchant de plus en plus le sien.
A chaque fin de phrase elle agit selon ses dires, laissant un certain moment entre chaque acte.

- Un baiser sur ton front. Un baiser sur chacunes de tes joues... Un baiser pour tes lèvres.

Un moment d'éternité, au goût de paradis.

Pendant un moment, je restais ainsi a la garder pres de moi. a l'enlacer contre mon torse et a sentir son parfum et ses formes epouser mon corps. Finalement, elle bougea pour me faire signe de me taire et deposa quelques baisers sur mon visage, avant que mes levres goutent aux siennes. Un feu d'artifice explosait dans mon coeur, et le grand final me fit tonner le coeur si fort qu'elle dut le sentir.
Elle se retira finalement et me sourit. Rien ne put m'enpecher de la rapprocher de moi, maladroitement mais amoureusement pour l'embrasser de nouveau, dans un fol elan de passion. Je n'avais jamais ressenti quelque chose de si fort et je savourais chaque instant. Ses levres avaient un gout exquis, et aucune saveur ne serait aussi agreable a gouter que les siennes.
Mon coeur ne cessait de battre, et il allait toujours plus vite. Je finis par croire qu'il allait exploser et je ne pouvais m'empecher de la garder ainsi pres de moi. Alors que mes yeux s'etaient noyés dans les siens pendant de longs moments, je n'en finissais plus de l'embrasser. L'ensorceleuse avait elle dit. Oui, elle m'avait finalement ensorcelé, et j'etais des plus heureux que son charme ait fait effet.
Mon etreinte prit fin tout doucement, et je laissais mes levres glisser dans son cou avec de prendre ses mains dans les siennes. Je devais parler.

Uryan...

Ce murmure me fit prendre conscience que ce n'etait pas un reve, et que je vivais pleinement ces instants de bonheur, que je n'osais jamais esperais. Je deposais un baiser sur le dos de ses mains et continuais :

Je ne suis pas tres doué pour cela. Tu me fais ressentir quelque chose que je n'ai jamais connu, malgré que j'en sache son existence. Je serais maladroit, mais l'intention y sera. Mon coeur bat pour toi plus qu'il n'a jamais battu. Je suis une ombre depuis toujours, et tu es mon soleil. D'aujourd'hui jusqu'a jamais.

Je gardais mes yeux fixés sur elle, pour que mes paroles aient un echo a travers mon regard, qui brulait pour elle.

Je ne souhaite qu'une chose. Que cela dure a jamais. J'aspire a un avenir, heureux, avec toi. Et je donnerais tout ce que j'ai pour y parvenir.
A ce jour, tu es tout ce que j'ai. Un trésor inestimable... mais tu merites beaucoup. Et meme plus que ce que je pourrais jamais t'offrir. Mais accepte au moins ceci: que tu sois mon souffle.

Cette déclaration d'amour etait maladroite. Pis, je craignais qu'elle ne sonne fausse. Elle etait sincere, et plus je parlais, plus je savais que je devrais dire quelque chose.
Jamais je ne me serais douté vivre cela, avec une femme si belle. Son apparence dominait dans mon esprit quand je pensais a elle car je ne savais rien d'elle. Mais le peu que je savais suffisait a ce que mon corps brule pour elle pour l'eternité.
J'etais embarassé. Ce que j'avais dit semblait si maladroit que j'en restais petrifié face a elle qui me regardait. Son regard n'avait jamais été ainsi. Peur? Doute? Espoir? Amour? Je n'en savais rien.

Finalement, je la collais a moi une nouvelle fois et approchais mes levres de son oreille. Sans trembler alors que mon corps tout entier allait exploser :

Uryan, je t'aime.

Une libération jaillit en moi, et tout redevint calme. Les mots m'avaient libéré du tumult incessant de mon corps. Pourtant, je ressentais toujours autant d'amour pour elle. Meme en parlant, rien ne detruirait ce que je ressentais pour elle...

Uryan ne trouva presque aucun mot pour décrire ce qui se passait. Elle se sentait légère, prête à s'envoler avec lui. Elle avait fait le premier pas, ou plutôt le premier baiser, une chose dont elle aurait été incapable auparavant. Puis Véhéfin en fit de même, toujours de cette manière maladroite mais ô combien chaleureuse. Il l'embrassa, la serra contre lui pour finalement lui prendre les mains, s'apprettant apparament à lui parler. Pourtant Uryan ne voulait plus s'arrêter.
Elle souhaitait que rien ne mette court à ce merveilleux instant. Aucun individu. Aucun son. Aucun mot. Rien. Juste eux, les yeux dans les yeux. Mais la jeune femme changea d'avis assez rapidement dès qu'elle entrevit le regard qu'il lui jetait, tout comme le ton de sa voix quand il prononça son nom. Puis un nouveau baiser et des paroles. Chaque mot, Uryan les buvait, telle une assoifée.

*Ma source. Mon souffle. Ma vie. Le seul qui compte à mon coeur.*

Aux mots qu'il prononça elle comprit qu'elle comptait tout autant pour lui. Tous deux avaient besoin de l'un et de l'autre pour vivre. La présence de l'un était quasi vital pour l'autre. Ils se comprenaient. Ils pensaient aux mêmes choses. Elle ignorait bien des choses sur ces sentiments, ces choses qu'elle connaissait très peu, sinon par certains dires, mais jamais cela ne lui été arrivé, tout comme jamais elle n'aurait pensé le connaître un jour. Cette chose si belle que tout le monde nomme amour. Ce besoin intense que l'on ressent, celui où l'on voit l'autre comme sa seule et unique raison d'exister.
Pourtant une image s'imposa à elle. Contraire à ce bonheur qu'elle ressentait elle fut bien présente, un instant. Oui on lui avait déjà parlé de ce sentiment et même de légendes à ce propos. Une en particulier lui revint, dont la morale était que l'amour, de façon contradictoire avec l'idée que l'on s'en fait, pouvait conduire à bien des souffrances. Peu de choses restaient finalement de cette légende, juste la fin.
L'une des deux personnes qui s'aimaient dans ce mythe eut le coeur tellement meurtri par la trahison de l'autre qu'elle se donna la mort, et dans ses derniers soupirs avait eut la volonté extrême de laisser un dernier message à l'intention de son amour et ce avec son propre sang.

Les ténèbres enfin, m'appellent.
Je les ai fascinées.
Elles arrivent.
...
Je pars mais me demande encore...
Où est mon amour ?
Où est mon espoir ?
Où est ma raison de vivre ?
...

Aucune reponse ne fut donnée à l'être en question, qui rendit l'âme, seul.
Bien vite Uryan fit partir ces pensées, de nouveau perdue dans le fleuve des paroles et de la présence de Véhéfin. Même le doute n'arrivait pas à percer ce qu'elle venait de construire, plus solide que tout. L'amour et l'espoir étaient desormais maîtres en son coeur et même en son esprit.

*Mon centre. Mon amour. Mon courage. Il est finalement tout pour moi.*

Véhéfin avait enfin pronconcé ce qu'elle osait à peine dire à voix basse. Il l'étreingnit encore. Quant à elle, elle avait du mal à réagir. Abasourdie par ces quelques mots, elle ne bougeait plus. Uryan se doutait qu'elle devait répondre. Dire ce qu'elle pensait, c'est à dire les mêmes mots. Mais rien ne sortit. Comme elle s'en voulait ! Elle avait peur aussi. Peur qu'il la laisse à cause de son mutisme. Une douleur inconnue jusque là, fit son apparition. Bloquée, elle ne pu rien faire de plus que se pendre à son cou et laisser ses larmes couler en silence.

Pendant toute ma déclaration, elle n'avait pas bougé, elle n'avait pas parlé.
Je restais inquiet qu'elle reste ainsi et sa reaction m'efrayait quelque peu. Je parlais, je m'ouvrais a elle sans reserve, et son silence trahissait une grande hesitation. C'est ce que je pensais et j'etais blessé qu'elle ne s'ouvre pas a moi a son tour.
J'avais dit des mots avec tout mon amour, toute mon envie. Rien ne m'y aurait forcé, si ce n'est son visage, sa beauté et son parfum. Mon coeur faisait un bon des que je posais mon regard sur elle. Son etreinte me serrait le torse avec force, mais je ne savais si ses sentiments pour moi l'etaient tout autant.
Je pensais qu'elle doutait, et qu'elle etait effrayé par ce que je ressentais pour elle.

Elle mit ses bras autour de mon cou, et je sentis les larmes couler de son visage enchanteur.
J'en avais le coeur presque brisé. C'etait ma faute. Elle pleurait, mais je ne savais pas pourquoi. Comment la proteger si je ne connais meme pas ce qui l'effraie?
J'hesitais longuement avant de relever son visage. Ses pleurs ne la rendaient que plus belle a mes yeux. Mais pour la premiere fois depuis que je l'avais embrassé, je ne parvenais pas a deviner ce qu'il se cachait derriere ce regard.
J'etais perdu, une fois de plus.

Mon coeur se serra a l'idée que je puisse la perde a cause des mots que je pourrais dire. Je le serrais plus fort, comme pour la reconforter, mais aussi pour me rassurer moi meme. Je ne souhaitais pas qu'elle parte, elle etait tout pour moi, et je ne pouvais que vivre avec elle. Je le savais. Si jamais elle quittait ma vie, et bien ma vie me quitterait.

C'est avec cette idée que je relevais son visage, et y sechais ses larmes. Les yeux rouges, elle me devisageait. Je deposais un tendre baiser sur ses levres. Jamais je n'avais été aussi doux avec quelqu'un.
Alors que je posais sa tete contre mon torse, je declarais :

Je ne sais pourquoi tu pleures. Jamais mes paroles n'auront pour but de te faire du mal. Et meme si cela arrivait, sois assurée que je ne le veux pas. Je suis maladroit car je ressens pour toi un sentiment que je n'ai jamais connu. Je peux te jurer, ici et maintenant, que mon amour est sincere, et qu'il t'ai acquis, a jamais.
Quoi que tu fasses, quoi qu'il se passe, je t'aimerais, pour l'eternité.

Mes mots etaient doux, et je les murmurais. Un secret qu'elle garderait a jamais pour elle.
Plus le temps avancait, et plus j'etais certain de l'aimer. Mais plus son silence grandissait, plus je craignais qu'en fait elle ne ressente pas autant que moi.
Je ne voulais pas l'effrayer, mais les mots me brulaient les levres.

J'ai revé cette nuit. Jamais auparavant, cela m'etait arrivé. J'ai revé d'un futur ou j'ai une femme, des enfants, et une vie si heureuse que cela tient de l'impossible.

Je m'interrompais, et le silence devenait peu a peu plus pesant.

Je...

J'hesitais.

Je ne veux pas t'effrayer, ni quoi que ce soit.
Mais je suis si fou de toi, que j'aimerais que tu sois cette femme dans mon reve. Que ce ne soit plus un reve, mais une realité. Que ce soit mon futur.
Non. Notre futur.

C'etait précipité, mais je me sentais si bien avec elle que je ne pouvais esperer moins. Je l'aimais, et elle devait le savoir. Je la voulais mienne pour toujours. Je voulais etre sien pour toujours.
Je la laissais ecouter mes mots sans demander une réponse. Mais j'avais peur que son mutisme continue, et qu'en réalité, elle ne fuit ce a quoi j'aspirais. Je serais brisé de son depart, et je resserais mon etreinte sur elle. J'attendais, en ayant en tete qu'une pensée. Celle que j'aimais Uryan, plus que tout au monde.

Je l'avais écoutée me faire part de ce qu'elle ressentait en me noyant toujours plus dans son regard. Je ne pus refreiner un sourire en l'entendant dire qu'elle repoussait les mots qui la hantaient toujours plus et je restais presque immobile quand elle declara qu'elle fuyait l'amour car elle me fuyait.

J'avais ainsi le savoir qu'elle m'aimait, sans toutefois qu'elle ne le declare de but en blanc. Mais elle effaca immédiatement la moindre parcelle de doute qui aurait pu se planter dans mon esprit juste apres.
Dans sa phrase, j'avais compris que ne pas dire ses mots l'etranglait et que la libération serait atteinte en me les revelant.

Elle m'aimait.

Il est curieux de voir a quel point ces trois petits mots peuvent vous faire sentir en vie quand quelqu'un les dit a votre intention. Meme si je le soupconnais, il n'etait pas impossible qu'elle m'apprecie plus qu'elle ne m'aime. Mais pour finir, mon amour avait en reponse le sien.
L'un des plus merveilleux cadeaux qu'on puisse offrir a quelqu'un. Le plus merveilleux qu'elle ne put m'offrir a moi, pauvre homme abandonné toute ma vie.

J'avais une ancre desormais. Qui pesait le poids d'une plume, mais qui me permettait de m'envoler des que je pensais a elle. Je souriais rien qu'a penser a cette idée. Je le savais, elle me permettrait de voler, tot ou tard.
J'avais du prendre un air d'idiot car elle fit la moue avant d'eclater de rire.

Son sourire, et ses yeux si beaux etaient comme des joyaux au milieu de son visage. Le vent se leva immédiatement apres ses mots, et bien que j'eu l'impression d'avoir revé des heures, seuls quelques instants s'etaient ecoulés.

Le vent lanca ses cheveux contre mon visage. Doux, je ne voulais qu'une chose : sentir son visage contre le mien. Joue contre joue, nous ne pouvions sentir que l'odeur de l'autre et ce parfum etait des plus enivrant.

Je souriais, savourant ce moment plus qu'aucun autre depuis la journée précédente et me demandais si cela durerait toujours.

Que c'est bon de se sentir ainsi...

Je n'avais pas pu dire autre chose car c'est ce que je ressentais. Ici, avec elle, j'y resterais toute une vie. Toute une eternité. Elle et moi, ensemble à jamais.