Découverte [Fermé Véhéfin/Uryan]

Comme chaque journée depuis trop longtemps, je la passais a errer sans but en Hyrule. Qui etais je donc? Je ne le savais pas et cela ne m'importait pas vraiment. Meme le "qui serais je ?" restait en suspend au dessus de ma tete comme un papillon virevolte autour de la flamme dansante d'une bougie.
Je ne me voyais pas réellement comme important, mais je n'aimais pas penser que j'etais inutile. Et pourtant je restais la, a me laisser vivre, ou du moins survivre.
Il est étonnant de voir a quel point l'absence d'amour extérieur mène un homme à se laisser aller dans la vie, sans but. Je faisais parti de ceux la. Mes pas m'avaient mené à la place du marché, au village Cocorico.
Je savais ce qui m'y attendrait, du moins le pensais je. Aujourd'hui, sans le sous depuis le début de mon existance, ou de mon inexistance me plaisais-je a le penser, j'allais voler ma nourriture, et certainement la partager avec un mendian ou un de ses enfants qui pleure de faim.
Malgré mon banditisme, je ne volais jamais pas pur egoisme. Je me débrouillais toujours pour partager, certainement pour avoir bonne conscience.
L'habitude me guida vers un étalage de pomme, et par je ne sais quel don que je possédais depuis toujours, je piquais imperceptiblement une miche de pain que je fourais dans le bout de tissu qui osait se prétendre etre mon sac. Mon Hadhafang me suivait partout, mais je la cachais a toute vue. Si je me faisais prendre a voler en etant en possession d'une telle arme, ma tete serait coupée sur le champ !
Caché dans mon brique à brac, l'odeur du pain chaud emplissait mon odorat et je me ruais dans la premiere ruelle discrete pour donner un sort a mon butin.

Les gens furetaient par ci par là et Uryan se sentait de nouveau chez elle. Les jours psssaient et la sérénité c'était de nouveau installée au fond de son coeur.

*Qu'il est bon de se sentir chez soi !*

Les habitants de Cocorico eux aussi semblaient emplis d'une certaine allégresse. Etrange pourtant quand on observait globalement la situation. Dans certains coins du village on pouvait aperçevoir des mendiants. Et là aucune différenciation. Des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Alors d'où venait cette félicité ambiante ?
Peut-être était-ce la venue toute proche du printemps. Même la nature en montrait les signes avant-coureur. Les gazouillements des oiseaux s'entendaient parfois, plus ou moins forts. Des petites fleurs faisaient timidement leur apparition, profitant du moindre rayon de soleil, devenant lui aussi de moins en moins réservé.

Pourtant Uryan biffurqua au dernier moment dans une sorte de ruelle et s'échappa ainsi volontairement de cette douce atmosphère de plénitude.

- Une chose est sûre ; trop de bonheur tue le bonheur.

D'un air lasse la jeune femme soupira.

*Je ne sais vraiment pas ce que je veux.*

Elle continua d'avancer. Il faisait bien sombre mais ce n'est pas ce qui l'effrayait. Bien au contraire. L'obscurité était depuis longtemps son amie, celle qui revenait toujours à la même heure, comme promis. Une camarade qui l'accompagnait partout et qui lui était éternellement fidèle.
Cette fois pourtant les ombres n'étaient pas seules avec Uryan. Quelqu'un s'y était glissé.

La guerrière passa à ses côtés, faisant mine de ne pas s'être aperçue de sa présence, comme le ferait n'importe quel passant sans coeur à la vue d'un quelconque manant.

Sans se retourner elle parla, ralentissant en même temps la vitesse de ses pas.

- Depuis quand les mendiants ont des allures de guerriers déchus ?

Sur le dernier mot Uryan avait insisté tout en arrêtant définitivement ses pas.

Elle ne s'était toujours pas retournée.

Je continuais de deguster mon butin quand arriva une jeune femme, songeuse et qui semblait ne pas faire attention a moi. J'etais trop fatigué et affamé pour fuire maintenant, et mon courage se manifesta bien curieusement. Au lieu de partir en dehors de la ruelle, je restais la, a attendre ce qui allait se passer.
La jeune femme passa alors pres de moi sans m'adresser le moindre regard, et je ne lui en voulais pas. Je n'etais pas bien vêtu, et je ne devais pas non plus sentir les fleurs et la bonne toilette. De toute facon, ca m'etait completement égal. Mon existance ne changerait pas malgré elle et je dois bien avouer aujourd'hui que cette personne ne m'attirait nullement.
A la voir ainsi, elle semblait d'un autre monde, et jamais deux etres auraient pu paraitre si différents que nous l'étions.
Debout et de dos, elle me dominait et m'imposait sa présence. Moi, les jambes pliées en dessous de moi et avachit sur mon pain, je degageais faiblesse. Non pas une faiblesse lié a ma corpulence, mais plutot une faiblesse de vivre.
Quand elle s'adressa a moi, je ruminais soigneusement les mots que j'allais lui conter, ou non.
Ma reflexion s'eternisa plus que de raison, et je dus paraitre impoli a ses yeux. Qu'importe, je n'etais pas un guerrier déchu. Certes j'avais songé un bref instant l'attaquer et la dépouiller, mais tout dans son attitude m'en empechait.
Malgré moi, je nageais dans un cauchemar.

Jamais pareil situation n'avait été plus compliqué. Elle ne m'ignorait pas et ne me considérait pas non plus comme une maladie qu'il faut fuire. Elle s'interessait a moi, du moins aimais je a le penser.
Je secouais la tete et me ravisait. Elle s'en fichait, mais pour une fois, je pourrais discuter normalement avec quelqu'un.

- J'aimerais penser etre un guerrier, meme déchu. Mais au risque de vous decevoir, je n'ai rien d'un tel homme. Comme vous le voyez, je survis du mieux que je le puis.

Elle restait immobile, et je ne relevais pas la tete pour la regarder. Apres tout, pourquoi me mettrais je a son niveau si des le debut, elle se mettait dans une position supérieure?
Rien ne m'y obligeait et je rangeais le reste de mon festin royal dans mon sac délabré.

Je me relevais pres d'elle et lui tournais le dos egalement. Ma main semblait me tenir le flan, mais je touchais la poigne de mon Hadhafang. Une dizaine de centimetres nous séparait, et je ne souhaitais pas qu'elle se sente menacée. Je voulais simplement lui montrer que ses habits ou sa naissance n'en faisait pas quelqu'un de supérieur.

Lui n'avait pas bouger tout en lui parlant. Sa voix sentait la longue souffrance, autant physique que morale. C'est seulement quand il eut terminé d'exposer sa situation qu'il se redressa enfin. Plus par réflexe que par pure défense la jeune femme se retourna d'un seul tenant, la main droite déjà au taquet de la garde de son épée.

C'est pourtant la bouche entrouverte qu'elle observait l'inconnu. En le voyant plus clairement, quelque chose se dégageait de lui, un genre de halo invisble aux yeux, mais perceptible par d'autres sens. Puis ses yeux se portèrent à un des côtés de l'homme.

*Est-il blessé ?*

Aucun élément ne pouvait affirmer cette hypothèse ni la totale innocence de cet homme, et pourtant sa main glissa de l'épée. Il y avait désormais de l'intêret dans ses gestes et aussi une once d'inquiétude sur son état, qui passa rapidement dans ses yeux.

Uryan s'approcha plus près. Encore plus près.

- Je peux peut-être t'aider. Souffres-tu ? Je voudrais te...

Sa phrase resta en suspens.

Dans l'étrange atmosphère que l'inconnu avait crée entre eux deux, Uryan ne s'était même pas rendu compte du brouhaha intense qui s'échappait de la place centrale du village et encore moins de la soudaine folie qui semblait s'être répandue en ces lieux. Les gens ne criaient pas vraiment. La plupart de ceux qu'on aperçevaient ne faisaient que courir sans aucune logique visible.

Sans s'excuser aucunement ni même se retourner sur son passage, une femme, un bébé en larmes dans les bras, bouscula rudement la guerrière. C'est ainsi qu'elle percuta à son tour quelqu'un, ce quelqu'un qui n'était autre que le soit disant mendiant.

Sous le choc, les deux protagonistes s'étallèrent de tout leur long, Uryan en travers de la poitrine de l'homme ayant servit à amortir sa chute et lui restait comme pétrifié.

*C'est pas vrai, c'est pire que gênant là.*

Elle se releva tant bien que mal, se frottant les mains. Puis elle en tendit une à l'homme.

- Je... Hum. Prends ma main et reviens parmi nous.

Ce fut la seule chose intelligente qu'elle pu dire.

je la voyais face a moi, en m'interrogeant du regard sur qui j'etais et ce que je pouvais faire la. Ma main posée sur mon flan lui avait joué un tour car je vis de la pitié dans son regard posé sur moi.
Avait elle pitié de ma condition, ou de mon existence? Je ne pouvais le savoir avec certitude mais elle n'avait pu deviner la présence d'une arme aussi tranchante que la mienne. Quand elle s'adressa a moi, je percus a nouveau cette pitié dans sa voix, et cela commencait a m'irriter.
Oui, j'etais sans le sou, oui, je n'etais pas vraiment satisfait de ce que j'etais devenu. Mais je ne souhaitais la compassion de personne.
Quand elle me fit part de son souhait de vouloir m'aider, je ne songeais pas a repousser son assistance, du moins, selon sa nature réelle. Sa présence et le fait que l'on soit face a face avait remis à égalité nos situations. Elle me regardait avec interet, un interet tinté de pitié, mais elle ne se montrait plus aussi importante qu'elle avait voulu me le montrer quelques instants auparavant.
Dorénavant, nous nous jaugions du regard et cette etrange atmosphere qui regnait entre nous me fit oublier le reste. Durant un court instant, il n'y avait que nous et j'oublais totalement le reste du monde. C'est quand elle tomba sur moi que je repris un brusque contact avec la réalité et surtout, le sol.
Jamais je n'avais eu pareil contact avec quelqu'un, et encore moi avec une femme. Allongée sur moi, elle m'enivrait de son parfum. Quand elle se releva, visiblement génée comme l'attestait le tein rose qu'avait prit son visage, je souriais a part moi. Une dame de son rang s'etait presque humiliée devant moi.
Elle me proposa a nouveau son assistance et je la repoussais d'un faible geste de la main. Je paraissais faible, mais ma condition physique restait bonne malgré le manque de nourriture dont je souffrais.
Je pesais ses mots et repondis :

- J'aurais bel et bien besoin de revenir vous. Ou plutot d'enfin y arriver...

Je laissais en suspend ma phrase car je ne savais pas vraiment quoi dire d'autres dans une telle situation. Je restais chamboulé interieurement par son contact, sa présence, et ses paroles.

Elle lui avait donné sa main et il avait refusé.
Dans d'autres circonstances la jeune femme l'aurait assez mal pris, mais là, c'était différent. Cet homme l'intriguait par son attitude et ses paroles. Et puis après tout, ne venait-elle pas de s'effondrer sur lui sans lui adresser des excuses ? Sa réaction ne la bouleversa donc pas plus que cela.
D'un rapide coup d'oeil Uryan analysa sa situation.

*Est-il réellement un mendiant ?*

Son apparence physique laissait devinée une carrence alimentaire, comme l'indiquait ses vêtements qui par endroit pendaient lamentablement. Il ne devait pas avoir mangé de repas consistant depuis un bon moment et ce comme bon nombres d'individus présents à Cocorico. Pourtant c'est autre chose que la pitié qui guida la guerrière à prendre une nouvelle décision. Quelque chose qu'elle ne pouvait expliquer l'incitait à aller plus loin qu'une simple rencontre fortuite.

*Mais d'abord cherchons à le connaître un peu plus. Ensuite, et bien, j'aviserai.*

Uryan s'éclaircit la gorge, jetant des coups d'oeil mimants l'inquiétude.
Les cris alentours n'avaient pas cessés.

*Dire que pendant tout ce temps je n'avais rien entendu.*

Puis ce fut une vague humaine qui déboucha sur la ruelle où ils se trouvaient tous les deux, seuls, depuis un bon moment. Environ une bonne dizaine d'individus de toutes sortes accoururent en leur direction, donnant l'impression de ne pas du tout s'être aperçus de leur présence. Pourtant, et encore une fois, elle ne se posa pas plus de question sur le Pourquoi du Comment. Puis, par un regard feintant la panique, Uryan s'adressa à son interlocuteur.

- Viens. Il vaut mieux disparaître de la masse que d'être totalement submergés par celle-ci.

Elle n'évoqua pas plus de détails sur l'endroit où elle l'emmenait, lui prit le bras et l'attira vers ce qui semblait être la direction suivie par la foule pour finalement dévier brusquement dans une autre ruelle, cette fois plus éclairée mais aussi plus étroite. Là, elle le poussa un peu durement contre le mur tout en le bloquant dans la cette même position de sa main gauche, la droite étrangement posée sur la hanche. Un comportement qui ne lui ressemblait pas.
Elle le regarda droit dans les yeux, une expression identique au ton changé de sa voix, devenue plus suave.

- Commençons. Quel est ton nom ? Qui es-tu ? Que fait-tu ici ? Et oui, ceci est un interrogatoire. Réponds mais prends ton...

Un bruit assourdissant se fit entendre loin d'eux, puis un autre plus proche. On aurait dit qu'une maison entière venait de s'écrouler suivie d'une autre. Alors la source de ce boucan apparut au dessus de leur tête. C'était un oiseau, immense et beau à la fois. Du moins c'est la première chose qu'en déduit la gerrière sur la nature de cette créature, mais en observant plus attentivement il était clair que ce n'était pas un simple volatile, mais plutôt ce que l'on appelait communément une harpie. Un être vivant, mi femme, mi oiseau. En tout cas une chose était certaine ; il fallait fuire... pour le moment.

*J'aurais dû me douter de quelque chose en voyant tous ces gens courir. Qu'est ce qui m'a pris de ne pas réagir plus tôt ?... Au moins voilà une occasion de plus de tester ses réactions.*

Cette fois Uryan ne lui dit rien ni le tira par le bras comme précédement. Au lieu de cela elle courrut, l'épée au clair, en direction de la citadelle récemment bâtie non loin du moulin, c'est à dire à un tournant de la ruelle où ils se trouvaient.

Devant la grande porte en bois du bâtiment, la jeune femme l'ouvra d'un coup sec et entra sans plus de cérémonie. Arrivée à l'interieur elle fit un rapide tour d'ensemble ; personne ne s'y trouvait. Un peu calmée elle fut touchée par la sérénité du lieu. C'était étrange de se sentir comme traversée par des chants depuis longtemps évoqués, surtout dans un moment pareil.

La trêve fut brève.

D'autres personnes venaient de s'introduire dans la petite église, sûrement persuadées par l'aide divin qu'ils pouvaient y trouver. Puis ce fut carrément une vingtaine de personnes qui venaient le les rejoindre, c'est à dire tout le village.

De nouveaux bruits de destructions parvinrent jusqu'à eux. Les enfants pleuraient. Des mères gémissaient, ainsi même que des hommes.

_Uryyyan ! Hé, les autres ! Uryan, elle est là, elle va nous sauver ! Ouais !!

C'était un gamin de sept ans. Les sillons de ses larmes à peine séchés, il criait maintenant, redonnant un peu d'espoir aux autres.
Elle lui souriait largement, lui tapotant affectueusement sa tignasse. Finalement un rictus déterminé se peingnait sur le visage de la jeune femme.

- Cette fois on ne rigole plus. Qu'il se décide à venir ou pas, j'interviendrai, coûte que coûte.

Elle tourna le dos à tous ceux qu'elle connaissaient depuis de nombreuses années, se pormettant de les protéger. Les encouragements fusaient derrière elle, mais déjà la furie et l'excitation à la perspective d'un combat proche l'avaient envahis, la coupant de tout. Les yeux fermés, elle dressa l'épée verticalement face à son visage puis s'entailla la main volontairement. Des gouttes écarlates vinrent se fondre dans la terre battue du seuil de la chapelle.

- Le sang appelle le sang. Ainsi soit il.

D'un coup, son sourire s'élargit à l'instar de ses yeux plus pétillants que jamais.

- Amen.

Elle aussi s'envola, propulsée par une soudaine force. D'une seule attaque elle coupa net une des ailes de la harpie, qui n'avait rien vu venir.
La créature sombra de haut pour s'ecraser au sol, mais elle n'avait pas dit son dernier mot. Loin de la.

Je n'avais pas non plus fait attention a l'environnement autour de nous au point que durant ces quelques instants, elle etait tout. Je pouvais certifier que ce n'etait pas de l'amour, mais une forme d'attirance, certainement due au mystere qui nous englobait encore et toujours.
Devant le flot incessant qui allait nous submerger, elle m'entraina de force dans une ruelle. Je n'opposais pas plus de resistance que cela et je fus surpris une seconde a penser qu'elle me menait à un rendez vous galant dans cette ruelle deserte.
Ma conviction en fut augmentée quand elle me plaqua contre le mur et me tenant fermement. A ses yeux et sa main posée sur le flan, je n'etais plus dupe. Elle voulait savoir, un savoir que moi meme je n'avais pas.
Je contemplais ses yeux avec admiration comme si je pouvais m'y noyer. Un bref instant, je faillis vraiment "plonger" en elle.
Ses questions, je les entendais, mais ne voulais y repondre, ou n'y pouvais. Cet attirrance qui s'exercait sur moi m'omnibulait et je faillis m'y perdre.
Quand elle s'interrompit pour regarder d'ou venant tout ce vacarme, tout s'arreta. Je la voyais comme au début. Une noble et moi un mendian. Son excitation quand au sujet de tout ce remus menage eveilla en moi un autre sentiment.
Je la vis courir à la citadelle, et se faire acclamer par les habitants du village.
Il émanait d'elle une aura particulière et elle sauta pour s'attaquer à l'Harpie. La rage qu'elle montra avant et au moment de son coup me mit mal à l'aise. Jamais je ne pourrais avoir un tel comportement dans un combat, je ne le voulais d'ailleurs pas.
A en voir cet impact destructeur, je n'osais imaginer ce qui allait advenir de sa cible. Uryan, du nom que le jeune garcon avait proclamé en la voyant, allait certainement détruire ce monstre plus que de l'exorciser. Ainsi voyais je le monde.
Un monstre est appelé ainsi de par sa férocité et son manque de beauté. Mais pourquoi les gens ne pensent-ils pas que ces êtres souffres comme nous et cherche la libération? Je ne pouvais y répondre et je voyais en cette harpie non pas le monstre destructeur, mais l'être qui souffrait intérieurement. Un être qui n'avait d'autre choix que de provoquer terreur et destruction pour être libéré, son instinct de survie l'emportant toujours sur la raison.
Ainsi voyais je l'harpie, ainsi me voyais je a cette epoque la. Alors qu'elle etait encore au sol, ma recente rencontre allait la maudir de tous les coups qu'elle connaissait.
Je ne lui laissais pas l'occasion de frapper à nouveau et je me ruais, rapidement et habilement vers l'harpie, en evitant facilement ses gestes approximatifs pour se relever. Arrivé devant elle, j'etais persuadé qu'elle n'opposerait aucune resistance. Ces êtres ont l'avantage de savoir quand un homme n'attire que violence, ou au contraire, est un messager de la paix intérieure. Je me présentais à elle, et sortait pour la premiere fois depuis longtemps mon Hadahfang. Je lui plantais dans le coeur alors qu'elle paraissait immobile.
Aucun rugissement ne fut entendu. L'harpie me présenta son visage, et je pus y percevoir un léger sourire avant que son ame ne s'en aille enfin en paix.
Je me retournais vers la femme et la toisais d'un regard dur. Pendant qu'elle s'approchait de moi, je fis un geste de la main en direction du corps inerte de de l'harpie et le faisais disparaitre dans des flammes bleues.

Comment une femme comme elle pouvait etre admirée par tant de monde alors qu'elle ne véhiculait que la destruction lors d'un combat.

Je me calmais et fermais les yeux. Une fois ouverts, je la regardais avec le meme regard de la ruelle et m'ecartais de la populace. Je lui lancais un bref regard et l'invitais a me rejoindre dans la ruelle.
La ou elle me demanderait tout, et ou je ne pourrais lui dire que tres peu de choses.

Le monstre en question était restée au sol. Mais au moment où Uryan s'apprêtait à continuer ce qu'elle avait commencé, l'homme de la ruelle l'acheva d'un coup porté au coeur. Cet acte termnié, il se tourna vers elle, une expression de dureté peinte sur ses traits. Elle ne comprenait pas. Ne venait-elle pas d'éviter d'ennuis supplémentaires à un village déjà bien dans le besoin ? Dans ce cas, pourquoi un regard si dur dans ses yeux ? La jeune femme avait rangé son épée sans s'en rendre compte. Les bras ballants elle ne savait que faire, se sentait inutile, voire même idiote.

*Qu'est ce qui se passe avec lui ? Je n'ai fait que venir en aide aux habitants. Ils sont tout ce que j'ai. Famille. Amis. Je n'ai pas à me sentir coupable rien qu'en le regardant. Lui et son calme imperturbables. Il n'a même pas poser de protestation quand je l'ai plaqué contre le mur avec mon air d'amoureuse transie. Tsss.*

A l'opposé de ses pensées, Uryan fit un pas vers lui.

*Je veux être plus près.*

Ce fut bref. D'un geste qui fit apparaître une embrasée bleutée englobant le corps de la harpie, l'homme stoppa net la conviction et les pas de la jeune femme. Un sourire évasif était aparut sur ses lèvres. Celui-ci avait disparut aussitôt l'apparition des flammes, suivit du départ de l'inconnu vers la dite ruelle. Elle ne bougeait plus, ni ne savait vraiment ce qu'elle comptait faire à l'instant.

*C'est pas vrai... Je n'allais quand même pas... Non, non, bien sûr que non ! Ha, ha, ha.*

Intérieurement elle riait, d'un rire jaune pourtant, comme l'indiquait la moue confuse qu'elle affichait depuis un moment.

Evasivement elle se dirigea en direction où l'homme avait disparut, convaincue une fois de plus dans sa décision première.

Il était là, ombre parmi les ombres. Même ses yeux ne se voyaient que très peu malgré la lumière éparse en certains endroits de la ruelle maintenant déserte. C'était étrange à dire, mais pour Uryan, il brillait dans le noir, non pas parce que il était parfaitement visible, mais au contraire. C'est alors qu'elle le vit dans toute sa splendeur.

*Il ferait un parfait espion. Mieux. Un assassin.*

Elle se mit à deux pas de lui et le toisa de son expression la plus neutre, son interêt plus instense qu'auparavant surgissant malgré tout ses efforts pour le contenir. Elle lui tendit une main emplie de chaleur.

- Bravo et bienvenue à Assilfenn. Si tu le souhaite bien entendu.

Pour la première fois Uryan avait dû mal à contenir ses sentiments.

Je m'etais dissimulé dans les ombres de la ruelle pour l'attendre. Ce brusque retirement me permettait de soupeser longuement ce que pouvais dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire. J'aimais énormément ces moments et j'appreciais surprendre les gens de cette facon. Lorsqu'elle entra dans la ruelle a ma suite, je me découvrais un minimum pour qu'elle puisse me repérer.
Son incompréhension quand à mes actes etait palpable, et son attirance pour quelqu'un d'aussi mystérieux que je l'etais toujours présente dans l'atmosphere.
Quand elle me vit enfin, je percus dans son regard plusieurs choses. D'abords, elle me considérait comme exceptionnel de par ma capacité a me rendre invisible, et elle comprit immédiatement les nombreux avantages d'avoir un tel homme dans sa manche, pour diverses raisons. Je fermais les yeux pour qu'elle ne percoive pas le dégout que sa réaction m'inspirait. Bizarrement, je demeurais toujours impassible a ses yeux, alors qu'interieurement, j'etais en ébullition. Oui, j'avais utilsé mon don aux fins auxquelles elle souhaitait m'utiliser, mais qu'elle songe à m'utiliser me revoltait.
Reflechissant frénétiquement aux percepectives qu'elle envisageait, je fus pris de court bien que m'y attendant quand elle me proposant de la rejoindre.
Son "bravo" me revulsa. Ce n'etait pas mérité, j'avais fait ce qui etait juste, et n'en demandais aucune reconnaissance. Ou du moins, pas la sienne.
Quand a son "bienvenue", je le soupesais. Je reflechissais maintenant aux percepectives que cette fois, elle me proposait. Assilfenn ne m'attirait pas, pas moins qu'un autre empire en tout cas et pour des raisons que je gardais secrète.
Mais cette femme ne parvenait pas a cacher ce qu'elle ressentait. Etais je un jouet pour elle?
Je reflechissais et déclarais :

- Votre bravo n'est pas mérité et je ne souhaitais nullement faire mes preuves a vos yeux. Uryan, comme on vous appelle, n'avait pas agis avec discernement face a la harpie. Et malgré que mon discours ressemble à une remontrance, il n'en est pas un.

Je lui laissais le temps de reprendre son souflle alors qu'elle retirait sa main.

- Je ne repousse pas non plus votre offre, mais croyez bien que vous ne m'utiliserez pas aussi facilement que vous semblez le croire. Oui, je vous rejoins, mais j'aurais des exigences.

Et la, je ne la regardais pas, mais la sondais de mon regard aussi profond que l'obscurité qui m'entourait.

- Vous allez bien vite en besogne, a ainsi me proposer de vous suivre sans rien savoir de moi. Ne serais je pas un ennemi qui tente de vous séduire?

Je la menais efficacement sur un terrain glissant pour savoir ce qu'elle pensait de moi. Mais surtout, je lui faisais comprendre par mes mots qu'elle ne venait pas de gagner ma loyauté, car elle ne l'aurait jamais. Tout ce qu'elle aurait, c'est ma parole d'agir pour le bien d'Hyrule, et non pour celui d'un royaume.
En tant qu'espion, car j'avais bien la certitude que ce serait mon role tout autant que celui d'assassin, j'allais jouer de mon influence pour atteindre mon but. Non celui de dominer le monde, mais celui de le remettre dans le droit chemin.

Alors qu'elle me regardait et reflechissais, je m'approchais d'elle au point que nous etions en train de nous effleurer, autan par les mots, que par les sens.

Elle était simplement heureuse d'accueillir un nouveau compagnon dans les rangs d'Assilfenn. Hélas ce n'était visiblement pas du goùt de l'homme, qui avait de nouveau fermé les yeux, comme pour ne pas voir une certaine vérité. Où était-ce pour ne pas la voir elle ? Car une fois de plus elle dut essuyer une rebuffade de sa part ; n'ayant toujours pas accepté la nouvelle main qu'elle lui tendait. Puis ses paroles prirent le dessus sur les pensées de Uryan. Pour lui, cette femme ne faisait qu'acclamer le fait qu'il ai mis fin aux jours de la harpie. Pourtant c'était autre chose qu'elle admirait chez lui. Elle retira sa main, devenue bizarement plus froide. A la place elle ne put empêcher l'apparition d'un sourire enthousiaste sur ses traits.

*Ils nous rejoints mais se méfie parce que je ne me pose pas plus de questions sur lui.*

Malgré un certain malentendu, sa dernière phrase la fit sourire de façon plus restreinte ce qui n'empêchait pas de laisser place à un air malicieux. Cette fois ce fut lui qui l'a prit de court en se raprochant dangereusement d'elle.
Elle joua le jeu, bien sûr.

Elle se mit assez près de lui pour de nouveau le plaquer au mur, mais de façon plus douce. Son souffle effleurait la joue de l'homme. Ses yeux restaient figés dans les siens, puis ses lèvres papillonèrent comme hésitant à la dernière minute à continuer sur leur lancée. Enfin elle se se lancèrent à l'assaut. Ne doutant plus d'une seconde elle s'approchèrent plus que jamais de leur cible.
Puis.

- Sache qu'on ne me séduit pas. C'est moi qui m'en charge.

Elle partit d'un rire mélodieux où se percevait tout de même une pointe de séduction non feinte. Et puis comme si cette tentative ne s'était jamais produite, Uryan se détacha de son corps et alla se poster contre le mur d'en face, les bras croisés et un de ses pieds appuyé au mur.

- Avant toute chose, des éléments doivent être mis au clair. Si je t'ai félicité ce n'est pas pour avoir écourté la vie de la harpie mais parce que ton attitude m'a remis en mémoire qu'il existe encore des êtres plein d'humanité et de considération pour autrui sur cette terre. C'est une caractéristique qui me suffit à savoir qui tu es vraiment. Après tout qu'est-ce qu'un nom ou une identité si ce que l'on fait est peu digne des mots "être humain" ? Rien. Bien entendu ceci reste une opinion personnelle. Chacun ses idées et ses choix. Alors, certes tu as rejoins Assilfenn, mais ta vie t'appartient encore, tout comme ce que tu souhaite y apporter.

C'était un long discours. Peut-être ne changerait-il rien à la méfiance naturelle de l'homme. Mais au moins, Uryan avait dit ce qu'elle avait sur le coeur. Rien de ce qu'elle avait prononcé à l'instant n'était faux.
Finalement elle se redressa mieux et tourna de nouveau dos à son compagnon, faisant mine de partir sans plus un mot. Mais au dernier moment :

- Je vais à "La Poule en Or". C'est la taverne du coin. Les habitants y sont sûrement déjà pour se remettre de leurs émotions. Ils savent qu'à chaque attaque un repas les attends, payé par mes soins. Si l'envie te dis...

Uryan aussitôt fini, tourna le coin de la rue et disparut.

Son attitude me faisait de plus en plus sourire. Elle se croyait maitre de la situation et continuait de jouer au chat et a la souris avec un homme qui la fascinait. Lors qu'une fois sa reflexion terminée elle s'approcha de moi, elle dut s'attendre a une reaction.
Je savais qu'elle essayait de me faire croire que je dominais, mais il n'en etait rien. Malgré son approche de seductrice, je ne cillais pas et paraissait toujours impassible devant son jeu. Je savais qui si je bougeais a peine, je pouvais transformer son faux talent d'actrice en un long moment embarassant.
Sans qu'elle ne puisse s'en rendre compte, je la laissais croire en sa supériorité sur le jeu de la seduction.
Elle commenca alors un long discours que je n'ecoutais pas. Je la regardais elle et faisait semblant de porter attention a toute sa blablaterie. Je savais que sa déclaration n'avait pour d'autre but que me rassurer quand a son approche de la vie. Je savais pertinemment que tous les etres humains n'avaient pas les memes convictions, rien que le fait de parler d'empire suffisait a prouver que les hommes se plaisent a se confronter. Je soupirais a l'idée d'appartenir à Assilfenn alors qu'Uryan s'en allait.
Elle n'avait pas écouter mes conditions quand a me joindre a son empire. Je me moquais du fait qu'on ose appeler un pauvre royaume ainsi.
Elle partait a la taverne du coin et m'y invitait. Croyait elle vraiment que j'allais me joindre a elle dans ce lieu? J'etais certain que la peuplade allait l'acclamer elle tout autant que moi pour la mort de la harpie. Toute cette fausse victoire allait m'exaspérer au plus haut point, ces gens qui ne voyaient que le mal et la destruction. J'en avais assez que de tels hommes puissent vivre ici.
Je voulais voir cependant comment elle allait s'en sortir autour d'eux et cela me permettrait de la juger, savoir s'il n'avait d'atre but que de me séduire pour que je la suive.
Mon mal etre aupres de temps de personne et surtout ma retiscence quand a etre le sujet d'acclamation me firent passer par les toits. Au premier etage, invisible parmis les ombres, j'observais la scene en gardant un regard sceptique qu'a Uryan et les acclamations.
Je soupirais et restait a l'ecart tout au long du repas festif.

La nuit commencait a tomber et je n'avais plus besoin de me rendre invisible pour ne pas etre percu par les gens trop occupés a s'empiffrer et à s'ennivrer en bas.
Trop omnibulés a crier et a chanter, personne ne vit le signe que j'envoyais a la jeune femme pour qu'elle regarde vers moi. D'un signe de la tete, je lui indiquais que je quittais cette petite fete.

Il n'avait pas l'air de vouloir la suivre. Peut-être même n'avait-il pas non plus suivit un seul mot de ce qu'elle avait dit auparavant. Qu'il en soit ainsi si il le souhaitait. Elle jouait son rôle dans l'empire d'Assilfenn. Rien de plus, rien de moins. Alors elle continua sa traversée du village avec dans l'esprit, l'espoir de ne voir personne de blessé pour enfin arriver à ladite taverne.
Lui, très rapidement disparut de la vue de tous, pour finalement "s'enfuir".

*Quel étrange personnage. Si difficile à cerner. Et pourtant je... *

Pendant ce temps, un groupe d'enfants s'était attroupé autour de la table où Uryan s'était posée dans un coin discret. Au nombre de trois, ils avaient tous un sourire timide parfois teinté de joie, contrastant avec leur situation. Leurs quelques parents étant occupés à remplir estomacs et gorge, ils étaient désormais libres d'errer là où bon leur semblait. Le premier, âgé de huit ans était le plus bavard et semblait ne plus s'arrêter.

_ Dis Uryan tu viendras encore nous sauver des méchants ? Et, et, tu va aider papa et maman à reconstruire notre maison ? Mais oui j'en suis sûr ! Et... tss, mais chut vous autres, c'est moi le plus grand, c'est moi qui parle. Uryan moi quand je serai plus grand je veux être comme toi. Je prendrais mon épée et je...

La jeune femme en avait entendu trop. Elle leva une main qui fit taire l'enfant aussitôt. C'est d'un ton sec pour se radoucir vers la fin que Uryan leur parla, à tous les trois mais surtout au plus grand comme en signe d'avertissement.

- Petit, ne te sens pas supérieur aux autres. Que ça soit par ton âge, ta taille ou ta naissance tu restera toujours égale à autrui parce que, tout comme toi, ils sont des êtres humains. Ca tu ne pourra jamais le changer, quoi que tu dise, quoi que tu fasses. Et puis... être comme moi n'est pas non plus une bonne idée, loin de là.

Enfin elle sourit, tristement. Perdue dans ses pensées. Puis elle vit le signe que lui faisait l'homme de la ruelle et comprit.

- Bon les enfants je dois y aller. Tenez et amusez-vous bien.

A ce moment la seule fillette du groupe s'adressa enfin à elle.

_Tu vas voir le monsieur de tout à l'heure ? Chui sûre que c'est ton amoureux. C'est ça hein ? Hihihi.

Un moment elle ne sut que dire, puis finalement il n'y avait rien à dire de plus et continua sur sa lancée. D'une main où elle avait pioché dans une de ses poches, Uryan leur tendit une poignée de petite choses rondes et irisées.

_Des perles de papillons ! Ouais ! Merci Uryan !

Ils disparurent dans la foule qui pour la plupart se mettait désormais à chanter et danser a gorge déployée. Au moment où la jeune femme se leva pour rejoindre son nouveau compagnon, un homme vint vers elle, apparament décider à faire d'elle la cavalière de toute une nuit de festivité.

_ Ma jolie héroïne que voilà ! Que dirais-tu de danser à n'en plus pouvoir s'arrêter ? Dans mes bras de solide gaillard. Allez viens.

L'alcool avait rendu Edgard -c'était son nom- plus aimable que d'habitude, ce qui n'empêchait pas son côté excessif de ressortir. Uryan refusa poliment, espérant qu'il n'insisterai pas plus que cela. Et ce fut le cas. Aussitôt avait-elle refusé, aussitôt il s'était trouvé une nouvelle "cible". Elle soupira. Au moins eux réussissaient à oublier les évènements et s'amusaient l'esprit allégé. C'était loin d'être le cas de Uryan surtout depuis l'intervention des enfants.

D'un pas lent elle rejoignit l'inconnu.

Il était sur le toit de la taverne, ne faisant aucun bruit. Si elle ne commençait pas à le connaître, Uryan aurait eu des difficultés à trouver son emplacement. D'un bond leste et par plusieurs enjambées elle parvint enfin à ses côtés. Il était assis, le regard figé dans le croissant de lune qui faisait timidement son apparition en ce début de nuit claire. La guerrière se mit également sur son séant, tout aussi perdue que lui dans la contemplation de l'astre nocturne.

- N'as tu pas l'impression parfois de t'être trompé de voie ? Se rendre compte de ses erreurs... c'est toujours difficile. La vie est injuste. Mais pourtant il suffit de regarder autour de soi, d'observer des choses qu'on aurait jamais pu voir auparavant et là tout s'éclaire.

Ces phrases finies, Uryan serra ses genoux pour y poser sa tête, les bras entourant le reste.

- ... La lune est belle ce soir.

C'est tout ce qu'elle pu dire d'autre.

J'etais resté sur les toits. Dans cette position, on domine ce qui nous entoure et le silence de la nuit est des plus paisible. J'appreciais ce moment de la journée ou plutot de la nuit et je me plaisais a attendre que rien ne se passe. Ce soir la, je reflechissais sur ce que j'etais et j'allais devenir. Ma nouvelle position me mettait dans l'embaras et la jeune Uryan possédait sa part de mystere. Je ne savais pas sur quel pied elle dansait avec moi ni ce qu'elle souhaitait.
Elle avait lu en moi. J'avais désaprouvré son comportement avec la harpie et elle avait aussitot changé pour me satisfaire. C'etait curieux. Comme elle se doutait que je l'epiais, elle avait continué son discours sur cette voie aupres des enfants.
Je l'avais invitée a me suivre mais je ne m'attendais pas a ce qu'elle me rejoigne. Finalement, je la vis enfin en contrebas et put remarqué ses efforts pour me rejoindre. Brusquement, une vision de jeune jouvenceau parti a la conquete de sa belle me vint a l'esprit. A ceci pres que les roles etaient inversés, du moins le pensais-je.
Quand elle s'assit a mes cotés, elle me parla enfin pour savoir qui j'etais et je l'ecoutais. Pendant qu'elle contemplait la lune et s'extasiait de sa beauté, je reflechissais et déclarait:

- Pour avoir l'impression de s'etre trompé de voie, il aurait fallu que j'en ai une un jour. Oui la vie est injuste, et je pourrais la maudir de mon sort. Mais n'en suis je pas un peu responsable egalement? Que sais je encore sur ce qui m'amene a te parler, a t'ecouter et a te suivre aveuglement dans un empire que je ne comprends pas?

Nous avions brisé une barriere en etant sur ce toit. Le vouvoiement enfui avait laissé place a une sincérité non feinte et une envie de compréhension et de confession.

- Je suis la aujourd'hui pour bien des raisons, mais une seule me saute toujours aux yeux. Tout comme toi tu dois penser etre l'ombre de l'empereur pour une seule raison.

Je laissais flotter cette information révélée ainsi dans l'air autour de nous. Oui, je savais.

- Je remets en question ma motivation quand a mon engagement tout autant que ta motivation quand a m'engager. Sache que si tu veux un outil, tu n'auras jamais cela de moi.

Le froid que je venais de lancer etait intentionnel. Je voulais qu'elle sache a quoi s'attendre de moi.

- Tu auras mon soutien, et mon aide. Mais sache que jamais tu n'auras définitivement acquis ma loyauté. Sache aussi qu'en rejoignant Assilfenn, je veux deux choses.
Premierement, je souhaite ne rendre compte de mes taches qu'a toi, et a ton empereur. Personne en dehors de vous ne doit etre au courant de mon existance, ni de mon affiliation a votre empire. Cela inclut que je suis seul maitre de mes deplacements et de mes choix.
Deuxiemement, je souhaite etre payé. Et assez bien meme. Pas pour vous soutirez de l'argent, mais pour en faire bon usage. L'utilser a bon escient, et selon mes critères.

Si elle avait compris ce que je souhaitais, elle savait egalement que je la considerais comme mon lien unique avec Assilfenn et que je lui donnais une grande importance quand a notre association.

- Maintenant, je sais que toi aussi, tu peux exiger des choses de moi et je t'ecoute.

J'esperais qu'elle mentionne notre relation tres particulière et qu'elle m'en dise plus sur ce qu'elle pensait et ressentait. Mais je savais qu'elle exigerait des resultats avant tout et je commencais presque a regretter de ne pouvoir davantage l'approcher pour sentir son parfum. Parfum qui m'enivrait depuis qu'elle m'avait rejoint...

Enfin il effaçait par lui-même cette barrière imposée par son vouvoiement. Apparament ceci avait aussi pour effet de libérer les tenailles qui semblaient retenir sa langue depuis le tout début de leur rencontre. Il parla ainsi de ce que Uryan prit pour des doutes. Selon ses paroles il semblait lui donner une confiance aveugle. Cela la réconforta. Elle n'était pas la seule à avancer, les yeux bandés. Elle se détendit enfin. Car malgré les apparences la jeune femme était tendue en sa présence. Non pas parce qu'elle savait peu de chose sur lui, tout comme son nom, mais plutôt parce qu'il dégageait toujours pour elle une aura parfaitement visible et sensible à ses yeux.
Quand il parla de ses raisons d'être toujours là et dont une en particulier, Uryan ne put vraiment le comprendre.

Citation :

- Je suis la aujourd'hui pour bien des raisons, mais une seule me saute toujours aux yeux. Tout comme toi tu dois penser etre l'ombre de l'empereur pour une seule raison.

*Qu'est ce qu'il veut dire par là ? Aurais-t-il compris... quelque chose ? J'espère vraiment que ce n'est pas le cas.*

Ensuite il parla du fait ne pas un être un outils, une chose qu'on utilise à bon souhait. Puis vinrent les fameuses exigences. Et le mot n'était pas léger. Il souhaitait être payé et voulait n'être connu que d'Ephraim et de la guerrière elle-même.

*Une ombre parmi les ombres.*

C'était la première impression qu'elle avait eu de lui. Désormais elle était certifiée et lui collerait certainement à la peau. Enfin sa dernière phrase l'étonna. Même si elle se trouvait supérieur à lui dans l'empire, jamais elle n'avait eu à l'esprit de lui exiger quelque chose. Même si une mission ne lui plaisait pas pour diverses raisons, il aurait toujours le choix de refuser. Peut-être s'était-il fait de fausses idées sur Assilfenn et ses membres, par la même occasion.
Elle déffit ses bras pour les poser de chaques côtés de son corps, sur le toit de chaume de la taverne où les sons de fête résonnaient encore. Puis elle détourna le regard de la lune pour le poser dans celui du mystérieux mendiant.

- Il est interessant de voir qu'il y a plus évasif que moi dans ses propos. J'acceptes toutes tes requêtes. Hormis une seule...

Cette fois ce fut tout son corps qui se tourna vers lui. Un sourire en coin qui pouvait en dire beaucoup à qui le comprenait.

- Je ne veux rien exiger de toi. Tu es entré dans un empire. Cela ne signifie pas une totale appartenance à celui-ci. Je te l'ai déjà dit ; tu es libre de faire ce que bon te semble. Des choses les plus resplendissantes de sagesse et de bonté à celles les plus immorales ou contraire à certaines... moeurs...

Le vent était de la partie. Une mèche glissa de la chevelure bleutée de la jeune femme pour se poser en travers de son visage. De sa main droite, Uryan voulu la remettre en place mais c'était sans compter le fait que cette main faisait partie de la stabilité de sa position. Comme au ralentis elle s'effondra sur sa gauche, plus exactement et encore une fois sur l'inconnu.

La situation était tellement étrange qu'on pouvait se demander si ces derniers évènements n'étaient pas volontaires d'une personne en particulier.

J'avais attendu qu'elle rumine mes exigences et qu'elle songe a propos de ce qu'elle pouvait me demander. Quand elle se tourna vers moi, une impression etrange me parcourut et je plongeais mes yeux dans les siens alors qu'elle en faisait de meme.
Elle s'interrogeait alors sur mes dires et me trouvait particulièrement imprecis dans mes propos. Finalement, elle acceptait sans détours ce que je voulais et refusais par la meme occasion d'exiger quoi que ce soit de moi. Elle se mit a declarer que j'etais libre de mes choix et que je ferais toujours ce que je voudrais, comme il me plairait. Ces paroles rassurantes visaient certainement à me mettre en confiance mais je gardais toujours une certaine distance vis a vis de mon nouveau travail. Alors que je reflechissais bien a ce que j'allais devenir et quelle serait ma premiere mission, elle tomba a nouveau sur moi, par manque d'équilibre, ou par volonté pure. Je ne savais pas vraiment la raison de cette attitude.
Ce fut un brusque retour a la réalité et son contact ajouté a son parfum continuaient de m'enivrer totalement. Bizarrement, elle ne s'ecarta pas immédiatement de moi et restait la, sur moi a attendre.
Veritable mauvais Don Juan que j'etais, je placais maladroitement mes mains sur son dos et hesitait quand a ce que je devais faire. Je voulais la garder pres de moi, mais j'aurais pu paraitre impoli, voir meme déplacé. Je nous redressais tant bien que mal sans pour autant me détacher d'elle. J'enlevais mes mains de son corps et la touchait encore de mon torse.

- Ne prends pas cela pour un rejet.

Je restais ainsi contre elle et reflechissais. Inconnus en début de journée, nous voila comme deux amoureux sur un toit a penser a ce que nous etions. Tout nous différenciait et nous restions pourtant la, l'un contre l'autre. Je cherchais frénétiquement un pourquoi. Mais en vain, je n'arrivais pas a savoir ce qu'il se passait sur ce toit, sous la lune claire et belle de cette nuit.
Je desesperais de rester ainsi idiot devant cette situation. Comment allait elle me juger? Etait ce une amourette? une attirance? ou bien je la voulais pres de moi uniquement parce qu'elle me portait de l'interet. Je secouais la tete.
C'etait bien trop compliqué alors que j'avais toujours été habitué a des choses simples comme survivre. Des son entrée dans ma vie elle avait tout chamboulé. Je venais de prêter fidélité à Assilfenn, une fidélité limitée certes, mais fidelité tout de même.
Dieux que j'etais en train de bouillir de sentiments. L'incertitude me gagnait et je ne savais pas quoi faire, comment me calmer.

*Quel ignorant tu fais la Véhéfin. Tu te poses toujours des questions, et tu n'as jamais les reponses...*

Je soupirais et me decidais a savourer cette paix intérieur vers laquelle Uryan m'attirait et patientait ainsi qu'elle se montre curieuse, ou encore franche avec moi.
Une eternité semblait passer, et je n'avais pas bougé d'un centimètre. J'avais l'impression de ne plus respirer.

Uryan était tombée sur lui et ne bougeait plus. Lui tentait du mieux qu'il pouvait de la relever tout en essayant de la garder près d'elle. Se pourrait-il qu'il appréçiait ce contact ? Pour l'instant elle n'en savait rien et ne se posait pas vraiment de question. C'est à peine si elle releva la phrase de l'homme. Mis à part peut être le mot "rejet". C'était le genre de mot qu'elle detestait. Pourtant dans sa voix cela sonnait d'une autre façon. Où était-ce selon la manière dont il l'avait employé ? Tout était confus. Comme tout ce qui concernait les sentiments de la jeune femme, si peu habituée à cela.

*J'ai la tête qui tourne... qu'est-ce qui m'arrive ?*

Finalement elle décida qu'il vallait mieux ne pas trop bouger, rester là... contre lui ? L'air alentour de la nuit était frais, et elle n'en ressentait rien. Les sons de la fête eux aussi devenaient lointains pour elle. Les seuls qu'elle entendaient désormais et qui devenaient le centre de cette nuit étaient ceux qu'elle percevaient à son oreille.

- J'entends... son coeur...

Cette fois ses paroles avaient pris le pas sur ses pensées. Puis elle posa les mains sur ses joues. Elles étaient brûlantes et ses mains humides tremblaient légèrement. Alors Uryan se leva sans plus de cérémonie ni de courtoisie, coupant rapidement court à se qui semblait être une étreinte à quiconque n'en connaissaient pas plus sur leur situation. Elle secoua sa robe, comme si c'était la chose la plus importante à ses yeux pour finalement passer une main distraite dans ses cheveux. Son coeur battait la chamade comme lorsqu'elle se trouvait en présence de...

Enfin elle parla. Au début elle riait comme gênée pour finalement reprendre un air plus polie mais qui se voulait distant. C'était peine perdue.

- On dirait bien que Edgar ne m'a pas servi que du simple lait dans mon verre. Ha, ha... Je comprends mieux son audace de tout à l'heure.

Puis elle posa rapidement son regard vers la lune.

- Il se fait tard, je... je dois y aller. Bo... Hum. Bonne nuit.

Etrangement elle lui fit une révérence.

*Mais qu'est-ce que je fais ?!... M'éloigner de lui. Le plus loin, et vite !*

Sans rien de plus elle lui tourna le dos pour sauter directement vers le sol. Au moment même de sa reprise de contact avec la terre, des milliers de pensées l'assaillirent. Son visage. Ses gestes et ses paroles. Elle secoua la tête. D'autres images fustigèrent et apparurent. Un autre visage fit son apparition. Celui qu'elle se savait aimer depuis longtemps. Celui qui emplissat réellement sa tête. Ce fut vain. De nouveau l'homme sombre de la ruelle, toujours empli de ce mystère ténébreux.

*Non, non reprends ton calme, respire. Et relève-toi bon sang !*

Et oui tout ce temps elle était restée comme dans la pose d'une prière. Uryan se dirigea vers sa demeure. Là où elle serait enfin seule avec son épée, et ses rêves.

Je restais totalement perdu dans mes pensées, qui s'evadaient loin de cet endroit en suivant un flot irrégulier. J'entendis des paroles presque inaudibles et la vis se lever si promptement, que j'en fus surpris, et vexé.
Elle parla et malgré son ton, ce fut la premiere fois que je donnais davantage d'importance au contenu qu'a sa maniere distraite et gênée de me parler. Je ne compris pas tout a fait son allusion a la boisson de prime abords. En y reflechissant, je compris alors qu'elle mettait le compte de son relachement de comportement sur la boisson, et qu'elle etait ivre.
Pendant qu'elle faisait sa révérence, je me maudissais de m'etre ainsi révélé a une femme ivre et qui ne se souviendrait de rien au petit matin. Certes, elle n'etait pas saoul, mais je m'en voulais. J'avais ouvert mon coeur pour la premiere fois de ma vie a une personne qui avait bu. Je croyais en cet instant et maudissait ma stupidité et mon manque d'ingéniosité. J'aurais voulu avoir attendu, ne pas avoir succombé a ses charmes et avoir parlé si librement de ce que je ressentais.
Elle descendait du toit alors que je continuais de me traiter de tous les noms. Je m'en voulais tout autant qu'a elle. J'etais froissé de son comportement, d'avoir ainsi tiré avantage de la situation meme a son insu. J'avais envie de mourir plutot que d'avoir vécu une telle soirée. J'etais simplement stupide et ne cessais de m'enfoncer plus bas que terre.
Elle partait et je me devais d'au moins veiller sur elle pour qu'il ne lui arrive rien. Malgré ses talents de combattante, la boisson aurait eu raison de ses reflexes.
Je la suivais ainsi discretement dans la nuit, aussi invisible que l'air autour de nous.
Elle arriva rapidement a une petite maison, tres douillette et y entra sans meme regarder d'ou elle venait. Je pris un second coup au coeur et me demandais bizarrerement pourquoi je ressentais cela.
Finalement je restais sur un toit aux alentours et regardait la porte maintenant close de la maison. Je vis une lueur a l'etage pendant quelques instants avec que l'obscurité ne regagne sa place.
Je restais eveillé a reflechir, chose que je trouvais trop faire depuis le début de la soirée et me maudissais. Seulement, elle m'obsedait. Je ne pouvais penser qu'a elle, et ne voyait qu'elle.
La nuit et le froid gagnerent sur mon corps et je m'assoupis. Ce fut la premiere fois que je revais de toute ma vie.

Je me voyais dans un champ, plus robuste qu'a l'epoque, en charmante compagnie. Je ne voyais le visage de la femme, mais son ventre rond, et la main protectrice que j'y posais me fit monter le sourire jusqu'aux oreilles. Le ciel etait magnifique et seul l'amour se ressentait entre nous. Quel sentiment de paix !
Nous étions dans notre champ et un petit garnement courrait partout autour de nous pendant que nous etions en train de rire. Le vent faisait danser la magnifique chevelure de la jeune femme et je decouvris alors ce qu'etait le bonheur.
Tout etait parfait en cet instant. C'etait un moment simple, mais qui m'attirait et vers lequel j'aspirais.

Le clocher de l'église me fit reprendre connaissance et je me reveillais. J'avais trouvé ce que je voulais dans la vie, mon but. Je n'avais jamais été autant déterminé et revigoré quand a mon avenir. Ce n'etait qu'un reve, mais j'avais enfin l'opportunité de faire quelque chose de ma vie !
Je trouvais curieux que tout ceci arrive alors que je venais de rencontre Uryan. Je souriais en me rappelant qu'elle ne connaissait pas mon nom. Je prenais alors la décision d'attendre la jusqu'au matin, et de lui dire mon nom avant de disparaitre, pour vaquer a mes occupations. Je trouvais que cela risquerait surement plus difficile a faire qu'a dire. Elle m'attirait bien trop pour que je puisse resister a une journée en sa compagnie. Mais voudrait elle de moi a ses cotés? Si belle, si bien vêtue, et moi si moche et mal habillé.
Tant pis, de toute facon, je n'avais rien d'autre a mettre. Je haussais les epaules et pensais a elle.
Elle, qui etait a l'origine de tant de changement dans ma vie, qui avait donné un but a ma vie. Et si c'etait elle, la femme de mon rêve? Je souris a cette idée puis rigolais franchement.

*Serais tu amoureux, espece de fou?*

Non, pas a ce moment la. Mais elle avait une telle emprise sur moi que j'en eu un frisson. Je haussais une nouvelle fois les épaules.

*Bah, advienne que pourra.*

Je m'efforcais de rester lucide, mais mon esprit tout comme mon corps etaient bien trop attirés par cette idée.
Je me faisais une promesse a moi même.

*Peu importe qui elle pourra etre dans ma vie. Femme ou amie, je la protégerais coute que coute. Car c'est elle qui a donné un sens a ma vie.*

Trop éxité par mon rêve et ce qu'il me promettait, je ne dormais plus et devait irradié de lumiere tant je me sentais bien, pour la premiere fois de ma vie.
Ce fut avec impatience que j'attendis le jour, et une fois venu, je me precipitais dans la rue pour acheter des fruits et des bougies pour la jeune femme. La marchande me sourit, et me montra plutot des fleurs pour le sujet de mes avances. Je rougissais alors et lui disais qu'elle se trompait.
Mes maigres économies, qui etaient en fait tout ce qu'il me restait, y passèrent. Fruits frais et bougies parfumées dans les bras, je me présentais devant sa porte.

En entendant du bruit au moment ou j'allais frapper a la porte, je fus pris de panique. Mais qu'etais je en train de faire?!
Je courtisais une femme de bonne naissance, moi qui n'etait rien !

Je repartais alors et distribuais les fruits aux mendiants et gardais quand meme les bougies. Je retournais finalement sur le toit en face de chez elle et attendais.
J'etais crispé. J'etais certain qu'elle me savait sur le toit en face de chez elle. Mais j'avais peur au fond de moi qu'elle ne me rejette...

Rejoindre enfin sa demeure puis son lit. Une simple chose mais pourtant si chaleureuse à cet instant au coeur de la jeune femme. Durant le court trajet de la taverne jusqu'à sa petite maison, Uryan s'était parfois sentie comme soulevée du sol. Elle n'avait fait aucun arrêt pendant cette distance mais aussitôt arrivée dans sa chambre, elle avait juste eu le temps d'allumer une chandelle et d'enlever ses vêtements, pour l'éteindre aussi vite et s'effondrer parmi les nombreux draps et coussins de son lit. Cela faisait un bon moment qu'une journée n'avait été autant éreintante. Elle resta un instant sur le dos, définitivement perdue et chamboulée par ses pensées de tout à l'heure qui revenaient de nouveau à l'assaut.
En un éclair tout s'éclairci un peu mieux.

*Depuis toujours tu es amoureuse des ténèbres. Cet élément dont tu sais si peu de choses... Le mystère. L'inconnu. La pénombre.*

- Finalement moins j'en sais et plus cela m'attire... Crétine !

Le dernier mot aurait pu sembler enragé, mais c'est d'un sourire niais qu'elle l'avait prononcé. Uryan se retourna encore et encore et fini par s'endormir, l'esprit tourmenté par un seul et même individu, la tête vers le bas du lit comme indéfiniment plongée dans le firmament.

Elle s'éveilla malgré tout de bonne heure. Le soleil d'une extrême douceur carressait son visage.
Cette nuit elle avait rêvé, mais pas de ces rêves de vengeance ou de massacres. Non. Ceux-ci étaient... différents.
Tout prenait les ospices d'une belle et agréable journée. Le soleil. Cette nuit. Les sons de plus en plus festifs des oiseaux. Et puis...

*Ne pense pas à lui. Tu sais où va la place de ton coeur. Ressaisis-toi ! Et puis... il doit être parti ou encore en train de dormir.*

A cette idée son imagination défila.

Elle se vit, elle, fraiche comme la rosée du matin approcher de ce qui semblait être un lit où certaines formes montrait la présence évidente de quelqu'un. Elle s'en rapprochait encore plus pour finalement s'asseoir sur le lit. Là elle le vit. Il dormait. Et qu'allait-elle faire ? Et bien ce qu'elle faisait tous les matins. Elle approcherait encore plus son visage du sien et...

- Suffit !

Uryan se dirigea vers uns sorte de récipient contenant de l'eau puisée il y a peu et s'y plongea entièrement le visage. Une fois fait et habillée, épée au côté, elle décida qu'il était plus que temps de sortir de cette maison.
Elle fut à peine sortit qu'elle se rendit amplement compte du temps qu'il lui avait fallu pour le peu de choses qu'elle avait fait. Le soleil était plus haut que d'habitude et ses rayons l'éveillèrent définitivement. Elle leva instinctivement le bras se protégeant les yeux de ce soleil devenu soudainement impitoyable, et l'observa plus précisément afin de "lire" l'heure qu'il pouvait bien être. De ce fait, son regard se porta vers le ciel et le toit en face d'elle.

*Il y a quelqu'un là haut.*

Aussitôt sa main se porta à sa lame.

*A moins que... *

Ce ne fut pas vraiment ses yeux qui le reconnu. C'était une sorte d'impression. Elle relâcha aussi vite sa garde et sans plus réfléchir elle leva haut le bras et lui fit un signe de la main plus qu'enthousiaste.

*Hein ? Mais qu'est-ce qui me prend encore ?!*

Uryan n'eu pas le temps de se poser plus de questions que déjà, l'homme était descendu du toit et arrivait vers elle.

J'attendais deja depuis l'aube qu'elle ne se montre enfin. Cette attente aurait pu paraitre déplaisante a bien du monde, mais pas a moi. J'avais passé ma vie a attendre qu'il ne se passe enfin quelque chose, que je serve a quelque chose. Je pouvais désormais vivre ma vie pleinement !
La matinée s'etait écoulée et le soleil de midi frappait fort sur le village de Cocorico quand Uryan sortit de son agreable demeure a en voir son visage rayonner de lumiere. Elle avait immédiatement levé les yeux vers moi, a l'abris de l'ombre de son bras. Je n'etais pas completement naif et savait pertinemment qu'elle s'interrogeait sur l'heure plus que sur ma présence ou non a proximité.
Quand elle me vit, elle me fit signe d'approcher et je bondis en contrebas pour me precipiter vers elle. Du moins en avais je l'impression car je marchais normalement. Un bref instant, elle parut egarée et je faillis rebrousser chemin. Mais encore une fois, elle m'attirait trop. Je m'en inquietais un peu de savoir qu'elle exercait une telle force d'attraction sur moi et je m'interrogeais quand a sa nature. Un sort? non, c'etait naturel me dis je. Et je tenais fermement cette idée au creux de mon esprit.
J'arrivais aupres d'elle, toujours aussi mal vétu et peu propre. Mais meme si ma volonté n'etait que fer, je n'aurais pu y remédier dans la nuit. Je me présentais a elle et la saluais d'un sourire radieux, qui contrastait certainement beaucoup avec ma tenue. Elle ne dit mot et me rendit mon sourire.
Sans plus d'autres formalités, je marchais a ses cotés et me baladais dans le village. Maintes fois, des regards interrogatifs vinrent se poser sur elle et moi. Je me rendais compte que je devais la souiller d'etre ainsi aupres d'elle.

Pardonne moi mon accoutrement. Je sens que cela peut te faire honte. Ce n'est pas mon but, loin de la, mais je n'ai rien d'autre a me mettre...

Ma voix se perdit alors sur ces dernieres paroles et je continuais de marcher a ses cotes. Sans mots, je profitais de cet instant qu'elle semblait m'accorder généreusement.
Je pensais a elle, et me demandais ce qu'elle, elle pensait de moi. Je devais lui faire honte et elle devait simplement souhaiter que je la laisse tranquille. J'etais toujours égaré. Enthousiaste quand a sa compagnie, mais trop occupé a songer a ce que cela pouvait lui couter de se rabaisser a mon niveau.
Décidemment, trop de contraste nous séparait pour que cette journée soit parfaite. Je regrettais de ne pas etre de meme naissance, les choses seraient plus faciles songeais je. Puis je secouais la tete.

*Mais tu te tracasses trop ! Profites et ne penses pas a ces différences ! Elle est la apres tout...*

Je pensais une derniere fois au fait qu'elle puisse vouloir s'enfuir et me ravisais. Je la suivais une nouvelle fois dans une ruelle a l'ecart de la population quand elle se tourna brusquement vers moi.
Elle me toisa du regard puis se retourna et continua son chemin. Je ne savais pas si je devais rester ici, dans cette ruelle, la ou tout avait commencé ou si je devais la suivre. J'etais encore perdu. C'etait trop compliqué pour moi ! Basculer ainsi de la "simplicité" de ma survie a l'attirance exercée par cette femme. Je m'en serais frappé la tete contre le mur si son regard interrogatif ne s'etait pas posé sur moi quand elle se retourna.
Je reprenais donc ma place a ses cotés et continuais en silence. Finalement je finis par dire:

Je devrais peut etre te demander une chose, mais j'hesite. Je me comporte comme un adolescent face a une demoiselle qui lui montre de l'interet depuis hier...

Je laissais l'interrogation planer, laissant un mystere au dessus de ce que cela impliquait pour moi et continuais:

Ma présence a tes cotes semble surprendre de nombreuses personnes. Je m'excuse de souiller l'aura que tu sembles degager pour les tiens. Ce qui me fait venir a ma question. Suis je un fardeau pour toi de marcher a tes cotés? As tu honte d'avoir quelqu'un d'aussi mal vétu pres de toi?
Je ne souhaite absolument pas te faire honte...

Je paraissais idiot de demander cela, mais je voulais etre sur que ma présence etait souhaitée. Plusieurs fois durant notre promenade, je l'avais sentie egarée elle aussi. Je pouvais lire sur son visage que le doute planait aussi au dessus de sa tete. Qu'elle se posait milliers de questions et surement qu'elles me concernaient. Son visage, meme tourmenté, restait radieux et je me surprenais a me reprendre alors que je la dévorais des yeux.

*Fais attention Véhéfin...*

Elle s'arreta pour me repondre. Je la voyais alors qu'elle se tenait face a la lumiere du soleil. Elle etait plus belle que jamais et on aurait dit un second soleil. Un sourire en coin se dessinait sur mon visage et je dus paraitre crétin a la regarder ainsi. Je me noyais littéralement dans ses yeux alors qu'elle me devisageait.
Je me bridais alors et reprenais un air degagé et attendais qu'elle me reponde.

Uryan avait agit sans réfléchir. Une fois de plus. Comme tant de fois. Soupirer, avoir l'air ailleurs ne servait à rien. Assumer et avancer étaient les meilleurs solutions. Et pourquoi pas... se laisser tenter ? Se fondre entièrement dans cette idée et cette perspective d'avenir. Celle qui se profiliait de plus en plus, là, droit devant. Voire et connaître autre chose. Un autre avenir. Un quotidien différent que celui du sang, du combat et d'autres conflits. Comme celui de ces femmes du village. La guerrière les admirait, tout autant que leur situation. Malgré les temps dures, ses femmes se battaient elles aussi, à leur manière mais tellement préférable à la sienne. Uryan parlait avec son épée. Ses femmes s'exprimaient par tout autre chose. Les regards. Les attentions. Les mots doux. Même leurs actes respiraient la pureté. Une joie et une envie de vivre que la jeune femme n'avait jamais ressentie pour elle-même. Mais laisser cette vie de côté signifiait aussi perdre contact avec Lui. Ne plus Le voir. Être près de Lui ne serait plus possible. Peut-être même viverait-Il celà comme une trahison. Une chose de plus que Uryan ne pourrait supporter. A ce moment elle passa près d'une flaque d'eau. Le ciel s'y refletait mais fut obscurcit par la vision de son propre visage. Elle se vit telle qu'elle était.

*Comme le fruit tombé de l'arbre ; beau à l'extérieur, laid à l'intérieur.*

Il est vrai qu'elle haïssait de nombreuses personnes mais elle aussi se detestait. Son passé, son présent... Tout celà n'était qu'amalgamme d'erreurs et de mauvais choix. Elle regarda presque distraitement son nouvel ami.

*Lui aussi. Si différent. J'admire ce qu'il est et fait. Je ne mérite pas son sourire, ni sa présence. Ni celle des autres...*

Elle serra les poings et continuait sa marche, lui à ses côtés, dévoilant ses doutes sur son apparence. Uryan gardait les yeux rivés au sol. Ses cheveux cachaient entièrement son visage tout comme les sentiments qui pouvaient transparaître à ce moment. Elle se fichait de son "accoutrement" comme il disait. Tout comme les regards jetés par les badauds alentours. Quelque chose brûlait en elle. Cela venait de son ventre, montait à ses poumons, à sa respiration et se propageait jusqu'à son coeur. Ce qui se passait ressemblait à ce qu'elle ressentait sous les effets de la colère et pourtant c'était différent. La même chaleur mais autre chose en plus. Ce qui faisait toute la différence. Il croyait lui faire honte par ce qu'il était, ou du moins ce que l'on pouvait voir en un rapide coup d'oeil.

*Idiot, si tu savais...*

Justement il devait savoir. Là. Tout de suite. Maintenant !
La jeune femme se retourna brusquement vers lui pour le toiser du regard. Elle voulait lui parler. Il le fallait. Elle se sentait chavirer tout entière. Dire ce qu'elle pensait vraiment de lui. Toutes ses pensées qu'elle projetait. Sur le coup, la volonté de faire cela était immensément forte. Mais dès qu'elle plongea les yeux dans les siens, milles questions et doutes lui vinrent à l'esprit.

*Je n'ai pas le droit. Pas le droit de m'imposer à lui, de le salire par ce que je pourais lui dire. Il mérite beaucoup mieux que ça. Beaucoup mieux et surtout plus que ce que je peux lui offrir...*

Finalement elle reprit sa marche sans rien dire ni faire de plus. C'était mieux comme ça. Le laisser en paix et en dehors de qu'elle pensait. Mais il reprit ses paroles. Sur le même sujet. Uryan plissa les yeux et marchait encore et toujours. Les dents serrées elle sentait la douleur monter et tentait de la retenir, comme elle savait si bien le faire.

*Pitié. N'enfonce pas le couteau dans la plaie. Pitié... *

Une fois de plus tout s'arrêta. Leur marche. Les voix. Les gens. Le monde autour d'eux. Uryan n'avait pas besoin de le regarder dans les yeux. Elle sentait sonn regard sur elle. Et de toute façon elle ne pouvait le faire. Sa décision était prise. Il fallait qu'elle tente le tout pour le tout. Ainsi il serait libre de l'emprise qu'elle exerçait apparement sur lui. Il allait être blessé. Il lui en voudrait peut-être à mort et lui ferait mal par les mots, touit comme elle s'apprêtait à le faire. Un mal pour un bien...
Le soleil la cuisait mais elle ne fit aucun geste pour empêcher les rayons de continuer leur course à la torture. Après tout elle le méritait. Même plus que ça.

- Je vais être claire.

Les yeux toujours au sol elle tremblait légèrement et son coeur n'était plus que battements incessants et rien d'autre.

- Ton apparence. Tes faits et gestes et ta présence à mes côtés m'inportent vraiment peu.

Se rendant compte que tout semblait trop doux des mots jusqu'au ton de sa voix, Uryan rectifia du mieux qu'elle pouvait, faisant abstration de se que son coeur lui dictait. Elle modifia sa statégie. Elle lui posa des questions sans attendre la réponse et continuait.

- Sais-tu comment certains m'appelle ? La sorcière. Ou encore l'ensorceleuse. Et tu sais pourquoi ? Il paraîtrait que j'envoûte quiconque devient ma cible. Homme ou femme je les charme à volonté. Un regard. Un mot. Et ils sont miens. Tu comprends ?! Tu n'es... tu n'était qu'un jouet de plus. Et c'est tout.

Cette fois elle leva brièvement les yeux vers lui pour les détourner et tout le reste du corps. Un ange passa. Puis :

- Laisses-moi maintenant. Ne me suis plus. Vis ta vie. Oublie. Pars. Adieu...

Sur la fin, Uryan faillit tout perdre. Sa conviction et le ton rude que sa voix avait prise faillit vasciller et devenir chevrotante. Mais elle tint bon. Elle avait tourné à l'angle de la rue d'un pas qui se voulait même convainquant. Le coin tourné elle s'arrêta net. La tête contre le mur elle tapait du poing, ne ressentant pas la douleur dû à tous ces coups. Elle ne pleurait pas non plus mais son corps tout entier semblait vouloir exploser.

- J'ai mal. Je ne veux plus...

Sa phrase fut coupée. Des pas qui se voulaient discrets se firent entendre en sa direction. Il fallait qu'elle dispraisse. Se pouvait être un villageois. Ou pire... Qu'importe. Partir, s'enfuir étaient primordiales. Mais où ? Sa maison fut sa première pensée. Puis réflexion faite c'était trop prévisible.
Uryan se leva et partit vers le lieu où le réconfort était toujours présent pour elle.
Le cimetière n'était qu'à quelques pas mais elle courut en sa direction comme si il allait disparaître. Comme tant de choses dans sa vie.

[HRP]La suite au cimetière de Cocorico.[/HRP]