Côtes à côtes elles avaient voyagé. Uryan se sentait comme un oiseau ; libre de voler et ressentant le moindre souffle du vent. Mais ce fut bref car la guerrière avait du mal à oublier non seulement les restes de ses blessures mais aussi les changements qui s'étaient opérés en elle. Ou plutôt la vision de cette petite chose en elle, frêle, douce, quasi ingénue. Cette part d'elle-même si peu présente, tellement effacée avec le temps et les épreuves. Cette petite fille qui se terre...
Enfin elle étaient toutes deux arrivées au Château d'Assilfenn pour directement aller s'effondrer sur une surface bien plus appréciable que celle des marais.
Les appartements de l'empereur et de son épouse. Il y régnait une douce chaleur, non seulement par le décor mais aussi par l'atmosphère et la température ambiantes. Pourtant, d'une certaine, la jeune femme avait froid.
Uryan resta un court laps de temps le yeux plantés au plafond, murée dans le silence.
*Pourquoi ai-je si mal ?*
C'est la seule questions qui lui venait à l'esprit. Du moins jusqu'à ce qu'elle pose son regard dans celui de Mya.
Longtemps elles restèrent ainsi, protrées en chiens de faïence imperturbables.
*Je me demande à quoi elle pense... Que se passe-t-il derrière ces yeux muets ?*
Ses interrogations ne purent aller plus loin ; un rire de cristal retentit dans toute la pièce. Uryan équarquilla les yeux sous la surprise. Pour elle rire à ce moment n'avait aucun sens.
Une réaction qui eu pour conséquence de relancer de nouveau le rire de Mya et ce d'autant plus fort. Puis elle fut toucher par un coussin lancée par son amie qui riait maintenant à gorge déployée, tout en se mettant hors de portée de Uryan.
*Un, un jeu ?...*
Sans pouvoir se l'expliquer à elle-même, Uryan se mit à sourire, puis à rire carrément.
- Tu veux jouer à ça. Mais avant je dois te dire... tiens !
Tout en parlant elle s'était malicieusement rapprochée de Mya, un autre coussin plus volumineux que le précédent caché dans son dos, qu'elle projeta vers la tête de l'impératrice.
- Touchée, ha ha ha !
Elle ne dit rien de plus pendant quelques secondes. Puis...
D'un coup Uryan se jeta sur Mya. Elles s'écrasèrent toutes deux dans un tas de coussins de toutes les couleurs, disposé non loin d'elles et tous aussi moelleux les uns que les autres.
- Et maintenant l'ultime supplice !!
Là, la jeune femme se mit à chatouiller l'impératrice. D'abord les pieds, puis le cou et enfin le ventre, l'endroit le plus sensible à ces gestes.
Uryan riait comme elle ne l'avait pas fait depuis un bon moment, à la limite de ne plus avoir assez d'air pour respirer. C'était un vrai instant de bonheur. Pourtant elle stoppa net ces mouvements.
Durant ce "combat" les deux jeunes femmes étaient plus que décoiffées. Il manquait même une chaussure à Uryan. C'est donc grâce à tout se remu ménage que Uryan aperçu très clairement le ventre arrondi de son amie. Ce fut un choc. Car avec le temps et tout ce que celà comportait, elle avait plus ou moins oublié que l'impératrice portait un enfant.
L'enfant d'Ephraim.
Elle se redressa un peu mieux et juste après un coup d'oeil à Mya elle fit mine de s'allonger à ses côtés. Ce n'est pourtant pas ce qu'elle fit. Au lieu de cela, elle posa doucement sa main gauche sur le nombril de sa camarade, puis, toujours avec une grande douceur, presque timide, Uryan y posa un baiser avant d'y reposer sa tête, tout en la soutenant le plus possible. Enfin, après un moment, elle ferma les yeux, un sourire serein sur les lèvres.
Elle aurait voulu que le temps s'arrête, là, maintenant.
- Eternellement.