Première rencontre - Le bras et l'épée [PV Sohakath]

Le soleil venait de finir sa course dans l’horizon marquant la fin d’une nouvelle journée.
Alors que le crépuscule étirait ses bras sombres autour d’Hyrule, Asenath Kelen méditait. Cela faisait quelques mois qu’il n’avait plus mis le pied dans Hyrule et foulés les longues avenues tout de blanc pavé des alentours de la citadelle. Son armure cliquetait gravement alors qu’il marchait et ses pensées allaient toutes vers sa mission.

Durant les derniers mois qu’il avait passé a Ikana, il avait pu vendre quelques plans ainsi que quelques pièces d’orfèvreries relevant plus de la décoration qu’a l’utilité. Cela lui avait permis d’amasser suffisamment de rubis pour entamer son voyage et en parfaire l’organisation.

Il s’arrêta dans la cour face à la taverne. L’air était frais et la ville bien que très vivante la nuit commençait à s’allonger dans un mutisme inquiétant. Seuls quelques échos de voix plus hauts que les autres filtraient à travers la ruelle. Quand il se décida à pousser la porte c’était par inquiétude d’être en retard, d’être attendu ou d’être regardé. Son bras droit était mal perçu… d’où qu’il vienne et où qu’il aille. C’est pour cette raison qu’il ne se montrait que nécessairement et pour cette raison que sa cape tombante recouvrait une bonne partie de son corps.

Alors qu’il pénétrait dans le bâtiment, le brouhaha permanent lui fit comme un choc. Les cierges allumés sur les étagères, les tables et quelques lustres laissaient couler une cire blanche assez odorante. Cette odeur mêlé à celui de la bière et des quelques soiffards habitués lui donna pendant quelques secondes la nausée…

Il scruta du regard la salle. Celui qu’il attendait n’était pas encore là.
*ouf*
Il alla directement s’installer au bar où une femme (dont la fleur de l’âge s’était fané depuis quelques années) essuyait un verre avec un chiffon grisâtre.
Non, décidément non, cet endroit n’était pas de ceux qu’il appréciait fréquenter.

-Et pour l’étranger se sera …?

-Excusez-moi ? dis-je surpris, sortant de mes mauvaises pensées.

-Boire, vous voulez quoi dans votre verre ? aboya la "je suppose Telma".

-Ah et bien, commençais-je en étendant mon regard sur les autres tables, une bière.

-Une bière, ok…

Elle posa son chiffon sale sur le comptoir, pris le verre fraichement *et ignoblement* nettoyé et le rempli d’un liquide brun et mousseux.

-Et manger ?

-Rien, merci, j’attends quelqu’un, dis-je dans un sourire pour détendre l’atmosphère.

La femme me renvoya par politesse mon sourire et tandis qu'elle reprenait son tours de salle pour s'occuper des habitués qui payent bien, je plongeais mon regard vers cette bière en me demandant quel gout cela avait.

Asenath leva les yeux de sa chope. Il avait déjà terminé un verre *de cet affreux breuvage* et il avait demandé une autre bière servie dans une chope cette fois. L’idée de boire à nouveau dans un verre lavé par ce maudit chiffon lui avait inspiré une crainte intérieure qui ne l’avait pas quitté.

Il se prélassa un instant sur son tabouret de bois. Etendit ses jambes engourdies dans son armure et baya bruyamment sous le regard de ses voisins. Ses articulations cliquetaient et pendant les longues heures passées, ne demandaient qu’à se dégourdir.

Autour de lui, la taverne s’était remplie et les gens se pressaient dehors pour récupérer les dernières places assises disponibles. La nuit filtrait à travers les fenêtres et la lune était déjà haute témoignant de l’heure tardive.

- Il est en retard… murmura t’il agacé

Le mécano avait demandé cet homme par renommée… Enfin, ce qu’il appelait renommée était plutôt « connaissance de connaissance ». On lui avait parlé de cet homme à Cocorico alors qu’il aidait sa mère à décharger des marchandises un mois où le travail d’apprenti n’était pas trop éprouvant. Il avait préparé son excursion minutieusement, et avait en hâte demandé un rendez-vous dans cette taverne afin de discuter de l’affaire.

L’homme ne lui avait pas donné de réponse *et je ne lui en aie pas demandé*. Il espérait qu’il s’entendrait bien avec lui et qu’il commencerait la conversation rapidement … s’il arrive. Son stress était grandissant, et s’il n’avait pas eu son message ? Un messager mort pouvait en être une raison. Et s’il n’avait pas pu se libérer… Il préféra ne pas l’imaginer. Mécaniquement il secoua la tête comme pour dissiper une brume intérieure et se replongea dans sa chope.

Il bu une autre gorgée de bière et grimaça. *Pourvu qu’il arrive avant la fin de cette bière, je ne compte pas en prendre une autre*. La porte s’ouvrit une fois de plus laissant rentrant un homme grand et musculeux. Ses habits étaient sobres et discrets. Seules quelques personnes levèrent la tête comme Asenath avant de les retourner vers des interlocuteurs.

Intérieurement, il sut que c’était l’homme qu’il avait demandé. Il avait l’air perdu et peu coutumier de cette taverne. De plus, il imposait par sa taille et ça démarche était ferme et déterminée. Sortant un instant une feuille, il la lu brièvement avant de la ranger de nouveau. Quand il alla s’asseoir a quelques mètres d’Asenath, il soupira.

-Bonsoir, vous êtes en retard si je ne m’abuse, commença t’il en s’approchant avec sa chope.

Son ton n’était ni condescendant, ni cynique … seulement interrogateur. Il pouvait très bien se tromper de personne bien qu’il en douta fortement.

-J’espère que vous avez de quoi me rembourser ce poison, dit-il en agitant sa chope. Je suis sûr que la tenancière ne mettra aucun rubis dans l’achat de mon cercueil. Je peux m’asseoir à côté de vous ?

-J’espère que vous avez de quoi me rembourser ce poison, dit-il en agitant sa chope. Je suis sûr que la tenancière ne mettra aucun rubis dans l’achat de mon cercueil. Je peux m’asseoir à côté de vous ?

Tiens ce doit-être la personne que je cherche, pensa Sohakath, il lui fit signe avec la main afin de l'inviter à s'asseoir à côté de lui. Il le jugea de bas en haut et s'arrêta sur son bras articulé quelques secondes, le brillant ne posa pas de question vis à vis de cela sachant pertinemment que la vie pouvait réserver des surprises inattendues et que personne n'en était à l'abri, les aléas de la vie appelle t-on... Il sortit la lettre de sa poche qu'il avait précédemment déplié afin de s'assurer des indications qu'elle contenait et la lui tendit en lui demandant si il était bien son auteur.

-Une chose à la fois, je vous aie demandé si vous comptiez me rembourser le verre que j'ai payé en vous attendant, répondit le garçon au bras mécanique d'un air faussement offusqué.

Le chevalier aux gemmes ne répondit pas, il réfléchit pendant une fraction de seconde, sortit sa bourse pleine de rubis et donna sans broncher la somme indiquée par son interlocuteur. Enfin, il parla:

-Bien, avant que j'accepte quoi que ce soit, j'aimerais savoir si vous êtes l'auteur de ce document et par là même j'aimerais savoir ce que vous attendez exactement de moi, je ne veux aucunes surprises en cours de route.

Asenath regarda autour de lui si des oreilles indiscrètes se présentaient. La mission qu'il allait proposer n'était ni confidentielle, ni d'une importance capitale mais l'impression que lui laissait la taverne remplie ne facilitait pas la communication. Il regarda un instant son interlocuteur.

- Avant tout, merci pour le verre. Excusez-moi, je suis un peu bourru, fit-il en souriant. Je suis désolé de faire tant de mystère, e ne suis pas très accoutumé à ce genre de ... d'endroit ni même à faire ce genre de demande. Il fit une pause dans ses paroles, cherchant un fil conducteur, et plus encore, où situer le début de ce fil. En ce qui concerne la raison pour laquelle vous êtes là, je souhaiterais préciser que nous n'allons ni chasser des créatures légendaires, ni partir à la recherche de quelque reliques oubliées. J'espère que votre prix n'excèdera pas trop mes maigres finances ... et dans le cas contraire, je peux vous proposer d'autres objets de valeurs pour vous dédommager, dit-il dans une moue désapprobatrice.

Il sonda un instant le regard de Sohakath cherchant une chose à quoi se rattraper, de quoi attiser sa curiosité. Courrait-il après l'argent ? Etait-il un mercenaire qui cherchait l'aventure ? Si c'était le cas, c'était mal parti. Asenath jaugea l'homme, hésitant à le quitter des yeux. Sa conversation marqua quelques secondes de pause.

*Mince, il risque de me prendre pour un guignol* pensa-t’il, sueur au front.

Pour illustrer ses futurs propos, il porta sa main à sa ceinture. Une minuscule bourse en paille de fer y était accrochée. Il la ramena sur la table, plongea sa main dedans et la vida dans son intégralité. Un sourire affable illumina son visage en voyant, parmi d'autres babioles ferreuses, un minerais. Il commença à expliquer :

- Il y a quelques mois, j'ai fait le tour de certains villages pour vendre des objets. L'un d'eux me montra et me vendit pour un prix dérisoire ceci. Il posa devant Sohakath le minerais. Je ne sais pas exactement ce que c'est. Ce n'est pas du métal, ni vraiment une pierre. un joaillier professionnel pourrait me renseigner s'il avait déjà vu ça. Mais je n'en connais pas de confiance, et je n'ai aucune envie de la laisser plus de quelques minutes à quelqu'un... j'ai peur de perdre ce qui, pour moi, à une signification immense : c'est magnétique.

Asenath sentait une attention particulière chez son interlocuteur quand il parlait de joaillier. ça l'engagea à continuer.

- Tout les êtres vivants ont de l'énergie. Elle sert à vivre, à faire marcher les organes. Que se soit chez un phacochère, un Zora ou un brin d'herbe, TOUT fonctionne grâce a de l'énergie. Mais ça ... ce n'est pas vivant, c'est une pierre. Un morceau de roche immobile et qui ne cherche ni à se reproduire, ni à survivre. Je pense que ça provient de volcans, de magmas quelconques qui ont mêlé du vivant à ce qui ne l'est pas. C'est un processus qui est rapide, mais qui remonte à, il siffla, des milliers d'années... voire plus.

En prononçant ces paroles, il n'avait pas quitté des yeux le minerai. Il se sentait grands de dire ce qu'il avait compris et son flot de parole était ininterrompu. Il se perdit dans un méandre intérieur d'hypothèses et de possibilités infinies qui le fit sourire intérieurement. Il ne savait pas si celui qui était à ses côtés comprenait, mais il aurait le temps de lui expliquer en chemin ... s'il acceptait.

- J'ai besoin de trouver plus, beaucoup plus de ces pierres... pour raisons personnelles et professionnelles. J'ai une idée sur l'endroit où chercher, mais je ne peux y aller seul. Suite à un accident, je suis extrêmement diminué et dans mon état, partir seul serait du suicide. Je ne cherche pas une nounou mais un compagnon de route dirons-nous. Je vous paierais pour ça.

ça y est, les paroles avaient été lancé, la discussion était entamée. Asenath laissa la pierre un instant, l'hésitant à la ranger. Que se posait-il comme questions ?

- J'ai besoin de trouver plus, beaucoup plus de ces pierres... pour raisons personnelles et professionnelles. J'ai une idée sur l'endroit où chercher, mais je ne peux y aller seul. Suite à un accident, je suis extrêmement diminué et dans mon état, partir seul serait du suicide. Je ne cherche pas une nounou mais un compagnon de route dirons-nous. Je vous paierais pour ça.

à ces mots, le Chevalier répondit qu'il avait besoin de quelques minutes de réflexion afin de délibérer, il s'éclipsa et sortit de l'établissement, il se posa sur la terrasse de la taverne tout en continuant de réfléchir. La richesse n'était clairement pas la chose qui pouvait motiver l'ancien joaillier, par ailleurs, il en avait bien assez et pouvait parfois se permettre de refuser certaines missions lorsque celles-ci lui paraissaient trop dangereuses ou juste totalement inintéressantes. Non, les facteurs déterminants étaient tout sauf la récompense, le fait de pouvoir aider une personne étant réellement en difficulté était déjà une félicité en soit pour le Brillant.

Cela étant pensé, il pénétra à nouveau dans le hall de la taverne, l'ambiance n'avait entre temps rien perdu de sa douceur, il revint auprès de son commanditaire qui n'avait d'ailleurs pas bouger d'un centimètre, certainement perdu dans ses propres pensées à savoir si Sohakath allait accepter sa mission ou non. Il se rassit, brisant sa méditation et lui donna enfin sa réponse :

- J'accepte de vous accompagner, je ne suis pas véritablement intéressé par les rubis et vous avez l'air d'un gars honnête et qui a vraiment besoin d'un bon coup de main alors je vais vous prêter assistance.

Apres les quelques explications qu’il avait fourni, il espérait que Sohakath accepte. Mais à son grand étonnement, il s‘excusa et sorti. Asenath fronça les sourcils, inquiet. *Il veut réfléchir … à propos de qui, de quoi ?*

Son cœur battait dans sa poitrine. Il avait tout prévu pour le voyage. De la nourriture, un
itinéraire, de quoi dormir …. sauf le fait que la personne qu’il espérait recruter ne viendrait pas. Peut-être estimait-il qu’il n’y avait pas assez d’argent en jeu ou que certaines missions qu’on lui avait proposées étaient plus intéressantes. Pendant quelques secondes un monceau d’idées toutes aussi déprimantes les unes que les autres lui vint à l’esprit. Il essaya de les balayer d’un revers d’une main imaginaire et but une gorgée de la bière qui lui avait été si gracieusement offert par l’homme.

Quand il entendit la porte claquer à sa gauche, il sentait que Sohakath revenait. C’était le moment de vérité … Asenath commençait à en avoir assez du brouhaha constant de la taverne et perdait pied à ses pensées. Au pire, ils pourraient marcher et s’expliquer dans la rue s’il refusait.

- J'accepte de vous accompagner, je ne suis pas véritablement intéressé par les rubis et vous avez l'air d'un gars honnête et qui a vraiment besoin d'un bon coup de main alors je vais vous prêter assistance.

Pendant quelques secondes, une bulle de vide intersidérale occulta toutes pensées. Un écho lointain lui parvenait, et, comme s’il avait été une coquille vide, les mots « j’accepte de vous accompagner » rebondissait sur toutes les parties de son corps comme si chaque partie lui demandait « alors qu’est- ce qu’il a dit ? »
Quand il reprit ses esprits, il avait l’impression qu’une éternité s’était écoulée. Il tourna la tête à droite et à gauche, persuadé que le monde avait changé. Le bruit ne semblait plus l’agresser et la bière lui faisait envie. Il sourit intérieurement *il accepte … il accepte … purée quoi … IL ACCEPTE*. Il planta ses yeux bleus dans ceux de son interlocuteur se demanda ce qu’il allait bien pouvoir dire. Il se sentait dérouté par cette révélation. C’est comme s’il avait soudainement perdu son titre de « recruteur ». Le mécano prit son courage comme il put.

- Je vous remercie pour tout. Pour la bière tout d’abord mais aussi pour avoir accepté de m’accompagner. Votre aide me sera précieuse, finit-il par dire dans un sourire.

Il récupéra le minerai qui lui était si précieux et le rangea dans sa bourse.

- En ce qui concerne le coté logistique, nous allons faire une partie du voyage en caravane. Il s’y trouve déjà tente, vivres et de quoi extraire le minerai. Nous nous dirigerons vers le peuple Zora pour accéder sans trop de complications aux massifs des Pics Blancs. Ce qui m’intéresse doit se trouver là-bas, je vous conseille donc de revenir avec une petite laine. Je ne sais pas combien de temps on y restera mais certainement plusieurs jours.

Ceci marque la fin de notre première rencontre, l'histoire continue ici