Les cris d'un seul homme... [Privé - Sayuka & Kris]

Tout s'était passé très vite...
Tout le monde était mort...
Plus un seul survivant...
Tous tués par la cupidité...

Drake se tenait face à la dernière tombe qu'il venait fraîchement de creuser, et y jeta le dernier corps sans vie des forains qui était enroulé dans un grand sac de toile. Après avoir comblé le trou occupé par le cadavre de son ancien ami, qui n'était autre que celui de l'enseignante Gerudo de danse, il grava sur la planche de bois faisant office de pierre tombale: "Jill Lancray - Morte dans un raid de pillards à l'âge de 31 ans". Finalement, il repartit, laissant dans les ruines de chapiteaux, tentes, cabanes de bois et machines de foire un véritable cimetière. Ce lieu comptait désormais plus de trente tombes, toutes portant le nom, la même cause de décès et l'âge de chaque victime du raid. Mais l'une d'elle se démarquait de toutes: une pierre tombale faite de marbre qui indiquait:

"À un amour jamais avoué, Jaena - Morte dans un raid de pillards à l'âge de 18 ans. Je t'aimes même après la mort - Drake"

Des bancs de fleurs sauvages parsemaient les alentours de la magnifique tombe de marbre, ainsi que diverses décorations en pierre. Après avoir longuement contemplé la tombe de son amour décédé, Drake finit par craquer et fondre en larmes devant la tombe centrale. Il ne portait ni son casque, ni son armure ni aucune protection. Équipé uniquement de sa hallebarde, il avait soigneusement caché tout le reste sous la tombe centrale, dans un coffre fermé par un lourd cadenas en acier, près d'un autel destiné à la mémoire de la jeune Gerudo morte.

Agenouillé devant la tombe, il pleurait de tout son corps. Il pleurait de larmes de détresse. Que faire? Où aller? Que dire? Il n'avait aucune réponse. Pire: il n'avait aucune solution! Il était la, avachi sur la tombe, à maudire les assassins qu'il tua de sa propre main par simple accès de folie enragée. Il avait assisté au résultat d'un génocide: celui de sa famille entière, celui des forains. Il ne savait pas qu'est ce qui le retenait à la vie...? Peut être était-ce un simple instinct de "survie" qui le poussait à garder la flamme qui l'animait et à la faire brûler encore? Qui le sait... Mais alors qu'il contemplait toujours la tombe en restant pensif, un bruit vint perturber son deuil: un craquement de branches mortes se fit percevoir par son ouïe assez développée, apparemment exécuté non loin... Drake se retourna, et regarda la personne à qui il faisait face...

Le lac Hylia... Probablement l'un des lieux les plus majestueux et les plus beaux d'Hyrule. Cela faisait des années que Kris ne s'y était pas rendu et les images qui lui restaient en tête de cet endroit n'étaient que... "Magiques". Et maintenant qu'il se trouvait de nouveau face à cette vaste étendue d'eau et ses paysages sereins aux alentours, il se rendit compte que cette impression ne s'était pas estompée depuis le temps, elle n’en était même que plus forte...
Un grand sourire venait de s'afficher sur le visage du garçon. C'est qu'il se serait bien jeté à l'eau ! Celle-ci se trouvait être d'un bleu ainsi que d'une clarté épatante!

Seulement... Il n'eut le temps d'exécuter cette pensée qu'il remarqua au loin, un homme... Non, de peau bleu, il ne pouvait s'agir que d'un zora, un zora agenouillé devant ce qui pouvait sembler être une plaque de marbre parmi tant d'autres, choses ne faisant pas parties du paysage dont Kris avait le souvenir...
Il en allait de même avec la sorte de campement en ruine qui se trouvait non loin de l’inconnu. Tout ceci attisa la curiosité du jeune homme qui se mit alors en route afin de savoir ce qu'il se passait...

Après plusieurs minutes de marches, il rejoignit ce qui s'avérât être anciennement une sorte de cirque ambulant, celui-ci ayant été transformé en un véritable cimetière... Il entendait des pleurs. Les pleurs du jeune zora, face à une tombe, n’exprimant autre que le deuil qui l’envahissait...
Kris comprit alors bien vite ce qu'il avait put se passer... Et des images du passé, celles de la disparition de son peuple lui revinrent en tête... Celles de lorsqu'il fut laissé à l'abandon suite au passage d’une sombre vague n'apportant que désolation... Bien qu’étant jeune à l’époque, il s’en souvenait clairement, mais à cette époque il l’était pour comprendre ce qui se passait bien qu’aujourd’hui il se rendait clairement compte de la chose…

Il s’avança un peu vers le zora qui pleurait à chaude larmes… Celui-ci l’entendit et se retourna, le fixant de ses yeux d’où s’échappaient encore quelques larmes… Kris, bien que touché et compatissant à sa situation, restait de glace. Son visage restait d’une grande froideur, comme si il le prenait de haut alors qu’il s’agissait du contraire. Le demi-démon détourna alors son regard vers le lac, son expression restant figée. Il n’était pas vraiment doué pour réconforter les gens… Fixant au loin, il se contenta d’annoncer quelques mots d’un ton neutre et plus ou moins monotones…

"Vous savez… Je comprends d’une certaine manière vos émotions… Quand on perd ce que l’on a de plus cher... Soyez fort."

Il se dirigeât ensuite vers un rondin de bois non loin de là sur lequel il s’assit et attendit de voir ce que l’homme poisson pourrait bien dire. Kris resta là, à fixer le lac…

La journée passait lentement, faisant décliner avec lenteur l’astre doré, la journée en était paisible et à la fois angoissante. Le silence qui régnait dans les bois en était stressant, ce même Silence qui parcourait la végétation avec grâce et souplesse, frôlant du bout de ses doigts glacés les feuillages verts des imposants feuillus et les fougères émeraude qui tapissaient le sol de leur couleur verdoyante. Son apparition de froideur avait imposé respect à tous ceux qui vagabondait dans les bois qui bordait le Lac Hylia. Sa présence était une sorte de paix obligatoire donnant à ce paysage magnifique l’impression d’être irréelle, d’être inexistant. Le Silence marchait d’un pas nonchalant entre les troncs de chaque arbre qui recouvrait cette vaste étendue de terre fertile, laissant sa longue chevelure de vent, parcourir cet espace de végétation. Dans les pas de cet être non réel marchait une femme. Chacun de ses pas n’émettait quasiment aucun bruit, soit peut être le léger bruissement des feuilles qui jonchaient le sol terreux du bosquet. Le maître des siècles, le Silence inconnu enveloppait de son souffle de givre tous les sons qui dérangeaient son avancée dans sa marche grise. La jeune elfe parcourait cette forêt par le simple loisir de décompresser ou bien de se détendre, bien sur elle n’avait pas ce genre de soucis, non elle n’avait pas besoin de se détendre. Comment aurait-elle pu se détendre alors que Sauska occupait déjà très bien son esprit pour qu’elle puisse ne serait-ce qu’une seule fois se reposer bien tranquillement, et puis une épéiste n’avait pas vraiment besoin de repos sur tout en territoire ennemi.

Sortant du bois, Sayuka observa les alentours, jetant par moment un coup d’œil à son arme nouvellement acquise, un gros marteau de guerre qui avait déjà été inauguré sur un pauvre Zora. Pauvre Zora… elle ne le pensait pas vraiment, il l’avait bien forcé par moment, et puis Sauska lui avait intimement suggéré de lui faire du mal ce qu’elle fit avec la plus grande satisfaction qu’elle put en tirer.
La jeune femme marchait tranquillement sur l’herbe tendre lorsque ses oreilles pointues entendirent avec précision, un son… des larmes… plutôt quelqu’un qui pleurait silencieusement. Elle marchait en direction de l’origine de cette tristesse croissante. Dans sa tête, déjà l’Ombre ne voulait pas y aller, mais se tue lorsqu’elle sentit l’agacement de la femme, marchant à travers les troncs de différente taille, elle atteignit la lisière du bois, s’arrêtant à côté d’un arbre s’y appuyant dessus, l’elfe observait la scène avec indifférence, ne sachant pas pour le moment ce qu’il s’y passait, ne voyant qu’une personne au beau milieu de… tombe…. De plusieurs sépultures qui tapissaient la rive du lac, dont une qui se démarquait beaucoup des autres, faisant figure de l’élément principal de cette étrange rassemblement de tombe ; celle-ci était faite de marbre d’après ce que voyait la femme. Un Zora, d’après sa longue nageoire qui descendait derrière son crâne, était agenouillé devant celle-ci, il avait donc perdu quelque chose de si précieux…. Sa tristesse était palpable ce qui calma l’Ombre qui alla s’enterrer au plus profond de l’esprit de la jeune femme. Elle croisa ses bras contre sa poitrine, observant de son regard améthyste la malheureuse scène qui se déroulait devant elle. Un craquement fit tourner son visage, elle vit un homme qui longeait le lac, penchant la tête de curiosité, elle préféra rester là à observer, il était toujours mieux de respecter le deuil de quelqu’un…. L’homme parla au Zora, quelque chose intrigua la femme, elle ferma ses yeux et les ré ouvrit pour observer les essences de cet être, rouge comme les flammes des enfers, il était plutôt ténébreux et maussade ? Peut être ou pas. Bah ce n’était pas ses oignons, pourtant elle n’arrivait pas à oublier ce que ce sentiment lui causait, de la compassion et de la tristesse. Elle dodelina sa tête un court instant, puis regarda l’homme s’asseoir sur une souche d’arbre, préférant rester à l’écart pour respecter les larmes du Zora, observant le ciel, se perdant dans sa contemplation, d’un ciel bleuté et infini.

Les gens allaient et venaient... Et lui, au milieu de l'hécatombe récente, ne savait quoi faire, à part tenter de répondre pour calmer sa rage insatisfaite et sa tristesse immense qui le déchirait chaque instant lorsqu'il contemplait à la fois le monde qui l'entourait et les tombes qui entouraient la totalité du petit camp de forains brûlé empli de détritus et de témoignages des sépultures de Drake. Ce dernier avait d'ailleurs les mains ensanglantées, tachées du sang des pillards ainsi que du sien, ayant travaillé nuit et jour pour que les âmes de ses frères ne reposent en paix. À travers ses gantelets, on pouvait discerner un léger filet de sang coulant au sol. Ces mêmes mains pendaient sur ses poignets brisés par l'effort et étaient désormais impuissantes, témoins d'un drame proche.

"Vous savez… Je comprends d’une certaine manière vos émotions… Quand on perd ce que l’on a de plus cher... Soyez fort."

Sur ces mots, il ne put s'empêcher de contempler tout ce qui lui restait de Jaena... Une peinture, qui était accrochée à la tombe, qui avait sûrement été réalisée par un maître peintre de la netteté de ses traits sur la fine toile blanche. On pouvais discerner sur cette toile une jeune femme portant une longue tenue noire plutôt luxueuse, arborant des cheveux pareils à de la soie d'or. Les vêtements de cette dame étaient certes plutôt noirs et étranges de leur finesse et leur originalité, mais ils n'étaient autre qu'une tenue de danse, après tout.

La peinture se tenait sur l'imposante tombe de marbre:
À la vue de cette peinture, Drake se remit à acquérir des réactions étranges, presque folles. Il commença par oublier la présence de deux personnes dans son entourage, puis continua par de violents coups de tête octroyés dans le sol qui était plutôt dur. Bien que son heaume n'en soufrât pas le moindre instant, sa tête prit la confusion et la folie sous son aile. Puis, après avoir donné une bonne demie-dizaine de coups dans le sol, se releva; en l'espace d'une fraction de seconde, l'ambiance de l'air passa du désespoir à la folie. Une folie si intense qu'on aurait pu la confondre avec un voile impie se dressant dans l'atmosphère. Pour la première fois, Drake expérimentait ce que l'on appelait la Folie Impure. Cette réaction de folie crée un trouble total chez la personne victime de cette tare momentanée. Ce trouble confère des réactions imprévisibles et incontrôlées chez l'atteint. Toutefois, après un instant, cette folie refait place au désespoir. Mais seulement après un instant...

Reconsidérant le monde autour de lui, Drake semblait légèrement différent. Certains diront qu'il était "Agacé", d'autres "Violent", et certains diront même qu'il était un "Berserker", c'est à dire en pleine crise de fureur et rage de vaincre impossible à stopper sans efforts. Mais Drake était sous l'emprise de bien plus noir et puissant que toutes ces choses... Il était sous l'emprise d'une entité malsaine qui n'était autre que la "Folie". Il semblait rien qu'en cet instant déterminé à accomplir l'inutile : déchaîner la fureur en lui qui ne s'arrêtait pas. Pendant un instant, il n'émit que quelques grognements. Mais ensuite, il commença à rire d'un rire dont le côté malsain était si noir et froid qu'il pouvait glacer le sang du plus brave guerrier rien qu'à son écoute. L'aura de Drake, qui était auparavant rouge comme la braise et blanche comme la lumière vengeresse, était désormais plus noire que la nuit. Ce rire dura au moins une trentaine de secondes, épouvantable et horrifiant. Après quoi il empoigna son arme et, considérant les personnes autour de lui, commença à préparer quelque chose... Qui sait quoi...

"Je... Jaena... Il me l'a pris... Il l'a enlevé... Le monde m'a enlevé Jaena... RENDEZ-LA MOI ! RAMENEZ-LA ICI !"

Cette seule phrase s'ensuivit d'un cri si maussade et chargé de pensées négatives et brutales que sa simple écoute aurait pu glacer le sang à un brave guerrier même... Mais le plus inquiétant restait son air agressif, son arme qu'il tenait fermement dans ses mains et, surtout, le fait qu'il commençait à abondamment gratter le sol d'une de ses bottes d'acier, un regard menaçant dirigé vers l'homme qui lui avait pourtant parlé de manière sympathique... La tête courbée en avant, son arme légèrement rétractée et l'oeil précédemment doré qui ornait son heaume désormais teinté d'un rouge pareil à celui du sang, il semblait être un animal sauvage tel un bison ou un sanglier prêt à charger sa proie impitoyablement.

Certains évènements changent notre vie à jamais. Cet homme en faisait les frais et sa vie ne serait plus jamais la même… Perdre ce qu’on a de plus cher, c’est se perdre soi-même. Ainsi, je me suis moi-même souvent perdu par le passé… Et qui sait, peut-être que la femme cachée dans les bois s’est elle même déjà égarée.
Cependant, la vie continue, nous devons apprendre à faire abstraction de ce lourd poids au plus profond de nous même. Mais on oublie pas, non… Et chaque personne met plus ou moins de temps à cicatriser de ces blessures qui souvent ne guérissent jamais vraiment.

Je l’entendais frapper le sol, encore et encore… Des grognements… Mes yeux ne se détachèrent pas du lac, je restais là, sans bouger, sans rien dire, sans qu’aucun sentiment ne transparaissent sur mon visage… Un rire noir, fort et horrifiant. Les conséquences ne sont jamais les mêmes chez chaque personnes… Lui céda à la folie. Une folie qui semblait le posséder totalement… Je fermai les yeux, désolé pour cet homme que le destin n’avait épargné.

"Je... Jaena... Il me l'a pris... Il l'a enlevé... Le monde m'a enlevé Jaena... RENDEZ-LA MOI ! RAMENEZ-LA ICI !"

Il cria… Je ressenti toute l’énergie noire dégagée par sa rage. Il grattait le sol, dirigé en ma direction… Il ne se contrôlait plus.

Mais tu ne m’auras pas…

Je le ressentais s’approcher à grande vitesse, il devait charger… Alors qu’il s’apprêtait à m’atteindre, une paroi protectrice formée d’énergie ténébreuse et opaque apparue, mais je n’étais déjà plus là. Au moment même ou le bouclier apparaissait, j’effectuai un rapide saut en arrière, atterrissant quelques mètres derrière le zora puis effectuant un autre bond plus léger, juste pour m’éloigner un peu plus pour pouvoir anticiper les actions imprévisibles de cet homme ayant perdu la raison. Je ne pouvais pas prévoir ses réactions, si il allait de nouveau attaquer ou quoique ce soit.

"Essayez de vous calmer. Je comprends votre douleur, mais vous en prendre au monde, à des innocents ne vous la ramènera pas. Dis-je d’une voix neutre, haute et distinctive. Reprenez le contrôle, bordel ! Ne laissez pas la folie vous anéantir vous ainsi que ce qui vous entoure !" Criai-je cette fois avec rage, espérant que l’homme réagisse à ces paroles.

Je me préparais à une éventuelle nouvelle attaque, j’étais prêt à dégainer mes katanas de leurs fourreaux inexistants ou user de la magie afin de me protéger.

« - Ça sert pas vraiment à grand chose de lui causer. Il est ivre de vengeance.... Il vaut mieux le battre à son propre jeu, n'est-ce pas Monsieur le Poiscaille ? », déclarais-je, en fermant les paupières, toujours ce sourire mauvais sur les lèvres.

« - Je fais pas dans la dentelle, je préviens. Alors soit, tu restes dans mes pattes à me déranger le noiraud, soit, tu m'aides à le calmer ou tu restes à l'écart le temps de bien regarder comme un bon grassouillet de Noble. A toi de voir. », proposais-je en un autre sourire narquois.

Je me penchais dangereusement vers le sol, mon visage à moins de dix centimètre de celui-ci, de ce sol ferme et poussiéreux. Le marteau de guerre se délogea de l'épaule pour être tenu du bout du manche, avant d'être rattrapé par l'autre main libre et de foncer sur le fou furieux, un sourire malicieux sur les lèvres. Arrivant devant le Zora, je levais le marteau pour lui asséner un coup descendant sur l'épaule, la tête de l'arme se dirigeant droit vers celle-ci. D'un mouvement du bassin, j'essayais d'asséner un coup de pied rotatif dans le flanc de l'homme en deuil. Hors de question que je laisse un sentiment aussi ridicule que celui-ci prendre le dessus sur un esprit raisonné. Je lançais néanmoins un regard noir au noiraud, en soupirant par le nez.

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