Adrix VS Abysson lait war !

-Non non non et non !

C'est ce hurlement agacé qui résonna à travers le marché d'Hyrule. Un guignol en armure, et qui avait fort malheureusement été engagé en tant que garde du palais de sa Majesté, tentait en vain d'asseoir son autorité sur un passant trop insistant. Le pauvre, déjà que son boulot était ennuyeux au possible, il devait en plus subir l'insolence et la bêtise des quelques téméraires qui se croyaient assez chics pour pénétrer dans une enceinte interdite aux civils. Ses copains de la caserne n'avaient aucun problème pourtant eux, pourquoi cela tombait-il toujours spécialement durant son tour de garde ?
C'est qu'il était coriace celui là ! Voilà bien une demi-heure qu'il ne lâchait pas l'affaire. Il avait beau hurler, il ne se pliait pas à ses remontrances. Son collègue à quelques mètres de là, se moquait ouvertement de lui avec son petit regard ironique... Il était en train de perdre totalement le peu de crédibilité qui lui restait auprès de ses frères d'armes ! Et pour cause : c'était un gamin qui lui tenait farouchement tête ce matin.

-Mais si j'dois rentrer dans le château monsieur !

-Pour la centième fois, cette forteresse est interdite aux gens du peuple, rentre chez toi !

-Mais j'ai un super tournoi à l'intérieur !

-Ce championnat est réservé aux meilleurs lutteurs d'Hyrule, les mioches n'y sont pas autorisés, même en tant que spectateurs !

-Mais c'est moi qui participe !

-Arrête de te moquer de moi !

-Mais j'vous jure que c'est vraiiiii !

Le pauvre enfant en question commençait à désespérer lui aussi. Ce soldat était sourd à ses arguments et il commençait à en avoir assez de crier. Qui plus est, il avait envie de voir l'intérieur du château, et les odeurs de fruits et de pains chauds venant des échoppes du quartier sud lui chatouillaient les narines avec une efficacité diabolique. Il devait lutter contre son instinct de goinfre pour ne pas se précipiter sur les goûters abondants qui l'attendaient là bas. C'était bien la première fois qu'il maudissait son odorat surdéveloppé.
Mais comment convaincre ce lourdaud qu'il ne venait non pas pour voir le match annoncé mais y participer ? C'est sûr qu'avec sa taille ridicule et son apparence juvénile, il ne faisait pas peur à grand monde, du moins pas assez pour être en demi final du prestigieux tournoi de Nayru. Le truc qui coinçait, c'est que le petit cerveau d'Adrix n'était pas apte à saisir ce concept difficile. Dans son esprit, il était aussi crédible que n'importe quel bretteur de la compétition... Faut dire que son esprit était rempli de conneries aussi.

-Maintenant dégage la voie !

Le mioche assassin poussa un soupir d'incompréhension. Pourquoi les adultes ne le croyaient-ils jamais ?! Il aurait pu se téléporter derrière l'édifice sans demander son avis au monsieur, mais sa grande sœur chérie lui avait dit qu'il ne devait pas gaspiller son énergie magique avant même le début de son duel.
Et puis le château était protégé par de puissants sortilèges, il ne savait pas trop ce que ça pourrait donner lorsqu'il franchirait cette barrière ensorcelée. Si jamais il se reformait avec une jambe à la place de la tête c'était pas cool du tout ! C'était un gentil monsieur de la guilde qui lui avait fait cet exposé, et il avait miraculeusement réussi à en comprendre le sens.
Après un intense moment de réflexion qui dura environ deux minutes, il en conclut... qu'il lui fallait un plan ! Il en fallut une bonne dizaine supplémentaire pour dessiner une ébauche de tactique d'approche, un temps interminable durant lequel le triste militaire se trouvait obligé d'observer un môme au cerveau fulminant. Ce dernier émit subitement un hurlement plaintif et, à la manière d'un chimpanzé, se jeta sur lui papattes en avant. Plus par ses réflexes que grâce à son entraînement, le protecteur du palais réussis cependant à le rejeter d'un violent coup de pied dans l'abdomen avant même qu'il ne l'eut touché.

-Mais ça va pas non ?! Va-t-en d'ici !

Et à sa grande surprise, le gamin s'exécuta en riant et partit en trottinant vers l'entrée du château. Il franchit l'arche monumentale qui en représentait l'entrée et qui menait devant une splendide porte fermée cernée de colonnes de marbre blanc. Trop content d'en être débarrassé, le garde se rendit compte trop tard que ce blondinet agaçant avait prit la mauvaise direction. Il haussa les épaules et s'adressa à sa propre conscience.

-Boarf tant pis, la porte l'arrêtera à ma place.

Il poussa un soupir d'aise, puis ses mains se portèrent presque instinctivement à son côté, pour flatter le doux contact de sa bourse et des pièces d'or rutilantes qu'elle contenait. Son sang se glaça lorsqu'il ne sentit ni l'argent durement gagnée, ni la clé qu'il était censé protéger. Il se retourna brusquement avant de marmonner.

-Sale petit c...

Trop tard !
Nous retrouvons ces précieux objets dans la poche d'un petit roublard plus habile de ses mains que de ses méninges. Il se tenait devant la porte massive qui lui bloquait le passage de toute la complexité de sa serrure. Il farfouilla dans son pantalon et en sortit le sésame qui lui ouvrirait la voie sacrée de la forteresse ! Si le cri de revanche du soldat qui arrivait à toute vitesse avec son partenaire lui chatouilla un peu les tympans, il ne perdit pas une minute pour franchir le seuil et le refermer derrière lui ! Et zou ! Le voilà dans l'enceinte des murs !

Spoiler:

L'entrée dans la forteresse la plus imposante d'Hyrule était un spectacle incroyable aux yeux d'un petit garçon si impressionnable. Après avoir franchit une seconde porte sans serrure à l'utilité plus que discutable, il était enfin nez à nez avec la titanesque tour centrale. C'était un édifice à la mesure de la richesse du royaume, tout en pierre brute et qui s'élevait si haut dans le ciel qu'elle se perdait dans les nuages ! La météo plus que désastreuse qui ombrageait le ciel de toute sa noirceur ne faisait qu'ajouter une dimension épique voire effrayante à la bâtisse. De la construction s'échappaient 6 ponts de granit brut qui connectaient autant de tours au dernier étage. Si cet ajout était plus esthétique au militaire, il évoquait à Adrix un genre de pieuvre ! Un truc qu'il aurait pu préparer en beignets et manger avec du riz. Son ventre gargouillait à cette seule idée. Cette architecture centenaire lui donnait faim, comme tout un tas de choses en fait !
A chacune des trois directions se dressaient trois sculptures de plusieurs mètres de haut représentant le pouvoir sacré, symbolisé divinement par trois triangles dorés. A Termina, ces histoires de déesses étaient moins populaires, mais de ce qu'avait entendu le blondinet, des déesses étaient descendues sur un gros truc tout vide pour créer le pays et pis pouf ça a fait Hyrule ! Et pis Termina aussi, sauf qu'elles ont donné un cadeau qu'à un pays sur deux, donc c'était du favoritisme ! Alors à la place à Bourg Clocher on vénérait les géants plutôt que Din et compagnie.
Autour de ça, verdoyaient des jardins impeccables taillés avec raffinement, ce qui aux yeux du voleur était à peu près aussi utile à la politique du pays qu'un coton tige à une tortue. Mais les gens friqués aimaient bien avoir des arbres en forme de triangles super nets comme sur les dessins.
Dans des recoins traînaient des dizaines de barriques de poudres entassés et de vieilles barricades de bois pourri, reliques oubliées d'une occupation ennemie passée
Les murailles grouillaient d'activité, de soldats trouillards qui tournaient en rond comme des crétins et qui, pour une fois, faisaient leur travail dans l'espoir de voir un beau combat gratuitement dans le cadre du tournoi. Les rares qui lui accordaient une quelconque attention lui jetaient des regards interloqués, et le pointaient du doigt en se bidonnant. Ils le prenaient pour un pauvre mioche perdu qui allait se retrouver au milieu de l'action sans pouvoir rien y faire.

-C'est par où qu'on entre ?

Il n'y avait qu'un seul accès visible : Une super gigagrosse porte capable de laisser passer deux éléphants l'un sur l'autre. Et comme il était physiquement impossible d'ouvrir des battants pareils sans mobiliser cinquante gugus à chaque fois, une plus petite était dessinée dans la grande, de taille normale elle. Le ciboulot de l'ange de la Guilde fonctionna un instant sur la question existentielle qui concernait l'intérêt d'un tel tape-à-l’œil. Il s'en désintéressa rapidement lorsqu'il aperçut une ombre tout en haut de la tour.

L'ennemi était là, profitant du contrejour d'un éclair pour réussir son entrée en scène. Il s'était perché au sommet de la bâtisse juste à gauche du gamin, et faisait ainsi ressortir le côté classe de son personnage. Un peu comme dans les films, mais en plus Zeldanien. Le petit Adrix écarquilla de grands yeux tout ronds à l'approche de ce qu'il devinait comme son adversaire du jour. Pourquoi affrontait-il toujours des gens super-cool trop bien qui avaient des entrées réussies ?! Lui la dernière fois il était tombé dans l'eau comme un benêt, et la fois d'avant il s'était mangé un pilier ! C'était pas juste ! Lui aussi il voulait se la péter !
D'un bond gracieux digne d'un acrobate, l'empereur d'Altiméra, parce que c'était lui forcément son nom est dans le titre, se retrouva sous le nez du blondinet. Ce dernier le jaugea de la tête au pied de son regard fasciné. C'était un grand monsieur avec une drôle de tignasse verte à peu près aussi peu organisée que la sienne, de grands yeux couleur de... de cassis, c'est bon le cassis. Il portait une veste violette décorée de motifs dorés. Un katana ouvragé avec finesse pendait à son côté. C'était le genre d'armes de luxe que seuls les nobles pouvaient se payer, avec des gravures et tout et tout. S'il avait été de nature plus envieuse, Adrix aurait pu être jaloux, même si son bâton n'avait rien à envier à ce sabre oriental. Sa lance avait été réparée par les meilleurs forgerons de la Guilde pour l'occasion, et le bois avait été vernit d'un enduis spécial qui le rendait plus perméable à la magie du vent qu'il insufflait presque inconsciemment. Il en était plutôt fier, à vrai dire, de son joujou coupant. D'ailleurs, il ne l'avait pas sur lui. L'arme était dissimulée dans une ruelle mal famée et reviendrait auprès de son maître quand celui ci en aurait besoin. Les gardes n'auraient pas laissé circuler un mineur avec un outil de mort en pleine place du marché.
Abysson le sortit de sa rêverie en entamant la conversation.

-C'est toi qui participes au combat ?

Sa voix était chaude, calme et digne d'un monarque. Seul accroc à la perfection de sa stature, son haleine empestait l'alcool. Si l'ivresse ne semblait avoir aucune prise sur son attitude, il avait sans doute bu bien plus que ce que la majorité des hyliens pouvaient encaisser sans vomir par terre. Et pour lui ce n'était qu'un petit apéritif pour se détendre avant le match. Le concerné leva la main avec un sourire enthousiaste comme on le lui avait appris à l'école.... école où il n'était jamais allé en fait d'ailleurs. Alors ça devait être le vieux maître qui lui avait enseigné ça.

-Voui m'sieur !

Perplexe, le bretteur se pencha vers le garçon qui devait mesurer au bas mot 1m40. On pouvait compter 1m50 si on prenait la tignasse et les semelles compensées en compte. Bref, c'était pas glorieux, surtout pour un demi-finaliste. Il avait déjà entendu parler d'un gamin qui faisait son trou dans la compétition mais là c'était... trop... trop petit.

-Tu es sûr de toi ?

-Mais voui à la fin !

-Ca va bientôt commencer alors.

Adrix se mit en garde, dans une posture aussi ridicule que non compatible avec sa tête d'ange.

-C'est l'heure du dueeeeeel !

Il sortit de nul part un objet sortit tout droit d'une autre saga, le tout dans un anachronisme total ce qui ne le dérangeait pas le moins du monde.

Spoiler:

... Cette vanne est sur-utilisée non ? Tant pis, faisons dans le classique pour une fois. C'est vrai, il aurait très bien pu sortir une pokeball ou même des toupies Beyblade, mais ca n'aurait pas parlé à grand monde. Par contre, de mon côté, en tant que scénariste, il va me falloir un sacré cachet d'aspirine pour justifier cet accroc à l'histoire.
Il semblait d'ailleurs que le glorieux Aby restait assez tétanisé face à cette entrée de jeu peu commune. Il eut cependant la délicatesse de ne pas interrompre le bambin lorsque celui ci tirait ses cartes avec une détermination farouche.

-Allez, j'ouvre la marche ! Je joue mon arme secrète !

Spoiler:

Il était difficile d'imaginer l'ampleur du moment de solitude que vécu Adrix a ce moment précis de son existence, alors qu'il brandissait avec beaucoup d'ardeur ce morceau de carton inutile qui faisait aussi peur à son adversaire qu'une mouche à Godzilla. Il restait là, impassible, mi-blasé, mi-consterné par la situation.

-... Bref

Au loin résonnèrent les cloches du temple du temps. Ding Dong Ding Dong, un son plaintif et surtout annonciateur du début des hostilités. Les soldats surgirent en masse de leurs postes de garde pour se masser sur les murailles dans l'espoir d'apercevoir le combat. Ils avaient même préparé des banderoles, des instruments et divers matériels pour encourager le champion qu'ils désigneraient au fil du duel.
A peine le dixième coup avait il retenti qu'une main vive comme l'éclair se porta à la poignée de son katana. L'arme blanche jaillit de son fourreau avec une vélocité et une précision diabolique, et la lame découpa net l'effigie de ce pauvre petit Kuriboh innocent. Abysson avait visé la main, Adrix avait eut fort heureusement le réflexe de la bouger avant de se retrouver avec un moignon sanguinolent à la place de sa mimine. Sans montrer la moindre appréhension sur la vitesse d'action du bretteur, Adrix se contenta de regarder sa carte tranchée avec une moue triste. Le mage de foudre tenta une seconde estocade, la pointe de son katana fila vers la tête du môme qui l'évita sans même détourner le regard, d'un simple mouvement de nuque. L'acier froid tranchant l'air siffla à ses oreilles sans plus d'effet que ça.

-Mon Kuriboh...

Et puis soudain une lueur étrange passa dans son regard, comparable à une flamme qui venait de s'allumer. C'était l'esprit de la vengeance qui venait habiter ce petit corps délicat. Ceci n'échappa pas à l'empereur des bourrés qui tendit une main autoritaire vers sa proie. Une dizaine d'éclairs mortels jaillirent des extrémités de ses doigts. Avec une telle décharge en pleine poitrine, le gamin devrait faire un bel arrêt cardiaque et le combat se terminerait là. Mais les réflexes aiguisés du jeune homme lui sauvèrent une fois de plus le postérieur. A défaut d'intelligence et de réflexion, il avait au moins un instinct de survie surdéveloppé qui lui avait évité de mourir jusqu'ici. Il plongea sur le côté dans un bond souple qui évoquait vaguement celui d'un singe des jungles du marais. Abysson se jeta sur lui, toutes lames dehors, et bien décidé à le découper avant qu'il ne dégaine une arme quelconque. Adrix joignit ses doigts à ses lèvres et, toujours en plein saut, émit un puissant sifflement qui résonna un peu partout. Une feinte du maître d'Altiméra manqua de lui coûter un bras, mais il eut le temps de prendre appui sur une main et de se propulser de nouveau dans les airs. A la grande surprise de l'alcoolique, au lieu de redescendre comme l'aurait fait n'importe quel humain normal, l'assassin de poche resta en l'air ! Il était non seulement hors de portée de sabre, mais il faisait là un beau pied de nez à la notion de gravité. Abysson sautilla sur place en tendant le bras, essayant en vain de l'atteindre sans avoir à gaspiller son énergie avec d'autres éclairs. Son visage se teinta du rouge de la colère alors qu'il grognait

-Redescend de là tout de suite sale gamin ! Vilain garçon ! Arrête de défier les lois de la physique !

Pour toute réponse, il eut droit à un tirage de langue digne des meilleurs cartoons. Adrix se trouvait assez embêté en fait. Tant que son arme ne daignait pas de ramener ses fesses, il ne pouvait absolument rien faire avec juste ses petits poings musclés face à un sabre de superbe facture. Agacé, le type bizarre aux cheveux émeraude rassembla en lui l'énergie des éclairs, et son corps devint en une fraction de seconde aussi brillant que mille soleils, brûlant aussi bien les pupilles des gardes spectateurs que celles de tous les animaux environnant. Exploitant la cécité temporaire de son adversaire, il utilisa son art du Thoron pour concentrer toute la puissance du tonnerre en une sphère minuscule, à peine plus grosse qu'une bille qui voleta paisiblement vers l'enfant qui se frottait les yeux avec ardeur en tentant de voler à l'aveuglette vers un abri. Il pensait qu'on allait le bombarder d'éclairs, il n'en fut rien, à son étonnement. Il aurait pu en déduire qu'il y avait un piège, mais ça aurait impliqué l'utilisation d'une logique qu'il n'avait pas.
La sphère minuscule se glissa vicieusement dans un repli de son armure, entre sa veste et le métal. Elle serait utile à son maître bien plus tard. Il aurait ainsi toujours une carte dans sa manche pour la suite du duel... une carte qui pourrait s'avérer mortelle.
Lorsque le blondinet retrouva la vue après quelques secondes d'errance aérienne, il constata que son adversaire n'avait pas bougé. Par contre, il nota aussi qu'il était en train de concentrer une belle quantité d'énergie dans son katana qu'il brandissait en l'air dans une pose stupide. Abysson poussa un hurlement et d'un geste brusque, il enfonça son arme dans le sol jusqu'à la garde. Le temps de quelques battements de cœur, il ne se passa rien. Puis la terre trembla alors que le dallage se fissurait, libérant un flot de courant électrique suffisamment puissant pour transformer un éléphant en un misérable steak trop cuit. Au moment où ce cruel destin aurait du s'abattre sur Adrix, il disparut subitement du champ de vision d'Abysson pour réapparaître quelques centimètres sur la droite, hors de danger. L'altimérien apprécia le déplacement d'un œil d'expert. Les gardes qui y voyaient enfin, eux, poussèrent des "Oléééé!" enthousiastes

*Une vitesse comparable à la mienne ?*

Il remarqua cependant une différence. Le masque qui jusqu’à maintenant était juste sur la tête de l'enfant était maintenant rabattu sur son visage. Les yeux rouges peints sur cette face de renard avaient quelque chose de malsain, l'ensemble donnait au petit garçon une allure relativement inquiétante pour sa taille. Plus inquiétant, ce machin semblait imprégné d'une puissante magie à la nature assez douteuse.

Spoiler:

Se pouvait-il qu'un enfant soit en possession d'un artefact maudit ? Il brandit son épée de nouveau, alors que le garçonnet tentait en couinant d'éteindre une mèche de cheveux qui s'était enflammée en frôlant l'éclair.

*Voyons voir s'il peut en éviter plusieurs !*

Il s'apprêtait à abattre son fidèle Ryurai lorsqu'il perçut une vibration dans son dos, comparable à une flèche qui aurait pris pour cible sa colonne vertébrale. Il abandonna son attaque et plongea juste à temps pour éviter que le bâton volant d'Adrix ne lui transperce purement et simplement le dos et ne reçut qu'une coupure inoffensive à l'épaule. L'arme enchantée virevolta dans les airs avant d'atterrir ni vu ni connu dans les mains de son maître qui l'attrapa au vol avec enthousiasme. Naturellement, la magie qui circulait dans ses veines commença à s'écouler de nouveau dans le bois. C'est ainsi qu'au fil du temps, l'objet et le propriétaire avaient tissé un genre de lien invisible, qui donnait à l'outil de mort une quasi-conscience, lui permettant de toujours revenir vers celui à qui il obéissait. C'était en bref comme un animal de compagnie, en moins bavard, et qui ne renvoie pas la baballe. C'est aussi pourquoi c'était là le principal vecteur de tous les sortilèges de combat de l'ombre de l'Empereur junior.
Ce dernier profita d'ailleurs qu'Abysson soit encore à terre pour enfin contre-attaquer. Ne rien faire d'autre qu'esquiver depuis le début du post commençait sérieusement à le fatiguer : lui aussi méritait sa dose d'action non ?! Il descendit en piqué vers sa proie, à la manière d'un rapace, prêt à asséner un coup d'une force impressionnante au bretteur étendu dans la poussière comme... comme un empereur étendu dans la poussière. L'alcoolique brandit son sabre au dessus de sa tête juste à temps, parant l'estocade dans un magnifique son métallique. Il était bien plus costaud que son opposant, et il profita de cet avantage pour déséquilibrer Adrix et se relever dans la foulée. Il resserra la prise sur son pommeau et chargea comme un fou, impatient d'en découdre.
Le chant des lames débuta alors dans des projections d'étincelles bleutées. C'était une mélodie entraînante et étrangement fascinante. C'était comme si les deux armes se répondaient, chacune invitant l'autre à l'affrontement. Tout s'accélérait petit à petit alors que les lutteurs rivalisaient d'habilité. Un des soldat adossé sur la muraille commenta sur un ton approbateur

-C'est fantastique...

-Hum ?

-Ils combattent tous les deux avec une férocité exemplaire et pourtant a y bien regarder... on dirait qu'ils dansent.

-M'en fiche, j'suis un personnage secondaire...

En effet leur ballet mortel avait quelque chose de presque hypnotisant. Ils s'étaient hélas enfermés dans une spirale de corps à corps très contraignante. Aucun des deux lutteurs ne pouvait s'éloigner suffisamment pour lancer un sort sans risquer d'encaisser un coup. Mais si ce duel se cantonnait à une guerre d'épuisement, ils allaient tous deux perdre la partie. L'un avait l'endurance pendant que l'autre avait la fougue propre à son jeune âge.
L'échange de coups devenait presque routinier quand le blondinet remarqua enfin un détail qui lui avait échappé jusqu'à maintenant. Lors d'une prise où son nez frôla la ceinture du roi d'Altiméra, un doux fumet vint chatouiller ses narines délicates. Un parfum qui jusqu'ici avait été caché par l'haleine de vieux picoleur de sa majesté. Son esprit s'embrasa alors qu'il abandonnait toute logique, et il fonça tout bêtement dans le tas. Il prit appui sur ses jambes et bondit comme un félin qui a aperçu un poisson.
L'empereur, perturbé par ce brusque changement d'attitude, n'en saisit pas moins l'occasion de porter un coup plus qu'handicapant. La distance était trop faible pour son sabre, mais il lui restait sa main libre. Il frappa de deux de ses doigts et avec une précision mortelle plusieurs points choisis avec soin, envoyant de minuscules impulsions électriques dans le système nerveux d'Adrix. Il avait réussi à toucher le bras gauche, qui devint aussi inerte que celui d'un cadavre. S'il ressenti de la douleur, le môme n'en laissa rien paraître, trop content d'avoir atteint son objectif. Il avait en effet atterri quelques mètres derrière son ennemi et tenait dans sa main une petite sacoche d'où s'échappait un bruit de verre. Lorsque le propriétaire du dit sac se retourna, il constata avec effroi que cette saleté masqué venait de lui piquer son bien le plus précieux

-Rend moi ça tout de suite !

Le blond ne prêta pas attention une seule seconde aux remontrances. Car de son bras encore valide, il ressortit fièrement un des nombreux fruits de son butin : une bouteille remplie d'un liquide blanchâtre. Une étiquette indiquait qu'il s'agissait de "Lait Magique". Ce nectar divin avait des propriétés curatives stupéfiantes, en plus de donner au consommateur une énergie inépuisable pour plusieurs heures ! Résultat garanti, satisfait ou remboursé. La compagnie laitière n'assure en rien ses chers clients en cas d'effets secondaires indésirables dû à une mauvaise acclimatation à l'alcool ou à une origine douteuse de ses produits.

Le sorcier aux éclairs fulminait : Comment un môme osait-il lui voler sa réserve d'alcool personnelle ?! Il allait lui asséner le châtiment divin ! Que les dieux de la vengeance fassent leurs offices et que la bibine dérobée soit vengée dans le sang du coupable ! Que son cadavre fumant soit offert en sacrifice au tonnerre ! Les déités étaient de son côté, les déesses l'avaient désigné comme vainqueur : la météo en était la preuve !... Bon en fait c'était surtout une histoire de climat car toute entité divine qui se respecte doit se moquer éperdument du nom de celui qui montera sur le podium, fut-il empereur ou môme insolant.
De sa puissance écrasante, le guerrier aux cheveux verdâtres invoqua deux éclairs dont le rugissement et l'éclat séparèrent le ciel en deux. A la même fraction de seconde, l'innocent bambin, masque relevé, portait le précieux liquide à ses lèvres et sentait son contact chaud et lacté s'écouler le long de sa gorge, il était prit d'un soudain bien être, les propriétés magiques se déversant dans tout son organisme.
Le Jovis Dies rencontra sa proie, la boisson rencontra le cerveau.

Et ce fut un grand n'importe quoi.

Le dallage déjà sérieusement endommagé du petit sentier du jardin vola en éclat dans une explosion si intense que même celui qui en était la cause dut se protéger les yeux pour ne pas être stupidement aveuglé par son propre sort. Un nuage de poussière boucha la vue à des spectateurs déçus, du moins ceux pour qui l'instinct de survie n'avait pas parlé le premier et qui s’étaient donc réfugiés bien au chaud dans leur caserne plutôt qu'à proximité d'un affrontement de déments sur-vitaminés. Ceux qui étaient encore là décidèrent d'ailleurs qu'il était temps de rentrer avant d'y passer pour rien.
Lorsque les particules de terre retombèrent au sol, Abysson pu voir avec consternation qu'une silhouette noire trônait encore au milieu de la destruction qu'il avait semé. Assise en tailleur, la forme obscure semblait enchaîner les débits de boisson à un rythme frisant l'exagération scénaristique. Plus désagréable encore, il tenait une bouteille d'une main, et le sac de l'autre, ce qui signifiait que son fournisseur de produits laitiers n'exagérait pas les mérites de sa production, une bonne chose d'un certain sens. Mais comment diable avait-il échappé au carnage ?! L'herbe tout autour de lui était carbonisée, et lui semblait frais comme un lardon !
La réponse lui apparut comme une claque en pleine figure. L'arme du morveux était plantée dans le sol juste à côté de lui et avait fait office de paratonnerre, détournant l'attaque vers le plancher des vaches. Adrix avait prit soin de détacher son postérieur de quelques centimètres du sol, plus motivé par le manque de confort que par le danger imminent. A vrai dire, il n'avait même rien vu venir.
Pas déstabilisé pour un sous, et presque habitué à ces retournements de situation à répétition, l'alcoolique ne laissa pas son adversaire respirer. Puisque le petit ne daignait pas se battre et préférait boire un coup, tant pis, il le lui ferait payer à sa façon ! La plupart de ses sortilèges seraient inutiles s'ils étaient seulement détournés par le morceau de ferraille planté dans la terre... Il n'allait pas gaspiller bêtement sa mana. Ses méninges tournaient à toute allure, un sceau de magie commença lentement à se former devant lui alors qu'un stock d'énergie pure se rassemblait en son centre, quand le gamin se releva subitement après avoir essuyé ses lèvres d'un revers de poing. Son teint avait gagné des couleurs, et il semblait éprouver des difficultés à se tenir droit. D'un mouvement si fluide qu'il en paraissait maladroit, il se saisit de son bâton de combat et donna un coup dans le vide en direction de son ennemi.
Les lames fixées au bout de la lance vomirent une vague d'énergie taille-tronche née d'une découpure dans les vents eux mêmes.
Trop tard, l'attaque était prête ! Les puissances de l'enchantement se déversèrent comme un raz de marée d'électricité. Les deux techniques allaient se confronter dans un duel qui risquait de faire des dégâts collatéraux... Il n'en fut rien. L'attaque d'Adrix heurta celle d'Abysson sans rencontrer la moindre résistance. Sans air pour la conduire, la foudre ne servait plus à rien. Chacun des deux sorts continuait ainsi son petit bonhomme de chemin sans se préoccuper de l'autre. Vu de l'extérieur, la faucille du blondinet ressemblait à un couteau qui se frayait un passage dans une motte de beurre géante.
Le Seigneur des Tonneaux encaissa le coup de plein fouet. Sa propre électricité l'avait empêché de percevoir le problème à distance tant la mana adverse était noyée par la sienne. Il fut propulsé vers un arbre que son dos heurta au grand dam des côtes, qui prirent cher. Son armure l'avait empêché d'être coupé en rondelle, mais une faille épaisse comme le fil d'une épée parcourait sa surface autrefois immaculée. Il se réceptionna sur le sol douloureusement, une main sur l'abdomen. Il aurait au moins la consolation de voir ce petit enfoiré rôti sur place.
Et bien non ! Parce que si l'histoire se termine ici je suis viré ! Et ouais vous croyez quoi ?! Adrix était toujours au même endroit, bien que dans une posture assez inhabituelle. Presque à l'horizontale, il n'était maintenu en équilibre que par ses jambes voûtées en angle droit.
Un ralenti s'impose. Revoyons plus lentement ce qui a bien pu se passer du côté du garçon... Flashback et compagnie...

Spoiler:

Il avait prit appui sur ses mains, pour ne pas basculer en arrière, son corps formait ainsi une courbe parfaite. C'était plutôt bien joué jugea l'empereur ! Un détail clochait cependant : Adrix affichait une mine d'abruti pire que d'ordinaire ! Son nez s'était empourpré derrière son masque, et ses oreilles étaient devenues pivoines... Pas difficile de deviner qu'il ne tenait pas l'alcool. Il souffrait de ce mal incurable qu'on appelle l'ivresse et à partir de là, le moindre de ses gestes serait totalement imprévisible.

*Et en plus je ne peux pas en faire autant, c'est lui qu'à tout bu !*

L'enfant se releva d'un bond mal assuré, et sans crier garde enchaîna une bonne dizaine de ses attaques qu'il venait d'exécuter. Son bâton tournoyait autour de lui gracieusement comme l'aurait fait celui d'une majorette masculine bourrée et chaque rotation offrait son lot de magie destructrice. Les faucilles magiques volèrent vers Abysson qui fit une démonstration de ses propres talents d'esquive en échappant avec grâce à chacun des assauts de son adversaire, tantôt d'un bond, tantôt d'une roulade, il avançait à toute vitesse vers le combattant de poche sans se soucier de tout ce qui s'effondrait autour de lui. L'arbre contre lequel il avait été projeté quelques minutes avant venait d'être abattu, et il s'était écroulé de toute sa masse sur un mur de pierre, entraînant plusieurs rocs gros comme un chien dans sa chute, rapidement rejoints par les autres conifères du secteur dont le sort ne fut pas plus enviable. Il allait mettre son plan à exécution, mais pour ça il avait besoin d'une arme digne de ce nom.
Sans ralentir sa course, il porta une main à son épaule blessée plus tôt dans l'affrontement. Ses doigts rencontrèrent le contact chaud de son propre sang et il grimaça de douleur à ce contact. Il surmonta son dégoût et recouvrit sa main de cette hémoglobine tant appréciée des vampires. Il l'étala d'un geste sur la lame de son katana qui devint brusquement une lance majestueuse en forme de dragon. L'Eclair Foudroyant passait enfin aux choses sérieuses.
Adrix le vit arriver et esquissa un sourire niais. En équilibre relatif sur une jambe, il resserra sa prise sur son arme et concentra l'énergie pour un gros BIGBOUM chargé. La puissance de son coup serait décuplée par sa mana, ce qui devrait provoquer autant de dégâts que la charge d'un bon gros taureau de chez lui. Il asséna son coup avec toute la puissance à sa disposition.
Mais la vitesse de l'altimérien était accrue maintenant qu'il avait en main une arme qui lui convenait parfaitement. Il dévia l'impact du plat de sa lame, et la force de la prise s'écrasa inutilement sur le sol qui se creusa d'un cratère miniature. L'empereur exploita la faille ainsi créée, et asséna un coup de poing d'une rare violence en plein dans l'estomac. Il avait doublé l'uppercut de son pouvoir magnétique, si bien que l'armure en métal du jeune homme se vit repousser violemment le plus loin possible, dans une autre partie du jardin où trônait un genre de plate forme évoquant vaguement un ring. A peine Adrix atterrit il là dessus que quatre parchemins s'illuminèrent aux différents coins de l'estrade, et une cage constituée de mana électrifiée emprisonna le petit oiseau à moitié assommé qu'était l'assassin junior. Le roi de la fête apparut alors, affichant un sourire narquois malgré toutes les blessures dont il souffrait. Il venait de porter un coup décisif pour la suite du match : enfermer son ennemi était l'équivalent d'un échec et mat. Il avait bien fait d'appliquer ce piège avant le match. Les préparatifs servent toujours.

-Déclare forfait, ou je resserre la cage!

Le mioche, qui ne comprenait pas, lui lança un regard mi vide mi dubitatif. Son cerveau embrumé par l'alcool ne tenait pas la route. D'ailleurs, il devait lui rester une bouteille tiens ! Sans même prêter attention à Abysson qui resserrait le poing au même rythme que le volume vivable de la cage diminuait, il farfouilla dans la sacoche. Il allait bientôt finir en barbecue, mais il n'en avait cure visiblement. Il lu l'inscription "Saké" sur la bouteille, décida qu'il ne savait pas ce que ça voulait dire et s'enfila le tout d'une seule gorgée !
Erreur fatale.
A peine la liqueur atteignit elle le fond du gosier que son corps subissait d'atroces mutations. Il fut prit de convulsions et de spasmes si violents que l'altimérien stoppa son geste un instant. Cela ne dura pas plus de quelques secondes, car déjà la créature qu'était devenu Adrix apparaissait

*S'il se transforme en monstre, je l'aurais avant !*

La prison piège se resserra d'un coup. Mais au moment où ses barreaux mortels allaient frapper l'insouciant bambin, celui ci disparut dans un petit "pouf".
Ce qui réapparut juste à côté du seigneur des tonnerres n'avait rien d'humain, enfin, rien à faire dans un tournoi !

Spoiler:

C'était une espèce de fée de sexe masculin, sauf qu'elle était de taille humaine et qu'elle était complètement nue. Elle avait gardé les cheveux de la couleur des blés et l'air jovial du petit garçon, mais la comparaison s'arrêtait là ; le môme n'avait ni ailes ni longues oreilles ! Plus inquiétant, ce truc venait purement et simplement de se téléporter ! La dématérialisation était pourtant une arcane de très haut niveau que seuls quelques experts du domaine avaient réussi à maîtriser. Qu'un gosse puisse en user c'était du... du ... du zelda ?
Trêve de plaisanteries ! Ce truc restait un ennemi ! Abysson le visa de sa lance et tenta une estocade vers son cœur. Le nouveau Adrix disparut pour réapparaître dans son dos comme si de rien n'était, avec un grand sourire plein d'innocence et de joie de vivre.

-On va jouer à cache cache tous les deux !

Et alors que l'interpelé se retournait, l'elfe déposa un doigt, un seul petit doigt sur le front de l'altimérien, qui fut envoyé valdinguer quelques mètres plus loin. A moitié dans les vapes, il grogna :

-Tu.. tu es quoi ? Tu n'es pas le môme de tout à l'heure !

-Mais si voyons, quelle question absurde !

Le ton s'était fait moqueur vers la fin de la phrase. Cette chose se foutait de lui ! Pire encore, c'était à première vue un être profondément lié à la magie comme l'étaient toutes les fées. Le monde des arcanes était ancré dans la moindre cellule de son corps, ce qui rendait ses sortilèges absolument délirants. Puiser l'énergie dans l'air qui l'entourait lui devenait aussi facile que de respirer, et la force physique perdue dans le processus était misérable en comparaison.
Le blondinet claqua des doigts, et le bâton toujours dans la cage vola vers sa main. Il fit un clin d'œil à l'empereur dont les côtes étaient décidément mises à mal

- Attrape-moi si tu peux !

Et dans un petit rire aigu, presque glauque, il disparut.

Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles Abysson se contenta d'errer en vain dans le palais et ses jardins. Il profitait de ce répit inespéré pour reconstituer ses forces déjà bien entamées et laisser ses plaies cicatriser sous l'effet des plantes médicinales qu'il y avait appliqué. Ce sale emmerdeur avait du se terrer dans un recoin d'une salle où il aurait éventuellement tendu un piège. Cette nouvelle apparence ne lui inspirait rien de bon. Si l'artefact était bien maudit comme il le pensait, l'esprit qui cohabitait dans le corps du garçon était de nature maléfique. Il ne payait pas de mine c'est sûr, mais c'était sans doute une ruse. Les démons passés aimaient bien ce genre de jeu, et celui là avait l'air d'un farceur. Son altesse se devait d'éliminer le morveux avant que le monstre qu'il abritait ne devienne une menace pour le reste de l'humanité. Il allait s'en charger avec zèle ! Il lui restait plus d'un joker.
Il marchait devant la porte principale lorsqu'il entendit un bruit sourd au dessus de sa tête. Il leva le regard juste à temps pour voir une énorme cloche de lui tomber sur la tête ! L'objet de la cathédrale avait été décroché du sommet du château et envoyé d'un coup de vent en plein sur sa figure.
Le petit diablotin blond apparut juste à côté et enchaîna les coups de bâton sur le métal de l'instrument géant : le vacarme à l'intérieur devint assourdissant. C'est un empereur à moitié sourd qui la fit éclater de l'intérieur d'un éclair gargantuesque. Parce qu'en plus cette saleté était reliée à la terre donc forcément il avait du déployer une quantité stupide d'énergie.
Le sale mioche n'était plus là, mais il laissait des traces évidentes de son passage sous forme de poussière de fée, genre de résidus de poudre brillante.
Le noble implosa

-J'en ai maaaaaaarre ! KAÏ ! J'ai dit KAÏ ! Tu vas KAÏER oui ?!

La petite sphère d'énergie qu'il avait dissimulée auprès d'Adrix au début de leur duel explosa à ce simple mot. Quand il s'était transformé, le petit projectile s'était dissimulé dans ses cheveux ébouriffés et n'avait plus bougé d'un poil depuis.
La détonation retentit dans tout le château, et Abysson la localisa à l'intérieur d'une des tours qui cernait le palais.

-Tu es à moi !

Il activa l'une de ses plus puissantes techniques. Un flux électrique parcourut son corps, coula dans ses veines et traversa le moindre de ses muscles, lui donnant la vitesse de l'orage. C'était là l'un de ses arts les plus secrets, mais aussi l'un des plus dangereux. Car s'il devenait l'homme le plus rapide que cette terre puisse espérer, son énergie se consommait petit à petit comme le ferait la flamme d'une bougie. Lui même n'avait alors plus la capacité d'inverser le processus. C'était la victoire ou le K-O, aucune alternative possible.
Trop rapide pour l'œil humain, il ne laissa qu'une empreinte dans la boue lorsqu'il parcourut tous les jardins en un battement de cœur pour arriver là où son adversaire l'attendait, assis sur une caisse, mais en piteuse état. Il venait de se prendre une détonation dans la figure, alors forcément, ça tanne ! Ses mèches étaient carbonisées, son visage noircit par la déflagration et dégoulinant de sang. Il regarda Abysson comme si sa présence ici était tout à fait normale. Il ne semblait pas prendre peur devant la lance qui le menaçait ni devant l'énergie faramineuse que son adversaire possédait.

-C'était vilain, très vilain.

Sa voix était glacée, aussi douce qu'un coup de fouet.

-Et les vilains doivent payer.

Il essuya d'un doigt le sang qui lui bouchait la vue et fit mine de se lever. Le nouveau Flash n'était déjà plus là, il était dans son dos et s'apprêtait à le transpercer comme une vulgaire saucisse un soir de camping. Le farfadet disparut à son tour pour réapparaitre dans le dos, mais Abysson le prit de vitesse et se glissa sur son flanc, prêt à frapper.
Le combat qui s'en suivit pourrait rester dans les annales du championnat comme étant le seul de toute la compétition à ne pas être visible par un œil humain. Là où Adrix maîtrisait le déplacement instantané, Abysson était tellement rapide que la différence était presque nulle. Chacun anticipait avec brio les mouvements de l'autre que ce soit par les vibrations de l'air ou les déplacements électromagnétiques. De temps à autres, le bruit des armes qui croisent le fer venait confirmer qu'il y avait bel et bien un échange de coup. La tour, presque creuse sur toute sa hauteur, faisait raisonner ces quelques sons qui l'emplissaient ainsi comme dans une cathédrale, élevant la lutte au rang de concerto pour bretteur nostalgique. Ils évoluaient même dans les airs, trop rapides pour que la gravité ait une prise quelconque sur eux, et puis le gosse avait des ailes.
Si des coups techniquement fabuleux furent sans doute exécutés, en tant que simple conteur, je peux difficilement vous le dire. Ce n'est hélas pas précisé dans le script.
Un énième coup et chacun des deux protagonistes se retrouva dans un coin de la pièce circulaire, me demandez pas comment elle peut avoir des coins celle là.

-Il est temps d'en finir !

-Bien d'accord !

Adrix lança son bâton comme il l'aurait fait avec un boomerang. L'arme tournoya dans les airs et... manqua Abysson de deux bons mètres pour venir heurter un amas de caisse posées juste à côté de l'unique porte.

-Tu es devenu stupide ?

-Mouais…

Les barriques dissimulées au milieu des boîtes explosèrent, provoquant l'effondrement de la sortie. Le même processus, activé par un mécanisme complexe qui consistait en une réaction en chaîne de base, se répéta à toutes les fenêtres, plongeant l'édifice dans le noir le plus complet. Le tout était franchement instable. L'empereur ricana.

-Tu comptes m'aveugler ? C'est ça le piège que tu avais préparé ?

-Mais non voyons !

Puisque c'était le moment de discuter un peu, autant en profiter.

-C'est bien plus drôle que ça !... Moi je peux encore sortir et toi ? =D

-Sale petit…

Pouf trop tard, il venait de se dématérialiser. Malgré sa vitesse fulgurante, Abysson ne pouvait passer à travers les murs, et de nombreuses rocailles branlantes lui bouchaient la voie. Tant pis, il allait faire voler le tout en éclat. Il rassembla son énergie et...

Pendant ce temps, à l'extérieur de la tour, un farfadet facétieux à la face carbonisée, apparaissait avec joie devant une pile de tonneaux explosifs empilés avec soin par ses petites mimines tantôt. Il les avait répartit tout le long de la base du bâtiment, en une jolie ceinture qui fait BOUM.
Il ramassa une des torches suspendue au mur un peu plus loin, et la jeta nonchalamment dans le tas. Il y eut un bruit assourdissant, une déflagration monstrueuse dont la vision rappelait l'enfer à quiconque la voyait, et la tour dans laquelle se trouvait l'empereur s'effondra sur elle même dans un bruit de tonnerre, emportant son locataire du jour, et accessoirement 3 rats, 2 cafard et 72 araignées, dans les tréfonds de l'enfer.
Leur assassin, sans même vérifier l'état de ses victimes, de toute façon ensevelies sous une pile de rocailles, était déjà partit en sautillant. Il avait quelques bars à éplucher pour fêter ça, après tout, il avait déjà eut droit au feu d'artifice.

-La lalala lala la !

Le soleil se couchait au-delà des forts remparts de la citadelle d’Hyrule, devenue immaculée en ce doux climat hivernal, tandis qu’Abysson franchissait les impressionnantes portes massives qui menaient à la cours, ces dernières volontairement laissées entrouvertes. La cours était à l’image de la citée : recouverte d’un épais duvet d’ivoire. Même le château, aux hautes tourelles, était nappé de ce charme de pureté et restait indéfectible face à la bise mordante qui soufflait. L’Altimérien continua sa route, traversant le jardin. Ci et là, quelque pavés de neige glissaient des tuileries puis choyaient sur les allées dallées en un bruit étouffé, succombant aux caresses de l’astre incandescent qui s’estompait après sa course effrénée. Enfin, après avoir joué les équilibristes sur une plaque de givre, Abysson atteignit finalement l’entrée principale de la demeure royale. Intrigué par la porte en teck, il passa un doigt grelotant le long des fins lignages qui ornait l’œuvre en question puis l’ouvrit en douceur. Les gonds grincèrent. Une fois faufilé à l’intérieur du bâtiment, il se hâta de clore l’ouverture boisée afin d’échapper au froid. Le vent du sud rafraichissait tant l’air que la moindre bourrasque suffisait à refroidir ses ardeurs. Il se réchauffa en trottinant légèrement et dégaina son sabre, il ne pu cependant s’empêcher de grimacer en sentant à quel point la garde métallique de Ryurai était frigide. Mais l’heure n’était pas à la détente : il était parvenu en demi-finale et il devait rester sur ses gardes.
Le château était silencieux, déserté par tous ses sujets, ceux-ci ayant bénéficié d’un congé de la part de la princesse. Faisant partit du comité d’organisation du tournois, Abysson savait à quel point ce terrain de jeu avait nécessité de "pots de vin" et il comptait bien en profiter ! Il déambula dans la salle en l'examinant de manière sommaire : des lustres grotesques reflétant l'égo des propriétaires pendouillaient au plafond, les murs étaient quand à eux tapissés d'un sobre papier peint aux fins lignages soutenu par la présence de quelques chandeliers, toutes ces lumières se reflétaient finalement sur le sol marbré du hall. Un peu trop chic aux goûts de l'humble ivrogne. Ce dernier traversait la salle, sur le qui-vive, en direction d'une porte ouverte qu'il avait aperçu, preuve du passage de son adversaire. Son adversaire… Cet énigmatique personnage… Les échos qui lui parvenaient étaient toujours semblables : tous décrivaient un lutin ignoble, qui jouait hideusement avec ses proies en les soumettant à ses vices perfides ! Soudain, un bruit l'extirpa de ses songes. Du verre venait de se briser, probablement en tombant, dans la pièce dont il s'approchait ! Plus de doute, le combat allait pouvoir débuter. Sa stratégie était simpliste : le tuer le plus vite possible, sans lui laisser la moindre opportunité de remarquer sa présence.
L'empereur était arrivé à la porte simple, puis, se tapissant derrière l'encadrement de l'ouverture, il jeta un œil furtif dans les pièces concernées. L'orbite écarquillé, il détacha son regard : cette engeance, ce monstre, cet être maléfique, avait la carrure d'un enfant ! Plus étrange encore : il pillait des cruches en terre cuite marquées de l'emblème "Cuvée Romani" dans ce qui semblait être les cuisines, sans même paraître inquiet de l'avènement d'une rixe inéluctable ! Abysson se ressaisit. Il devait en finir, ici et maintenant, sans laisser berner par la nature de sa proie.

Il activa sa technique de haute vitesse, Inazuma no Shin'zui, désormais le temps lui serait compter, mais il se devait de commencer se combat à son plein potentiel pour subir le moins de dommage possible en vue de la finale. C'est ainsi que, avec une vitesse rivalisant avec la foudre, il apparu dans le dos de son adversaire ! Le dragonnier brandit sa lame, vise la nuque et l'abat sans une once de pitié ! Quand alors…

"Impossible !"

Stupeur ! Son arme venait d'emboutir une urne de lait, renversant le liquide blanchâtre tandis que les fragments du contenant se dispersaient à tout va. Disparu ! Son adversaire venait de disparaître sous ses yeux !

- C'est pas très fair-play de vouloir me surprendre !

Derrière lui ! Cette voix venait de derrière lui ! Agile comme les feux célestes, l'Altimérien se replia de manière à faire face à son adversaire, tout en laissant une distance respectable entre ce dernier et lui-même. Abysson en profita pour jauger du regard son adversaire. Ce n'était qu'un vulgaire gamin au visage caché par un étrange masque, seule une touffe de cheveux blonds coiffés en épis dépassait, ses habits étaient léger et ne semblaient pas concorder avec l'arme imposante qu'il transportait dans son dos : un bâton de bois agrémenté de deux lames en croissant de lune disposées à chaque extrémités. Méfiance étant mère de sureté, le dragonnier ne préféra pas se baser sur cet examen physique, après tout, il venait d'exécuter une sorte de téléportations, sous ses yeux.

- Grande sœur m'a dit de venir ici et de jouer avec le premier homme qui viendra à moi, est-ce toi ?

L'ivrogne ne rétorqua pas : depuis l'activation de sa technique précédente, son temps lui était compté, il devait en finir dans les plus bref délai, hélas il n'avait pas prévu que son adversaire jouisse également d'une tactique similaire, le combat commençait donc mal.
Sans plus tarder, l'empereur enchaîna : il envoya, de son index, un éclair magique sur le jeune individu et, comme il s'y attendait, celui-ci se volatilisa une fois de plus. Abysson continua son assaut : aussitôt que son adversaire réapparaissait, il l'assaillait, mais l'enfant mystérieux perpétuait encore et encore, sans relâche, la même stratégie de déplacement miraculeux, comme si cela ne le fatiguait pas. Quand soudain, après avoir bondit sur une table pour tenter une entaille en contre-haut, sa vue fut masquée et un poids lui pesa sur les épaules.

- Chat !

Le galopin était réapparu sur lui, lui obstruant le regard de ses mains ! Le cœur de l'alcoolique rata un battement. Il fit tournoyer sa lame de manière anarchique dans l'espoir de déloger son assaillant qui riait fébrilement et qui finit, afin d'esquiver le tranchant de Ryurai, par disparaître intégralement des cuisines, laissant pour seul trace son rire espiègle résonner dans une pièce adjacente.
Ce chenapan possédait un pouvoir terrifiant, sa capacité de déplacement paraissait illimitée ! Il parvenait même à rivaliser avec sa vitesse, ce qui n'était jamais arrivé auparavant. Le dragonnier jura : il sentait son énergie le quitter, certes lentement, mais surement. Sans plus attendre, il traverse la cuisine, emporte une arme contondante au passage et enfonce la porte située au fond de la cuisine avant de pénétrer dans la nouvelle pièce : la salle à manger. Celle-ci était si grande que ses murs de molasse pouvaient soutenir les titanesques portraits de toute la lignée royale, le sol était dallé d'un somptueux granit rosé poli qui reflétait à merveille la vertigineuse table à convives qui s'étendait sur toutes les pièces. Seuls les carreaux ternis brisaient le charme féerique de ce lieu, filtrant la lumière couchante qui éclairait délicatement la majestueuse arcade voutée. Son opposant était là, debout sur la table à manger parsemée de chandelles, mais quelque chose avait changé : il avait ôté son déguisement facial, laissant ainsi paraître les douces courbes d'un visage angélique, mais ô combien trompeur…

- Tu veux jouer à un autre jeu ? On pourrait s'amuser à mon jeu ! Le Câlin d'Adrix ! Proposa le petit blondinet.

Le "Câlin d'Adrix" ? Y avait-il un lien entre ce jeu et le nom de ce môme ? À y réfléchir, peu lui importait. Le mage de foudre passa à l'attaque. Il arriva tel un éclair à la hauteur d'Adrix et abaissa son épée de toutes ses forces sur sa cible qui, à sa grande surprise, para l'attaque avec la partie boisée de son arme au lieu d'esquiver comme précédemment. Choqué, Abysson profita de cette aubaine et se déplaça vivement dans le dos du jeune guerrier pour tenter une nouvelle entaille, mais il n'eut aucune téléportation, le prétendu Adrix se contenta d'échapper à l'attaque sournoise en se baissant, faisant ainsi preuve de réflexes prodigieux. Hélas pour ce dernier, l'Altimérien tenait toujours dans sa main gauche l'accessoire qu'il avait emporté lors de son passage dans les cuisines : une casserole. Or, suite à son assaut infructueux, il se contenta simplement d'abattre lourdement l'arme contondante sur la tête, gracieusement prédisposée, de ce chenapan ! C'est alors que le miracle se produisit ! L'instrument métallique émit un terrible "POC" suivit d'un rugissement grave, ce cri réjouit le dragonnier qui s'empressa de réitérer son action ! Cependant son adversaire se volatilisa, comme par magie, pour refaire son apparition à l'extrémité de la table, portant à nouveau son masque aux traits astucieux. Cet artefact aurait-il un lien avec son hyper-vitesse ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir qu'Adrix prit la parole, se frottant son crâne endoloris :

- Aieuh… Tu aurais dû m'avertir que tu voulais jouer à ce jeu là !

Celui-ci brandit son arme et la jeta en direction du combattant aux cheveux émeraude, le bâton tournoyant sur lui-même et fauchant toute les bougies sur son chemin. Abysson se débarrassa de la casserole estampillée "Lulu, reine des fourneaux" et esquiva en disparaissant à sa manière : en un trait de lumière à vitesse vertigineuse. Il réapparu à quelque mettre derrière le gamin, devant la table monstrueuse et, d'un coup de balayage, détruisit les supports du meuble qui bascula brutalement. Ce faisant, Adrix perdit l'équilibre et tomba à la renverse, laissant une ouverture béante dans sa garde. L'empereur en profita, il se déplaça à hauteur de son adversaire et prit la décision de le décapiter, toutefois, trop concentré sur son opposant, le bretteur n'avait pas aperçut l'arme rotative arriver dans son angle mort. Ainsi, l'arme lui entailla sévèrement le bras gauche, lui sectionnant quelques muscles, avant de retourner miraculeusement dans les mains de son propriétaire, affalé devant lui. Le blessé reteint sa douleur avec peine et reprit son attaque, cependant le sursit créer par l'entaille avait suffit au gamin pour se téléporter à nouveau.

"Cette enflure est plein de ressource… Cette arme est également enchantée" Pensa l'Altimérien.

Adrix ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits, il était apparu au dessus de lui et tombait, son arme la première. L'alcoolique disparu à son tour et laissa l'enfant malicieux briser le reste de la table en un magnifique panache de poussière avec son coup plongé et se positionna à l'extrémité de la salle, à coté d'une vielle cheminée au cachet indéniable. Pressé, Abysson passa la lame de son katana le long de la plaie ensanglantée, serrant les dents au passage, et libéra la puissance de son épée : Ten'tai Ryurai. Cette dernière se mit à luire et changea brusquement de structure afin de devenir une lance magnifiquement ouvragée dont la pointe mimait à la perfection le crâne d'un dragon. L'heure était grave, son bras gauche bougeait difficilement et certain mouvement lui était impossible, il n'avait plus le choix, il devait user de toute ses ressources.

Le nabot, qui était au cœur des décombres de la desserte, prit une nouvelle fois l'initiative en envoyant sur le lancier une série de lames venteuses. Le stratège n'eut aucune peine à esquiver ces vagues successives rectilignes et se mut jusqu'au flan de l'enfant blond dans l'espoir de lui porter un coup d'estoc et, comme à l'accoutumé, il disparu. Abysson enchaîna ces attaques une poignée de fois, toutes perdantes, avant de tirer son épingle du jeu. Après l'échec d'une nouvelle percée, le magicien de foudre se hâta de localiser le point de matérialisation d'Adrix et dégoupilla la chaîne incrustée à l'extrémité de son épieu. Puis, il envoya avec vigueur cette arme secrète toujours liée au tronc principal de la lance sur son ennemi qui, à peine reformé, fut saisit par la vitesse et l'effet de surprise généré. Le lien métallique tournoya autour du mystérieux personnage masqué, le ligotant fermement, avant que le petit fer-de-lance n'écorche légèrement sa chair pour saisir parfaitement sa victime. Le maraudeur grogna et lâcha son bâton. Le dragonnier avait à présent l'avantage et comptait saisir sa chance. Il donna un coup ferme sur son épieu et la chaîne se rétracta ! La magie de son arme était également puissante, preuve en était : le très jeune combattant fut happé l'appel du mécanisme et fondit, totalement immobilisé, sur le dirigeant d'Altiméria qui se prépara à embrocher son prisonnier. Quand soudain, arrivée à hauteur de la lance, Adrix utilisa ses jambes pour stopper son élan meurtrier en utilisant ses pieds comme un étau sur la lame qui lui était prédestinée. Un incroyable revirement de situation, il profita même de la stupeur d'Abysson pour lui encaisser un coup de boule. Cette agression mesquine lui fut profitable, le consommateur de lait en profita pour se défaire habillement de ses chaînes, détendues, et user de son sort de déplacement pour s'éloigner de tout danger. Néanmoins, le hallebardier ricanait et le chérubin en comprit rapidement la cause : une pipette rustique, à embout métallique, était enfoncée dans son cou. Il pouvait sentir le contenu du tube s'écouler le long de son canal gastrique, le brulant et le désinfectant. Il retira l'instrument incrusté dans son col et le jeta, frémissant à l'idée de n'avoir pas perçu ce coup. Contre toute attente, la tentative précédente avait un tout autre objectif que celui de l'occire et il était visiblement accomplit avec brio.

- N'ais crainte, commença l'Altimérien qui tâtait son nez ensanglanté, cette pipette ne contenait pas de poison, cela me ferait honte. En revanche, je me délecte de voir mes adversaires ivres…

Le fluide était une eau-de-vie de sa réserve personnelle qu'il avait scellée, de peur que quelqu'un ne se tue en trempant ses lèvres dans cette boisson hautement alcoolisée. Le guerrier foudroyant jubilait, ce n'était qu'une question de temps avant que son opposant ne sombre dans le coma.
La rixe reprit, Abysson utilisa quelques éclairs tandis qu'Adrix alla récupérer son arme, ce dernier évita une nouvelle salve électrique et envoya son bâton tourbillonnant sur son rival de vitesse, à l'instar du dernier lancé, celui-ci était combiné à une simili tornade.

"Ce bougre est donc un guerrier-mage de type vent…"

L'habituer des bars concentra son énergie dans sa lance et pointa la tornade qui s'amenait en sa direction puis s'exclama :

- Raitei… Shourai !

La pointe argentée fut parcourue d'arcs-électriques avant de relâcher cette force en une formidable tempête de foudre canalisée ! La tornade, l'arme, le môme ainsi que le mur se situant derrière lui furent frappé par cette attaque fulgurante. Le mur se brisa, la tornade s'estompa, le bâton vola au loin alors que son manieur fut repoussé dans la pièce que l'effondrement du mur avait rendu accessible. Nul ne servait de s'attarder sur cette réussite, l'alcool qu'il avait administré estompait probablement ses réflexes et de la même manière ses talents pour la feinte. Le dragonnier se précipita dans la salle nouvellement ouverte, qui n'était autre que le hall principal par lequel il était entré, où il retrouva Adrix qui commençait à basculer de manière incertaine, auréolé des restes de la façade et d'un tableau lacéré qui représentait le père de la princesse Zelda.

Ils se regardèrent un bref instant avant de reprendre la bataille, tout deux essoufflés. Abysson attaquait au corps à corps, alternant entailles, estocs, revers et éclairs magiques alors que son ennemi semblait gagner en force et combattait, à présent, à mains nues. Le jeu de jambe du gredin à l'artefact magique était unique, ses coups, directs ou de flans, étaient si précis et rapides qu'ils en devenaient terrifiants. Quelque chose clochait, le jeune bonhomme semblait en transe, comme si la drogue augmentait ses capacités au lieu de les réduire. La confrontation battait son plein et à une vitesse vertigineuse, le seigneur d'Altiméria avait peine à suivre la cadence, ses mouvements étant réduits suite à la coupure reçue au bras, ce qui était d'autant plus désavantageux qu'une arme d'hast se maîtrisait à deux mains. Le gamin ivre profita d'une ouverture suite à une feinte réalisée en abordant une contorsion grotesque et sauta pour décocher un ravageur coup de talon dans le thorax de son assaillant. Ce dernier eut la respiration interrompue et se replia, tel un trait de lumière, de quelque mètres afin de fuir un second coup latéral qui avait prit sa tête en guise de cible.
Abysson reprit son souffle en prenant de la distance mais n'eut guère plus de répit : Adrix était en train de fondre sur lui, son visage toujours dissimulé. Le lancier tenta de repousser en jouant avec l'avantage que lui procurait son épieu mais son agresseur disparu pour réapparaître subitement derrière lui et tenter de l'énuquer. Mais les réflexes du bien nommé "Eclair Draconnique" étaient toujours aussi développés et, glissant habillement son arsenal dans son dos, para la tentative mesquine. Chacun des deux opposants s'écartèrent à nouveau l'un de l'autre, à l'exception que le fanatique de breuvage lacté se positionna, par téléportation, sur un des nombreux lustres. Étrangement, celui-ci sembla opter pour une tout autre tactique en sortant d'une sacoche un lance-pierre accompagné de quelques mystérieux projectiles. C'était une occasion à saisir, la dernière opportunité, car il ne tiendrait plus bien longtemps, son énergie continuant de le quitter dangereusement…
La dernière ligne droite s'engagea. L'Altimérien décrocha à nouveau la chaîne de sa lance tandis que son adversaire lui tira ses munitions. Il esquiva les projectiles qui, au contact d'une matière, gelaient tout ce qu'ils touchaient ! Mais ce changement ce tactique lui permettait d'exploiter pleinement la sienne.

- KAI ! Hurla le maître des fureurs célestes.

Alors, en une série de détonations et d'explosions électriques venant du plafond, tous lustres se détachèrent ! Un par un, ils tombèrent au sol, le bruit strident du verre qui se brise se rependant dans tout le hall ! Le dôme entier commença à s'effriter alors que le support d''Adrix se détacha à son tour, après la libération d'un autre Thoron. Contrairement aux apparences, Abysson n'était pas venu combattre à l'improviste : il avait piégé les attaches de tous les portes-chandelles par magie la veille du combat ! À présent ses précautions étaient récompensées et il ne devait pas perdre de temps. Il sauta, d'un bond magistral, à la rencontre de son adversaire qui chutait, déboussolé par tout ce chaos. Le stratège, une fois arrivée à hauteur de sa victime, posa délicatement sa main sur le masque enchanté et utilisa à nouveau ses éclairs qui firent voler en éclat la relique satanique, laissant apparaître le visage vitreux qui s'y cachait. Puis, avec la même adresse qu'a l'accoutumé, il utilisa la chaîne pour ligoter à nouveau Adrix, qui ne peu s'échapper sans l'aide de son accessoire, et lança de toute ses forces son javelot qui se planta fermement dans les hauteurs craquelées. L'ivrogne vétéran se laissa finalement choir jusqu'au sol où il se réceptionna parmi les débris, laissant cet enfant tenace pendre au bout de la chaîne. Mais cette charogne était tenace : il s'excitait si fermement que les liens qui le saucissonnaient ne tiendraient guère plus longtemps. Il était temps d'en finir. Abysson puisa dans ses dernières réserves et créa un sceau magique, cadrant sa proie qui se débâtait en contre-haut. L'énergie se cumula dans le glyphe et fut soudainement relâchée en un ravageur faisceau électrique. Tout semblait joué, mais le bâton du sacripant, qui avait disparu plus tôt, réapparu subitement et protégea son maître à l'aide d'un puissant bouclier venteux créer par sa rotation frénétique. L'arsenal de cet Adrix était vraiment des plus impressionnants. Hélas pour lui un deuxième glyphe se créa à partir de l'épieu, en effet, l'Altimérien avait volontairement canalisé une partie de sa magie en Ryurai avant de le fixer au plafond. L'un des faisceaux, bloqué par le bâton, était généré à partir du bas tandis que le deuxième, créé par l'intermédiaire de la lance, venait du haut. Le sournois tacticien s'était pressé de quitter le château par l'entrée principale lors-ce-que le second Gae Bolga fut finalement libéré. Le jeune petit ange à la frimousse dorée était cerné, il avait usé de son dernier atout pour réfréner la première attaque et ne peu se protéger de la suivante, toujours pieds et poings liés dans le vide. Le déluge d'énergie frappa enfin, le grondement de la foudre était tel qu'il en étouffait les cris et les spasmes du pauvre garçon, mais la tragédie n'était pas finie : le bouclier magique qui repoussait le premier Gae Bolga se brisa et les deux traits d'énergie entrèrent en collision en une sorte d'effroyable court-circuit dont Adrix était prisonnier. Abysson, qui était toujours à l'extérieur de la bâtisse, parvenait à sentir l'incroyable pression qu'engendrait friction. Quand soudain, après un retentissant "TAC", une brève et lumineuse colonne électrique jaillit du château, s'élevant jusqu'au ciel. Puis, plus rien… Ou presque… Une partie de la résidence royale s'écroula sur elle-même, suite aux dégâts occasionnés, plongeant toute la citadelle dans un vaste panache de poussière.
L'alcoolique soupira et se laissant tomber dans la neige du jardin, laissant la fraicheur de la nuit le dévorer, pour son plus grand bien-être. Son nez cassé lui faisait mal et il en allait de même pour ses muscles sectionnés, mais il estimait s'en être convenablement tiré. Car, si les démons existait, alors il venait surement d'en rencontrer. Malheureusement, il ne donna pas chère payé de la vie du petit, piégé, et probablement brulé, sous l'éboulement précédant…

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