Était-ce vraiment une bonne idée?

Il faisait jour depuis longtemps maintenant, et Serleena était déjà en marche vers le château d’Assilfenn. Le vent soufflait doucement, le soleil réchauffait le désert de ses rayons bienfaiteurs, et le silence régnait en maître dans cet endroit. Des mèches de cheveux dorées de la jeune femme flottaient dans le vent tandis qu’elle marchait d’un pas plutôt rapide, malgré le sable. Soudain, un cri d’oiseau se fit entendre, et elle leva la tête. C’était un faucon au plumage argenté, son seul et meilleure ami, Farone. Elle tendit le bras, et il vint se poser dessus. Elle lui caressa légèrement la tête avant de dire :

-Farone... Je me demande vraiment si aller au château est vraiment une bonne idée? Tous ces gens, et cette agitation...

L’oiseau agita les ailes, comme pour lui répondre. Un vague sourire s’étira sur ses lèvres, et elle ajouta :

-Tu dois avoir raison... Je ne devrais pas être aussi pessimiste...

C’est sur cette réflexion qu’elle reprit son chemin dans le désert. Après un moment, elle sortit quelque chose de dessous sa cape. Il s’agissait d’une magnifique flûte en bois noir ciselé. La portant à ses lèvres, elle commença à en jouer, le vent portant au loin cet air mystérieux... Elle jouait tout en marchant, suivie par son ami le faucon. C’est alors que le sable derrière elle commença à se mouvoir, annonçant qu’une créature allait en sortir, avec pour but certain de faire d’elle son repas. La demoiselle, elle, ne réagissait pas, comme si la présence du monstre n’était pas un danger pour elle. Soudain, ledit monstre émergea du sable doré, agressif et prêt à bondir sur sa proie. Une sorte de lézard géant, décharné, aux yeux rouges et luisants, aux crocs acérés et brillants... Plus que quelques mètres avant qu’il ne l’atteigne... Plus que quelques centimètres à présent... Alors qu’il écartait ses puissantes mâchoires pour la dévorer, elle se retourna subitement, son sabre en main, prête à se défendre. La créature fut surprise, mais se reprit bien vite. La manger n’allait peut-être pas être aussi facile que ça, tout compte fait...

Serleena recula de quelques pas, afin d’avoir assez d’espace pour se battre contre le monstre. Elle se lança alors en avant, son sabre prêt à découper la bestiole. Le combat fut bref, la créature n’avait aucune chance contre elle, malgré sa taille et sa force nettement supérieure. Elle, elle avait vécu dans ce désert aride toute sa vie et avait appris à se défaire des innombrables pièges qui s’y trouvaient... Regardant d’un oeil dédaigneux la créature s’effondrer au sol, elle essuya sa lame avec un pan de son vêtement, puis reprit sa marche, toujours au son de sa flûte...

Après une marche longue et interminable l’ayant menée au fin fond du Désert Gérudo, elle se retrouva enfin au château d’Assilfenn. Elle s’arrêta de jouer et de marcher. Elle sentait l’inquiétude monter en elle. D’ailleurs, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle était venue ici, après tout, elle vivait très bien dans ce désert, et n’avait aucunement besoin des autres pour vivre. Mais un matin, elle s’était réveillée avec la ferme idée de se rendre ici. Prenant son courage à deux mains, elle avança et pénétra dans le château. A l’intérieur, elle retira sa capuche, laissant s’échapper sa longue chevelure couleur de sable.

-Et qu’est-ce que je fais, maintenant?

Cette interrogation n’eut aucune réponse, pas même de la part de Farone, puisqu’il avait préféré rester à l’extérieur. Soupirant devant sa propre bêtise, elle reprit sa marche, d’un pas hésitant... Plusieurs personnes qu’elle croisa la dévisagèrent avec surprise. Qu’avait-elle de si surprenant? Il était vrai que ses vêtements était plutôt différents, et que ses yeux, l’un vert et l’autre bleu, pouvaient surprendre, pourtant, elle savait pourquoi les gens la regardaient aussi bizarrement, enfin, pensait le savoir... Cette cicatrice qui lui barrait le côté gauche du visage, depuis l’oeil jusqu’à la clavicule... Cette cicatrice, marquant le début de sa vie solitaire dans la chaleur de cet enfer doré... Une lueur de mélancolie passa dans son regard, et elle reprit sa route, remontant le col de sa cape afin de cacher une partie de son visage... Soudain, elle se stoppa à nouveau. Elle avait marché sans vraiment faire attention, et réalisa qu’elle ne savait pas trop où aller... Ni ce qu’elle comptait faire, en fait... Enfin, si, elle avait tout de même un but... Ce livre qu’elle avait découvert dans le désert, il y a un mois de cela. De ce qu’elle avait pu en déchiffrer, il s’agissait d’anciennes incantations Gérudos qui pourrait, selon les textes, faire revivre une ancienne créatures aux pouvoirs incroyables. Bien qu’elle n’y croyait pas trop, elle avait jugé sage de l’amener à quelqu’un qui saurait quoi en faire, et selon elle, cette personne pourrait bien être le dirigeant d’Assilfenn, Ephraim... Le problème était qu’elle ne savait pas du tout ou le trouver, et qu’en plus de cela, elle était un peu perdue...

Elle regarda de droite à gauche, cherchant du regard une personne qui aurait l’amabilité de bien vouloir l’aider... Mais tous ces gens avaient l’air d’avoir bien mieux à faire...

-Il n’y aurait pas quelqu’un qui pourrait m’aider?

Ephraim fouinait un peu dans l'infirmerie du château. Il trouva enfin ce qu'il cherchait. Une magnifique canne en bois de hêtre. Il fit quelques pas avec et fit une moue satisfaite. La mort était quelque chose de particulièrement éprouvant, et même si il n'avait aucune blessure aux jambes ni au dos, il n'avait pas la force de marcher sans aide. Il réajusta les bandages qui lui recouvraient le cou et le torse et décida de marcher un peu dans le château pour se remettre un peu en forme. Le médecin lui avait prescrit beaucoup de repos et lui appliquait différents onguents et sorts de soins régulièrement, aussi Ephraim ne se risquait pas à faire d'entraînement plus intensif qu'une promenade. Il redécouvrait ainsi ce qu'était la vie. Sa mémoire lui revenait progressivement et il avait commencé à apprendre le contenu de tous les rapports et tous les grimoires que possédait Assilfenn. Même si il quittait momentanément la fonction d'empereur il devait servir le mieux possible Assilfenn, et il mettait donc du coeur à l'ouvrage. Il évitait les corridors fréquentés. Il était important qu'un maximum de personnes soient convaincues qu'il était en parfait état de santé, ne serait-ce que pour éviter qu'un éventuel ennemi saisisse l'occasion pour attaquer l'empire.

-Il n’y aurait pas quelqu’un qui pourrait m’aider ?

Ils étaient seuls dans le couloir. C'était quel couloir d'ailleurs ? Il avait marché sans faire attention. Il se souvint vaguement de l'emplacement du couloir dans le château. Il n'était pas très emprunté. La femme qui venait de parler était une gérudo. Elle semblait peu confiante et même si il doutait d'être réellement en mesure de pouvoir l'aider il décida de se dévouer.

- Vous cherchez quelque chose ?

- Vous cherchez quelque chose ?

Elle se retourna en direction de celui qui lui avait adressé la parole. C'était un homme, il semblait blessé, au vue des bandages que son cou et son torse, ainsi que la canne sur laquelle il prenait appui pour marcher... Lui adressant un sourire, elle lui répondit :

-Effectivement, oui. Je dois voir l'empereur le plus vite possible. Je dois lui montrer quelque chose de très important... Est-ce que vous sauriez où je pourrais le trouver?

Le problème, c'est qu'elle ne savait même pas à quoi ressemblait ce fameux empereur, et espérait que ce jeune homme puisse l'aider. Plus vite elle mettrait ce livre en lieu sûr, et plus vite elle se sentirait mieux. Reportant son attention sur son interlocuteur, elle l'observa quelque peu. Au vu de son habillement, il devait être noble, ou en tout cas, ne faisait pas partie de ce qu'on pouvait appeler le "petit peuple". Réalisant qu'elle ne s'était pas présentée, elle ajouta :

-J'allais oublier : Je m'appelle Serleena Van'Arhen.

Cet endroit n'était vraiment pas pour elle, la jeune fille se sentait vraiment mal à l'aise. Même si ce couloir était relativement désert, la proximité avec la foule était qu'elle que chose qu'elle avait du mal à gérer. Enfin, pour l'instant, il n'y avait qu'une seule personne avec elle, et devait pouvoir s'en sortir, même si les relations humaines n'avaient jamais été son point fort. Et puis, il ne paraissait pas hostile ou mal intentionné...

[HS : J'espère que c'est bon, vu que je ne suis pas trop au courrant des événements récents...]

Ephraim s'appuya contre le mur à côté de lui. Il sentait un certain malaise chez cette jeune femme. Autant être honnête avec elle, il valait mieux ne pas compliquer les choses.

- Enchanté. Je m'appelle Ephraim. J'ai effectivement été l'empereur d'Assilfenn, mais en ce moment pour certaines raisons j'ai passé la main temporairement. Si vous êtes ici pour des raisons impliquant l'Empire lui-même, je vous invite donc à aller voire ma remplaçante qui se trouve dans la salle du trône où je peux vous mener tout de suite. Si c'est plus personnel et bien... Je vous écoute. Mais sachez que je ne serais peut être pas en mesure de vous aider, je suis très... fatigué en ce moment.

Il agrippa une chaise et s'assit. Tenir debout était plus difficile que prévu. Il devait faire plus attention. Il fixa la jeune femme et remarqua qu'elle avait chaque oeil différent de l'autre. Il n'osa pas pousser son analyse plus loin et baissa le regard en attendant la réaction de la jeune femme. Il ne savait pas quoi faire, sa mémoire était encore floue et il se demanda comment il aurait réagi dans son ancienne vie.

C'était donc lui, l'Empereur Ephraim, enfin, ex-empereur temporairement... Il ne semblait pas aller très bien, il paraissait assez faible. La jeune femme se demandait bien ce qui avait pu lui arriver pour qu'il se retrouve dans cet état, mais préféra de pas lui poser la question. Elle remarqua alors qu'il l'observait, mais il baissa rapidement les yeux, et ne dit rien...

-Hé bien, je possède quelque chose qui pourrait servir à la défense de l'empire, pour autant que cela soit utile, et qu'il veuille bien fonctionner. Enfin, je devrais peut-être quand même vous expliquer de quoi il en retourne...

En disant cela, elle sortit de dessous sa cape un vieux livre aux pages cornées, tout en vérifiant bien qu'il n'y avait personne aux alentours... La couverture était ornée de pierres précieuses d'un rouge sanglant... Serleena l'ouvrit, et expliqua à son son interlocuteur de quoi il s'agissait :

-C'est un vieux livre de cérémonie Gérudo. Il parle du grand Fléau du Désert... En avez-vous déjà entendu parler? On raconte que c'est le gardien du notre désert, endormi depuis des siècles...

Entendant des bruits de pas, elle referma rapidement l'ouvrage et le dissimula sous sa cape. Heureusement, la personne qui passait était un soldat qui ne fit pas attention à eux... Reprenant un peu son calme, elle ajouta :

-Il est intégralement écrit dans un ancien dialecte de mon peuple. Peu de monde sait encore le déchiffrer, mas je peux servir d'interprète. J'ai jugé bon de le confier à l'empereur, avant que quelqu'un de mal intentionné s'en empare...

Un faible sourire s'étendit sur ses lèvres... Elle espérait qu'il lui fasse confiance, et qu'il ne la prenne pas pour une illuminée ou une folle!

Piqué par la curiosité, le jeune homme prit délicatement le manuscrit et le feuilleta brièvement. Les caractères semblaient former une parfaite harmonie sur le papier, comme si au-delà des secrets qu'il délivrait l'auteur avait voulu rendre son ouvrage parfait en tout point. L'espace de quelques instants, il se perdit dans l'écriture ancienne qui lui semblait étrangement familière. Peut être avait il apprit cette langue dans son ancienne vie. Il revint rapidement à la réalité et rendit le livre à la jeune gérudo. Il se releva et fit quelques pas dans le couloir.

- C'est plus une intuition qu'autre chose, mais je suis convaincu que ce manuscrit est d'une très grande importance. Nous serons honoré si vous souhaitez le mettre à l'abri ici. J'ai une seule question : souhaitez-vous vous joindre à nous ? Un tel don à Assilfenn mérite toute notre gratitude, et en vous joignant à nous vous pourrez aisément résoudre les mystères de ce grimoire et profiter de la protection de nos murs. Qu'en dites vous ?

Sur ce le jeune homme commença à faire les cent pas dans le couloir en attendant la réponse de la gérudo, émerveillé par sa démarche beaucoup moins hasardeuse que quelques heures auparavant.

Serleena fut soulagée de voir qu'il semblait lui faire confiance. Après avoir rapidement feuilleté le livre, il le lui rendit et la remercia en lui assurant qu'il serait bien utile et en sécurité à Assilfenn. La proposition qu'il lui fit la surprit grandement. Voulait-elle les rejoindre? Elle se voyait mal refuser, et il fallait admettre qu'avoir un lieu sûr et protégé où se réfugier était plutôt tentant... Après quelques minutes de réflexion, elle finit par lui répondre :

-Votre proposition me fait très plaisir, et il serait malvenu de ma part de refuser. Malgré tout, je dois vous avouer que l'idée de me mêler aux autres m'effraie un peu.

Elle marqua un léger temps de pause, et ajouta :

-J'ai grandit seule dans le désert, et c'est la première fois que je me rend dans un endroit aussi peuplé qu'ici. Certes, j'ai déjà fait la rencontre de nombreux voyageur, mais ils se font très rares... Enfin, cela dit, j'accepte avec plaisir!

Sur ces mots, elle sourit avec sincérité, chose rare chez elle ces derniers temps. Et puis, la perspective d'en apprendre plus sur ce manuscrit la réjouissait grandement... Mais d'ici à ce qu'elle réussisse à le faire fonctionner, il allait falloir encore patienter un certain temps...

[Désolé pour cet énorme retard x) Ca m'était sorti de la tête je suis vraiment navré. N'hésite pas à participer à plusieurs sujets en même temps, ça t'évitera d'attendre comme ça ^^"]

Le jeune homme se contenta d'un maigre sourire pour fêter l'intégration de la jeune gérudo et sans plus de cérémonie il commença à s'éloigner.

- Assilfenn est un empire de réfugiés. Chacun d'entre nous a des écorchures, des cicatrices desquelles il ne peut détourner le regard. Cette proximité de la douleur nous incite à adapter nos comportements. Je pense que vous serez accueillie à bras ouverts et que toutes vos intentions seront respectées. Je vais me reposer, je vous souhaite bonne chance et vous dit à bientôt Serleena.

Il disparut au coin du corridor, laissant la jeune femme seule à ses pensées. Son arrivée le troublait quelque peu, et même si ce n'était que des impressions il avait besoin de s'isoler pour réfléchir.

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