Errance au clair de lune

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[HJ]Ambiance ?[HJ]

La plaine d'Hyrule est bien vaste. Elle le semble encore plus lorsque la lune scintille sur ses cours d'eau, et que le vent cesse de souffler. Pas un bruit ne venait troubler le silence presque mystique de la vallée. Les étoiles de la voûte céleste brillaient de tout leur apparat, et l'herbe doucement virevoltante donnait à l'ensemble un semblant de vie, malgré l'avancée nocturne. Au beau milieu du spectacle offert par la nuit, se dressait une silhouette plus sombre encore que l'obscurité. Elle avançait lentement, la main droite posée sur le fourreau, la main gauche traînant dans le vide. Peu à peu, la silhouette se dessinait plus précisément : un homme grand, en armure, et au heaume fermé et imperméable. Une longue cape aux reflets irisés, brodée d'argent, battait la mesure de ses pas. Sharis Brandford errait depuis le début de la matinée dans la plaine d'Hyrule, à la recherche de telle ou telle créature, à défier, à vaincre, à tuer.

Après quelques minutes, il s'arrêta sur un des nombreux promontoires qu'offrait la plaine, et regarda en direction de la citadelle d''Hyrule, puis vers ses terres d'origine, le désert Gerudo. Il n'en voyait rien, mais il le devinait derrière les collines et le lac Hylia, il savait que sa mère, au sein du Temple de l'Esprit, songeait à lui, comme il songeait à elle. Même si le Temps ne l'avait pas épargnée, elle était restée ravissante jusqu'à leurs adieux. Il aurait tant voulut la revoir, mais il lui avait promit de tourner à jamais le dos à ses origines, à son passé maudit. Mais viendrait bientôt le jour où son errance cesserait. S'il parvenait à prouver au peuple Gerudo entier sa force, s'il parvenait à se faire accepter, il pourrait détrôner l'actuel dirigeant de la tribu, et ainsi abroger toutes les vieilles traditions occultes, et à retrouver le Sage des Esprits, pour mener la vie de famille qu'il avait quitté, quelques années plutôt.

Il se surprenait à penser ainsi, lui qui était toujours habitué à ne rien laisser paraître de ses sentiments. Il sauta au bas du promontoire puis atterrit dans une grande flaque d'eau. Il n'était plus qu'à quelques kilomètres de la cité d'Hyrule, où il pourrait louer son bras pour accomplir les tâches dont personne ne voulait se mêler. Son existence était ainsi faite, il s'y était maintenant habitué.

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Les vastes plaines semblaient s'étendre à perte de vue sous le ciel parsemé d'étoiles. Pas un souffle de vent, pas un bruit ne venait rompre le silence. Les yeux levés vers le ciel, étendue dans l'herbe, les bras croisés derrière la tête, une femme contemplait la lune. Elle en profitait pendant qu'il en était encore temps, n'aimant pas particulièrement se prélasser dans l'humidité; La rosée ne tarderait pas à s'étendre sur Hyrule. La jeune femme ferma un moment les yeux, se remémorant brièvement le visage de ses parents, question de ne pas les oublier. C'était son petit rituel depuis qu'elle avait quitté la ferme, une fois par soir. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la femme, cette nouvelle vie était plus merveilleuse que tout ce qu'elle aurait pu imaginé. Le fil de ses pensées, ainsi que le silence, furent soudainement rompu par des éclaboussures. Légères certes, mais tout de même. Elle ne tenait absolument pas à être surprise ici en train de rêvasser par une bête ou par quelque chose d'autre...

Mahika se redressa d'un bond, chassant ses pensées. Elle s'avança furtivement vers l'origine du bruit. L'on ne sait jamais sur quoi l'on peut tomber en pleine nuit, surtout ici. Une silhouette plus que noire se dessinait au loin, à environ une vingtaine de mètres. Mahika s'accroupit instantanément, enfilant lentement ses gants, restant dans un silence le plus total. La prudence n'était pas dans ses habitudes, mais elle ne voulait pas prendre de chance. Elle se redressa encore une fois, lentement, ajustant ses gants pour y être parfaitement confortable.

*Frapper avant, questionner ensuite...*

Sur ces quelques pensées, Mahika s'élança à toute allure vers l'individu. Elle était étonnement rapide et rejoint l'inconnu en quelques instants. S'arrêtant net, elle dérapa légèrement sur le sol. Son pied avait déjà quitté le sol et fonçait vers la tempe droite de l'homme...

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Il avançait, imperturbable, implacable et insondable, vers la majestueuse citadelle, haut-lieu pour qui souhaite se lancer à l'aventure, dans le commerce, ou autre activité rependue sur la terre d'Hyrule. Le bruit de ses bottes en acier était léger dans l'herbe épaisse et fournie, même les oreilles les plus fines ne l'auraient pas entendue. Lui avançait calmement, contrairement à celui ou celle qui le suivait, et à vive allure de plus. L'importun l'avait rattrapé en quelques enjambées et se préparait à lui asséner un coup de pied droit sur la figure. Sharis se stoppa et saisit d'une seule main le pied virevoltant. La violence du choc du pied contre sa paume le fit reculer de quelques centimètres, et sa cape s'envola quelques instants. Même si parer l'attaque lui avait coûté peu d'efforts, elle aurait put être lourde si elle avait été menée à bien. Ce n'était néanmoins pas une charge offensive, plutôt de la dissuasion, pensait le Gerudo. Il écarta le pied assassin de devant son regard et baissa les yeux pour voir l'impromptu : une jeune femme qui croyait bon de sauter sur n'importe qui.

"Ridicule."

Il lâcha le pied de la fillette et reposa sa main sur son fourreau.

"Que me vaut l'honneur de me voir ainsi attaqué ? De la sorte de surcroît."

Si la jeune fille avait put voir son regard, elle en aurait été profondément vexée tant il était méprisant et las. Mais elle ne le pouvait pas, il était dissimulé derrière le heaume du jeune homme du désert. Mais il n'en pensait pas moins : il n'avait jamais comprit ce genre d'état d'esprit, celui de passer à l'attaque sans même savoir à qui l'on avait à faire. Il trouvait cela grossier et laid à appréhender.

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Le pied de Mahika s'arrêta net. Il frappa de plein fouet la paume d'une main qui se referma aussitôt. Bien qu'elle sentit que l'inconnu recula sous l'impact, Mahika ne put empêcher un léger soupir de surprise; elle était certaine que le coup atteindrait la cible. Incroyable, il avait réussi à éviter cela aussi facilement!? Un frisson lui parcourut la nuque. L'inconnu laissa échapper un simple "ridicule" et Mahika était bien d'accord avec lui. Elle ne l'avouerait pas, mais il était vrai qu'elle avait été lamentable sur ce coup. Craignant le pire, elle retint son souffle une fraction de seconde, mais l'homme ne fit que lui relacher le pied avant de poser sa main sur le fourreau d'une épée. Mahika observa tout, les moindres détails qu'elle put distinguer, venant rapidement à la conclusion que face à l'homme, elle était en mauvaise posture.

Elle déposa lentement son pied sur le sol, sans gestes brusques, question de montrer qu'elle n'attaquerait pas à nouveau. Son regard ne quittait pas l'heaume de l'homme. Elle n'arrivait pas à distinguer les yeux, mais elle espérait de tout coeur qu'il s'agissait d'un être humain et non d'une créature hybride quelconque. Le ton de sa voix cependant, laissait croire qu'il n'avait pas apprécié cette introduction légèrement ratée. Mahika bafouilla une réponse maladroite aux questions de l'homme, ne sachant pas vraiment ce qui allait se passer...

"Heum...Et bien...je..je ne voulais pas prendre de chance? Je me suis dit que... je vous sonnerais avant de savoir si vous étiez une menace..."

Elle reprit un peu d'assurance en terminant la phrase, se disant qu'elle avait peut-être une petite chance de s'en sortir indemne, il n'était probablement pas si rapide que ça avec ces armes et l'armure...et puis, il ne passerait peut-être pas à l'attaque...

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"Heum...Et bien...je..je ne voulais pas prendre de chance? Je me suis dit que... je vous sonnerais avant de savoir si vous étiez une menace..."

Sharis ne répondit rien, blasé qu'il était par la réponse qu'on venait de lui donner. Selon elle, n'importe qui, n'importe quoi était une menace ? Il n'en revenait pas. Comment pouvait-on laisser un être de la sorte se balader seul ? Elle avait tout juste l'âge de traîner dans les jupons de sa mère, alors que faisait-elle en pleine nuit sur la vaste plaine d'Hyrule ? Sharis, évidemment, ne manqua pas de se renseigner :

"Qu'estc-e qu'une enfant fait seule au beau milieu de la nuit en pareil endroit ?"

Même s'il s'attendait à l'habituel monologue de la recherche d'aventure, de la quête de grands espaces, Sharis sentait quelque chose de différent chez cette fillette, même s'il ignorait ce dont il s'agissait. Il la regarda de haut en bas, jaugeant chaque coin de son visage, tentant de déterminer si elle pouvait être ou non considérée comme une menace. Mais, voyant qu'elle restait figée et méfiante, le Gerudo en déduit qu'elle était simplement craintive et n'était pas plus agressive qu'un renard effrayé.

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L'homme ne répondit rien. Mahika arrivait cependant aisément à s'imaginer l'expression de son visage suite à cette réponse quelque peu maladroite. Elle fixait sans cesse les deux trous dans l'heaume de l'individu, croyant avec fervante certitude que des yeux plus ou moins humains se cachaient derrière tout ce métal. À quoi pensait-il donc? Mahika se serait bien passer de tout cela. Encore une fois, elle s'était mis les pieds dans les plats parce qu'elle avait foncer sans réflections..Enfin, l'homme daigna répondre, lui demandant ce qu'elle fabriquait ici à ce moment de la nuit. De plus, il avait eu le culot de la traiter d'enfant. Elle décida tout de même de faire comme si de rien était, question de ne pas s'attirer davantage d'ennuies...

"Je profite de tout...j'apprends, je découvre..."

Cette brève réponse ne semblait peut-être avoir aucun sens, mais pour Mahika, cela voulait tout dire. Et puis après tout, elle ne savait rien de lui donc pourquoi répondre avec précision. Elle avait décidé de la jouer plus défensive. Mahika continuait toujours de dévisager l'homme, tentant de dessiner un véritable visage par dessus le casque...

"Permettez-moi de vous renvoyer la question"

Mahika eut un bref sourire, se disant qu'il était temps de se faire un nouvel ami. Il était fort, avait une armure et parlait le même language qu'elle; toutes les bases d'une relation durable quoi. Et puis, elle commençait à se sentir seule depuis quelques jours et ne dirait pas non à un peu de compagnie...

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"Je profite de tout...j'apprends, je découvre..."

Sharis ne répondit rien. Il avait à faire à une enfant pleine de rêves et de curiosité, à la fois téméraire et impudente. Une enfant de la sorte ne devait pas se ballader à Hyrule seule, surtout en pleine nuit. Sharis ne parvenait pas à expliquer ce qu'il ressentait à l'égard de cette petite : quelque chose entre l'incompréhension et l'attachement. La petite lui retourna la question qu'il lui avait posé, à savoir qu'est ce qu'il fabriquait ici.

"Je crains de ne pas pouvoir te répondre. Je suis une voie que moi seul peut suivre, une voie inaccessible pour les autres."

Il l'avait tutoyé, et ce parcequ'il tutoyait absolument tout le monde. Personne ne méritait son respect après tout, excepté sa mère. Sa réponse était on ne peut plus obscure : de fait, il ne voulait attirer personne sur les traces de son destin tragique, aussi préferait-il être le moins clair possible.

"Où sont tes parents ? Tu sais où dormir ?"
Même s'il était pressé par le temps, Sharis se refusait d'abandonner une enfant à son sort. La prochaine créature qu'elle rencontrerait pourrait être moins encline à la discussion que le Gerudo. Et puis, si il lui trouvait un endroit où dormir, il pourrait peut-être se reposer non loin : il est rare qu'une auberge ne dispose que d'une seule chambre.

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La réponse de l'individu était loin d'être suffisante pour elle, mais cette réponse emplie de mystère venait de réveiller l'immense curiosité féminine de Mahika. Elle s'assurerait de garder ce détail pour elle cependant. Il était clair qu'il ne voulait absolument pas avoir une jeune fille dans les pattes. Mais Mahika n'avait aucun but précis, ce qui était une excellente raison, selon elle, de tenter la chance un peu plus qu'elle ne l'avait déjà fait. Pas tout de suite, mais éventuellement, lorsqu'elle en aurait l'occasion. Le fil de ses pensées fut interrompu par une nouvelle question de la part de l'homme...Pour une fille qui était perdue dans ses pensées quelques secondes auparavant, elle répondit rapidement à la question.

"Je suis seule. Mes parents sont à quelques kilomètres d'ici; je ne suis plus certaine dans quelle direction..."

Mahika se tut, jettant un coup d'oeil aux alentours, tournant lentement sur elle-même pour s'arrêter à nouveau face à l'homme. Elle haussa les épaules, un petit sourire traversant son visage et poursuivit la conversation comme si rien n'était arrivé.

"Ils sont quelques part...Et non je n'ai pas vraiment d'endroit où dormir. Je dors ici et là, sous un arbre où un pont. C'est plus douillet que l'on croirait..."

Pour Mahika, même un dessous de pont peut s'avérer une merveilleuse chambre. Elle ne se soucie pas vraiment de l'endroit où elle dort, en autant qu'elle puisse dormir, c'est tout ce qui compte; ça, et rester en vie...

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