Réunion de crise

Le lac était magnifique en cette fin d'après-midi. On approchait du solstice d'été et de nombreux habitants étaient venus du bourg d'hyrule pour profiter du beau temps. Ephraim avait fixé un rendez-vous à tous les chefs de clan d'Hyrule et de Termina. Parce que leurs relations étaient confuses et minées par une situation géopolitique bouleversée, mais aussi sur invitation d'Iker. L'ancien chef de la guilde Moordenar était un vieux compagnon de la plupart des chefs de clans. Entouré de mystères, une invitation de tous les grands venant de sa part ne pouvait qu'intéresser. Enfin, Ephraim avait, peut être à tort, de nombreuses préoccupations et souhaitait avoir des avis et informations supplémentaires. 

Ephraim attendit adossé contre l'arbre au centre du lac. Ice fut le premier à arriver au lac, puis Abysson, accompagné de Karen, et enfin Light Majere et Tapion. Sans attendre, et après de très brèves salutations, Ephraim sortit le médaillon orné d'un saphir que lui avait remis Iker, et le brandit devant l'arbre au dessus de l'eau. Il brilla intensément et un escalier émergea de l'eau. Il ouvrit alors la marche, qui dura au moins 15 minutes. Les multiples tournants que prenait l'unique corridor dans lequel ils avançaient laissait penser à Ephraim qu'Iker avait réorganisé son repère spécialement pour les attendre. Enfin ils arrivèrent face à l'assassin, qui les attendait tranquillement assis à une large table ronde. Sans un mot, chacun prit place. Ephraim lança alors en préambule : 

- Bon, je pense qu'on sait tous pourquoi cette réunion a lieu et pourquoi il a été facile de nous rassembler aussi vite. Néanmoins comme il s'agit de ton initiative Iker, je t'en prie, dis-nous si tu as une surprise ou des informations à nous dévoiler.

Depuis plusieurs jours déjà, Iker attendait dans son repaire que les gens à qui il avait lancé l'invitation daignent le rejoindre, et voilà que c'était chose faite, les représentants des quatre plus grands clans d'Hyrule et Termina, si l'on excluait la famille royale, se trouvait en ce moment devant lui. C'est sans prononcer un mot qu'il observa les nouveaux arrivants prendre place autour de la table qui avait autrefois été la table de réunion de la guilde Moordenaar. Tout cela semblait s'être produit dans une autre vie, tellement c'était lointain dans l'esprit du maître assassin.

Il fut tiré de ses pensées par Ephraim qui lui demandait les motivations qui l'avait poussé à les réunir en ce lieu. Lentement, l'assassin se leva pour se diriger vers une bibliothèque située plus en retrait de la salle de réunion et d'où il prit deux rouleaux de papier qu'il ramena à la table pour les y déposer. Il s'agissait en réalité de deux cartes géographiques représentant les deux grandes régions du monde, soit Hyrule et Termina.

-On ne se le cachera pas, les différents empires de ce monde sont dans un état de faiblesse que l'on n'avait pas vu depuis la guerre contre Chaos... Ikana et Altimeria, vous sortez d'une guerre qui a grandement diminué vos forces et qui a même entraîné la destruction de l'empire de la lumière. Krynn, vous émergez justement des restes de cet antique empire terminien, mais vous êtes toujours en phase reconstruction. Assilfenn vient à peine de repousser une attaque conjointe de Krynn et Moordenaar. Moordenaar qui n'existe plus, soit dit en passant. La seule force à n'avoir aucunement souffert au cours des derniers mois se trouve là.

Il avait appuyé ses paroles en pointant un endroit précis de la carte d'Hyrule. La Citadelle d'Hyrule, siège de la famille royale et de son armée.

-Ceux là, au contraire, selon les dernières informations que j'ai obtenues de mes espions positionnés sur place, prennent des forces et tentent d'augmenter leur influence sur certaines zones du territoire, au détriment des empires déjà en place. Petit bémol à tout cela, alors que mes quelques infiltrés, des anciens membres de la guilde m'étant restés fidèle, devait m'offrir un rapport par jour, voilà déjà plusieurs jours qu'ils ne m'ont plus contacté. Je crains donc le pire à ce sujet...

Il s'était déplacé autour de la table pendant qu'il parlait, passant derrière chaque siège présent dans la pièce, avant de regagner finalement le sien et de s'y rasseoir.

-De plus, je sais pertinemment, grâce aux espions parsemés dans vos propres empires, que votre situation est semblable, n'ai-je pas raison? Depuis une semaine déjà, la famille royale bouge, préparant probablement une action contre nous, mais aucune personne ici présente n'est en mesure de savoir ce qu'ils vont faire et quand ils vont le faire. Nous sommes, mes amis... Dans l'obscurité la plus profonde...

Un long silence suivit cette déclaration. Iker avait terminé son exposé, il restait maintenant à voir ce que les autres en penseraient

Convoqué au repaire de feu Moordenaar, Ice était méfiant. Ses relations récentes avec la Guilde n'était pas au beau fixe. Enfin, du moins pour lui et Ephraim, qui savaient que l'Empereur d'Ikana avait assassiné Mya et mit une sacrée épine dans le pied de l'attaque contre Assilfeen. Mais le Givré avait tenu l'ampleur de son rôle secrète et de fait, théoriquement, personne ne devait être au courant. Excepté son vieil ami.

Il fut rassuré de le voir d'ailleurs déjà sur place en arrivant. Ephraim, Iker, lui, et voilà qu'étaient arrivés Abysson accompagné de son horrible morveuse, ainsi que Light et Tapion. Au moins avait-il de vrais alliés ici. À la suite de l'Empereur d'Assilfeen, qui invoqua un passage secret, tous descendirent dans les profondeurs du Lac, là ou se trouvait jadis le Quartier Général de la réputée Guilde de Moordenaar. Durant la marche qui s'ensuivit, Ice songea aux implications de cette réunion. Rien d'anormal n'agitait le monde actuellement, si ce n'était l'inquiétant silence radio de ses espions au sein de la Citadelle d'Hyrule, qui était devenu une sorte de bulle opaque d'où il était désormais impossible d'extraire la moindre parcelle d'information.
 Ils arrivèrent à une table ronde, à laquelle chacun prit place, Iker était déjà attablé.

 À la lumière des faits qu'il exposa ensuite, il devint certain que la Famille Royale préparait quelque chose. Plus aucun espion ne contactait ses supérieurs. Pas même les plus bas placé, ceux dont les postes étaient les moins risqués. Dans le cas d'Ikana, ça avait été une hécatombe. Garçon de cuisine, page, coursier, allumeur de torche, plus personne ne colportait la moindre rumeur à recouper avec des faits plus tangibles.
 Il prit la parole, autant pour appuyer les déclarations d'Iker que pour soulever de nouvelles interrogations.

- Personne ne niera ça je pense. Ce qui me trouble davantage c'est que nous n'avons eut aucun signe avant coureur des intentions de la famille Royale. Vos différents contacts ont-ils cessés d'émettre à cette date eux aussi? Il reçut la confirmation des autres d'un vague signe de tête affirmatif. Voilà qui pose problème. Les espions d'Assilfeen et de Moordenaar sont pourtant réputés excellent. Si la Famille Royale a pu décider de supprimer tous les infiltrés de toutes les factions sans que nous ne puissions le prévoir, cela signifie qu'ils ont été capables de découvrir l'intégralité de nos espions et de les tenir à l'écart de la plus petite rumeur ou information sensible. Cela signifie qu'ils ont des capacités très importante que nous ne devons absolument pas sous estimer, et cela est aussi une forme de message, je pense.

 Il marqua une pause pour réfléchir lui même à ce qu'il venait de déclamer. Les objectifs de la Famille Royale était toujours aussi obscures. Néanmoins il y avait quelque chose qu'il savait. Et que tout le monde devait aussi savoir. Ou alors qu'il fallait leurs rappeler...

- Une période transitoire s'achèvera bientôt, si vous vous souvenez bien. Depuis des années, la Princesse est sous la tutelle du Sénateur Konpaku. Le Royaume est sous la régence du Sénat. Notre chère Princesse sera bientôt en âge de régner. "Bientôt", ce n'est pas non plus tout de suite, mais c'est le seul "événement" qui se rapproche et qui pourrait justifier que la Famille Royale étende son influence. Pour récupérer les prérogatives qu'elle a perdu lors de la mort accidentelle du Roi et de la Reine. Il s'arrêta un instant, évaluant lui même la crédibilité de son hypothèse, et reprit à voix basse. Quand je parlais de message, je voulais dire qu'au vu des compétences qu'elle a montré, la Famille Royale aurait très bien pu conserver nos espions en vie et nous avoir à l'aide de faux renseignements. C'eut été une manœuvre habile et sûre. Au lieu de cela, ils nous aveuglent. Je pense que nous aurons bientôt des nouvelles, et qu'elles ne seront pas vraiment bonnes... Nous n'avons aucune idée de la force militaire que peut déployer la Famille Royale, ni la force de ses officiers. Nous ne connaissons que son habilités et il n'est pas à exclure qu'ils aient des espions jusque chez nous. Mais faute d'information, nous ne pouvons les attaquer de front. Et puis même, attaquer la famille Royale? Ce serait de la folie. Termina-t-il d'une voix sombre.

Karen était on ne peux plus fière d'accompagner son cousin lors de ce rendez-vous proposé par Iker, même si elle avait réussit à négocier sa position à Ice lors des derniers événements. De plus, la curiosité de l'enfant allait être assouvit en découvrant la planque du repaire d'assassins dont Mya avait sacrifié un bon nombre des membres, entraînant cette folle jusqu'à sa propre mort.Le plus tragique étant la facilité avec laquelle les historiens se feront surement un malin plaisir à dénaturer toute la réputation de cette guilde en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

L'enfant fût cependant déçue de la composition du dédale menant à la salle où la réunion se tenait, il était évident qu'Iker cachait bien son jeu, surtout en voyant l'expression de certains dirigeants.
Contrairement à l'enfant, impassible, sa peluche ricanait de temps à autre durant les 15 minutes de marches, rompant le silence qui se voyait perturbé par l'écho du jouet qui ne manquait pas d’émerveillement lorsqu'il lançait des "Oooooh" et des "Aaaaah" à tout va.

Une fois arrivés, les dirigeants et représentants s'installèrent, Karen jeta un oeil à chacun en commençant pas Ephraim, le soi-disant pacifiste dont la lâcheté équivalait à sa superbe faculté à attaquer un ennemi dans le dos. Iker, qui avait assez de charisme pour duper ses stupides assassins. Light Majere, qui aimait briller par son absence pour faciliter la vision de la terrible crête de son représentant Tapion. Ice, l'empereur qui ne se mêle de rien mais qui est partout à la fois. Et enfin Abysson, son remarquable cousin qui faisait finalement tâche autour de ces guignols qu'il voyait comme ses "amis"...au moins il avait le mérite d'être sobre...

Après avoir travaillée ses superbes compliments dans son esprit, l'enfant se tourna vers Iker qui commença son monologue, il cita le manque de rapports de la part de ses espions, point commun qu'avait l'enfant de son côté, ses petits fidèles n'étaient pas rentrés au bercail, elle ne pouvait compter que sur leur fidélités à ne pas trahir leur patrie.

Le sorbet prit la parole à son tour, tout d'abord pour savoir la situations des empires sur ces faits, Karen hocha de la tête, tout comme les autres dirigeants, gardant pour elle l'un de ses superbes sacarmes qu'Abysson lui avait conseillé d'éviter car la stratégie du moment était simple, elle parlait et lui écoutait, n'utilisant ses cordes vocales qu'en cas d'extrême nécessité. En clair il fallait représenter Altiméria sous un meilleur jour.

Les théories soufflées n'étaient pas idiotes, l'enfant s'étonna d'apprécier les hypothèses du glaçon, d'autant plus qu'il réveilla quelques idées chez l'enfant qui prit la parole sous le regard de ses "collègues"


-En clair nous n'avons pas beaucoup d'alternatives, la méthode officieuse nous a prouvé sa faille, car à vue d’œil nous avons chacun perdus nos contacts à la citadelle. De plus, les récents événements nous oblige à éviter la confrontation directe, même si on ne connait pas leur effectifs, on sait aussi que la "famille royale" n'a jamais daigné envoyer des troupes face aux menaces qui se sont réveillées depuis plus de trois ans.

Elle souffla un instant, jetant son regard vide sur Abysson qui lui fit signe de continuer, elle lui répondit par un haussement d'épaules

-Je doute cependant que des négociations soient engagées avant la menace, ou alors nous risquons d'avoir une boutade du genre "Cédez à la Sacro Sainte Famille Royale ou nous vous exterminerons jusqu'au dernier!", elle agitait son doigt comme un père faisant la leçon à son môme, comme pour se moquer de l'influence dont se vante la citadelle. De ce fait, la seule idée qui me vient à l'esprit serait d'oser monter une bannière commune pour guildes et empires, au delà d'une simple association, cela éviterait que nous tombions un à un face à des attaques différées."

L'enfant s'arrêta un instant, ne voulant pas parler d'une possibilité de fusionner les effectifs et causer directement un affrontement, sa vision était plus défensive et peut-être que par la même occasion, la citadelle baisserai sa garde. Elle reprit ensuite son monologue, son sourire plein de malice faisant surface, montrant enfin un peu d'humanité dans ses traits.

- Bien entendu tout cela n'est que théorique, mais nous pourrions par la même occasion jouer au même jeu que la citadelle en cachant nos initiatives mais nous pouvons y ajouter un petit plus très amusant: ne cherchons pas si des espions royaux se cachent dans nos rangs, car cela me semble très évident, mais recherchons plutôt à sélectionner des informations plus ou moins crédibles à leur faire entendre. Après tout, la meilleure contre aux manque d'informations est la désinformation n'est ce pas?

Karen observait maintenant ses collègues, tout sourire, espérant que ses observations permettraient de faire naître de nombreuses idées parmi les différents représentants. Après tout, les enseignements que lui avait procuré Abysson en stratégie expliquait l'importance de faire confiance à ses compagnons de fortune

Avec autant de personnalités influentes des différents empires réunies autour de cette table, l'atmosphère était forcément tendue. Tapion n'était pas particulièrement à l'aise au milieux de guerrier qu'il considérait essentiellement comme ses ennemis. Il savait de plus que ses récentes actions quelque peu irréfléchies et inconsidérées (attaquer un empire voisin...) était peu susceptible de lui attirer la sympathie de ses pairs. Néanmoins, l'ombre derrière la lumière se devait d'accompagner Light. Le nouveau dirigeant de l'Ordre et lui-même écoutaient impassiblement les remarques de l'assemblé.

Le silence des espions au sein de la citadelle d'Hyrule était, paradoxalement, parvenu à ses oreilles. Krynn ne disposant que peu d'homme voués à cette tache, le général n'avait pas pris de mesures pour l'instant. Le fait que chaque clan majeur soit touché changeait pourtant la donne. Il était évident que quelque chose se tramait au château, d'où une nécessité de purger le personnel... Vient alors la proposition de liguer les différents clans présents contre la famille royale, et de désinformer ses espions.

S'allier avec les personnes présentes autour de la table gênait profondément Tapion. C'était la pire, mais également la meilleur solution. Il décida d'exposer son point de vu:

-Il est vrai qu'il serait plaisant de faire parvenir de fausses informations à la famille royale. Cependant cela nous oblige à l'inaction : pour mentir aux espions, il nous faut mentir à tous nos hommes et agir en conséquence. Nous devons réfléchir à ce que la famille royale s'attend de nous voir faire et la prendre à revers. Dans notre condition, et par notre manque d'informations, il serait logique que différents clans cherchent, en y mettant de plus en plus de moyens, à déterminer les projets royaux de manière discrète. Vu la rapidité avec laquelle les espions de Moordenaar se sont fait décimer, c'est probablement peine perdue. Son regard fit le tour de l'assemblée. Light sourit, l'invitant à continuer. Ils ne s'attendent probablement pas à se que nous agissons au grand jour contre eux sans savoir précisément de quoi il retourne. Nous pouvons néanmoins nous douter, comme le suggère Ice Arctique, que c'est l'influence grandissante de nos différents empires qui motive les actions de la famille royale. Il existe une probabilité non nulle qu'ils cherchent simplement à tous nous évincer. Cela signifie qu'ils nous craignent dans notre ensemble. Il est vrai que l'étendue de leurs capacités nous est inconnue mais une union de toute nos forces est à la fois inattendue et intimidante. Je pense que nous ne devons pas jouer leur jeu et rester dans l'expectatif en attendant des détails. Il posa sa main à plat sur la table pour se donner de la contenance. Je crois que nous devons aller de l'avant et confronter directement la famille royale. Nous saurons alors de quoi il retourne réellement.

Non, décidément, il n'aimait pas l'idée de s'allier avec eux... Mais c'était la seule solution à laquelle il avait pensé pour l'instant. Il attendit alors les réactions de ses petits camarades.

Ephraim se sentait frustré. Cette réunion ne lui apprenait rien. Les autres clans se trouvaient dans la même situation qu'Assilfenn et chacun peinait à comprendre la situation, tant la famille royale avait été efficace. Elle avait plusieurs longueurs d'avance sur eux. Aussi antipathique qu'elle pouvait être, Karen avait justement souligné le fait qu'il serait compliqué de lutter frontalement, que ce soit contre les espions de la citadelle ou contre les armées qu'elle pourrait déployer. Néanmoins la discussion s'orientait toujours vers une alliance militaire, puisque personne n'envisageait que la famille royale négocie. En effet, elle n'avait pas besoin de négociations, elle avait un avantage certain. A moins qu'elle ait besoin qu'il n'y ait aucune discussion ?

- Si je vous comprends bien général Tapion, une attaque unie et frontale ne serait pas envisagée par la famille royale ? N'en soyez pas si sûr. Nous savons peu de choses, mais nous savons qu'ils ont commencé le conflit. Sciemment. Ils aurait pu manipuler nos espions, nous envoyer des assassins, nous déclarer directement la guerre. Mais non. Ils nous ont envoyé un message. La famille royale ne tire aucun avantage de tuer collectivement et sans jugement tous les espions de tous les clans d'un coup. Par conséquent, ils veulent nous provoquer, et ils créent eux-mêmes notre union en traitant exactement de la même façon tous nos espions. Mon avis est qu'ils envisagent parfaitement une attaque de notre part. Ils sont donc parfaitement en mesure de la repousser.
Il se racla la gorge, et attendit quelques secondes avant de poursuivre.
- De mon point de vue, la stratégie de la famille royale est de nous pousser à la panique, et surtout à la colère face à ses provocations. Maintenant, nous devons nous demander pourquoi, alors que la plupart des clans sont affaiblis, alors qu'elle a en sa possession une puissance qu'il ne faut manifestement pas sous-estimer, la famille royale n'attaque pas ? A cela j'ajoute une autre question : pourquoi, alors que la princesse Zelda va monter sur le trône, le pouvoir en place prend le risque de s'engager dans un conflit qui pourrait dégénérer jusqu'à une guerre civile d'ampleur ? Car je vous le rappelle, derrière nos gouvernements il y a nos peuples, qui sont plus ou moins attachés à des valeurs et à des cultures que nous avons développé. Le peuple aura besoin d'explications et d'être rassuré.
Il se pencha en arrière, et soupira.
- Mon hypothèse est que, qui que soient les personnes derrière tout ça, elles ont un plan. Un plan bien construit, qui ne se limite pas à récupérer quelques territoires dont la famille royale se fichait éperdument, au point de les laisser en proie aux guerres, aux bandits et aux dieux maléfiques et monstres de toute sorte pendant si longtemps. Pour le bon déroulement de ce plan, qui passe manifestement par la neutralisation des clans, il faut éviter que le conflit s'emballe et ne dure, par conséquent la famille royale va éviter d'avoir le mauvais rôle aux yeux du peuple. Ce plan ne me parait pas pencher en la faveur de la future reine, ce qui renforce mon idée que la citadelle ne nous attaquera pas en premier, pour ménager les intérêts de la princesse et son image auprès du peuple, mais je peux me tromper. Toujours est-il qu'il est hors de question pour moi d'aller vers le conflit armé. J'ai le sentiment que quelque chose d'énorme se prépare. Nous ne pouvons plus doubler la famille royale, nous devons attendre qu'elle fasse des erreurs pour comprendre ce qui est vraiment en jeu. Les négociations ne mèneront probablement à rien, mais nous devons les attendre. Et tout faire pour que l'histoire retienne que c'est eux et pas nous qui cherchaient le chaos.  
Il se leva, et sortit d'une vieille sacoche en cuir une carte d'Hyrule et de Termina.
- C'est peut-être la dernière fois que nous nous voyons dans un endroit si sûr. Alors ce que je vous propose, c'est de faire cette union, et de mettre au point nos plans de batailles. Nous n'attaquerons pas, mais nous devons être prêts à combattre. Et, pour reprendre l'idée de Karen, être les seuls à avoir connaissance d'une alliance militaire, tout en cherchant les négociations à tout prix ne peut que nous avantager au moment de la bataille.

Il n'aimait pas le fait de se diriger vers une nouvelle guerre, lui qui avait tout fait pour en protéger son peuple. Mais les inquiétudes dont il avait fait part à ses homologues étaient bien trop réelles pour qu'il ne prenne pas toutes les garanties possibles.

- Bande d'idiots…

Tous les regards se tournèrent instantanément vers le dirigeant d'Altiméria, lequel fusillait l'assistance d'un regard accusateur.  

- Altiméria n'entrera pas en conflit avec la famille royale et ce pour une raison évidente : la majorité de mes investisseurs et de mes clients se trouvent à la citadelle d'Hyrule. Mon empire peine déjà à se rétablir et manque cruellement de fonds. Une quelconque résistance face à la souveraineté du royaume et se sont mes capitaux qui s'envolent du jour au lendemain.

Il marqua là un temps d'arrêt et porta son attention sur Ice dont le visage ne laissait, comme à l'accoutumé, paraître aucune émotion puis enchaîna :

- Comment je vous prie, suis-je sensé nourrir, payer, et équiper mes hommes pour un effort de guerre sans avoir suffisamment de rubis pour y parer ? La dernière guerre a épuisé toutes mes réserves et je suis à présent dans l'impossibilité d'être auto-suffisant. Sans compter que j'ai perdu bien trop d'hommes dernièrement et que la déclaration d'un nouveau conflit risquerait d'éroder mon autorité déjà entachée par une défaite cuisante.

Karen, à sa droite, semblait ravie de sa soudaine prise de parole et affichait l'un de ses malicieux sourires qui provoquaient chez vous un je-ne-sais-quoi de malaise.

- De plus, dois-je vous rappeler que la plupart de vos soldats possèdent de la famille résidant à la capitale ? Combien de temps croyez-vous pouvoir échapper à un coup de poignard de la part de votre écuyer ou à un verre empoisonné versé par votre page ?  Si vous attaquez la garde royale, vos alliés deviendront vos ennemis afin de protéger leurs proches et leur famille.

Son attention se porta sur les cartes déroulées sur la table. Il était évident que la royauté se préparait à frapper, le moment était opportun : chaque fraction était affaiblie et ces dernières avaient ravagées une partie du territoire attirant ainsi la méfiance des citoyens. La tension dans la pièce était palpable car aucun d'eux ne se faisait d'illusion, les jours à venir s'annonçaient bien sombres…

-  Sans compter que la famille royale représente l'autorité divine. Jusqu'où s'étend la loyauté de vos sujets sachant que chacun de vos guerriers ont priés Din, chacune de vos infirmières suppliées Nayru et chacun de vos chevaliers invoqués Farore ? Vous ne mettrez pas vos forces en mouvement que les sabotages séviront, certains y voyant là une justice divine pour nos crimes.

Abysson se leva sitôt son monologue achevé et fit mine à Karen de l'imiter. Cette discussion était, le concernant, terminée. Il ajouta toutefois avant de rebrousser chemin :

- Si vous voulez résoudre ce dilemme, il se tiendra dans quelques jours dans mon château un bal auquel vous êtes tous conviés. Certains sénateurs seront également de la danse, ce sera probablement là le meilleur moyen de désamorcer le conflit. Inutile de préciser que je ne tolérerais aucun comportement agressif sous mon toit, à bon entendeur.

Cape virevoltante, il fit demi-tour et quitta la pièce talonné par Karen et s'enfonça dans le sinistre dédale où résonnait les rires de Pumtkiin.

 Abysson s'en alla, et le Givré soupira.

 Il avait raison. Sur une bonne partie de la ligne. Exsangues, les Empires ne sauraient tenir la confrontation directe avec l'armée Royale. La meilleure chance en cas de conflit restait l'union sacrée pour leurs indépendance, mais de quel droit, en effet? De quel droit des Empires si jeunes, bâtis en toute liberté sur les territoire d'Hyrule et de Termina pouvaient-il revendiquer une quelconque souveraineté. La Famille Royale les avait tolérés, rien de plus, rien de moins. Tolérés parce que leurs prérogatives n'étaient pas abusives, et parce qu'ils pouvaient régler certains événement sans que le Royaume n'ait à s'en préoccuper. Mais aujourd'hui, alors qu'ils s'entre-déchiraient, la situation avait manifestement changé...

- Abysson a raison. Déclara doucement Ice. Ses arguments sont logiques. Nos ressources ne sont pas vraiment au meilleur, mais je sais que nous comptons tous dans nos rangs des hommes d'exceptions, et je persiste à penser que nous pouvons tenir le choc, sinon le gagner rapidement, si nous unissons toutes nos forces. Autour de cette table sont rassemblés des personnes comptant parmi les plus puissantes de notre ère, et ça n'est pas rien non plus.

 Il marqua une pause et se leva à son tour.

- Je crois que tout a été dis. Préparons nous nous, discrètement. Le plus doucement possible, pas de manoeuvre brutale. Des inventaires, des réparations, des fournitures, mais dans le calme et sans agitation aucune. Nous ne devons montrer aucune agressivité si nous voulons conserver notre crédit. Le bal d'Altiméria, si des sénateurs pragmatique et raisonnable s'y rendent, devrait nous permettre de résoudre ce conflit naissant pacifiquement.

 Puis il fit volte face et s'en alla à son tour. Il s'arrêta à l'encadrement de la porte, parlant à haute voix, pour lui même comme s'il exprimait à voix haute des pensées qui le travaillaient depuis un moment.

- Qu'avons nous à protéger de la Famille Royale? Elle peut prendre soin de nos peuples respectifs comme nous le faisons. Avons nous réellement besoin de si grands Empire? Si prompts à déclencher un confit d'ampleur?

 Il reprit sa route. Songeant que depuis un moment maintenant il hésitait à raccrocher. Rendre le pouvoir, le centraliser entre les mains de son légitime possesseur. Était-ce mal, dans le fond..? N'était-ce pas pour lui l'occasion de reprendre une vie simple de vagabond?
 Le bal allait probablement décider de beaucoup de chose...

Ephraim resta impassible face aux remarques de ses deux homologues. Et il ressentait à la fois de la tristesse et de la colère, tant leurs invectives sonnaient juste. Il n'avait jamais cru à une victoire militaire contre la famille royale. Et comme l'avait soulignée Abysson, le pouvoir de cette famille était tentaculaire : tout le monde leur était lié, tout le monde avait quelque chose de personnel à perdre en s'attaquant au bourg d'Hyrule. Il espérait au moins préparer un plan de secours, pour prévenir le moment où l'armée d'Hyrule attaquerait. Il était sûr qu'elle attaquerait. Qui que soient les gens aux commandes, ils ne voulaient pas juste faire chuter les Empires où voler certains objets. Ils auraient pu juste envoyer des assassins et divers hommes de l'ombre pour régler cela. Non, ils voulaient détruire politiquement et militairement chaque clan, s'en débarrasser définitivement et à jamais. Mais pourquoi ne pas procéder par voie diplomatique ? Quelque chose ne collait pas...

Rageusement, il fourra ses cartes dans sa sacoche. Ice avait raison, ces futilités politiciennes commençaient à l'ennuyer au plus haut point. Il s'accrochait à cet Empire qu'il avait bâti, avec le sentiment qu'il s'agissait là d'une de ses seules bonnes actions. Un Empire de réfugiés, dans des terres autrefois dominées par la mort et le banditisme. La famille royale aurait du l'en féliciter ! Il avait réussi là où ils avaient échoué après tout.
Il se mordit la langue. Cet instant d'orgueil ne durait pas. Il sentait que quelque chose n'allait pas. Depuis qu'il était revenu d'entre les morts, depuis ce voyage avec Ombre, il se sentait étrange, à la recherche de quelque chose de plus... vrai ? Son passé lui semblait de plus en plus flou et il savait qu'il ne laisserait pas quelqu'un lui dicter son futur.

- Bien, il semblerait que nous allons devoir nous plier à l'horrible jeu des mondanités. Je me demande vraiment pourquoi les gens de ce pays ne savent s'entendre qu'entourés de bouteilles de vins et de buffets à volonté.

Et il passa la porte, en marchant à la limite de la course. Il en avait déjà assez de cet endroit. Il était temps de rentrer. Il se demandait ce que faisait Ombre. Il passait presque tout son temps avec elle depuis sa "résurrection". Au moins un repère valable pour lui dans ces temps complètement chaotiques.

La salle commençait à se vider et les personnes restantes ressentirent une pressante envie de ne plus honorer le repaire des voleurs de leurs présence. Tapion avait le sentiment que, comme toujours lors des réunions au sommet, rien n'avait avancé et que les empires n'avaient aucune marge d'actions face à la citadelle. Hélas, il est vrai que chaque dirigeant devait compter avec la menace qui pesait sur son peuple. Le bal d'Altimeria serait la dernière occasion de sauver des vies. L'Ombre Derrière La Lumière soupira :

-C'est donc ainsi que le sort de milliers de vies se joue de nos jours : le temps d'une petite valse. Comme si Hyrule était prêt à négocier avec nous après ce qui vient de se passer...

Mais Light s'était déjà péniblement levé et se dirigeait déjà vers la sortie.

-Si le sort de notre Ordre se joue sur une valse, je compte sur toi pour danser, Tapion, j'aurai du mal à y arriver moi-même.

-Nous irons aussi au bal?

-J'en ai bien peur, oui. Abysson a raison : c'est comme ça que fonctionne la politique, lorsque l'on ne s'éventre pas à coup d'épée.

Tapion se rappela de ses dernières décisions en tant que leader de l'Ordre et baissa la tête. Cette fois, il devrait refouler son impulsivité, le temps d'une soirée, pour le bien de ses hommes. Durant leur retour vers la surface, suite à une remarque de Light, le général se mit à réfléchir à ce qu'il allait mettre pour cette soirée. Encore une nouvelle torture diplomatique à venir...

Le sort du monde se jouerait donc à un bal? Ainsi soit-il. Alors que tout le monde se levait les uns après les autres pour quitter le repaire, l'assassin lui, restait assis sur chaise, songeur. Après que les représentants de Krynn, les derniers à sortir, furent partis, Iker se leva lentement, pour s'approcher d'une étagère au fond de la pièce, qui fit pivoter en retirant l'un des volumes qui s'y trouvait. Un jeune homme, qui devait avoir 20 ans à peine sorti de l'ombre et s'approcha de l'ancien maître de Moordenaar.

-Oui, maître?

-T'es parent était des nobles, n'est-ce pas Nyron?

-C'est exact mon maître

-Tu sais donc te conduire en société?

-Cela fait en effet parti de ma formation...

-C'est donc réglé, tu iras au bal d'Altimeria, pour m'y représenter... Tu peux disposer, va te préparer pour le grand soir...

-Je vois, je vais tâcher de vous faire honneur maître...

Sur ces mots, le jeune homme quitta par le même passage par lequel il était venu, tandis qu'Iker retournait s'asseoir à la table de réunion où, quelques instants auparavant, les plus grands guerriers du monde étaient assis. Iker sourit en pensant aux événements à venir. Des comportements agressifs? Abysson le connaissait bien mal...