L'attaque d'Assilfenn

Le dirigeable survolait Hyrule depuis plusieurs heures déjà. Mya avait exigé que tous les membres accèdent au château d'Assilfenn par la voie des airs pour que chacun puisse mémoriser les reliefs de la région et que tous se retrouvent au même endroit au même moment.

- Rappelez-vous que vous ne devez quitter votre compagnon sous aucun prétexte, ou c'est la mort assurée pour votre binôme. Vous aurez face à vous des soldats d'expérience qui seront prêts à tout pour protéger leur empereur, soyez vigilants ! Évitez le corps à corps si vous le pouvez !

Ils s'arrêtèrent peu après l'entrée de leur moyen de transport dans le désert, entre deux dunes. Le chef de la guilde souhaitait rester quelques jours sur place pour que chacun ait le temps de s'habituer au climat inhospitalier du désert, défaut de son plan initial que Mina avait soulevé deux mois auparavant. Entre temps, les assassins s'étaient entraînés sans relâche jusqu'à pouvoir anticiper les mouvements de leur compagnon et déceler leurs faiblesses pour apprendre à les combler.
Tandis qu'ils descendaient, enveloppés de leurs capes couleur sable, la jeune femme leur fit une dernière recommandation :

- Ne vous éloignez pas trop, ce n'est pas le moment de nous faire repérer !

Après un léger silence, elle ajouta :

- Je veux des éclaireurs pour guetter l'arrivée d'Ikana et de Krynn. Allez vous poster à tour de rôle dans les hauteurs.

Après un dernier regard glacé à ses troupes, la Mort Subite s'en retourna dans ses quartiers réviser la géographie du désert et leur stratégie.
Ephraim se battrait jusqu'à son dernier souffle, elle le savait. Sur ce point, elle avait un avantage sur lui : elle le connaissait bien tandis que lui ne la connaissait plus. Elle le tuerait en profitant de la faiblesse de ses sentiments pour elle. Avec un léger rictus, elle se concentra de nouveau sur la carte, puis finit par s'endormir dessus. Ces deux derniers mois avaient été éprouvants, aussi n'avait-elle pas pu dormir à loisir.

[hrp/]Dites moi le si je prend trop d'initiative[/hrp]

L'homme souleva sa capuche et libéra son improbable crête rouge. Le général de Krynn rendit le même regard à l'assassine qu'il avait identifié comme un guetteur de Moordenaar.

-Si vous n'avez pas besoin de notre aide nous passerons juste notre chemin.

Tapion trouva bon de rappeler que, sans eux, Itachie et sa petite armée courrait à la catastrophe. Sans réagir à la remarque, la magicienne poursuivit.

-Ikana ou Krynn?

Le général sourit.

-Tapion, général de l'ordre de Krynn. Vos supérieurs feraient bien de vous prévenir qu'Ikana ne se battra pas à vos cotés. Quoiqu'il en soit, conduisait moi à votre dirigeante, nous devons préparer la bataille avant l'arrivée d'Itachie et de ses hommes.

A l'arrivée de Mina, la masse d'homme s'était stoppée en plein milieu du désert. Il y avait là la quasi totalité des membres de l'ordre, à l'exception du capitaine Light Majere. Tous était prêt à en découdre, convaincus que leur victoire promettrait un avenir radieux à Krynn et à toutes les nobles causes qu'ils défendaient. Cette conviction de se battre pour le bien était une des principales forces de l'armée qui se tenait derrière Tapion et les guetteurs de Moordenaar.

 Temps.

 Il était temps. Cette mascarade n'avait déjà que trop durée. Ils avaient trimés dur et s'étaient battus au périls de leur vies à de nombreuse reprises pour préserver la paix, Ice ne tolèrerait pas une guerre supplémentaire. Surtout de ce genre. Arbitrer le monde n'était pas son rôle, pas plus qu'il ne se sentait investie de la mission sacrée de protéger la paix, tout ça n'étaient que des prétextes pour cacher le fait qu'en réalité, une guerre demanderait probablement l'implication d'Ikana, ça avait d'ailleurs déjà été le cas, et qu'il n'avait pas envie de mêler son Empire à tout ça. Autant tuer dans l'oeuf toute forme de menace. Et en l'occurrence, la menace était incarnée par Mya Geta de Moordenaar. Qu'Ice n'avait jamais spécialement apprécié...

- Éliminer une personne que l'on n'apprécie pas pour aider une que l'on estime, en prétextant éviter une guerre. Ah mais quel fourbe je fais...

 La chaleur du désert était suffocante. Le Givré devait concentrer son aura autour de lui pour maintenir un air frais, sans quoi il ne tiendrait pas une demie heure dans ces conditions. Un tel artifice le rendrait visible à quiconque était capable de percevoir l'énergie, et il serait louche aux yeux de n'importe quelle personne passant trop proche de lui. Raison pour laquelle, une fois en vue du camp, il dissipa son aura. La chaleur l'accabla aussitôt et, capuche soigneusement rabattue, la broche d'argent attachée à la ceinture, il s'introduisit dans le Camp des Assassins. Monté à l'Ombre d'un immense dirigeable, il y faisait très légèrement plus frais que dans le désert, mais l'air était toujours aussi lourd. Il suffoquait en s'enfonçant davantage entre les quelques tentes et palissades. Quelqu'un l'interpella. Lui demandant qui il était.

- Je reviens de ma ronde. Répondit Ice d'une voix neutre.
- Le précédent tour est terminé depuis un moment et l'autre est déjà partie, répondit l'homme, suspicieux.
- Alors apprends à compter. Rétorqua le Givré d'une voix glacée.

 Le garde fut interloqué et l'Empereur se rendit compte qu'il lui avait répondu de son ton empreint d'autorité altière. Rapidement, il se rattrapa.

- J'ai honte de le dire mais je me suis égaré dans le désert. C'est pour ça que je ne reviens que maintenant. Je vais faire mon rapport, à présent.
- Évidemment oui. Affirma le garde en le laissant passer.

 Moordenaar... Un ramassis de racaille sans foi ni loi. Des encapuchonnés qui n'avaient pas confiance en leur propre compagnon. Pas assez pour connaitre leurs visage. Ice soupira. Vraiment, il détestait la plupart de cette engeance. Il se dirigea d'un pas décidé, quoique légèrement titubant, la chaleur ne l'aidant vraiment pas, vers le dirigeable. Un homme, encagoulé lui aussi, marcha en sa direction. Sous son manteau, la main d'Ice se referma sur le manche de sa dague, prêt à frapper en un instant. Mais l'homme ne fit que le croiser en lui murmurant l'emplacement des quartiers de Mya dans le dirigeable. Un infiltré d'Assilfeen... Finalement l'aide d'Eph aura été utile.
 Quelque chose attira son attention.
 C'était le dirigeable, il tremblait et faisait du bruit. Stupéfait, l'Empereur devina que l'énorme engin s'apprêtait à décoller. Abandonnant toute notion de discrétion, il se rua vers lui et passa l'entrée. Derrière lui la racaille s'agitait, trouvant probablement son comportement louche, ou bien était-ce le décollage qui provoquait tout ce remous? Il n'en avait cure.

 Une fois dans le véhicule de transport volant, où par bonheur il faisait frais, il put ainsi se diriger vers sa cible avec toute l'assurance du monde, évitant de susciter les soupçons chez les sous fifres qu'il croisait. Il arriva finalement face à une porte qu'il ouvrit doucement, mais surement. Il entra dans la pièce, referma la porte.

 Elle était là. En face de lui. Mya Geta, Maitre de Moordenaar depuis la disparition d'Iker, était endormie, face contre la paperasse qui recouvrait son bureau. C'était trop beau pour être vrai. Sans précaution aucune, il s'avança vers Mya, contourna le bureau jusqu'à se trouver dans son dos. Puis il dégaina la dague.
 La dague...
 Il la regarda longuement. C'était une excellente arme. Longue et plutôt pesante, robuste, acérée, parfaitement adaptée à la musculature de l'Empereur. C'était Mya lui même qui la lui avait donné. L'arme, d'une fiabilité exemplaire, ne l'avait plus quitté depuis. Ice l'avait faite modifier par ses artisans. Des rainures bleus parcouraient désormais la lame, et son manche était décoré d'entrelacs d'argent. Et, ironie du sort, c'est de cette arme, qui fut la sienne, que l'Assassin allait périr. Il la fit basculer dans sa main, la leva...

- Tu pensais que je ne te remarquerais pas?

 Vive et agile, elle passa au dessus du bureau et se retrouva en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire face à l'Empereur, sa propre dague levée.

- Je t'attendais, Ice, mais pas dans ces conditions. Que veux tu?
- Tu dois bien t'en douter. Ou bien ai-je surestimé ta perspicacité... Lui répondit le Givré d'une voix atone.
- Peuh. Cracha-t-elle. Je savais bien qu'on ne pouvait pas te faire confiance. À toi comme à personne. Je t'ai vu dès ton entrée ici, pourquoi crois tu que le dirigeable ait décollé?
- Aucune idée et je m'en fiche. Sortir d'ici ne me posera aucun problème.
- Tu ne sortiras pas d'ici vivant. Et personne ne peut t'aider.
- Parle pour toi...

 L'Empereur décala brusquement sa tête sur sa gauche. Dans la seconde même, un CHTOC sonore indiqua que le couteau s'était planté dans le mur en bois derrière lui, et non entre ses deux yeux. Mya sourit. C'eut évidemment été trop facile d'en terminer comme ça. Ice ne souriait pas, lui. D'un coup de pied brusque et soudain, il renversa le bureau qu'il, d'un second coup de pied, propulsa vers l'Assassin. Il se rua à la suite du meuble, et au ras du sol, pour ne pas être vu. Comme il l'avait supposé, Mya n'avait pas la force physique d'arrêter le massif objet de bois et elle fut déséquilibrée. Saisissant l'occasion, le Maitre des glaces enjamba le bureau tout en donnant un coup droit de sa dague en direction de la gorge de son adversaire. Mais le fil de sa lame ne traversa que l'air. Le Maitre Assassin s'était rétabli avec une célérité surprenante et c'était cette fois sa dague qui visait Ice. Mais tout s'était déroulé à une vitesse telle qu'il était encore en l'air, dans son mouvement pour enjamber le bureau. Une main sur ce dernier, l'autre en train de rapatrier sa dague.

 Sans réfléchir, il balança ses jambes! La première, sa jambe droite, rencontra la dague de Mya en parada, mais ses jambières le protégèrent des dommages qu'une telle parade aurait pu provoquer. Sa seconde jambe, la gauche, passa en revanche sous le bras de la femme qui prit le coup droit dans les côtes, la faisait reculer en vacillant. L'Empereur ne put se saisir de l'occasion, sauver sa gorge lui avait couté sa réception et il était au sol, se relevant aussi vite que possible pour ne pas laisser d'ouverture à sa fulgurante homologue. Une fois leurs équilibres retrouvés à tout les deux, ils se fixèrent, une haine glacée dans les yeux.

 Elle passa soudain à l'attaque! Sa vitesse était reconnue dans le monde entier, et ce n'était pas pour rien. Ice dut déployer tout ce qu'il avait de vitesse, et surtout de réflexe, pour survivre aux assauts enragés de son ennemie! Il pouvait parer, quoiqu'in extremis, mais il ne voyait pas d'ouverture, il ne pouvait pas placer d'attaque, il n'avait tout simplement pas le temps d'y penser. Seuls ses réflexes le sauvaient de la furie meurtrière de Mya, et s'il n'avait pas une confiance absolue en son endurance, il aurait déjà été persuadé d'avoir perdu ce combat.

- Argh...

 Une entaille à la joue. Une autre à la cuisse. Une estafilade au bas ventre. Ça ne pouvait plus continuer ainsi! Il déploya ce qui pouvait faire toute la différence en un clin d'oeil ; sa magie! Parant une énième attaque, il gela soudain l'intégralité du sol de la pièce et, ainsi que prévu, la différence soudaine d'adhérence prit l'Assassin totalement au dépourvu. L'instant fut bref, mais Ice avait précisément anticipé le déroulement de la chose. Il vint au contact, tout près, et fit mine de vouloir lui planter son arme dans le cou! Ainsi même qu'il l'avait espéré, Mya bloqua. Il étendit alors son bras d'un coup et l'enserra, raffermissant sa prise avec son second bras!
 C'était terminé, il l'avait immobilisé.

- Je te tiens. Lui souffla-t-il au visage, leurs nez se touchant presque.
- Et après? Rétorqua-t-elle d'une voix pleine de mépris. Tu es autant privé de mouvement que moi, Ice, et ton étreinte n'a pas assez de force pour me briser les os. Tu ne tiendra pas la vie et un de mes hommes viendra forcément avant que quelque chose ne se passe, tu as perdu, reconnait le.
- C'est là que tu fais erreur... Lui murmura-t-il après avoir approché ses lèvres de ses oreilles.
- Qu'est-ce que tu veux dire? Grinça-t-elle avec dédain, mais elle avait pâlit.

 Ice ne répondit pas tout de suite. Sans relâcher son étreinte, il ne dit rien. Mais laissa quelque souvenirs affluer en lui. Le jour ou Mya, accompagnée d'Adrix, l'avait attaqué. Et plus spécialement leurs voyage à Célestia, ou un périple qui avait commencé en nombre s'était terminé à deux. À eux deux. Il serra la dague dans son poing. Il détestait Moordenaar et Mya en tant que Chef de cette dernière, mais il sourit tout de même avec tristesse. Un sourire qu'elle ne vit pas, car le visage de l'Empereur était tout contre le sien, joue à joue. L'espace d'un instant, il changea la forme de son étreinte, un peu comme une réelle étreinte d'adieu.

- ..?
- Adieu, Mya Geta.

 Et les pics de glace jaillirent de tout son corps. Ice avait prévu depuis le début d'utiliser Stalla Ball. Une technique qui le changeait en véritable hérisson aux piques glacées. Et à cette distance, déployer cette technique avant tout défensive était un jeu d'enfant. Elle ouvrit la bouche, mais seul du sang s'en échappa, coulant du coin de ses lèvres, comme de multiple blessures sur tout son corps, à la vérité.
 Ice annula la technique, relâcha son étreinte et fit un pas en arrière.
 Elle le regarda, ses yeux étaient grand ouverts, mais vide. La vie semblait s'en échapper tout doucement. Ses lèvres remuèrent, mais aucun son n'en sortit. Lentement, elle s'effondra. D'abord sur ses genoux. Puis face contre terre, au milieu d'une mare de sang en expansion. L'Empereur lui rendit un hommage silencieux, rangea sa dague, lui tourna le dos puis s'en alla, ses vêtements tachés de sang.

- Et maintenant, sortir d'ici. Dit-il en essuyant le sang qui avait coulé sur sa joue d'un revers de manche.

- Kof, kof.

 Une toux malade, imprégnée de douleur et qui expulsait du sang. Mya n'avait pas encore rendu son dernier souffle. Ho non. Quoiqu'en dise cet affreux Empereur, il ne repartirait pas d'ici en vie. Et Ephraim n'échapperait pas non plus à sa vengeance. Elle hoqueta de nouveau du sang lorsqu'un rire voulut lui échapper, songeant qu'aujourd'hui devrait périr trois Dirigeant important.
 Car elle n'avait pas fait décollé son dirigeable au hasard.
 Elle avait prit en compte l'éventualité de perdre contre Ice. Son but était plus important que son orgueil, et en cas de défaite il fallait qu'elle soit encore capable d'accomplir ce que ses troupes ne pourrait pas faire sans elle : détruire Assilfeen. Lentement, elle parvint à se hisser sur ses jambes. La seule station debout suffisait à la mettre à la géhenne, mais elle serra les dents et tint bon.

- Tu vas voir... Ice. Personne ne... sortira d'ici vivant...

 Le poste de pilotage se trouvait juste à coté de son étude de travail, ceci afin qu'elle puisse à tout moment mettre la pression sur le pilote. Mais actuellement il n'y avait pas de pilote, elle avait elle même fait décoller le dirigeable et avait ordonné de ne pas être dérangée. Peut-être n'aurait-elle pas du. Il était trop tard pour y penser. Avec toute les peines du monde, laissant une trainé rougeoyante derrière elle, elle alla jusqu'à la porte qu'elle ouvrit, et arriva devant le poste de commande. Devant elle, par la baie vitrée, elle voyait le désert. Immense, orange, brûlant. Et dans ce désert, un point différent. Le Château d'Assilfeen. Le localiser avait été compliquer, beaucoup d'homme avaient péris dans le désert, ou bien avaient-ils étés occis par les forces d'Ephraim, mais cette fois c'était bon. Elle fit tourner le gouvernail droit vers la forteresse. Elle en était terriblement proche... Elle fit piquer du nez l'engin d'un coup.

- Regarde Ephraim... Me voilà... Je viens... tout... te prendre...

 Alors que son immense aéronef fonçait droit vers le Château, presque à la verticale, elle glissa sans avoir la force de se raccrocher à quoique ce soit jusqu'à la vitre.
 Le dirigeable était chargé de tout ce qu'il fallait pour la guerre. Explosif, arme, poison, piège... L'explosion lors de l'impact serait terrible. Tout ceux à l'intérieur du bâtiment seraient tués.


 Et elle était aux premières loges.

L'armée de Krynn s'était installée à l'écart du camp de Moordenaar, principalement par manque de confiance. Tapion avait brièvement été conduit devant Mya, dans le dirigeable, qui n'avait cependant pas été très loquace concernant son plan. Elle avait néanmoins fait comprendre au général que toute leur stratégie reposait sur ledit appareil volant, et que son décollage signerait le début de l'offensive contre Assilfeen. Elle avait par ailleurs assuré à Tapion que le rôle du dirigeable permettrait à la fois une diversion pour les troupes au sol et causerait de lourdes pertes chez l'ennemi...

Tapion s'était assis sur une dune à l'extrémité du campement de fortune construit en vitesse par l'Ordre. Il s'occupait à deviner si le dirigeable serait utilisé comme plateforme de tir aérienne, ou s'il serait sacrifié en lançant une attaque kamikaze sur le château. Probablement les deux. La stratégie obscure de Moordenaar aurait pu le troubler mais, là et à cet instant, le général était d'une très grande confiance. Il disposait en effet de deux atouts de taille :
- le fait qu'il faisait dans le désert environ 50°C à l'ombre.
- l'absence d'ombres...

Le guerrier, qui basait ses réserves d'énergies et ses techniques les plus dévastatrices sur la transformation de la chaleur en énergie, était pris d'une détermination inébranlable. Il pourrait même retarder quelques temps Ephraim, le temps que Mya ou Itachie s'en occupe. Ses hommes seraient moins à l'aise que lui, mais il avait confiance en leurs compétences d'adaptation. Krynn était après tout retranché dans une forêt hostile.

Les soldats de Krynn n'eurent pas à patienter très longtemps. Soudainement, un grondement s'éleva du campement lorsque, au loin, le dirigeable commença sa lente ascension et s'orienta vers le château d'Assilfeen. Tapion s'éleva à son tour et se retourna vers ses hommes, qui avait prestement formé les rangs.

-Soldats! Pour la grandeur de l'Ordre de Krynn!

Une clameur lui répondit et l'armée chargea. Tapion n'avait pas prêté attention au mouvement de l'armée terrestre de Moordenaar, ni même à l'éventuelle arrivée d'Itachie. Le générale orienta sa course de manière à ce que l'armée de Krynn et de Moordenaar (si elle suivait le dirigeable) se rejoignent aux remparts, pour se soutenir et profiter de l'appui du dirigeable. Celui-ci avançait vite, poussé par le vent du désert. Tapion était encore à environ 1km lorsqu'il vit l'appareil piquer sur le château.

Itachie, posté avec sa petite milice à proximité du camp de l'Ordre de Krynn, entendit l'appel aux armes du Général Tapion. Il ne prit pas la peine de réfléchir. Il jeta un oeil en direction du Château. Son ancien foyer, songea-t-il avec une forme de nostalgie, et vit le Dirigeable de Mya foncer vers là bas. Il se redressa immédiatement, imité rapidement par les quelques forces qu'il avait réussi à rassembler, et leur demanda de suivre Krynn. Du côté de Moordenaar on s'affairait.

- Messieurs, il est temps de changer le monde! Leurs clama-t-il le bras levé vers le ciel.

Cette attaque... Ils pouvaient gagner. Il pouvait gagner, il le sentait! L'appuie aérien de Mya serait fondamental. Si une muraille tombait, Itachie pourrait alors, grâce à sa connaissance du château, prendre le beau rôle. Il pourrait même tenter ses anciens compagnons de le rallier. S'il y parvenait... Alors son bluff d'avoir des alliés dans le château prendrait corps, faisant de lui un véritable atout dans la bataille, et un prétendant tout ce qu'il y avait de plus légitime au trône d'Assilfeen une fois qu'Ephraim serait destitué.

Ephraim... Faudrait-il le tuer? Pourraient-ils se contenter de le neutraliser? Itachie ne savait pas. Au fond de lui, et malgré tout ce qu'il avait pu dire à Ice, par exemple, il aimait profondément son Senpai. Et il ne voulait pas le voir mourir. Malgré que Mya veule sa vie et que la bataille compterait certainement des morts, Itachie prit la décision de parler avec Ephraim. D'essayer de le raisonner. Le convaincre de se rendre ou même de fuir. D'échapper à la sentence de Mya. Il le devait, par respect pour cet homme qui lui avait apprit tant de chose.

Et prit cette chose...

Il prit soudain conscience que l'appareil fondait droit sur le Château d'Assilfen. Il étouffa un hoquet de surprise pour ne pas perdre la face devant ses hommes. Il ne pensait pas que le dirigeable serait sacrifié, pourtant tout le portait à croire...

- Alors, Assilfenn ? Comment tu trouves cette guerre ?

Ephraim et Ombre étaient au sommet d'une des tours de garde du château. Toutes les troupes étaient en place, dans le désert et en dehors. Ils n'avaient plus qu'à attendre. Ephraim jouait nerveusement avec une dague. Il la planta dans le garde-fou devant lui.

- Je me souviens... Qu'autrefois, j'étais le genre d'homme qui refusait le meurtre. Je n'ai pas tué un seul être humain depuis que je suis arrivé en Hyrule. Mais ce n'est pas forcément une bonne approche. Parfois, il faut savoir changer d'angle. Et puis, il y a quelque chose de fascinant, dans cette rage, dans cette violence...

Il parut absent quelques secondes, puis reprit sa dague. Les récents évènements l'avaient libéré d'un poids, d'une incapacité à faire ce qu'il fallait. D'une incapacité à vivre pleinement. Il n'hésiterait plus à tuer. Il sentit, au loin, le dirigeable décoller. Ce n'était pas prévu, Ice était censé neutraliser Moordenar avant. L'empereur grimpa sur la rambarde de la tour de guet. Rapidement, il vit le dirigeable approcher du château. Il fixa Ombre.

- Bon, on a plus le choix. Lance l'attaque. Je m'occupe de cette baudruche.

Il s'élança dans les airs. Il était surpris de la tactique de Mya. Personne ne pouvait être stupide à ce point. Envoyer un ballon géant sur une forteresse défendue par un maître du vent, c'était du suicide. L'espace de quelques secondes, il se souvint de Mya. Comme une sorte de tendresse fantomatique. Il ne comprenait pas. Tous les changements qu'il avait subis l'avait changé, sans doute au point de ne plus pouvoir vivre avec elle. Mais il ne l'avait pas vue depuis son retour d'entre les morts. Alors pourquoi ?

Il arriva au niveau de la nacelle du dirigeable, et s'accrocha à une barre de métal, entre la vitre et le ballon. Et là il vit. Il reconnut avec peine sa femme, tenant à peine debout, recouverte de sang, en train de vivre ces dernières secondes. Une rage folle brûlait dans ses yeux. Et à ce moment, Ephraim ressentit du dégoût, devant cette simplicité, devant cet orgueil. Est-ce donc cela qu'il avait aimé ?

- C'est fini. Dégage.

Il posa la main sur le ballon. Il était rempli d'air chaud. Bien. L'oxygène était inflammable. L'hydrogène compressé dans ce ballon pouvait également constituer une jolie bombe.
La déflagration retentit à des kilomètres à la ronde. Le dirigeable fut propulsé à une vitesse terrifiante à travers le désert, éparpillant des morceaux de ballons et de métal incandescant derrière lui, avant de s'écraser quelques centaines de mètres plus loin. Ephraim se posa brutalement au sol, avant de poser un genou à terre. Cela avait été plus désagréable que prévu.

De leur côté, les forces armées d'Assilfenn marchaient à la rencontre des troupes de krynn. Environ deux cent mètres les séparaient quand une autre explosion retentit. Les troupes de krynn s'enfoncèrent alors dans le sable, avant de comprendre la tactique d'Assilfenn : de nombreuses galeries souterraines avaient été construites dans cette zone du désert. Et l'une d'entre elle venait d'être détruite. Piégées, les premières ligne de krynn virent un mur de flèches enflammées fondre vers eux, tandis que les troupes d'Assilfenn lançaient l'assaut, ne leur laissant aucune échappatoire.

 Ice errait toujours dans le bâtiment volant. Ce n'était pas tant retrouver la sortie qui lui posait problème, il se souvenait du chemin emprunter pour aller jusqu'à Mya. Mais plutôt comment descendre d'un Dirigeable en plein vol discrètement. La solution la plus simple consister à sauter. Pas très engageant, surtout que pour amortir son atterrissage en plein désert il allait lui falloir se créer une sorte de toboggan pour ne pas percuter le sol de plein fouet, et qu'une telle oeuvre dans la chaleur infernale du désert allait lui coûter cher en énergie. Une dépense détectable de loin. Suffisamment pour que quelqu'un à Krynn ou Moordenaar le repère. Que pourrait-t-il dire. Il n'avouerait certainement pas qu'il avait tué Mya, diplomatiquement, ce ne serait pas très fin. Il pourrait créer une caverne de glace et prétexter avoir légèrement perdus la tête. La chaleur avait cet effet là, sur lui.
 Il passa près d'un hublot.

- Ephraim..? S'interrogea-t-il, comme il voyait son homologue arriver par la voie des airs en directions du dirigeable.

 Minute, Ephraim était à son château, que faisait-il donc ici? L'Empereur défonça le hublot sans aucune gène et se dévissa le cou à travers pour observer ce qu'il se passait. Il vit alors que le dirigeable avait mit le cap sur le Château d'Assilfeen qui, d'ici, semblait tout proche. Il vit aussi les armées, en dessous, avancer l'une à la rencontre de l'autre. Et il vit Ephraim s'approcher du nez du vaisseau, après quoi il le perdit de vue.

- Hum. Je crois que j'ai suffisamment tergiversé. Souffla Ice.

 Sans chercher à réfléchir davantage, il envoya 3 coups tranchant dans la coque afin de se ménager une ouverture. Ephraim n'allait pas chercher à discuter, Ice avait tué Mya. Il ne pouvait laisser le vaisseau mener une attaque, il n'avait plus aucun sentiments pour celle qui fut sa femme, il allait faire une démonstration de son statut, tout simplement, et qui pourrait le lui reprocher, cet engin était gonflé d'air, après tout...
 Ice plongea!
 Et grand bien lui avait prit de se presser, il avait à peine quitter le vaisseau volant qu'une explosion incroyable retentit! Elle était si forte qu'elle le sonna, et l'onde de choc le propulsa vers le sol comme un missile, au milieu de débris divers de bois et de métal. Il s'écrasa violemment parmi eux, le sable amortissant à peine sa chute. Il resta quelques instant à terre, reprenant péniblement ses esprits au milieu de toute les conditions défavorable qui l'entouraient. Sable brûlant, soleil de plombs et morceaux de dirigeable enflammés. Mais dans les faits, il se rendit vite compte que rester là lui faisait plus de mal qu'autre chose, aussi s'efforça-t-il de se relever et s'éloigna en titubant, abaissant artificiellement la température. La clarté se fit rapidement en lui et les bruits de la bataille lui parvinrent. Ainsi ça avait commencé...

- !

 Il regarda autour de lui. Des corps, beaucoup. Mais nulle trace de celui de Mya. Avait-elle été complètement désintégré dans l'explosion? Ou bien était-elle tombé ailleurs... Ice songea qu'un certain blondinet ne serait pas très heureux d'apprendre la nouvelle. Il soupira en imaginant sa réaction, et entreprit de contourner la bataille pour se rendre à l'entrée du désert. Il y ferait plus frais et il pourrait plus ou moins surveiller qui entrait et sortait.

La course de l'armée de Krynn ralentit à la vue du dirigeable incontrôlé qui fini par exploser, visiblement très loin de sa cible. Tapion pesta, mais continua malgré tout d'avancer vers les rangs ennemis qui venaient de se former devant eux. Ils gagneraient cette bataille à eux seuls s'il le fallait. Mais c'est alors que le sol, sous les pieds du général, se déroba. Utilisant sa maitrise de l'aéromancie, il resta suspendu dans les airs en essayant de comprendre dans quel piège ils étaient tombé. Alors qu'il envisageait les différentes manoeuvres possibles, Tapion remarqua la ligne des archers d'Assilfen qui s'apprêtaient à tirer. Le temps commençait à manquer, il fallait choisir une idée. Et soudain, il y eu un flash.

Un vieillard, soutenu par ce qui ressemblait vaguement à une citrouille sur patte, était apparu sur le bord du piège d'Assilfen, au dessus de l'armée prise dans les sables. Le vieillard aperçu très vite Tapion et l'interpella, d'une voix débordante de sagesse, d'incompréhension et de déception. Il lui posa une question toute simple.

-Général! Pourquoi faites-vous cela?

La voix était altéré par les ages, mais Tapion y reconnut celle du capitaine Light Majere. Il s'apprêtait à répondre quand soudain, il eut un doute. Tapion regarda autour de lui : la carcasse du dirigeable; le château d'Assilfen -dressé fièrement au milieu du désert; les soldats de Krynn -qui peinaient à se dégager; l'empereur Ephraim -dont la silhouette se devinait au loin; et enfin l'armée d'Assilfen et la bordée de flèches enflammées qu'elle venait de lâcher.

La question de Light eut un effet bouleversant sur le général et les pensées se bousculèrent à toute vitesse dans sa tête. Ce qu'il en ressortit était que ni lui ni aucun de ses hommes ne devrait se trouver là, et que le guerrier à la coupe de malade avait fait une des plus grossières erreurs de sa vie. Employant la première tactique qui lui venait à l'esprit pour rattraper son erreur, Tapion leva un mur de feu entre lui et ses hommes, usant toute son énergie accumulée grâce au climat du désert. Ainsi Light et l'armée de Krynn se trouvait séparés de Tapion, qui restait seul devant l'armée d'Assilfen.

Les flèches de feu furent carbonisées et déviées par les courants chaud avant de retomber inutilement derrière le mur de flammes. Le général leva son bras droit devant son visage et trois flèches virent ricocher sur ses protections métalliques. Il s'adressa aux soldats de l'Ordre.

-Fuyez! Partez avec Light! Je suis désolé!

Il y eut des cris de protestation, mais les hommes de Krynn comprirent à leur tour la situation et reculèrent petit à petit hors du piège. Tapion restait de son coté, son énergie disparaissant petit à petit pour maintenir le mur de flammes, fixant l'armée d'Assilfen qui avançait à présent vers lui.

Il avait choisi tout seul d'engager Krynn dans la guerre, et il venait de décider qu'il en assumerait seul les conséquences.

- SILENCE! Écoutez moi tous. Nous n’avons plus le choix. Krynn nous a laissé tomber, plusieurs des nôtres sont tombés avec le dirigeable, l’armée d’Assilfenn est sur nous. Il n’est plus temps de fuir. Restons unis contre nos ennemis, et ensemble, NOUS VAINCRERONS. Une fois l’armée du désert vaincue, plus rien ne nous empêchera de nous approprier le trésor d’Assilfenn. Chacun aura droit à sa juste part. MOORDENAARIENS, SORTER VOS ARMES, QUE LE COMBAT COMMENCE!

L'assassin de l'ombre était resté au loin lors du début du combat, observant avec intérêt les hommes de chaque armée tomber un par un... Il reconnut quelques visages dans la mêlée. Des gens de Moordénaar qu'il lui était arrivé de croiser, des visages Assilfenniens, qu'il avait rencontré lors de ses infiltrations, ainsi que son amie. La jeune sorcière combattait en mélangeant épée, magie et cadavres. Un trio qui faisait plaisir à voir... Kyle n'avait pas les mêmes stratégies que Mina pour les combats, loin de là. Elle, elle aimait l'action, le combat, ce sentiment quand on prouve à quelqu'un qu'on est plus fort. Lui, il préférait la subtilité, le résultat et le sentiment d'avoir été plus rusé que l'ennemi. C'est d'ailleurs pour cela qu'il restait éloigné du combat, il avait un petit groupe d'hommes et de femmes qui, comme lui, savaient qu'au beau milieu d'un champ de bataille, savaient qu'ils n'étaient que du sang sur une lame. Il avait une stratégie et avait prévu plusieurs scénarios, mais dans tous les cas il y avait la même variable : La magie. Car pour exécuter son plan, il lui en fallait beaucoup et malheureusement ce n'était pas sa force. Il se débrouillait bien, très bien même, sans compter que la chaleur accablante du désert le faisait sentir puissant. La préparation pour la bataille avait duré longtemps. Et pas une seule seconde du temps de Kyle n'y fut pas consacré. Soit il explorait le château de fond en comble jusqu'à en connaître la géographie des couloirs ainsi que de quelques passages secrets, soit il écoutais aux portes du château pour dégoter de précieuses informations, soit il développait de nouvelles stratégies de combat. Il avait commencé par faire une chasse aux invocations. Plusieurs créatures qui lui serviraient, par-ci, par là... Des rats, des scorpions, des abeilles, des serpents et d'autres. Il avait aussi fait plusieurs recherches sur les explosifs. Il avait entendu l'histoire d'un homme qui avait réussis à créer une bombe à retardement, puis à force de recherches - pas de lui, mais plutôt des scientifiques qu'il a menacés - avait découvert que le mélange de deux ingrédients particulier prenait quelques minutes à réagir. Ainsi, en enlevant la plaque de métal qui empêchaient les réactifs de se toucher, on peut prendre le temps de se sauver avant que l'explosion de retentisse. Il en avait placé quelques unes dans des recoins plus sombres et moins fréquenté du château et il avait délégué ses invocations - Un rat, un corbeau et un scorpion - pour tous les activer au début de la bataille. Puis une fois une partie de la façade du château détruite, il invoqua à distance le Poigneur et son lynx pour qu'ils apparaissent derrière l'armée Assilfennienne. Puis il utilisa ses dernières ressources magiques pour invoquer plusieurs petits scorpions que le groupe d'espions s'empressèrent de lancer sur leurs ennemis à grand coup d'arbalète. C'est connu, plus petit le scorpion, plus son venin est dangereux... Puis quelqu'un arriva derrière Kyle.

«Capitaine, le dirigeable a été détruit!»

C'était vrai. Le capitaine n'avait pas vraiment porté attention à ce qui s'était passé en dehors de la bataille générale... Il avait même eu un peu honte de son comportement. Puis il pensa à Mia, qui était probablement à bords lors de l'explosion... Il ne la portait pas spécialement dans son coeur, mais il respectait ses supérieurs. Il eu une fraction de pensée pour elle avant de réaliser l'ampleur de cette nouvelle. La cargaison de poison que Mia y avait placé, est-ce que tout était détruit? Bien sûr, il n'était pas censé être au courant de cela, mais lorsqu'on nomme un homme capitaine des espions, il fallait s'attendre à ce qu'il fouille dans son propre camp aussi. Peut-être même que Mia s'en était rendu compte? Peu importait pour l'instant. Il se retourna vers son équipe et leur dit de continuer à aider la bataille, de quelque façon que ce soit. Après tout, la loi des roublards est d'attaquer sournoisement et c'est ce qu'il voulait de son équipe. Pour sa part, l'assassin de l'ombre se dirigea subtilement vers les débris du dirigeable.

Postée depuis un bon moment, Karen observait les armées d'un œil aguerrit. Cette dune de sable était une place en or pour cette enfant qui se devait d'être totalement neutre dans le combat qui se présentait à elle. A ses côtés deux autres jeune fille l'accompagnait, d'un ou de deux ans plus jeune que l'altimérienne, les deux petites marquaient l'attention avec leur équipement métallique et les mille et uns câbles qui étaient plantés dans leur peau.
Une petite ombrelle couleur sable leur permettait de se tenir à l'ombre, à ses pieds une boite métallique d'où sortait un froid inhabituel représentait la réserve de boisson fraiches pour ce petit trio.

Karen remis à ses yeux d'étranges lunettes, avec celle-ci, elle pouvait voir le duel comme si elle n'était qu'à quelques pas, pendant que les deux autres enfants ne cessaient de bidouiller sur des écrans magiques des milliers d'informations.
La jeune fille soupirait en observant minutieusement chaque troupes, il n'était pas bien difficile de reconnaitre Itachie s'employer à ses troupes ou encore Mya entrer dans le dirigeable. Pour ce qui était d'Ephraim, l'enfant ne voyait que le magnifique château du désert, et vu qu'on ne pouvait pas voir au travers des briques le composant, il fallait se satisfaire d'observer les soldats se relayer sur les parties supérieures de la bâtisse.

Karen: "Quel ennui! On est loin des mises en scènes théâtrales de mon cher cousin, à ce rythme on va faire face à une guerre du sommeil, comment les scribes arrivent-ils à relater tout ça de manière épique par la suite?"

Le vent souffla alors, comme pour répondre aux attentes de la gamine qui repris son observation vers les troupes des assassins où le sable volait en masse. Le dirigeable avait maintenant décollé, mais une fois en vol, aucun soldat n'avait réagit pour attaquer par la suite... étrange...
Mais il n'y avait pas que ça, la suite des évènements avait été très rapide et le dirigeable explosa sur le château. A sa dernière observation il n'y avait que Mya dans ce fameux engin! Quelle folie...!? A quoi cette intervention était réellement utile à part de déclarer le combat et d'offrir une faiblesse aux assassins? Les deux autre enfants avaient elles aussi activées leur matériel qui tournait à plein régime, d'après elles, cet engin permettait de la même manière que les lunettes d'analyser l'environnement pour analyser et enregistrer voir reconnaitre les flux magiques environnants.

Karen: "Alpha, Beta, cette attaque a-t-elle au moins achevé Ephraim?"

Alpha: "Négatif, d'après les flux, nous avons de quoi confirmer sa présence au château."

Beta: "Par contre nous avons aussi retracé la présence de l'empereur d'Ikana, c'est plutôt faible et nous ne sommes pas en moyen de le situer exactement dans la bataille!"

Karen s'empressa alors de chercher avec ses lunettes du côté des assassins qui s'étaient mis en route pour la bataille, pas de givré à l'horizon, cependant les troupes de Krynn fuyaient en direction opposée alors que leur général restait en avant. C'était ici qu'il fallait garder l’œil ouvert pour l'instant, il semblait que beaucoup de ces assassins avaient de forts potentiels, c'était bon à savoir que de bons soldats pouvaient être rémunérés facilement.
Cependant on pouvait sentir un empressement chez la gamine qui jetait parfois un coup d’œil vers le château, voir même le dirigeable, comme si il avait un lien avec le crash de la machine volante, cette idée loufoque et ingénieuse ne pouvait être digne que de lui!

Karen: "Ce fichu glaçon pourra dire ce qu'il voudra, mais je compte bien profiter du fait que j'ai pu le repérer pour influer sur la dette d'Altiméria! Félicitation les filles, dommage que l'analyse ne repose que sur les personnes dont on a put récupérer le sang dans les tentes de soins après la guerre d'Ikana..."

[i]Elle continua à regarder les hostilités, un grand sourire sadique en coin, tout en profitant de sa boisson fraiche.

Des flashs. Des flagrances qui lui fouettaient le visage. Brièvement, les souvenirs de sa vie avec Mya lui revenaient. Comment une telle guerre avait-elle pu éclater ? La haine irraisonnée d'une seule femme mettait en péril les vies de familles entières. Pourtant, Ephraim ne se souvenait pas d'avoir été un mauvais mari. Aucune trace dans sa mémoire d'infidélité ou de violence. Alors pourquoi ? Il se releva, balayant ses doutes. C'était les souvenirs de quelqu'un d'autre, dans une autre vie. Il n'avait pas à s'en préoccuper.

Les choses évoluaient rapidement sur le champ de bataille. Ses troupes appliquaient avec quelques imperfections sa tactique. Les troupes de Moordenar était en déroute. Mais tout à coup, une femme tenta de leur redonner courage, et lança quelques attaques magiques sur les troupes qui s'affrontaient et le château. Avait-elle seulement remarqué que lancer des sorts explosifs sur les soldats ne pouvait qu'éparpiller encore plus ses troupes et blesser autant son camp que son ennemi ? Manifestement, elle n'était pas formée à la stratégie militaire.
Pendant ce temps, Tapion se retrouvait seul face à une partie non négligeable des troupes d'Assilfenn. Le général Solaris, qui commandait l'armée régulière, s'avança vers lui, sans armes mais avec une paire de menottes dans la main.

- Général Tapion, voudriez-vous me suivre s'il vous plaît ? Il ne vous sera fait aucun mal, mais afin de traiter avec votre ordre et de régler cette histoire le plus justement possible, nous devons prendre certaines mesures.

Elle n'avait pas fini d'expliquer ses intentions à Tapion que la majorité des hommes qui l'accompagnaient étaient déjà partis renforcer les troupes qui affrontaient Moordenar. Ephraim avait eu le temps, en quelques secondes, d'appréhender la situation. Sans Mya et sans véritable motif de se battre, les troupes de Moordenar étaient terriblement désorganisées. De plus ils étaient terriblement égoïstes : aucun ne prenait le risque d'être blessé en sauvant un de ses camarades touchés. Le prix de la cupidité, à n'en pas douter. Quelques effets dramatiques, un bon coup sur la tête de l'effrontée qui s'obstinait à vouloir voir couler le sang et il pourrait espérer sauver le plus de vies possibles. Bien.

Il se précipita, lame au clair, vers la magicienne qui tentait d'unir Moordenar. Le voyant arriver, elle lui envoya plusieurs lames d'air grâce à son épée. L'empereur s'arrêta, et d'un soufle léger détruisit les lames d'air. Alors, il éclata de rire, faisant résonner grâce à sa maîtrise de l'air son rire sur tout le champ de bataille.

- Comment ? Tu crois que l'air a une quelconque influence sur moi ? Tu crois pouvoir me battre ? Tu crois pouvoir faire tomber un Empire entier d'hommes et de femmes dévouées corps et âmes à leurs idéaux, prêts à périr milles fois pour sauver leurs proches ? Ma pauvre, tu n'as pas idée de la solidité d'Assilfenn comparé à votre piètre cupidité...

Il remarqua alors un assassin de Moordenar qui courait vers les restes du dirigeable.

- Certainement pas !

Il tendit la main vers le dirigeable, et manipula les différents gaz présents dans l'air pour créer une explosion titanesque. Une boule de feu apparut à la place du dirigeable, réduisant en cendres tout ce qu'il en restait. Le souffle de l'explosion leva une quantité très importante de sable, qui avec le vent rendit très difficile la visibilité sur le champ de bataille. Les troupes d'Assilfenn, habituées au climat, n'en avaient évidemment que faire. Depuis le château, les archers et les balistères tiraient une nouvelle salve enflammée de flèches et de projectiles divers. Les soldats d'Assilfenn, au courant de la tactique, avaient pris soin de bien se placer. En formation depuis le début du combat, leur discipline militaire payait. En revanche, les troupes de Moordenar, éparpillées et destabilisées par le sable, ne purent pas faire grand chose pour résister à l'attaque. Le sable n'était pas encore retombé qu'Ephraim fonçait sur Mina. Il croisa le fer avec elle et s'aperçut très vite que malgré l'avantage qu'il avait sur elle grâce au sable, elle n'avait que peu de maîtrise de son arme. Elle n'avait sûrement eu jamais de véritable maître d'armes. Il s'écarta, et attendit quelques secondes que le sable retombe.

- Vos troupes sont désorganisées. Nous avons l'avantage du terrain. Vous n'avez aucun avantage tactique, ni l'avantage du nombre, ni l'effet de surprise, et même pas de véritable chef. Sans vous insulter, nous avons déjà tué Mya, devant vos hommes, et si vous croyez que vous aurez la même autorité sur eux qu'elle, vous vous trompez. Vous pouvez encore sauver votre vie et celle de vos hommes. Vous êtes ici à cause de la folie d'une femme mais ça ne veut pas dire que ce combat est justifié ou que vous devez mourir ici. Mais si jamais vous vous obstinez, si jamais vous méprisez assez la vie humaine et êtes prête à faire couler le sang de centaines de personnes, à détruire à jamais autant de familles, à salir l'Histoire de votre nom, alors je n'hésiterai pas une seule seconde à vous massacrer, vous et tous vos alliés.

L'empereur rengaina son épée et croisa les bras. Si jamais elle tentait quoi que ce soit contre lui ou ses hommes, il saurait l'en empêcher. Rengainer son arme n'avait qu'une véritable conséquence : montrer à Mina qu'elle pouvait encore partir en paix. Si elle réalisait qu'elle avait encore le choix, et qu'il lui restait quelque chose à sauver, elle pourrait prendre la bonne décision. Sinon, Ephraim n'aurait peut-être même pas envie de dégainer son arme pour libérer sa rage.

Tout s'envolait. Ses rêves, ses espoirs, ses ambitions. Tout sembler voler en éclat devant la puissance manifeste d'Ephraim. L'Empereur d'Assilfeen était donc quelqu'un de si puissant pour pouvoir faire face à lui seule à 3 camps distinct, même numériquement inférieur au sien? Mya était morte, son attaque avait échoué. Et elle, la plus forte force d'attaque dont ils disposaient, partis, les troupes commençaient déjà à s'agiter. Une grande partie de la stratégie de l'alliance reposait sur l'appui aérien du dirigeable, et tout cela s'était envolé... Le Général Tapion lui même semblait regretté son choix et, comble du désespoir, avait choisi de retirer ses troupes, se sacrifiant pour leur salut.

Que faire... S'enfuir? Après tout ça? Non, ce n'était pas une option envisageable, sa milice était derrière lui et ne semblait pas avoir bien compris la situation, attendant ses ordres. Itachie réfléchit à toute vitesse. La victoire était-elle encore envisageable..? Non. Elle ne l'était plus décemment, il s'agissait de savoir si Tapion comptait réellement se battre ou rendre les armes pour la sécurité de ses hommes. Itachie paria sur la première option. Dans le même temps, quelqu'un rallia les forces de Moordenaar, insufflant une nouvelle force à toute l'alliance, mais serait-ce suffisant?

Il brandit haut son sabre devant sa milice et incanta. Ses pouvoirs d'anges ne lui permettaient pas d'être le plus utile des guerriers sur le champs de bataille, mais il pouvait efficacement soutenir ses alliés, et ce genre de capacité était ô combien précieuse. Tout Assilfeen devait le savoir, eux qui avaient pu jadis compter sur lui. Aujourd'hui il était dans l'autre camp et il allait faire voir à ses anciens alliés ce que c'était que de se battre contre des personnes avantagées de diverses manières. Sa première incantation eut pour effet de créer une brèche dans le mur de feu de Tapion, permettant à sa petite troupe d'aller à son secours. Ils n'attendirent pas la réponse du Général à Solaris. Cette dernière étant désormais en infériorité numérique, ils se ruèrent sur elle à l'unisson. Itachie savait bien qu'ils n'avaient aucune chance, c'est pourquoi il lança très vite sa seconde incantation, préparée en majorité avant d'ouvrir le mur de feu. Un sort angélique de vaste ampleur qui lui couterait beaucoup d'énergie, mais qui pourrait s'avérer décisif dans la bataille!

En premier lieu le ciel sembla s'éclaircir, et un rayon de lumière séraphique descendit sur lui. D'abord un faible halo qui sembla gagner en épaisseur à son contact et se répandre circulairement autour de lui, alimenter par la céleste lumière. Tout allié d'Itachie touché par ce cercle à la taille exponentielle qui engloba bientôt le champ de bataille tout entier vit sa vitesse et sa force augmenter, et se vit conférer une guérison accélérée. Toute blessure légère guérissait en quelque minute, la vigueur revenait dans les bras, les blessures lourdes cessaient de faire souffrir et se stabilisaient à défaut de se soigner. C'était véritablement un sort de soutient impressionnant!

Mais qui était si lourd à lancer... Son incantation terminée, la lumière se dissipa doucement telle de la fumée. Itachie tituba et s'effondra au sol, perdant doucement conscience. Son sort durerait 30 minutes, pas une seconde de plus. Les divers soutiens conférés étaient faibles séparément, mais tous ensemble et sur une telle masse d'homme ils pourraient peut-être changer le cours de la bataille. Déjà ses hommes ne seraient pas massacré comme des cafards Solaris, c'était déjà ça. Perdant prise sur la réalité, il espéra se réveiller vainqueur, et non vaincu...

Les campagnes militaires n'étaient pour ainsi dire pas le point fort du blondinet. Adrix était un électron libre, rester en place plusieurs jours en attendant sagement que l'heure soit venue n'était tout simplement pas dans sa nature, à fortiori dans ce qu'il voyait comme un bac à sable géant. Il lui fallait dépenser son trop plein d'énergie et ça Mya en avait parfaitement conscience. Maintenu dans le camp, l'Ombre deviendrait bien vite une gêne pour les forces alliées plus que pour les adversaires. Il était prêt à tout pour tromper l'ennui, et son attitude infantile pouvait en agacer plus d'un... surtout lorsque le quelqu'un se rendait compte qu'il n'avait aucun moyen de le forcer à lui lâcher la grappe. Le gamin n'était pas ceux sur qui l'autorité avait beaucoup de prise, et sa petite taille ne l'avait pas empêché de tenir tête aux meilleurs combattants du pays. Seul l'empereur d'Ikana semblait à même de contenir ses débordements. Mais sa force était loin de lui attirer le respect des truands et autres assassins qui formaient les rangs de la troupe de mercenaires. Sans l'affection débordante qu'il éprouvait pour la dirigeante de Moordenaar il ne serait ni plus ni moins qu'une bombe à retardement pour la Guilde.... ou plus simplement il ne serait pas là en fait.
Aussi le jeune garçon était-il sans cesse envoyer remplir des missions extérieurs. Sous prétexte de surveiller leurs arrières, il était libre de vagabonder dans les dunes à sa guise. Et au moins, lorsque l'envie lui prenait d'essayer de créer des tempêtes de sable, il le faisait loin de toute installation
C'était d'ailleurs justement ce qu'il était en train de faire lorsqu'un Objet Volant Parfaitement Identifié attira son attention au loin. Il reconnaissait cette silhouette massive et pesante qui s'élevait lentement. La chose-ballon géante que Mya avait fait construire était en train de décoller ! Il avait toujours eut du mal à saisir l'utilité de ce machin... Pour lui qui avait autant l'habitude de voler que de marcher ce serait comme utiliser un appareil à la place de ses pieds. Des concepts tactiques comme la supériorité aérienne ou le débarquement des troupes étaient largement au delà de son niveau de compréhension de l'art de la guerre.
Mais ce qui le tracassait c'était non pas l'inutilité de la chose-ballon mais surtout qu'elle était en train de partir sans lui. Pourtant grande sœur lui avait expliqué de nombreuses fois qu'elle le voulait à ses côtés au moment de l'assaut, pour défendre le dirigeable contre les assauts du vilain-monsieur-qui-vole-aussi. Alors pourquoi subitement ? Elle l'aurait oublié ? Non ! Impossible ! Grande Sœur Mya était beaucoup, beaucoup plus intelligente qu'il ne pouvait espérer l'être, jamais elle n'aurait pu omettre quelque chose dont lui se souvenait.

*Dans tous les cas je vais être en retard si je ne me dépêche pas !*

Ramassant son bâton de combat, le blondinet de Moordenaar s'élança, fendant l'azure avec la vélocité d'un oiseau. Ses téléportations successives accéléraient ses déplacements et son impatience de rejoindre sa tutrice plus encore. Il ne savait pas vraiment ce qu'il était censé faire pendant la bataille, mais il ne doutait pas un seul instant qu'elle saurait le lui expliquer le moment venu. La confiance aveugle qu'il avait en elle était si solide qu'on aurait pu y tordre des barres de fer.
Voilà, plus que quelques mètres, il devrait être capable de se téléporter à l'intérieur de la nacelle de commandement et...

Et puis soudain l'apocalypse. Tout se passa si vite... En l'espace d'un battement de cil, sa destination se mua en une boule de feu gigantesque, comme si les Déesses elles mêmes en avaient renié l'existence. Le souffle projeta Adrix comme une vulgaire mouche face à une tempête, la déflagration fut telle que sans la protection instinctive dont il s'était entouré, le garçonnet aurait finit en merguez trop cuite.

-Mais qu'est-ce qui se passe ?!!

Le cœur d'Adrix cessa de battre lorsqu'il contempla les débris incendiés du dirigeable s'écraser au sol, la silhouette du titan mécanique réduite à guère plus qu'un tas de ferraille incandescent. La terrible réalité le frappa plus douloureusement que ne l'aurait fait la plus aiguisée des dagues.

-MYAAAAAAAA !!

Il s'élança vers la carcasse métallique avec l'énergie du désespoir. Sans se soucier un instant de la chaleur qui lui roussissait l'épiderme, il commença à en arpenter les entrailles. Sa poitrine allait exploser, jamais il n'avait été en proie à une panique pareille.
Elle ne... Non, elle n'était pas à l'intérieur n'est-ce pas ? Elle avait du trouvé une porte de sortie, ou alors sauter de la chose-ballon avant qu'elle n'implose! Elle s'en était forcement sortie, Mya s'en sortait toujours ! Il déblayait les monticules de ferraille chauffés à blanc de ses mains nues, faisant cure des protestations de ses mains brûlées. Les corps innombrables lui importaient peu, aussi mutilé que soit leur dépouille. Le meurtre avait toujours fait partie de son quotidien, il n'en saisissait guère la gravité.
Et puis il la vit et il crut que le temps venait de se figer... Un cadavre calciné que seul les vêtements déchirés permettaient d'identifier. Seule la tenue enchantée de la tueuse avait pue encaisser l'explosion. Il se jeta à ses côtés, faisant voler d'un revers de main les décombres alentours. Ses yeux étaient brouillés de larmes, son souffle était saccadé. Il la prit dans ses bras et tenta de la secouer.

-Grande sœur ! Eh grande sœur !

C'était comme si quelqu'un serrait son cœur de toutes ses forces. Mais aussi naïf qu'il soit, même Adrix comprenait qu'elle ne répondrait jamais à sa requête. Il la serra contre lui et pleura comme jamais il n'avait pleuré. Elle était partie... partie dans un endroit où il ne pouvait l'atteindre. Peut être le monde entier la voyait-il comme une tueuse impitoyable, une folle au cœur de pierre, mais aux yeux du jeune garçon elle était tout ce qu'il avait. Elle était celle qui l'avait recueillie, qui l'avait prit sous son aile alors qu'il errait sans but. Elle lui avait offert la chaleur du foyer qu'il n'avait jamais connu, la satisfaction de se sentir important pour un autre. Peut être n'avait-elle fait tout cela pour que se servir de son potentiel, oui, peut être, mais la peine qu'il éprouvait n'était pas moins réelle. Il resta là, à sangloter.

Et lorsque le second assaut d'Ephraim fit imploser ce qu'il restait du dirigeable, il n'avait pas bougé d'un pouce. Silhouette recroquevillée au milieu des flammes, entouré d'une bulle de courants aériens l'ayant protégé une fois encore, il tremblait. De rage ou de peine qu'importe, mais c'était plus que son jeune esprit ne pouvait en encaisser. Il poussa un hurlement si violent que peut être fut-il perçu jusqu'au champ de bataille. Quelque part dans les tréfonds de son âme, une entité démoniaque tentait tant bien que mal de contenir l'esprit brisé du jeune garçon. Mais même le Satyre ne semblait pas capable de reprendre les rênes.

-S'il continue comme ça il va complètement craquer !!!

Alors qu'il hurlait à s'en briser les poumons, son pouvoir magique s'embrasa. Son bâton vola dans sa main et son masque maudit se rabattit sur sa figure. D'un seul coup, toute la puissance d'un être capable de tenir les plus grands en échec, en qui coulait tant la puissance des démons que le sang sacré se libéra, un dégagement d'énergie comme on en avait plus vu depuis longtemps. Comme possédé par une démence et une soif de destruction aveugle, Adrix puisait la moindre parcelle de ses forces. Et alors qu'il apparaissait en plein milieu du champ de bataille, il se forma autour de lui une immense tornade. Une colonne d'air titanesque qui, fendant littéralement le ciel en deux aspirait sable, attaquants et défenseurs sans la moindre distinction. D'Adrix, on n'apercevait guère plus que deux yeux rougeoyant au cœur du cyclone, son cri déchirant assourdissant ceux qui avaient le malheur de se faire happer par le vortex. Il n'était pas ici pour se venger d'Assilfenn, pas plus que pour mettre fin à la bataille. Il ne pensait à rien, à rien du tout. Sa tête n'était qu'un chaos d'émotions négatives faisant jaillir son potentiel destructeur. C'était une charge suicidaire, un tel déballage de pouvoir allant probablement lui coûter la vie lorsque le contrecoup de fatigue montrerait le bout de son vilain nez.
Mais en attendant, il était là, et il était en train de labourer les forces des deux camps, et même un Empereur aurait toutes les peines du monde à stopper son élan berserk.

/Bon j'grosbillise pas mal mais Adrix est dans un état de choc comme jamais (et ce serait pas drôle si j'étais simple à ejecter) =P Mais vu les persos présents ici vous devriez pouvoir le jarter d'ici sans trop de mal. Je précise juste qu'à priori il se téléportera à l'abri loin de la bataille juste avant de se faire butter (et serait hors circuit aussi sec), donc vous pouvez y aller à coeur joie xD /

 Ice était retourné à l'entrée du Désert. À la périphérie du désert, la température était plus douce, et surtout le vent plus frais. L'Empereur appréciait la brise avec reconnaissance, tout en soupirant après sa vallée. Au sommet de la Forteresse de Pierre, là où les violentes rafales ne laissaient pas la température monter outre mesure. De sa position, il avait étendu son périmètre à son maximum. Ce n'était pas très concluant, la distance était beaucoup trop importante et il ne sentait que vaguement des fluctuations magique qui allaient souvent de paire avec des soulèvements de poussières, parfois des explosions, ou autres sons violents. L'imprécision de la chose le frustrait, car s'il pouvait sentir que la bataille faisait rage, il était en revanche totalement incapable de déterminer avec précision ce qu'il se passait, pas plus que qui prenait l'avantage.

 Néanmoins l'avantage était qu'il pouvait reconnaître les aura qu'il connaissait plus ou moins bien. Entre autre, il y avait Ephraim dont il pouvait suivre les faits "remarquable". Et c'était en fait tout. Ho, cette aura angélique, c'était Itachie. Ice admira le dégagement d'énergie et les effets du sort. S'il ne pouvait deviner les attributs de la magie lancée par l'initiateur de cette rébellion, il voyait en revanche le ciel s'éclaircir et le halo lumineux qui en descendait. C'était plutôt joli, songea le Givré, dont l'issue de la bataille le turlupinait. S'il n'avait rien contre Krynn, il ne pouvait en revanche tolérer la victoire de Moordenaar. Mais il ne devait pas s'impliquer. Si, à Ikana, l'on différenciait clairement les actes commis sous la bannières de l'Empire et ceux commis pour soi, un acte de l'envergure du meurtre de Mya, ou dans une moindre mesure avantager un camp ou l'autre provoquerait assurément un accident diplomatique. Les gens ne toléreraient pas ses arguments, ses raisons, son prétexte d'acte personnel et non au nom de l'Empire. Il était Empereur après tout, sa liberté de mouvement n'était pas la même que celle d'un "simple" général. Il ne pouvait que rester ici à observer.
 Il soupira.

 Et puis le cri.
 Un cri long, déchirant, rempli de peine et de colère. Un cri de désespoir d'où se déversait une foule d'émotions négative. Ice soupira de nouveau. Il savait qui criait. Et il savait pourquoi il criait. Adrix venait probablement de réaliser la mort de Mya. Celle qu'il appelait sa grande soeur.

- Hmm. Voilà qui est bien digne de l'occasion. Commenta le Givré.

 Il venait en effet de sentir un déferlement de puissance prodigieux. Le genre qui l'impressionnait au point de douter de sa capacité à l'endiguer. Le genre qu'il préférait fuir, par simple flemme de se démener, qu'affronter. Le genre, surtout, dont il avait déjà fais les frais lors de la finale du Tournoi de Nayru. Quoique, une minute. Il se rapprocha discrètement, maintenant un minimum de fraicheur autour de lui, sachant qu'au milieu des combats personne ne ferait attention à son infime dégagement.
 Plus proche, il put réduire l'étendu de son périmètre, et en conséquence en maximiser l'étendue de la perception. Il pouvait désormais sentir la puissance d'Adrix. Une puissance bien supérieure à celle qu'il avait déployé lors du tournoi. Mais ce n'était pas possible. Le gosse s'était donné à fond. Il ne pouvait pas en garder autant sous le coude, il n'avait pas pu progresser autant. Pas en si peu de temps, qu'est-ce qui se cachait donc là dessous...
 Une tornade se leva. Le cri résonnait toujours. Ice raffermit ses appuis, l'aspiration se faisant sentir jusqu'à sa position.

- ! Quel idiot, il est en train de se consumer!

 C'était l'unique explication logique à une telle augmentation de pouvoir. Ice, ni même aucun autre Empereur, ne serait pas capable de l'arrêter sans y aller avec lune détermination faisait intégralement fi de la pensée même de la mort pour atteindre l'objectif. Et c'était quelque chose dont Ice était totalement incapable. Mais il y avait Ephraim. Et à deux alors peut-être...

 Néanmoins il ne pouvait sauver Adrix sans se montrer. Et même si sa présence ne serait pas immédiatement mise en rapport avec le décès de Mya, merci Ephraim, il serait mal vu qu'il vienne avantager un camp ou l'autre. Néanmoins dans l'immédiat Adrix était un danger pour tout le monde, le stopper ne serait probablement pas perçu comme une prise de position. Ice n'avait aucune raison d'aider ce gamin, mais si Mya était réellement sa tutrice, alors il était responsable de lui, d'une certaine manière. Pfff, quelle absurdité. L'Empereur ne pouvait admettre avoir développer une sorte d'affection envers ce gamin qui lui avait tenu tête et avait commencé à l'appeler "tonton", en fait. Et c'était ce qui le faisait hésiter. Il ne voulait pas le voir mourir...
 Intervenir... ou non...

Kahuna observait la scène. Il était amusé de voir ces guerres se déclarer "pour si peu". Toutes ces histoires d'empires ne l'intéressait pas. Il laissait son petit frère se passionner pour ce "jeu". Cependant, cela l'arrangeait. Une guerre ? L'occasion parfaite d'assouvir sa soif de sang. Mais se jeter à corps perdu au beau milieu d'un champ de bataille... Ce n'était pas trop son modus operandi. Ce qu'il voulait, c'était faire couler le sang de sa victime et la voir souffrir longuement sous ses yeux. Plus sa cible était forte, plus le plaisir est grand.

C'est à ce moment qu'un flux d'énergie immense explosa littéralement au milieu du combat. Le sadique ne pu s'empêcher de s'en lécher les babines. Il devait entrer dans le combat, maintenant... Quoi que, peut-être pas tout de suite en fait. Kahuna venait de repérer, à l'aide de ses duplicatas disséminés un peu partout, une aura glacée qui lui était étrangement familière.

" - Hum... Après tout, pourquoi pas ? Songeait-il "

Il se dirigea alors vers cette aura qu'il venait de détecter. Quand il fut arrivé non loin de lui, il put constater qu'il s'agissait de Ice, visiblement épris d'un épais doute qui pouvait facilement se lire sur son visage. Kahuna pouvait sans doute profiter de cette occasion pour obtenir ce qu'il voulait. Oui, l'occasion était on ne peut plus parfaite pour ça. Il s'approcha alors du givré pour se mettre aàson niveau avant d'entamer la conversation.

" - Il semblerait visiblement que nous ayons un intérêt commun dans cette histoire. "

Il s'arrêta quelques secondes sous le regard étonné et méfiant de Ice. Après tout, ces deux personnages ne se sont fait que des coups dans le dos jusqu'à maintenant.

" - Rassure-toi, aujourd'hui ce n'est pas destiné contre toi. Il ne put une nouvelle fois s'empêcher de se lécher les babines. Je suis prêt à m'occuper de "ça" pour toi. Je n'ai que faire de vos querelles diplomatiques, cependant, je veux pas que ce château soit abimé... Du moins, pas pour le moment. Je ne te demande qu'une chose en échange. D'ici peu de temps, tu vas recevoir la visite d'une personne qui te donnera une forte impression de déjà-vu. J'aimerais que tu l'amènes ici une fois que la zone sera redevenue un peu plus calme. Est-ce que cela te convient ?"

Seul face à Solaris, Tapion fut très vite rejoint par les renforts que lui avait envoyé Itachie. Finalement l'ange était présent sur le champ bataille comme convenu. Les mercenaires encerclèrent la petite unité d'Assilfenn venue arrêter le général. Quant à Tapion lui même, il était dans le doute. Devait-il continuer ce combat dans lequel il n'avait rien à faire, ou se rendre pour avoir impliqué injustement l'Ordre...

C'est à ce moment qu'Itachie utilisa ses pouvoirs pour booster la force de ses hommes, Tapion y comprit. Le guerrier à la coupe de malade fut surpris par sa vigueur nouvelle qui, combiné à la température du désert, le faisait se sentir plus fort que jamais. Il fut impressionné par la quantité d'énergie qu'Itachie avait du mobilisé pour ce sortilège, au point de se mettre lui-même en danger. Une belle image de la conviction qui l'habitait... Tapion se souvint alors qu'il avait promis son aide à cet homme et que, malgré les circonstances, ce serait un grand déshonneur pour le guerrier de ne pas respecter sa parole. Même si c'était sans Krynn, Tapion devait se battre.

Avant que le général Solaris ne comprenne pleinement les effets du sort d'Itachie, Tapion s'était téléporté à ses cotés, avait sorti son épée et s'apprêtait à la frapper. Le général d'Assilfenn fut sauver par des reflex hors normes en faisant une roulade pour s'éloigner de son agresseur. C'est le moment que choisirent ses hommes pour lu venir en aide et foncer sur Tapion. Celui-ci leva sa main gauche vers eux, et lança sa classique boule de feu majeur, qui explosa au milieu de la troupe, brulant et éjectant la plupart d'entre eux, avant que les mercenaires d'Itachie ne s'occupent finalement d'eux. Tapion se retourna vers son homologue.

-Comment oses tu?!

Le temps qu'elle se relève, Tapion avait bondi vers elle, glissait sur le sable et, arrivé à sa hauteur, enfonça son épée dans le ventre de Solaris. Le tout en une petite seconde, trop peu pour que Solaris puisse finir son mouvement. Celle-ci se mis à cracher du sang, son regard devenu soudain inexpressif, avant de s'effondrer. Tapion, debout à ses cotés, lui dit:

-Je suis désolé pour cette réaction inattendue. Vous m'avez offert de me laisser la vie sauve, ce geste ne saurait être oublié et je me permet de vous l'accorder aussi, général Solaris d'Assilfenn. Aucun point vital n'a été touché.

Le général venait de se rendre compte de l'étendue de ses pouvoirs sur ce champ de bataille et repris confiance. Il pourrait anéantir une bonne partie de l'armée et du château d'Assilfenn avec une boule de plasma mais, sans Light à ses cotés, cela lui prendrait beaucoup trop de temps. Il doutait que le sort d'Itachie dure plus de 5 min. Lorsqu'il envisagea de mesurer à l'empereur, aux prises avec la guerrière de Moordenaar, Adrix venait de découvrir le destin de Mya. Les armées devaient alors gérer en plus une gigantesque tornade ne distinguant ni alliers, ni ennemis.

Comprenant à la fois le danger que représentait le jeune berserk de Moordenaar et la puissance que récupèrerait le camp qui arriverait à le dompter, Tapion se rapprocha de lui. Il tailladait sur son passage les soldats qu'il croisait et envoyé à l'occasion une boule de feu sur les troupes ennemis. Considérant ses réserves d'énergie à ras-bord, il se permit d'utilisé sa nouvelle technique : l'armure incandescente de Bohr. Les soldats virent le général courir, entouré de sphères incandescentes qui interceptaient les projectiles lancer contre lui et qui se jetaient sur le visage des guerriers qui passaient trop prêts.

HRP:Dsl Ephraim, ça m'était sorti de la tête. Rectifications faites.

- Un énorme trésor ? Ben voyons...

Ephraim était surpris par les motivations et les certitudes de Mina. Premièrement, parce qu'un Etat comme celui d'Assilfenn ne pouvait pas, par définition, être immensément riche. Le désert n'offrait que peu de ressources. De plus, pour financer la guerre, Ephraim avait dû dépenser beaucoup, beaucoup d'argent. Mina semblait véritablement ignorer le coût incroyable d'une guerre, tant sur le plan financier que sur le plan humain. Sans compter que, avant de frôler la mort et de devenir partiellement amnésique, Ephraim avait dissimulé dans un endroit secret et probablement scellé par divers sortilèges plusieurs trésors importants, dont l'Epée de Critias, la lame légendaire qu'il était le seul à pouvoir maitriser. La perte de tous ces objets de valeurs avait d'ailleurs handicapé l'Empire pendant la préparation de la guerre.
Ephraim ne put s'empêcher de sourire. Les assassins de Moordenar pensaient-ils vraiment qu'ils allaient sortir heureux, grandis et riches de cette guerre ? Le peu de fonds qu'il restait était bien dissimulé dans les galeries souterraines qui couraient sous le désert entier. l'Empire avait mis des années à mettre au point les plans de ces galeries, alors autant dire que sans les connaître on ne pouvait que s'y perdre à jamais.

Mais l'heure n'était pas au matérialisme. Les soldats d'Assilfenn étaient manifestement les seuls à connaître l'horreur de la guerre. Principalement constitué de réfugiés politiques et d'utopistes, Assilfenn avait toujours été pacifique pour la simple et bonne raison que rien ne pouvait justifier aux yeux de son peuple l'horreur de la guerre. Les soldats de Moordenar et de Krynn refusaient de voir cette horreur, pensaientt pouvoir détruire des vies, des familles, une culture, faire couler le sang par flots et s'en sortir indemmes. Soit. Si il n'avait pas le choix, Ephraim ferait tout pour leur apprendre l'ampleur d'une vraie guerre.

C'est alors qu'il senti une aura gigantesque émerger. Une aura plus grande que la sienne. Il vit alors une tornade gigantesque apparaître, et en son centre, un homme, très jeune, aux yeux rougeoyant et dont il devinait le visage déformé par la rage. Il déduit rapidement que cet homme devait être Adrix, le second de Mya. Il était certainement le seul à Moordenar avec Mya capable de dégager une telle puissance. Malgré cela, Ephraim vit qu'Adrix s'en prenait malgré lui à tous ceux qui croisaient sa route : des hommes de tous les camps étaient emportés par sa tornade. Un gamin qui allait se retrouver couvert de sang... Etait-il dans cet état à cause de la mort de Mya ? Sûrement. Sans prêter attention à ce que faisait Mina, Ephraim fonça sur Adrix. Il espérait le raisonner, lui permettre de retrouver le contrôle de lui-même. Dégainant la lame à sa ceinture, il la sépara en un mouvement en deux sabres bien distincts. Les Lames Jumelles, qu'il avait pris l'habitude d'utiliser pour leur légéreté. Pour jauger son adversaire, c'était parfait.

Il était arrivé à quelques mètres de son adversaire quand celui-ci accrut considérablement l'énergie qu'il dégageait et la puissance de sa tornade. Malgré sa maîtrise affinée au fil des années du vent, Ephraim dut stopper sa course. Si le sortilège de Mina avait aidé Adrix, ce dernier n'avait cependant pas dit son dernier mot. La tornade devint encore plus grande, et brisa le bouclier créé par Mina. De nombreux hommes de Moordenar furent emportés, tandis que les troupes d'Assilfenn tentèrent tant bien que mal de se replier le plus possible vers le château, dans une formation défensive organisée. Les troupes de Moordenar, surprises par la rupture du bouclier, s'éparpillèrent dans un chaos général pour tenter de sauver leurs peaux. Mina quant à elle devait déployer de plus en plus d'énergie pour tenir son sort d'invisibilité et sa lévitation. Ephraim sentait l'aura de la magicienne qui s'intensifiait en vain. Il était impossible de rester dans les airs face à un tel déluge de puissance et le sort d'invisibilité devenait inutile, du fait de la masse d'énergie qu'il fallait déployer pour ne pas se faire tuer. Le chaos commençait à régner sur le champ de bataille, les troupes de Moordenar et d'Assilfenn avaient cessé de combattre tant l'intensité de la tornade d'Adrix devenait importante.

Ephraim ne pouvait plus attendre. Il concentra ses forces et se jeta sur Adrix. Il enchaina plusieurs coups de tailles et autres estocades avec toute la vitesse dont il était capable, mais le jeune homme ne cessait de les faire dévier avec sa seule aura. Trouver un moyen de le calmer serait très difficile. Contre toute attente, Ephraim se jeta sur Adrix, et l'aggripa par les aisselles. Adrix n'était pas assez fort pour empêcher l'Empereur de le toucher, mais ce dernier éprouvait de très grandes difficultés à tenir cette position.

- Adrix ! Elle n'a pas souffert ! Elle est heureuse, maintenant ! L'autre monde existe, je l'ai vu ! Elle continue de veiller sur toi !

Adrix, ignorant complètement ce que disait Ephraim, hurla et, d'un coup de poing, projeta l'Empereur à une dizaine de mètres devant lui. Ephraim se releva, essuyant le sang qui coulait de sa lèvre inférieure, largement fendue. Impossible à raisonner, très rapide et surpuissant. C'était vraiment une sale journée.
C'est alors qu'il tourna la tête, et vit Tapion s'attaquer à Solaris. Pourquoi se battait-il tout à coup ? Solaris avait l'ordre de ne pas montrer la moindre aggressivité contre Krynn si jamais ils acceptaient de se retirer. C'est alors que Tapion transperça Solaris de son épée. Solaris.

Quelques années auparavant, Ephraim était misérable. Log et Kad avaient détruit tout ce qu'il avait. Il n'avait ni argent, ni amis, ni espoir. Il ne trouvait plus les ressources pour lutter pour ses idéaux. Et elles étaient arrivées. Luna et Solaris. Les deux soeurs jumelles avaient refusé de lâcher prise là où il était fini. Elles lui avaient donné un toit, leur amitié, et surtout, la force de se relever. Grâce à elles, dans ce désert où autrefois régnait la mort, il avait créé un Empire ouvert à tous les réfugiés, les gens meurtris, les utopistes qui croyaient en une vie meilleure. Et maintenant, cette femme à qui il devait la vie se faisait transpercer par l'épée d'un homme à qui elle avait offert son pardon.

Ephraim sentit une rage immense l'envahir tandis que des souvenirs lui venaient tout à coup à l'esprit, comme des coups de massue contre son crâne. La guerre. L'odeur de souffre et de chair déchiquetée. La famine, les gamins déformés par la faim, avec des os solides comme des brins de paille. Les yeux pleins de larmes d'hommes et de femmes couverts de sang. Il frappa le sol avec force, déchainant le vent en même temps qu'Adrix. Le désert n'était plus qu'un écran de sable désormais. Il hurla.

- Tu l'auras voulu, Tapion !

Il dégaina alors l'épée gigantesque attachée dans son dos. Massive, l'Armageddon était aussi grande que son possesseur. Plusieurs pierres précieuses remplies d'énergie étaient incrustées dans sa garde. Ephraim la brandit vers le ciel, et un rayon de lumière s'en échappa, transperçant le ciel. C'était un signal. En effet, une partie des troupes d'Assilfenn n'était pas dans le désert. Une troupe d'élite, uniquement constituée d'agents spéciaux et dirigée par le Général Luna, attendait à Termina. Elles avaient l'ordre, si Ephraim l'estimait nécessaire, de mettre le feu à la forêt abritant la base de l'ordre de Krynn et de tuer tous les soldats qu'ils y trouveraient.

Les civils devaient être épargnés, mais Ephraim avait bien précisé qu'il ne sanctionnerait pas le meurtre de femmes ou d'enfants. Cette tactique, appellée " Opération Scipion " en hommage au premier général à l'avoir utilisée, avait pour but de forcer les troupes de Krynn à se retirer pour sauver leur peuple et leur nation. De plus, Ephraim espérait que cette tactique extrêmement cruelle forcerait Krynn à comprendre que la guerre n'était pas un jeu. L'ordre de Krynn comptait beaucoup de magiciens, leurs troupes seraient donc vite au courant de l'assaut d'Assilfenn. Ils auraient alors le choix : partir sans demander leur reste ou alors porter la destruction totale de leur nation sur la conscience.

Ephraim mourrait d'envie de régler son compte à Tapion, mais il fallait secourir Solaris et contenir Adrix. Il ne pouvait pas tout faire tout seul. C'est alors qu'Ombre arriva à côté de lui. Elle peinait à tenir debout.

- T'as besoin d'aide non ?

Ephraim ne put s'empêcher de remarquer à nouveau la ressemblance physique qu'elle avait avec Uryan. Fait normal puisque Ombre avait conservé le corps de la jeune femme. Cette vision calma Ephraim. Ombre n'était pas quelqu'un de reccomandable mais il ne voulait pas qu'il lui arrive du mal. Il décida de l'envoyer récupérer Solaris, mission la moins risquée des trois. A ce moment il n'avait pas réalisé qu'Itachie était dans la même zone que Solaris, et que du fait de ses antécédents avec Uryan, se retrouver face à Ombre pourrait être très compliqué.

Ephraim devait donc maintenant choisir entre s'occuper de Tapion et d'Adrix, Ephraim estima que Tapion ne pourrait pas agir plus que les autres, et que les attaques d'Adrix l'empêcheraient d'être dangereux. Brandissant à deux mains l'Armageddon, Ephraim s'avança donc vers Adrix, bien déterminé à sauver le plus de vies possibles.

[HRP] La " tactique Scipion " a été réellement utilisée, par le général romain Scipion l'Africain contre l'armée carthaginoise dirigée par Hannibal lors de la seconde Guerre Punique. L'Armageddon est une arme à laquelle j'avais dédié un post il y a quelques mois : https://zelda-triforcerpg.forum2jeux.com/t1736-retour-en-force [/HRP]

[HRP]Gardez à l'esprit qu'avec Kahuna, au début de e post on en est pas encore au gonflement de la tornade[/hrp]

 Ice avait considéré la venue de Kahuna avec défiance. Leur passif commun, au tournoi de Nayru, n'inspirait pas la confiance entre les deux hommes. Néanmoins la proposition de l'Assilfeenien sut éveiller sa curiosité. En effet, il se demandait comment il pouvait envisager de stopper Adrix, dont la puissance pure dégagée actuellement était probablement ce qui se faisait de mieux au jour d'aujourd'hui. Et surtout, Ice se demandait si l'homme en face de lui pouvait stopper Adrix sans le tuer. C'était également quelque chose d'important au yeux du Givré. Car il ne tolérerait pas la mort du blondinet. La proposition de Kahuna le laissait de glace. Escorter quelqu'un jusqu'ici? Rien de plus facile. Qui que ça puisse être.

- Loin de moi l'idée de douter de tes capacités... Kahuna, mais comment comptes tu stopper Adrix? L'approcher est présentement extrêmement dangereux. Et l'attaquer de loin inutile au possible...

 Il ne mentait pas. La tornade provoquait un tel déplacement d'air que tout corps serait immédiatement dévié de sa trajectoire initiale, tourbillonnerait autour de l'Assassin avant de repartir de façon incontrôlable et de s'écraser au loin. L'Empereur avait bien sa petite idée pour s'approcher, mais lui même n'était pas sur que ce soit suffisant. La tornade infernale redoubla soudain d'intensité et Ice dut s'accroupir pour raffermir ses appuis au sol, sous peine d'être attiré lui aussi.

- Au vu de ce qu'il vient de se passer, je réitère ma question. Dit-il d'une voix tranquille.

 Dans ce sauvage mouvement d'air chaotique, la température avait baissé de façon drastique et l'air n'était plus aussi lourd, permettant à Ice de dissiper son aura, et de regagner en discrétion.

Kahuna ne put s'empêcher de lâcher un éclat de rire. Il ne savait pas vraiment si son interlocuteur était sérieux avec sa question ou non. Bien entendu il n'avait aucun moyen de stopper net cette tornade. Mais ce n'était pas pour autant que cette dernière n'allait pas tomber. Cependant, il fut soudain pris d'un doute lorsqu'elle s'amplifia. Il se ressaisit immédiatement afin de ne pas laisser Ice le lire sur son visage.

Il se mit a réfléchir quelques secondes... Comment briser la tornade ? Dur, dur. Enfin, la question aurait pu l'être si la réponse ne lui avait pas été donnée. En effet, un immense rayon de lumière qui partit jusqu'au cieux sembler lui indiquer qu'il n'aura pas à la briser de lui même. Quelqu'un le fera pour lui et il ne lui restera plus qu'à récupérer prendre sa proie. Il répondit alors au Givré :

" - Voila ta réponse. Je n'aurais nullement besoin de briser cette tornade gigantesque, quelqu'un l'aura déjà fait pour moi le temps que j'arrive la bas.. Après c'est simple, il semblerait qu'il ai complètement perdu la raison à en juger par l'énergie qu'il consomme. Comme s'il était dans un état berzerk. Donc le combat ne sera pas très difficile, il ne réfléchira pas et se contentera de taper la première personne qui croisera sa route. Avec mes facultés à tromper les gens, il ne me sera pas difficile de l'épuiser avant de lui assener le coup de grâce. A moins que tu ne veuilles que je le laisse en vie ? C'est toi qui vois. Cependant, décide toi vite, parce que je ne pense pas qu'il vont le laisser agir longtemps. "

- Ce n'est en aucun cas une réponse satisfaisante pour moi. Soupira Ice. Si la tornade est stoppée, je peux parfaitement en faire mon affaire. Et surtout, lorsque la tornade sera stoppée, il sera probablement trop tard pour moi. Adrix consume toute sa vie, si on l'épuise il va en mourir. E je veux le stopper avant que ça ne se produise. Je crains donc de devoir devoir décliner ton offre.

 Alors qu'ils parlaient, Ice n'avait cessé d'observer cette tornade infernale. Et ce qu'il vit lui plu. Ephraim y était entré. Il ne s'agissait évidemment pas de n'importe qui, c'était lui aussi un Maitre de l'Air reconnu. Mais le fait qu'il soit entré prouvait aux yeux d'Ice que si grande soit-elle, cette tornade ne demeurait que de l'air. Qu'une tornade bien plus grosse que la normale qui soulevait tout. N'étaient le sable et les débris qu'elle charriait, le pire qu'il risquait était un sacré tour de manège et une éjection au loin qu'il avait les capacités de minimiser. S'il ne pouvait atteindre Adrix seul, il demanderait donc l'aide de son homologue.

 Une fois au contact, refroidir ses ardeurs ne serait, sans mauvais jeu de mot, pas extrêmement problématique. Un bon coup sur le crane et avec ce que le môme avait déjà dépensé comme énergie, il tomberait probablement vite dans les vapes. Du moins le Givré l'espérait-il. De même, il allait tenter une petite incursion, mais il aurait préféré avoir son trident pour ça. Trident brisé, un peu par la faute d'Adrix.

- Sale môme... Murmura Ice.

 Ice dégaina ses lames jumelles et plissa sa pupille d'aigle sur Adrix. S'il parvenait à aller assez vite avec assez d'aérodynamisme, ou du moins qu'il parvenait à fendre l'air avec assez de puissance, il devrait pouvoir se rapprocher. Il ferma les yeux et huma l'air. Toujours aussi sec, il allait devoir faire très attention, dans cette tornade. Il fit apparaître un ustensile qui devait faire office de lunette sur ses yeux, en glace, et tenta de remonter son col sur son nez. Ça ne marchait pas. Il soupira.

- Fais ce que tu veux, Kahuna. Je ne suis pas là pour me mêler de cette bataille, je récupère juste le môme. Nous n'aurons pas de problème tant que tu n'attentes pas à sa vie.

 Après quoi l'Empereur tapa un sprint en direction de la source de toute les perturbations. Plus il se rapprochait, plus il sentait la violence du vent. Il était encore assez loin mais il décida qu'il était temps. Il sauta en l'air. Un saut dont la détente n'avait rien d'exceptionnel, mais au cours duquel il exécuta un salto avant. Puis un autre, et encore un autre, vite, très vite, de plus en plus vite!
 Il utilisait un Final Spin

 Lancé à pleine vitesse telle une scie circulaire, le Givré fonça vers la tornade, avec une trajectoire à la stabilité épatante! Il fendait l'air à une telle vitesse qu'il en provoquait un sifflement aiguë. Et cette vitesse, cette capacité de fendre l'air, lui permettait désormais de se rapprocher de l'épicentre de toute cette agitation sans craindre d'être emporté. Il se trouvait déjà au pied de la tornade, qu'il commença à gravir en spirale, se laissant plus ou moins porter par la surface du cyclone. Le réel problème était plutôt qu'il n'y voyait rien. Sa capacité à fendre l'air lui permettait d'éloigner tout ce qu'il y avait de néfaste sur lui et il pouvait donc plus ou moins respirer, mais il ne pouvait se fier qu'à sa perception pour dire qu'Adrix était encore au dessus de lui. C'est à ce moment qu'Ice percuta qu'il n'avait rien prévu pour atteindre physiquement l'Assassin. Il était désormais à sa hauteur et tournait autour de lui, mais s'il arrêtait la technique il serait immédiatement propulsé au loin, et dans le même temps il ne pouvait pas maintenir le Final Spin indéfiniment.
 Il fallait faire un choix, bien qu'aucun ne soit bon.

Finalement il prit une profonde inspiration et arrêta brutalement de tournoyer. Le tournis l'assailli, mais il avait une certaine habitude et la situation était critique, il reprit ses esprits en un instant. Ses lunettes improvisés se rayaient à une vitesse effrayante, il étendit ses bras et, toujours tournoyant autour d'Adrix, offrit à ses lames des extensions glacées desquelles il frappa deux énormes rocher, tentant de les rabattre sur l'Assassin incontrôlable.

- Aller Adrix, calme toi... Pensa-t-il alors qu'il se faisait éjecter de la tornade.

 Propulsé en l'air, ne pouvant contrôler sa direction, il rangea ses armes et fit l'inventaire de ses dommages ; Minime. Plastron et pièces d'armures intégralement rayés, mais en bon état. Manteau élimé, tissu salement usé précocement, sable plein les cheveux et les vêtements. Ho, sa chute prenait une trajectoire plus verticale. Il était temps de se soucier de l'atterrissage. De façon toute naturelle, il créa un mur de glace dont la courbe absorba toute son énergie, le propulsant sagement au sol sur une sorte de toboggan qui terminait par un petit tremplin, histoire de ne pas le jeter dans le sable. Un merveilleux hasard voulut qu'il se réceptionna, tout en élégance, à côté d'Ephraim.

- Ho, Eph, on dirait que j'ai échoué, moi aussi. On se débarrasse de ça ensemble? Dit-il en pointant la tornade du doigt?

 En attendant la réponse de son homologue, il épousseta ses vêtements et ses cheveux, bon sang ce que le sable était désagréable...

- Tiens, c'était quoi cette lumière, tout à l'heure?