La chance tourne, en fin de compte [PV]

Il l'avait emmennée dîner, puis danser et la nuit ne semblait pas vouloir s'arrêter ici. Elle attendait patiemment à l'entrée de l'hôtel, tout en se remémorant toutes les danses endiablées qu'ils avaient enchaîné, infatigables l'un comme l'autre. Il l'avait envoyée dans les airs plus d'une fois. Et plus d'une fois elle avait cru toucher les cieux, ce plafond infini parsemé de ces lumières, de ces étoiles si nombreuses et lumineuses. C'est dans ces moments là, quand le coeur lui aussi s'envole au-delà, que ces mots si redoutés peuvent sortir. Diffcilement elle est parvenue à les retenir de justesse, comme ça, du bout des lèvres, pour ne laisser s'échapper qu'un simple soupir et s'épanouir entirèrement entre ses bras.

Il ne venait toujours pas. Et puis d'abord que faisait-elle ici, devant un hôtel ? Était-ce qu'on nommait "la suite des évènements" ? C'est ce petit quelque chose qui se rapprochait dangereusement de la fatalité -et aussi l'attente interminable dans le vent nocturne- qui mena les pas de Uryan vers ce qui semblait être un bar en face dudit hôtel, le genre d'endroit qu'elle préférait éviter étant donné le genre de créatures qui s'y trouvent habituellement. Mais bon, au moins là-bas il y faisait sûrement plus chaud qu'à poireauter comme un vulgaire piquet victime des affres du temps.

* Itachie ? Tss, il n'avait qu'à se bouger un peu plus les miches pour " sa douce ". *

Le bar était en réalité plus accueillant qu'elle ne le pensait. Une impression qui s'intensifia quand ses yeux se posèrent sur des plantes qu'on pouvait voir ci et là. Parfait. Elle repéra une table aux côtés de ce qui ressemblait à un saule pleureur version miniature. Elle s'y installa tout en se débarassant de la nouvelle cape qu'elle avait obtenu par les frais d'Itachie. Uryan posa sans gêne ses jambes bottées sur la chaise en face d'elle. Elle fit signe à la serveuse qui arriva assez nonchalamment, tout en jetant des coups d'oeil à la petite carte des menus.

- Alors, alors... *regards furtifs et précis sur la carte* Hm, je prendrais bien un de vos Heaven's Burning façon Lon Lon. Rah ouais, ça me botte pas mal ça. Par contre serait-il possible d'apporter une bougie ? Trois même. C'est pour l'ambiance, vous comprenez ? *pause* Et de vous à moi, vous en pensez quoi de cette boisson, ce Heaven Machin Chose ? Ou bien dîtes-moi plutôt ce que vous me conseilleriez en boi...

Elle stoppa net sa litanie soporifique.

- On ne se serait pas déjà vu quelque part ? Vos cheveux, oui, vos cheveux me disent quelque chose... Attendez, attendez, ne me dîtes rien ! [...] Ah ça y est ! Tu es Anny et tu travaillais avant à Cocorico, n'est-ce pas ? J'ai vu juste, héhéhé. Alors comment tu te portes ? Les clients, toujours autant des porcs ?

Uryan partit dans un rire assez bruyant qui prit fin dans une légère toux, ce qui coupa la quasi totalité des phrases d'Anny qui montrait discrètement un client assis à côté d'une fenêtre. La guerrière fit mine d'avoir tout entendu et hochait la tête pour enfin lâcher un " Ah..." très vague. Finalement les deux femmes cessèrent enfin de bavarder, Uryan lui commanda le Heaven's Burning tout en s'excusant du baratin précécent.

Vingt-cinq minutes et sept secondes plus tard elle attendait toujours ses bougies... et Itachie.

Et hop! un quatrième Heaven's Burning pour la route. La note allait être salée.*pensées envers Itachie* Uryan leva haut son verre, les yeux rivés au lustre qui pendouillait lamentablement au plafond.

- A la tienne Etienne, euh Itachie j'veux dire. Tiens, cul sec pour la peine !

Les bougies étaient bien là, dèjà à la moitié de leur pauvre et éphémère existence. Et Itachie ? Il brillait par son absence. La boisson semblait désormais être son seul et fidèle compagnon, tout aussi chaleureuse que l'étreinte d'un homme. Voilà où en étaient venues ses réflexions ; à cracher sa rancoeur envers ces satanés mâles.

* Tous les mêmes avec leur... *

Elle stoppa ses pensées. Un éclair vert transperça son esprit. Pas de doute possible depuis le temps ; Itachie s'approchait d'ici. Comment agir face à lui ? Devait-elle laisser couler ou bien lui faire ressentir son erreur d'une telle attente ? La première solution la tentait plus ou moins. Elle souhaitait terminer tranquillement cette soirée, sans trop de sang à verser mais, d'un autre côté... lui faire amèrement prendre conscience de sa bavure permettrait à Uryan de mettre son amour à l'épreuve. Il suffisait maintenant de trouver la base de sa petite vendetta.

Elle se creusa un moment la tête pour la relever et observer distraitement les végétaux présents dans la pièce, après tout, la nature avait toujours su l'inspirer. D'ailleurs il y avait une plante qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Là, près d'une des fenêtres, se pavanait un arbustre de taille moyenne, aux racines particulièrement développées et aux fruits étrangement mauves. Aux côtés de celui-ci se trouvait un homme mais surtout la revanche de la guerrière, encore plus décidée qu'au départ à la vue de cette nouvelle porte pimentée qui s'offrait à elle. Elle y alla du tac au tac, sûrement aidée par les effets des alcools ingérés. Uryan s'adressa à l'inconnu, posa la main gauche sur la table et l'autre sur sa hanche.

- Bien le bonsoir étranger. Ça vous dirait de m'offrir un verre ?

Itachie entra au même instant. Paniquée par ce temps qui passait si vite, elle accéléra les choses. Elle lui prit le bout du menton entre le pouce et l'index, leur nez se touchant elle lui parla pour que lui seul entende, tout en ayant un oeil rivé sur Itachie.

- Est-ce que je peux m'asseoir ?

Il n'était vraiment plus temps d'attendre. L'attente, elle en avait eu pour son compte. Sans rien dire de plus -et parfaitement certaine d'avoir l'attention de son cher danseur- Uryan se posa lentement sur les genoux de l'inconnu, pour finalement enserrer son cou de ses bras.

- Alors ce verre ?

Assourdissant. La porte s'ouvrit à volée, claquant violemment contre le mur de la taverne tandis que cinq hommes entrèrent en toute hâte. Leur entrée était si soudaine, si furieuse, que nul regard ne pouvait s'y soustraire. Trois des nouveaux arrivants étaient ce que l'on pouvait qualifier plus communément de "bucheron", un autre -vêtu d'une ample tunique tâchée- semblait lutter contre un pouilleux maléfice, vacillant dangereusement, alors que le dernier gros tas fermait la porte derrière eux. Tous examinèrent les lieux, la première chose qui frappa le groupe était l'attrait inexpliqué de la gouverne pour les plantes : elles foisonnaient ! Non content d'imposer son amour verdoyant au public, la gérance gratifiait le plafond de ce lieu saint de lustre ! De lustre ! Déesses savent que ce genre de babioles était démodé depuis des lunes ! L'un des hommes athlétiques, en voyant que toute l'attention était portée sur leur minois, se décida à rompre ce silence diffamatoire qui s'était installé en s'adressant à son collègue chancelant :

- Il est là ?

L'individu interpellé torsada une mèche de ses cheveux émeraudes entre ses doigts et s'avança de deux pas incertain à la hauteur du premier venu : un jeune blondinet qui n'était pas sans lui rappeler quelqu'un. Puis, d'un geste nonchalant, le pointa vulgairement du doigt.

- C'est lui… Assura-t-il

Itachie haussa un sourcil interrogateur face à cette accusation mystérieuse. Les quartes balourdes s'avancèrent face à lui, le dévisageant d'un air menaçant alors que son diffamateur se retirait vers le bar à pas feutrés.

- Alors comme ça tu prétends que notre mère n'est qu'une salope bonne à sautée ? L'interrogea le plus gras d'entre eux.

Hélas, le soldat d'Assilfenn n'eu guère le temps de protester : il fut gratifier d'un coup de poing ravageur qui le projeta sur une table avoisinante, cette dernière céda sous le poids du blond coiffé en épis.
C'était partit.
Le don de créer la zizanie. À toutes les extrémités de la taverne les citoyens enivrés se levaient avec pour seul objectif d'assommer son voisin le plus proche. Le fauteur de trouble, Abysson, naviguait joyeusement entre les jets de bouteille, chantonnant. Il avait passé la soirée à faire le tour des comptoirs, puis il avait trouvé ces frères et les avait embobinés, tout ceci dans le seul but de… collecter. En effet, évitant de temps à autre une chaise égarée ou un pot de fleur, l'empereur ramassait sur toutes les tables les restants de piquette. Il trouva un fond de vin, qu'il vida d'une traite, puis croisa la route d'un inconnu qui s'apprêtait à lancer une cuvée de cidre. Scandalisé, il assomma l'homme en brisant sur son crâne le flacon de pinard avant de sauver de justesse sa pomme fermentée d'une mort certaine.

- Merci l'ami, j'en prendrais soin. Commenta l'ivrogne.

Il continua sa route au cœur de cette discorde, assommant de temps à autre un fou qui s'interposait entre lui et une Gente Bouteille. Mais bien vite une anomalie attira son regard : un homme à la crinière de braise embrassait langoureusement une belle demoiselle. Quand il la vit son cœur ne fit qu'un tour, il se précipita avec une légèreté maladroite à leur rencontre et s'empara de l'objet convoité : une Tequifeu. Il huma le parfum de ce nectar, interrompant les deux amoureux dans leurs ébats.

- Tu me remercieras plus tard mon vieux, je sauve ton foie.

Sans ajouter ne serait-ce qu'un mot, il se retourna et vit avec pitié que le pauvre blondinet qu'il avait prit pour cible qui tentait désespérément d'extraire sa tête d'un pot de fleur.

Elle lui avait rendu son baiser. C'était le moins que l'on puisse dire. ' Fougueux & Brûlant ' carectérisait parfaitement ce qui se produisait. Uryan ne s'était pas vraiment attendue à une réponse si pleine de... générosité. En même temps elle récoltait simplement ce qu'elle avait semé. Abondante récolte que voilà ! Difficile de se libérer de cette emprise et encore plus de ces lèvres au parfum alcoolisé. Ce léger arrière-goût de fruit exotique, ces effluves de spiritueux mêlées à ce soudain rapprochement corporel finirent à éveiller entièrement tous ses sens déjà bien émoustillés. Ses yeux virèrent alors à cet aventureux vert pailleté de doré que peu lui connaissaient. La limite était dépassée, maintenant plus rien ne la retenait. Elle voulait, oui, elle voulait...

* Stop, stop, stop, STOP ! *

Elle le repoussa des deux mains en se levant d'un seul coup de ce fauteuil pourtant si agréable. Elle tenta de reprendre contenance, en vain. Devant Itachie, Uryan ne fit que bafouiller des mots qui, une fois assemblés, donnaient tout sauf une phrase compréhensible. Heureusement -ou pas- un homme assena une châtaigne sensasionnelle sur le pervers précoce, ce qui coupa court aux explications qu'elle aurait pu lui donner. Ce fut le coup d'envoie d'une rixe générale. On frappait, on bousculait, on arrachait, on griffait.

C'est dans ces moments là que l'on se rendait vraiment compte de la populairté d'un bar et à quel point en fait il était fréquenté, de "choses" assez étranges il faut le dire. C'était comme si un peu de chaque catégorie d'individus de ce monde s'était donné rendez-vous ici, à la même heure pour les mêmes raisons. Il y en avait des petits, des grands, des chauves, des chevelus, des roux, des blonds -des bleutés- et pas mal d'idiots. Et puis aussi un pannel de plusieurs races et d'êtres biscornus. Uryan venait tout juste d'aperçevoir un type déguisé en Mikau -avec le masque et tout et tout- qui s'était mis à scander haut et fort : « Mon nom est Ass. Jack Ass !! » suivit d'un rire gras ponctué de grimaces assez incomparables. Uryan se fit une propre remarque en un murmure à peine.

- Si ça se trouve c'est vraiment lui... Il serait encore bien capable d'usurper sa propre identité.

Elle soupira. Son regard se perdit dans la foule alentour avant de se retrouver face à face avec le sol. Quelqu'un la souleva alors. La jeune femme s'apprêtait à grassement remercier cette aide parfaitement bienvenue, or elle se retrouva soulevée du sol pour finalement être projetée dans les airs pile à l'instant où elle entendit un " Attrape ! " quasi guttural. Puis, sans savoir comment elle en était arrivée là, la jeune femme se surprit à être de nouveau dans les bras de Darphenix. Ils s'embrassaient au mileu de cette orgie de beignes avant d'être interrompus par un nouveau genre de poivrot, vidant une des boissons restée à disposition de l'homme aux cheveux roux. Uryan, toujours assise sur ce dernier, suivit distraitement le regard d'Abysson.

- Itachie !

Ni une ni deux elle se précipita vers lui, frappant sans hésiter ceux qui se mettaient sur sa route. Tant bien que mal elle parvint à lui retirer le pot de fleur, qui se brisa entre ses mains. La plante à présent déracinée prônait le plus fièrement possible parmi le blond de ses cheveux. La première chose qu'elle voulut faire était de l'enlacer aussi fort qu'elle le pouvait. Mais en un coup d'oeil d'ensemble tout changea. Très lentement elle pencha la tête sur le côté, toujours en train d'examiner le pauvre Itachie. D'un coup elle explosa d'un de ces fous rires incontrôlables tout en ayant lutter le plus longtemps possible pour le retenir. Et entre tout ces rires elle parvint tout de même à s'exprimer, malgré quelques difficultés.

- Hihihihi, on dirait... hahaha ! on dirait qu'on... Ah j'en peux plus. *respire* On dirait qu'on t'as frappé plusieurs fois avec un de ces sceptre de Lip. Pffiou... *nouveaux regards vers lui* Bwahahah ahahah ahahah ahahaha !

L'euphorie qu'elle ressentait était à son paroxysme. C'était trop, beaucoup trop pour ce genre de situation. Quelqu'un la manipulait ou bien lui avait fait ingérer un poison ou autre. D'un seul coup tout lui revint. Oui, ces hommes là, elle les avait déjà croisé, tout comme Itachie, ceux-là même qui les avaient poursuivis sans trêve à un moment de leur vie. Elle se rappellait de tout et son rire ne cessait pas. Seul sa main portée sur un de ces fameux poignards pouvait montrer le changement de ses intentions.

Elle était au dessus d'Itachie, celui-là même allongé de tout son long reprenant lentement conscience et sur lequel prônait le plus fièrement possible ce Darphenix. Il parlait mais elle n'entendait pas ses mots, seules ses lèvres lui faisaient comprendre ce qu'il désirait. La tête lui tournait et son rire commençait seulement à s'éteindre. Elle les voyait tous les deux, si différents l'un de l'autre. Itachie donnait l'impression d'être un tout nouveau genre de martyr et d'amoureux trahi. Quant à Darphenix, il avait tout simplement l'air... d'être lui même ; enflammé et idiot.

Elle se gratta distraitement la tête, tentant de trouver une échapatoire dans tout ce foutoir. Au lieu de ça ses yeux se posèrent sur un type, là-bas près du comptoir. Certainement plus jeune qu'elle, il dansait comme si de rien n'était. La chanson du jukebox était une de ses préférées, celle qui contait les mésaventures d'un certain aventurier, et tentait du mieux qu'elle pouvait de battre le brouhaha alentour. En cet instant Uryan l'entendait beaucoup plus nettement. C'est là que la chanson arriva à sa fin. Sans réfléchir plus que ça, Uryan hurla de toutes ses forces à une fille qui rampait misérablement au pied de la machine :

- Hé poupée ! met donc une autre pièce dans le jukebox !

Pas de réaction. Elle semblait même ne plus bouger.

* Nan mais c'est fou ça. Il faut tout faire soi-même. *

Elle était prête à se donner corps et âme dans ce nouveau périple mais pile à cet instant c'est plutôt Itachie qui fit corps et âme avec un tabouret. Puis quelqu'un cogna dur sur Darphenix pour finalement emporter Uryan loin de tout ça. Il faisait noir. Il faisait froid. L'inconnu l'avait emmenée dans des petites rues et de là pourtant on entendait encore les bruits étouffés du bar qu'ils venaient de quitter. Elle perçut alors une voix que son cerveau alcoolisé mit un certain temps à reconnaître comme étant celle d'Ephraim, l'empereur d'Assilfenn, son supérieur.

" ... bars... veux... parfait... soirée... "

Elle le regarda elle aussi droit dans les yeux, même si l'image tournait et avait même parfois des soubresauts. Sourire béat, Uryan se mit à chanter, à bouger en rythme et étrangement, des notes de musiques venues d'on-ne-sait-où s'accordaient à la chanson.

La mélodie termninée, elle lança un joyeux " Bonne nuit Ephy ! " et s'effondra dans la mince couche de neige qui recouvrait le sol depuis une heure environ.

L’Altimérien rampait, ivre, dans une ruelle qui lui était inconnue après avoir courageusement secouru toutes les liqueurs qu’il croisait et s’être fait botter hors du bar par la patronne, pour le seul tort d’avoir complimenté son minois joufflu. Dès lors sa vie n’avait plus de sens, il errait, refroidit, entre les bâtisses endormies où les ombres joyeuses de quelque lanterne dansaient. Il était seul, seul par cette nuit sans lune, la mine obséquieuse, son corps engourdis par le froid – ou par l’alcool, que sais-je – et n’ayant, de temps à autre pour unique compagnie, qu’un misérable chien pouilleux à poils longs, venu humidifier son visage vaseux après avoir probablement dévalisé les poubelles du quartier. Il voulu foudroyer la salle bête, après l’avoir préalablement maudit, mais il rata lamentablement sa cible, pourtant devant lui. Exaspéré par ce clebs, il se releva, tenant miraculeusement sur ces jambes chancelantes, le mammifère, lui, était assis devant Abysson, sa queue remuant frénétiquement.
Mais un autre détail attira son attention : l’écho de pas pressés, qui martelaient les pavés, s’intensifiaient au détour de la rue, une dizaine de jambée plus loin. Les foulées semblaient lourdes… Un lama peut-être ? Hélas, ce ne fut le cas. Itachie, le visage suant et recouvert d’humus, surgit de la croisée ! Pourtant sur son dos frêle dame Uryan, assoupie.

- Toi ! S’écrièrent-ils spontanément et simultanément.

Par pur réflexe, saisissant l’opportunité, surpassant son ébriété, le dragonnier dégomma le pauvre chien d’un violant coup de pied ! L’animal se vu gratifier d'une leçon de vol et arrêta son baptême en butant contre la face du mage. Ce dernier tomba à la renverse sur le coup qui manqua de lui déplacer la mâchoire, laissant ainsi le belle chuter à son coté tandis que le chien s'enfuyait en piaillant après avoir retrouvé ses esprits.
Clopinant, souriant, ricanant, Abysson s'approcha d'Uryan, lui saisit le bras et la traina sur le sol, profitant de la neige pour se faire. L'Assilfennien s'était évanouit assez rapidement à la surprise de l'empereur, ce type n'avait visiblement pas d'endurance, mais peu lui importait ! Il avait trouvé son nouveau jouet… Hélas, il pouvait la sentir, l'aura de ce coureur de jupon, ce voleur de cœur. Il devait se hâter de trouver une cachette… Une planque… En pleine ville… Un bar ? Non, trop prévisible… Quand alors, son regard rêveur se pausa sur une porte d'une maison jumelée, c'est alors qu'une idée lui germa dans la bouteille : Il était fort ! Il pouvait entrer par effraction dans une maison ! Ligoter tout ses occupants et profiter de ces appartements !

Plus résolu que jamais, il fit glisser le plus délicatement possible la demoiselle jusqu'à l'entrance en chêne et frappa à la porte. Aucune réponse. Il refrappa. Aucune réponse. Il donna quelques coups de pied, hurla et attendit une quelconque réaction. Il n'eut pas à attendre longtemps : un homme, d'une cinquantaine d'années, plutôt enrobé et chauve lui ouvrit sa demeure. Celui-ci l'insulta, sans retenue, de tous les noms d'oiseaux, s'indignant qu'une charogne pareille le réveil.

- Ta gueule, tu m'saoules encore plus…

Une gerbe de lumière plus tard, le propriétaire était à terre, le corps en proie aux spasmes. Satisfait, Abysson cacha le vieux ronchon dans un placard en le neutralisant puis examina le premier étage de la bâtisse. C'était une vielle maison aux murs blancs, poutre apparentes, parsemée de meubles banals à en vomir. Il arrêta sur le coup son examen de la pièce, il y avait des choses plus intéressantes à pratiquer après tout… Sans traîner, il emmena Uryan, qui était resté dehors, sur un divan, la couvrit d'une couverture trouvée non-loin pour la réchauffée et boucla la maison. Une fois ceci fait, il laissa momentanément la jeune femme seule, elle serait bientôt à lui, mais à présent une seule chose importait : déguster la cave de ce bourgeois ! C'est ainsi qu'il descendit dans la cave, éclairé par la seule lueur d'une bougie.